La sombre malédiction de la Mara
PARTICIPATION POUR LE CONCOURS DISCORD orautri
PROLOGUE.
Dans la salle d'attente du médium le plus célèbre de l'état du Michigan, trois personnes attendent leur tour. Ce dernier ouvre la porte de son bureau et les regarde. Tout à gauche se trouve une jeune femme menue. Elle est brune, son teint pâle lui donne un air maladif. Ses yeux sont entourés de cernes noires, qu'elle n'a pas essayé de cacher derrière du maquillage. Elle est recroquevillée dans le coin de la pièce et regarde ses pieds. Elle se gratte machinalement le poignet avec ses ongles, laissant des traces rouges.
Deux chaises plus loin, se trouve un couple. L'homme se tient droit sur sa chaise. Il semble serein, mais son regard est vide. De temps à autre, sa jambe se met à trembler. Le seul défaut visible est une longue griffe commençant au milieu de son front et descendant le long de sa joue, pour se terminer dans le creux de sa clavicule. La vision de cette blessure donne des frissons au médium. Il ressent l'énergie négative qui se dégage de cette griffe. Quelque chose de mauvais.
Son regard ne s'attarde pas davantage sur l'homme blessé et se porte sur la dernière personne présente : une autre jeune femme, assise à côté de son compagnon. Ses jambes sont tournées vers cet homme, qui semble protecteur. Elle est rousse, ses cheveux sont ternes et attachés rapidement par un élastique en une queue de cheval peu disciplinée. Elle est habillée avec d'une simple robe noire en laine, avec des collants et des bottines. Elle a une meilleure mine que la jeune fille brune.
- Olivia ? demande le médium.
- Oui, c'est moi.
La jeune fille brune se lève, gardant la tête basse et rabattant sa manche sur son poignet écorché. Elle met son sac en bandoulière sur son épaule. Elle lève enfin la tête pour regarder les deux personnes devant elle.
- Vous venez ? Ce sont mes amis, Alexander et Emily.
Le couple se lève à l'entente de leurs prénoms. Le médium les laisse entrer dans le bureau et referme la porte. La pièce dégage une ambiance sereine et apaisante, avec une odeur d'encens. Olivia observe avec appréhension la bibliothèque remplie de divers livres en tout genre. La décoration est sommaire, contrairement aux préjugés qu'elle avait. Le médium Oscar leur désigne le canapé pour s'installer face à lui.
- Comment cela a commencé ? Racontez-moi depuis le début, demande-t-il en s'installant sur sa chaise.
Le silence reste pesant quelques minutes. Aucun des trois amis ne se regardent. Aucun ne sait comment commencer ce récit. Finalement, après une longue inspiration, Olivia relève la tête et regarde Oscar dans les yeux pour la première fois. Il soutient son regard pour l'encourager, mais ressent une étrange connexion lors de cet échange visuel : aucune émotion positive n'en ressort. Intrigué, le vieil homme prend son carnet et l'ouvre sur une nouvelle page blanche.
- Cela a commencé il y a un mois...
PARTIE 1 : OLIVIA
Un mois plus tôt.
Nous sommes devant ce grand hôpital. Tous les quatre nous regardons la grandeur de ce bâtiment abandonné depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Je souris d'excitation et lance un regard en coin à mes amis. Comme à son habitude, Emily est en retrait, tenant la main de son petit-ami Alexander. Quant à moi, je tire la main d'Isaac, mon fiancé depuis quelques jours uniquement.
Nous sommes quatre amis. Depuis des années, nous adorons nous faire peur. Chacun notre tour, nous trouvons des activités à faire. Nous avons commencé par regarder des films d'horreur dans notre adolescence, puis des vidéos montrant des événements paranormaux. Mais nous en voulions toujours plus, alors nous avons visité des maisons hantées dans les parcs d'attraction. Isaac a décidé récemment de visiter par nous-mêmes des lieux abandonnés.
