Sorcellerie de Noël - 24 décembre
Concours de Noël de stordiany
Conditions : personnage mal dans sa peau.
Note de l'auteur : l'univers de cette nouvelle appartient à J.K Rowling, emprunté à ses œuvres "Harry Potter". Les personnages ont été créés par moi.
Vendredi 20 décembre.
La sonnerie retentit. Il est dix-sept heures et la journée est finie. Lorsque j'entends ce son, je ne bouge pas, ne réalisant pas toute de suite que c'est la fin des cours. Après quelques secondes d'inattention, mes camarades se lèvent précipitamment et me bousculent ce qui me tire de ma rêverie. Ils sont tous pressés de quitter ce lycée et d'entamer leurs vacances de Noël, contrairement à moi.
Comme chaque jour, je suis la dernière à quitter la salle de cours. Je range lentement et dans un ordre précis mes affaires dans mon sac en bandoulière. Le professeur me presse un peu, insistant pour que je me dépêche de partir. Je soupire et pose mon sac sur mon épaule.
- Bonne vacances Olympe, me dit le professeur en question.
Je murmure rapidement un merci avant de sortir de la salle de cours. Je me dirige vers l'internat. Je dois encore réunir mes vêtements et autres accessoires avant de pouvoir rentrer chez moi. Je traîne des pieds, je n'ai vraiment pas envie de rentrer.
Ici, tout le monde me regarde un peu de travers et me trouve un peu bizarre et en retrait. Ce regard, j'ai su m'y habituer mais le regard de ma famille est plus difficile à accepter. Je viens d'une grande famille de sorcier de sang-pur : les Fawley.
Nous sommes une famille très connue en Angleterre, et pour cause mon ancêtre Hector Fawley était le Ministre de la Magie de 1925 à 1939, durant le règne de terreur de Gellert Grindewald, qu'il ne prit pas au sérieux. C'est d'ailleurs en partie à cause de cela que les sorciers se souviennent de nous.
Mes parents ont d'abord eu des jumeaux : Helga, en honneur à la fondatrice de la maison Poufsouffle de Poudlard, dans laquelle chaque membre de notre famille y a trouvé sa place et Zach. Je suis le troisième enfant : Olympe, en honneur à la directrice de Beauxbâtons, école d'origine de ma chère mère. Je n'ai que trois ans d'écart avec mon frère et ma sœur aînés. Et finalement, Gabriel est mon petit frère et dernier de notre fratrie âgé de dix ans actuellement, soit sept ans de moins que moi.
Lorsque nous vivions en Angleterre, les jumeaux ont toute de suite présenté des signes de magie dès leur plus jeune âge. Mon père, étant professeur de sortilèges, leur a enseigné rapidement les premiers sorts essentiels.
A mes cinq ans, je ne dévoilais toujours aucun signe de magie. Plus les années passaient, plus les espoirs de mes parents s'envolaient. Et finalement, le jour de mes dix ans, le diagnostic est tombé : je suis une Cracmolle. Je suis totalement dépourvue de pouvoirs magiques, malgré que mes parents soient de puissants sorciers.
Cette nouvelle a dévasté mes parents, j'étais la honte de la famille depuis ce jour. Alors, ne voulant supporter les critiques des familles de sang-purs que mes parents côtoyaient, ils décidèrent de partir loin : l'Amérique.
Cela fait ainsi sept ans que nous sommes installés dans le Massachussetts, seul état où une école de magie est présente : Ilvermorny.
Mes aînés m'en veulent depuis ce jour, à cause de moi ils ont dû quitter la célèbre école de magie de Poudlard. Heureusement pour moi, Gabriel n'a jamais connu l'Angleterre et est encore trop jeune pour se rendre vraiment compte de ma différence. Pour lui, je suis sa sœur. Alors, tandis qu'Helga et Zach vont à Ilvermorny, mes parents m'ont inscrite dans ce lycée pour Non-Mages.
Je soupire en repensant à ma famille, qui est censée être mon havre de paix et ceux qui me soutiennent contre toutes épreuves mais je ne peux compter que sur moi-même. Depuis ce jour, je suis comme une paria. Mes parents m'ont inscrite à la fois dans ce lycée mais également à l'internat pour toute l'année. Moins ils me voient, mieux ils se portent. Mais durant les vacances de Noël, ils n'ont pas le choix. L'école ferme, je suis donc obligée de rentrer chez moi.
J'arrive ainsi dans ma chambre d'interne, et prépare mes affaires. Je jette un coup d'œil à une lettre qui traîne sur mon bureau. Je l'ai reçue la veille, par le hibou familial. Je dois me débrouiller pour rentrer, étant donné que mes aînés rentrent le même jour d'Ilvermorny. Ils sont prioritaires, forcément. J'arrache de rage cette lettre, avec l'écriture trop bien soignée de ma mère.