Cette fois, c'est mon idée. Nous sommes devant un hôpital abandonné peu connu du public, car il est entouré d'une forêt de plusieurs kilomètres. Mais ce n'est pas juste un hôpital abandonné. Ce lieu recèle une histoire :
- Cet hôpital a fermé après la seconde guerre mondiale, car il a servi à faire des expériences sur les animaux, puis sur les humains. On raconte qu'il y avait des fous qui étaient internés ici. Que dans la nuit, on entend encore les hurlements...
Je raconte cette histoire en tournant autour d'eux, glissant certains mots au creux de leurs oreilles. Plus particulièrement, près d'Emily qui ne voulait pas venir aujourd'hui.
- Mais bon, qui y croit à ces histoires ! dis-je en riant.
Je me dirige vers l'immense portail. En posant la main sur la poignée, un vent frais me traverse, faisant virevolter mes cheveux en arrière et me donnant des frissons. Le souffle frais vient s'engouffrer dans la forêt, les branches des arbres se mettent à bouger les unes contre les autres.
- Olivia... Tu es sûre ? demande Emily.
- Mais oui ! Allons-y. Ce n'est que le vent. Après tout, nous sommes en octobre.
J'actionne la poignée et ouvre le portail difficilement, signe qu'il n'a pas été ouvert depuis de nombreuses décennies. Le portail grince, ce qui fait fuir les oiseaux qui étaient posés dessus. Nous marchons le long du chemin pour rejoindre le hall. Les seuls bruits que nous entendons sont le froissement des feuilles mortes au sol sous le poids de nos pas, et le vent qui souffle de plus en plus fort.
Nous entrons dans le grand hall. L'ambiance est lugubre. Je regarde le plan affiché contre le mur. Nous visitons le rez-de chaussée sans encombre. De temps à autre, nous entendons des craquements dus à l'ancienneté du bois qui nous entoure. Alexander s'amuse à faire peur à Emily. Elle sursaute si facilement.
Quand nous montons au premier étage, nous arrêtons de rire. Il fait plus froid dans ces couloirs et la lumière se fait plus rare. Le silence est maître. Je me rapproche d'Isaac, lui prenant le bras. Nous visitons des anciennes chambres, où il reste encore des liens de contention. Je prends quelques photos, tout en restant concentrée sur l'environnement qui nous entoure.
Au second étage, l'ambiance se fait de plus en plus pesante. A cet étage, aucun de nous n'ose parler, de peur de réveiller quelque chose de terrible. C'est une sensation indescriptible que je ressens à ce moment-là. L'impression de ne pas être à la bonne place, de déranger. Je me retourne, me sentant observer mais je ne vois rien de tel. Je fronce les sourcils.
Nous terminons la visite par le laboratoire. Nous restons quelques minutes, puis nous décidons de partir. Emily devient très pâle. Même Isaac, le plus téméraire d'entre nous accepte volontiers de partir. Ce lieu est vraiment malsain.
Un mois plus tard, chez le médium.
Olivia fait une pause dans son récit. Oscar laisse le silence régner entre eux. Il regarde le couple, qui n'a pas ajouté un mot au cours du récit. Il remarque qu'Emily se balance légèrement, sans détacher son regard de son amie. Alexander, quant à lui, ne maîtrise plus le tremblement de sa jambe, malgré la pression qu'il exerce avec sa main. Olivia a de nouveau baissé les yeux sur son poignet rouge.
Sentant le regard sur elle, elle cache ses poignets contre ses cuisses et regarde le médium dans les yeux, comme si elle avait le don de lire son âme.
- Et c'est comme ça que les cauchemars ont commencé. Enfin, ce que nous pensions être des cauchemars, intervient Emily.
En disant cette phrase, la flamme de la bougie qui sépare le médium de ses clients vacille légèrement, ce qui attire immédiatement le regard inquiet des trois hôtes.