Une fois ma valise bouclée, je quitte ce lycée que j'ai déjà hâte de revoir dans deux semaines. Deux longues semaines à supporter la magie de ma famille, et les remarques à mon égard. Je me dirige donc vers la gare qui est à quelques minutes à pied. Le trajet en train dure deux bonnes heures. Ils ont pris soin de m'inscrire aussi loin que possible pour nous éviter de nous voir régulièrement.
Arrivée devant chez moi, je mets mes gants. Les médicomages m'ont prescrit ces gants à mes dix ans. Depuis, je ne les ai jamais quitté, sauf quand je suis dans le monde de Non-Mages. Loin de mes parents, je fais ce que je veux.
Mardi 24 décembre, le soir.
Le (pas si) tant attendu soir du réveillon est arrivé. Ces quatre derniers jours, je n'ai fait que m'enfermer dans ma chambre pour lire et étudier. De temps à autre, je sors de chez moi pour me promener dans les bois enneigés. Ce paysage est vraiment apaisant, il n'y a que quand je suis seule, que je me sens bien. Le reste du temps, quand je suis chez moi ou plutôt chez mes parents, je ne me sens pas bien. Je me sens comme une intrus dans ma propre maison familiale, comme une paria. Mes chers frère et sœur ne manquent pas une occasion de me le rappeler. Ayant le droit de pratiquer la magie, ils me tendent des pièges dès qu'ils en ont envie.
Aujourd'hui, je n'ai pas été attaquée directement. Etant donné les préparatifs, tous ont pu sortir leurs baguettes magiques et ont participé à l'assemblage de différentes guirlandes et autres accessoires de Noël.
Ma mère s'occupe du gigantesque repas de Noël : dinde farcie, sauce aux canneberges, purée de patates douces avec des haricots verts, de la crème de champignons et des oignons fris ; et comme dessert : des Christmas cookies au pain d'épice ou en sablés. Bien sûr, elle est aidée par la magie : la dinde est arrosée toute seule et des cuillères en bois tournent dans les multiples préparations.
Ils peuvent me reprocher autant qu'ils veulent notre départ de l'Angleterre, ils se sont bien adaptés à la tradition américaine.
Mon père s'occupe des dernières préparations et d'installer les décorations extérieures avec Zach. Finalement, Helga décore tout l'intérieur de la maison avec l'aide de Gabriel en passant par la table qui devrait compter une vingtaine de personnes, jusqu'au sapin de Noël qui trône dans le salon, avec des bougies et autres décorations futiles. Mais rien est fait naturellement, c'est pour cela que je n'y participe pas.
Quand je reviens d'une énième promenade, il fait déjà nuit :
- Olympe, tu n'es pas encore prête ! Va te préparer, dépêche toi. Nos invités vont bientôt arriver !
Je souffle doucement, marmonne quelque chose avant de monter dans ma chambre.
- Aller, grouille-toi la Cracmolle, m'injure Helga.
- C'est pas la peine de me rappeler à chaque fois que tu me vois.
Je la dévisage, et ose la bousculer d'un coup d'épaule. Quelques secondes, je me retrouve au sol, suite à un de ses sortilèges fétiches qui consiste à plier le tapis pour me faire tomber.
- Très original. Change de sort, un peu.
Je me faufile rapidement dans ma chambre avant de me prendre un autre sort, plus violent. Je ferme la porte à clé, même si ce geste ne sert à rien chez moi. Un simple sort et la porte se déverrouille. Mais, instinctivement je le fais pour me protéger. Je reste quelques minutes adossée contre ma porte, écoutant les plaintes d'Helga auprès de notre mère.
Je regarde la petite armoire qui se situe au bout de ma chambre. Je choisis de mettre une chemise blanche ainsi qu'un pantalon noir. De toute façon, je vais encore plus faire le service que de rester à table à profiter de l'avalanche de nourriture. Chaque année c'est la même chose. Je me maquille d'un épais trait d'eye-liner et une bonne dose de mascara. Ce maquillage est une façon pour moi de m'exprimer et de dire "J'existe !", mais personne ne le remarque.
Une fois prête, je descends. Les invités sont déjà là. Ce sont des amis sorciers de mes parents, avec leurs enfants sorciers qui vont à l'école Ilvermorny avec Helga et Zach. Je salue rapidement, mais ils font un pas de recul en me voyant. Comme s'ils me touchaient, ils avaient perdre leur pouvoir. Je lève les yeux au ciel et vais dans la cuisine. Ma mère me donne les directives concernant l'ordre des plats à servir. J'acquiesce sans parler. Il y a bien longtemps que je ne souhaite plus me battre. Dans quelques mois je serais majeure avec mon diplôme en poche et je pourrais partir de cette famille infecte.
Je me retrouve seule dans la cuisine, entourée de tous ces plats alléchants. J'ouvre le congélateur et trouve une bouteille de vodka, que j'empoigne. J'ouvre le bouchon et avale rapidement une gorgée fraîche, qui me fait frissonner. Je la repose dans le placard et regarde les premiers plateaux que je vais devoir apporter. Des simples canapés pour l'apéritif. Je prends un plat dans chaque main et me dirige vers le salon, où tout le monde est présent. Cachée derrière le mur, j'entends une conversation entre mon père et un de ses amis.
- Elle ne développe toujours aucun pouvoir ?
- Non, aucun. Je pense que c'est définitif. Quel gâchis, dit-il avec une expression d'horreur.
En voyant sa tête, des larmes me montent aux yeux. J'ai l'habitude d'entendre toutes sortes de commentaires à mon égard, mais voir cette expression de dégoût sur le visage de mon père me brise le cœur. Je regarde le plafond, ravalant ma tristesse et me dirige vers les invités, essayant de faire bonne figure. Je dépose l'apéritif sur la table basse. Je sens les regards malfaisants des jumeaux avec leurs amis. Soudain, Gabriel intervient
- Merci Oly, viens avec nous !
- Non merci, Gabby, dis-je en déposant un baiser sur son front.
Je lui souris affectueusement et repars. Revenue dans la cuisine, je souffle ne pouvant retenir mes larmes. Deux larmes coulent le long de mes joues, entraînant une partie de mon maquillage. Je me laisse aller le temps de quelques minutes, et reprends la vodka. Cette fois, j'ingère trois gorgées.
Je me regarde dans le miroir, et essuie les traces de maquillages de mes joues. Je m'encourage :
- Courage, Olympe. Tu peux le faire. Bientôt, ce sera fini.
Soudain, l'elfe de maison apparaît. Comme toute famille de sang-pur qui se respecte, nous avons bien entendu un elfe de maison pour les tâches domestiques. Avec Gabriel, c'est le seul être qui me respecte comme un vraie personne. Zeely s'approche doucement de moi.
- Tout va bien, Mademoiselle Olympe ?
- Non, Zeely. Mais comme d'habitude.
- Je suis désolée, Mademoiselle.
- Ce n'est pas de ta faute. Tu as toujours été très gentille avec moi.
- Vous savez, j'ai parlé de vous à d'autres elfes. Certains disent que vous êtes peut-être ... un siphonneur.
- Qu'est ce que c'est ?
- Il faudrait absorber la magie. En touchant un objet, celui-ci vous donnerait la magie qui vous permettrait de lancer des sorts.
- Mais... Comment est-ce possible ? Pourquoi les médecins ne s'en pas rendus compte avant ?
- Parce que c'est très rare, Mademoiselle. Et les sages disaient que seuls les grands mages noirs avaient cette capacité.
- Mais...
Toutes les pensées se heurtent dans ma tête. Je fronce les sourcils, et je regarde mes mains gantées.
- OLYMPE !
- J'arrive Zeely, ne bouges surtout pas !
Je murmure cette dernière phrase en attrapant le prochain plat : du saumon. J'avance rapidement dans la salle principale pour déposer ce nouveau plat. J'entends vaguement ma mère discuter à voix basse avec une femme, que je ne connais pas :
- Pourquoi porte-t-elle des gants ?
- Les médecins nous l'ont conseillé depuis le diagnostic, répond-elle simplement.
Je ramasse les plats vides et retourne dans la cuisine.
- Zeely ?
- Mademoiselle, je ne peux vous en dire davantage.
- S'il te plaît ?
- Je ne sais rien de plus. Madame Fawley ne serait pas contente si elle nous voit discuter.
- Zeely, s'il te plait. Essaye d'en apprendre plus pour moi. C'est important, j'ai besoin de savoir qui je suis. Je me sens mal dans ma peau, sais-tu ce que ça me fait ? De me savoir étrangère à ma propre famille ? C'est la pire souffrance que quelqu'un peut ressentir, qui dépasse n'importe quelle douleur physique. J'endure cela depuis sept longues années.
Sans m'en rendre compte, mes poings se serrent laissant apparaître les jointures blanches. Mon visage rougit de colère.
- Cela fait quelques semaines que j'ai l'impression qu'on me ment depuis toujours. Chaque jour, les élèves du lycée se moquent de moi car je suis "la bizarre". Ils savent que j'ai deux aînés, mais ils me demandent toujours pourquoi ils ne sont pas au lycée avec nous. Et pourquoi mes parents ne viennent jamais me voir, pourquoi je suis toujours à l'internat ? Pourquoi je m'appelle Olympe, un prénom connu dans le monde des sorciers grâce à Olympe Maxime, mais dans le monde de Non-Mages ce prénom est trop décalé. Juste une folle pourrait porter ce prénom.