PARTIE 2 : ALEXANDER
Ce soir-là, nous sommes rentrés penaud et vidés de toutes nos émotions. Nous rentrons chacun chez nous. Très rapidement, j'essaye d'oublier ce que j'ai ressenti dans cet endroit sordide. Je passe une soirée agréable, devant un match de football américain, et part me coucher dans la soirée. Je m'endors aussitôt.
03:14
Je suis dans une simple barque. Je pagaye tranquillement sur ce lac paisible. Je n'entends que les oiseaux gazouiller au loin, le ciel est bleu sans l'ombre d'un nuage à l'horizon. Soudain, le vent se lève, et des nuages gris, presque noirs se déplacent venant couvrir ce ciel magnifique et le soleil. Je lève les yeux vers ce changement de temps. Le vent souffle de plus en plus fort, ce qui me fait frissonner mais qui fait également tanguer ma barque. Je me tiens sur les bords. J'entends des bruits à la lisière de la forêt. J'entrevois des ombres courir entre les arbres.
Soudain, j'aperçois une ombre dans l'eau. Je regarde plus attentivement, me penchant sur le bord de la barque. Une créature, que je n'arrive pas à distinguer, m'attrape derrière le cou, me faisant basculer dans l'eau froide du lac. Je me débats, mais elle me maintient fortement, enroulant ses quatre membres autour de mon corps et m'entraînant vers le fond du lac.
Je sens l'eau me submerger. J'essaye de retenir mon souffle en apnée, mais je consomme davantage d'énergie en me débattant. Je finis au fond du lac, condamné à laisser l'eau pénétrer dans mes poumons. Je ne peux que regarder vers la surface, à trois mètres au-dessus de moi sans pouvoir la rejoindre. La créature vient se mettre entre mon regard et la surface.
Je me réveille en sursaut et haletant rapidement. Je suis trempé de sueur, ainsi que mes draps. Je regarde autour de moi, raisonnant mon esprit. J'essaye de me rassurer, pensant que ce n'était qu'un rêve. Je me rallonge, restant dans le noir. J'essaye de fermer les yeux de nouveau, mais je garde en tête l'image de cette créature.
Plus les minutes passent, plus je vois distinctement la créature, comme si elle était face à moi. Elle est grande, plus grande que moi. Elle doit atteindre les deux mètres, avec deux bras et deux jambes très longs, et fins, des doigts crochus. Son visage est noir, avec des yeux gris clairs perçants. J'imagine cette créature s'approcher discrètement de moi. Je secoue la tête, m'enlevant cette image de la tête pour me retourner face au mur et me rendormir.
Un mois plus tard.
- Il faut savoir que la noyade est ma phobie. J'ai vu ma mère se noyer quand j'étais petit, depuis je crains l'eau. C'est ma plus grande peur, mais je n'en avais jamais parlé, explique Alexander, dont le tremblement de jambe s'était arrêté le temps de son récit.
Le médium ne répond pas. Son unique réaction est d'acquiescer, les sourcils froncés.
- Je n'ai pas parlé de mes cauchemars, à personne. Même pas à Emily, dit-il en jetant un regard à la jeune fille en question. Je me suis dit, ça arrive à tout le monde de faire ce genre de rêve. Et puis, tous les soirs, à la même heure, je refaisais encore et encore le même cauchemar. Et à chaque rêve, la créature se rapproche de moi, comme si elle voulait s'emparer de mon corps. Elle m'oppresse de plus en plus, à chaque fois, finit-il d'expliquer en se tenant au niveau de la poitrine.
Un nouveau silence pesant s'installe. Emily regarde à travers la fenêtre, le soleil se couche. Elle ne détache pas son regard pendant de longues minutes, elle fixe un point précis. Plus elle le fixe, plus son anxiété se fait ressentir.
- Emily ? réclame Alexander.