Cette fois, des larmes de rage viennent embrumer mes yeux. Je parle de plus en plus fort, contre Zeely, qui recule lentement. Je ne suis pas en colère contre elle particulièrement, mais je suis en colère contre le monde entier, contre l'injustice de ce monde, contre ma famille.
- Et pour le PEU DE TEMPS que je reviens ici, les insultes sont pires. Helga me traite comme une pestiférée, me lançant des sorts à tout va. Zach m'a terrifié pendant mon enfance. Et les parents ? Ce sont les pires. Regarde encore ce soir, je ne suis bonne qu'à servir les invités ! Evidemment, il faut cacher le monstre que je suis. La Cracmolle de la famille ! UNE HONTE.
Les conversations cessent petit à petit dans le salon, mais je suis trop concentrée sur mon monologue pour y faire attention. Je lâche tout ce que j'ai voulu dire depuis des années.
- Comment puis-je m'aimer et m'accepter si personne ne m'aime, que personne ne me donne un minimum d'importance. Même ne serait-ce qu'une once de respect ?!
- Moi, Mademoiselle. Je vous ai toujours respecté.
Je m'adoucis légèrement à l'entente de cette phrase.
- Alors, tu comprends pourquoi j'ai besoin de savoir ?
Je m'agenouille face à elle et retire mes gants.
- Olympe ! Qu'est ce que tu fais ? Pourquoi tu cris comme ça ?
Je me retourne et je me retrouve face à face avec ma famille, qui me dévisage. Gabriel a les larmes aux yeux, cette vision me fait de la peine. Il se cache contre les jambes de Zach. Helga me regarde avec un air d'incompréhension, je lui rends un regard rempli de rage. Puis, les visages de mes parents sont divisés entre la colère et la tristesse.
- Parce que je n'en peux plus !
Je me relève et leur fait face, les larmes coulant sur mes joues.
- Vous me traitez tous comme une moins-que-rien ! Mais j'existe, je suis une personne, un être humain. Même si je n'ai pas pouvoir comme vous, je suis votre fille, votre sœur ! Même si je n'ai pas votre amour, j'ai le droit à un minimum de respect. Même Zeely a plus de respect de votre part que moi.
Je vois une femme parmi les invités verser une larme, en entendant mon discours déchirant.
- Alors, maintenant. Dites moi la vérité. Pourquoi je mets des gants ?
- C'est comme ça, c'est tout, répond simplement ma mère en croisant les bras.
- Alors, tu ne vois pas d'inconvénient à ce que je les retire.
Je tire alors lentement sur mes doigts, pour retirer mes gants petit à petit.
- Non, Olympe !
Je plisse les yeux et retire entièrement les deux gants. Je me retrouve face à eux, les mains nues. Ma mère pose sa main sur sa bouche. Je m'approche d'eux.
- Vous connaissez un Siphonneur ?
- Olympe, ça suffit maintenant. Tu ne penses pas que tu as assez gâché le réveillon ? me demande mon père.
- Et vous ?! Vous avez gâché ma vie.
Je crie cette phrase, pleine de rage et de haine. Je pose alors mes mains sur ma mère, qui recule de peur. Je la maintiens fortement. Mais rien ne se passe. Je fronce les sourcils et maintient la pression. Rien ne se passe. Mon père vient alors s'interposer et me force à lâcher ma mère.
Prise d'incompréhension, je jette un coup d'oeil à Zeely, qui transplane instantanément.
- Tu as fini ton cinéma ?
Je recule et regarde mes mains. Tout s'effondre autour de moi : toutes mes croyances, tous mes espoirs. Je ne suis qu'une simple Cracmolle, détestée par tout le monde. Je relève les yeux pour regarder ceux qui sont censés être ma famille. Aucun ne se décide à me consoler. Je m'avance alors vers eux, les bouscule et monte dans ma chambre.
Je prends ma valise, et enfourne toutes les affaires que je peux prendre. Je surprends alors Zeely, assise dans le coin de ma chambre.
- Zeely, tu peux nous faire transplaner ?
- Je peux essayer, Mademoiselle.
Je finis rapidement de réunir les affaire les plus essentielles et tend la mais vers Zeely.
- Emmène moi loin d'ici. Je veux connaître qui je suis.
- Très bien, Mademoiselle.
Elle me prend la main et ferme les yeux, elle se concentre et nous transplanons au moment où ma mère entre dans ma chambre. Mais c'est trop tard, je suis partie définitivement.
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