Mais Emily ne répond pas et ne détache pas son regard de la fenêtre. Oscar se détourne alors et suit son regard vers la fenêtre. A première vue, il ne voit rien. Juste la vision habituelle d'une ruelle simple, avec des maisons habitées et des arbres à intervalles réguliers, remuant légèrement sous l'effet du vent d'automne. Il regarde une nouvelle fois Emily, mais son attention est toujours fixée sur l'extérieur. Alors Oscar se concentre davantage sur l'extérieur. Il se lève pour s'approcher de la fenêtre.
- Ne faites pas ça, prononce faiblement Emily pour la première fois.
Oscar ne prend pas garde à la précaution énoncée par sa cliente et regarde chaque détail. Soudain, il l'aperçoit : une simple ombre derrière un arbre. En plissant les yeux, il voit un point gris perçant fixer dans sa direction. Il le fixe à son tour, puis son attention est détournée par un léger mouvement contre le tronc. Il voit de longs doigts remuer lentement, avec des ongles crochus. Des feuilles de cet arbre uniquement se mettent alors à tomber une à une.
Le médium inspire profondément, commençant à comprendre ce qu'il se passait. Il referme alors le rideau pour venir se rasseoir.
- Emily, racontez-moi.
PARTIE 3 : EMILY
03:14
Je me réveille et je suis allongée sur une surface dure et froide. J'ouvre les yeux, et je suis éblouie par une lumière blanche très vive. Je me redresse, un simple drap me recouvre. Je le retire et m'assois sur la table sur laquelle j'étais allongée pour regarder autour de moi. Je suis dans une pièce blanche avec des compartiments en métal sur les deux murs qui se font face.
Je saute de la table, le carrelage est froid contre mes pieds nus. Je m'avance vers l'un des murs. Toutes les portes sont fermées. Je reconnais cet endroit. C'est une morgue. La morgue où je suis venue identifier le corps d'une de mes amies d'enfance, décédée lorsque j'avais quinze ans. Je m'approche d'un compartiment en tendant la main lentement vers la poignée.
TOC TOC
Je me retourne vivement vers le bruit. Le mur me semble plus près, comme si la pièce rétrécissait. Je fronce les sourcils en voyant une porte ouverte, alors qu'elles étaient toutes fermées. J'avance doucement, en tremblant. La lumière au plafond se met à clignoter le temps de quelques secondes.
Je me sens ma poitrine se serrer, et l'oxygène se faire de plus rare. L'air de la pièce se rafraîchit, à mesure que je m'approche du compartiment ouvert. Une fois devant, j'essaye de maîtriser ma respiration qui s'accélère au rythme des battements de mon cœur.
toc toc
Ce son est moins prononcé, plus faible. J'ai l'impression qu'il vient du fond du compartiment. Je regarde sur la table à côté, et je vois une lampe torche qui n'était pas présente juste avant. Sans me poser plus de questions, je la prends et l'allume. D'un geste peu assuré, j'oriente le faisceau lumineux vers le compartiment. Je ne vois rien, alors je m'avance un peu plus. Je me penche vers l'intérieur du compartiment, comme attiré vers le fond. Soudain, je sens que l'on me pousse. En un quart de seconde, je me retrouve enfermée dans le compartiment si étroit.
Avant je ne puisse me rendre compte de ce qu'il se passait dans le compartiment, je me réveille en hurlant. Je pose ma main sur mon sternum, où mes muscles sont endoloris. Je tousse fort.
Un mois plus tard.
- Comme Alexander, chaque nuit à trois heures quatorze, je... je refaisais inlassablement le même cauchemar. Une semaine après que ça ait commencé, je commençais à avoir des bleus sur le sternum. C'est comme si... cette... chose s'asseyait sur nous, dit-elle en haussant les épaules et en regardant ses amis.
Oscar acquiesce sans bruit et dépose son carnet sur la table. Il se lève et se dirige vers sa bibliothèque. Il laisse glisser son doigt le long des livres et en sort un, nommé "Les légendes scandinaves."
PARTIE 4 : OLIVIA
03:14
Je suis dans un labyrinthe en béton, comme dans ces expériences où les souris sont enfermées dans un dédale en plastique. J'avance vers le seul chemin possible. Rapidement un premier choix s'offre à moi : à gauche ou à droite. Après avoir laissé une marque sur le mur, je décide de tourner à droite et laisser ma main suivre le mur. En tournant toujours dans la même direction, je devrais réussir à trouver la sortie.
Je tourne et retourne toujours vers la droite. Soudain, je reviens au point de départ, reconnaissant la marque que j'ai laissé quelques minutes plus tôt. Je fronce les sourcils. Je reste figée devant l'intersection pour réfléchir.
- Olivia... chantonne une voix au loin.
Je me retourne au son étranger. Je recule de quelques pas, puis je fais de nouveau face à l'intersection. Cette fois je tourne à gauche, et laisse glisser ma main gauche le long du mur. J'avance sans bruit tendant l'oreille. J'entends ses pas qui marchent au début, puis qui s'accélèrent. La personne court. J'accélère également le pas, prenant peur.
- Gentille Olivia... continue de chanter la voix masculine qui me suit.
La voix lâche un rire sordide qui résonne dans les interminables couloirs. Soudain, j'entends d'autres pas. Il y a deux personnes qui courent dans ce labyrinthe avec moi, ou après moi. Je trouve un escalier, je monte rapidement les marches entendant les pas se rapprocher de moi. Arrivée en haut des escaliers, je tourne la tête pour regarder en arrière tout en continuant d'avancer. Je fonce alors contre une montagne de muscles. Je relève la tête et tombe nez-à-nez avec l'homme qui chantonnait mon prénom quelques minutes plus tôt. Je recule, et tombe dans les escaliers. L'homme me suit, descend les marches avec aisance, tel un chasseur suivant sa proie. Je rampe au sol, tandis que l'homme vient m'attraper par la cheville.
Il se penche au-dessus de moi. Je le regarde dans les yeux. Son visage change alors, il s'assombrit pour devenir entièrement noir avec des yeux gris perçants. Ses oreilles se pointent vers le plafond et des doigts qui me tiennent par le bras s'allongent et s'affinent. Ses ongles crochus me pénètrent la peau. Il ouvre grand la bouche, aspirant mon visage et mon âme.
PARTIE 5 : LA MARA
Un mois plus tard.
- A chaque fois, je me réveille à ce moment. Mais j'ai l'étrange sensation... d'avoir de plus en plus de mal à me réveiller et qu'à chaque nuit, il... aspire mon âme de plus en plus... pour me posséder, explique Olivia en se grattant les poignets.
Oscar écoute attentivement en feuilletant son livre.
- Je pense que vous êtes confrontés à la Mara.
- La ... Mara ? demande timidement Emily.
- Oui. C'est un esprit malfaisant de la mythologie nordique et plus précisément scandinave. Vous m'avez expliqué que vous étiez allé dans un hôpital. Il faut savoir que cet endroit appartenait à de riches scientifiques suédois. A cause des expériences qu'ils ont fait, cet esprit s'est réveillé. Durant toutes ces années, il est resté en sommeil. Mais votre venue l'a réveillé de nouveau. Il utilise à la fois les arbres ou le sommeil des hommes pour prendre des forces. C'est pour cela qu'il n'y avait que les feuilles d'un seul arbre qui tombaient toute à l'heure, dit en en pointant la fenêtre.
Il fait une pause, tournant les pages.
- Cet esprit pénètre dans votre sommeil, et vous fait vivre d'affreux cauchemars, comme vous avez pu me le décrire. Et plus vos cauchemars durent, plus il devient fort. Mais, il y a une chose dont vous ne m'avez pas parlé... Vous étiez quatre, et aujourd'hui vous venez à trois.
En l'entente de cette phrase, Olivia étouffe un sanglot.
- Isaac est mort... Avant ça, on n'avait jamais parlé de nos cauchemars respectifs. Donc nous ne savons pas s'il faisait les mêmes cauchemars. Mais je pense que oui. Il avait le vertige, le vide c'était vraiment sa peur bleue. Et l'expertise a révélé qu'il s'est suicidé du haut d'un immeuble du vingtième étage, explique Olivia entre deux sanglots.
- Et c'est là, que nous l'avons vu pour la première fois. A l'enterrement de notre ami, cette... entité était là... comme en ce moment, rajoute Alexander en regardant la fenêtre. Elle était... cachée derrière un arbre au loin. C'est Emily qui l'a vu la première et puis nous l'avons tous vu... C'est à ce moment-là qu'on a parlé de nos cauchemars et que nous avons décidé de venir vous voir.
- Je comprends, termine Oscar.
Il trouve finalement la page qu'il cherchait depuis le début. Il nous montre alors une image de l'entité en question.
- Oui... c'est elle, confirme Olivia d'une voix basse.
Soudain, comme une réponse à son identité dévoilée, les flammes de bougies s'éteignent en un coup de vent, les murs tremblent et des objets tombent au sol, un à un. Les trois amis se serrent mutuellement les mains, ne sachant que faire d'autre.
Oscar se lève et se dirige vers son bureau. Il ouvre un tiroir et sort un autre livre, nommé cette fois L'Edda de Snorri. Ce texte reprend la mythologie nordique, dont provient cette entité. Il commence alors à lire un texte en suédois, dont ils ne comprennent pas un seul mot. Il lève sa main en l'air et tient son livre dans l'autre.
La simple lecture de ce passage ne semble pas plaire à la Mara, qui ouvre la porte d'un coup de vent. Elle se tient sur le pas de la porte, regardant d'un air furieux le médium, imperturbable qui continue sa lecture divine. Les trois amis se jettent au sol, effrayés. Emily respire de plus en fort, prise d'une puissante crise d'asthme. Elle sort son inhalateur de Ventoline et en prend une dose, en essayant de contrôler sa respiration.
La Mara entre dans la pièce et domine chaque personne présente de par sa grandeur. Chaque pas qu'elle fait résonne dans la pièce et fait trembler les murs. Oscar, cachant sa peur, regarde droit dans les yeux cette créature sortie de l'Enfer. Sentant son pouvoir diminuer, elle s'approcha d'Emily et la prit par la gorge. Elle la souleva du sol et ouvrit grand la bouche devant son visage.
Voyant que sa lecture divine ne suffisait plus, Oscar prend un poignard avec des inscriptions runiques sur le long de la lame. Il point son arme vers la Mara et crie :
- LÂCHE CETTE FEMME INNOCENTE ! RETOURNE DANS TON MONDE, TU N'ES PAS LA BIENVENUE ICI !
Comme conclusion à cette prière, il enfonce la lame en plein cœur de la créature. Elle lâche instinctivement Emily, qui rampe au sol pour se replier dans un coin en se tenant la gorge marquée par la pression précédemment exercée. La Mara se cambre en arrière, et une épaisse fumée noire se dégage alors de la plaie effectuée par le poignard runique. La créature se désagrège petit à petit, dans un ultime cri de désespoir.
Quelques secondes plus tard, la main d'Oscar retombe dans le vide en tenant le poignard, tâché d'une étrange substance noire. Il relâche ce dernier au sol, et reprend son souffle. Il finit par s'asseoir sur le canapé, tandis que les trois amis sont toujours au sol, à se tenir la main et aider Emily à récupérer une respiration normale.
- Vos cauchemars devraient être terminés... dit Oscar dans un souffle à peine audible.
Aucune des trois personnes n'ose rajouter de commentaire à ce qu'il venait de se produire. Ils se relèvent difficilement. Au moment de passer la porte, Oscar retient la main d'Olivia.
- Prenez ceci, ça devrait vous protéger.
Il lui donne trois attrapes-rêves, et les laisse partir sans un mot de plus. Emily finit par se retourner une dernière fois, après avoir passé la porte.
- Merci.
Cette nuit-là, les trois amis dorment paisiblement, sans cauchemar pour la première fois depuis un mois.
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