Apophis

Concours de Dream-Of-Feather

Consigne : Texte + couverture sur l'option 2 : Science fiction, fantasy, fantastique.


Chargée de mon énorme sac de randonnée sur le dos, je marche difficilement sur les sentiers abîmés de la campagne isolée du Népal. Je profite de ces quelques moments de calme pour observer la beauté du paysage, qui bientôt ne sera plus. Je soupire doucement à cette idée et respire l'air frais mais légèrement chaud pour cette période.

J'avance jusqu'à arriver devant une petite bâtisse. C'est une porte blindée qui fait tache dans cet environnement désert, avec un digicode.

4325.

Je tape ce code et un laser rouge sort. Je présente mon œil et le faisceau lumineux scanne ma rétine.

- Identification autorisée, bienvenue Professeur Elisabeth Jones.

Je souris vaguement à cette appellation et regarde l'énorme porte grise s'ouvrir lentement. J'entre et referme aussitôt la porte. J'arrive dans une petite pièce, uniquement dotée d'un long escalier. Je descends les dizaines de marches et arrive à l'endroit tant attendu : un bunker, le mien.

J'allume les lumières et dépose mon sac près de l'entrée. Sans prendre le temps de ranger mes affaires, je vais dans le laboratoire et allume plusieurs ordinateurs sophistiqués que j'ai installé plusieurs mois auparavant ainsi qu'une caméra que je place sur un trépied. Je m'installe face à la caméra et déclenche l'enregistrement.

- Cher... vous.

Je ne sais pas comment commencer cette vidéo. Comment s'adresse-t-on à la personne qui regardera cette vidéo alors qu'on ne sait pas qui l'a regardera.

- Qui que vous soyez : humains, scientifiques ou autre forme de vie, voici mon journal de bord. Je m'appelle Elisabeth Jones, et je suis une scientifique que personne n'a voulu croire sur ce qui menace notre planète, la Terre. Je n'ai plus de famille depuis des années, ils sont décédés suite à un énorme tsunami. Lors de ces vidéos, je ne parlerais qu'en tant que scientifique. 

Je marque une légère pause, le temps de réfléchir à ce je vais annoncer face à l'objectif.

- Nous sommes le 11 avril 2036. Je suis une scientifique, et je me suis intéressée à plusieurs domaines qui ne semblent pas liés au premier abord. A la fois l'espace, l'univers et l'archéologie. J'ai toujours vécu aux Etats-Unis, près de Washington. J'ai toujours travaillé à la NASA. Depuis des années, nous surveillons les différents astéroïdes qui menacent la Terre, de loin.

Je baisse les yeux, en repensant à ces années de recherche. Je reprends mon souffle et je continue.

- Vous savez, nous avons toujours cru que l'Homme tuerait l'Homme, avec toutes ses inventions et la dégradation de l'environnement au fil des années. Mais non. L'univers nous a permis d'exister après l'extinction des dinosaures, mais finalement c'est aussi lui qui va nous détruire.

Je me redresse sur ma chaise et continue mon explication :

- Depuis des années, nous avons dans notre ligne de mire l'astéroïde Apophis. Il est en orbite et croise la Terre de temps en temps, et à chaque fois il se rapproche de plus en plus. Avec quelques chercheurs, nous en sommes venus à la conclusion inévitable : Apophis va percuter la Terre, c'est un fait. Cela va se produire, le 13 avril 2036, dans deux jours. Seulement, la NASA ne nous a pas pris au sérieux et ont refusé de nous croire. A partir de ce moment-là, j'ai décidé d'investir dans ce bunker, pour ma survie.

Je me lève et éteins la caméra. Je me retrouve seule avec moi-même. Je regarde alors les ordinateurs qui s'allument et me branchent sur les chaînes d'informations dans le monde entier.


Journal de bord : Jour J.
- Aujourd'hui, ça commence. Nous sommes le 13 avril, il est 12h34. Les satellites n'ont rien repéré dans l'espace jusqu'à maintenant, c'est la panique sur toutes les chaînes d'informations.

J'halète devant la caméra, ne quittant pas du regard les différents écrans.

- Non... Ça commence... Certains satellites viennent d'être percutés et sont hors service. Il arrive, il se dirige vers les Etats...


Journal de bord : Jour 2.

- Nous sommes au jour 2. La précédente vidéo a été coupée... La Terre a tremblé, partout. Des milliers de kilomètres me séparent des Etats-Unis mais j'ai ressenti des secousses jusqu'ici. Tous les appareils électroniques ont lâché d'un coup. J'ai mis deux jours à tout réparer. Je n'ai aucune communication avec l'extérieur, les capteurs ne donnent rien.


Journal de bord : Jour 7.

- Voilà une semaine qu'Apophis a frappé la Terre. Je n'ai toujours aucune nouvelle de mes collègues qui se sont aussi enfermés dans des bunkers dans d'autres pays. Je fais des réserves, je mange peu mais je tiens le coup. Les capteurs extérieurs commencent à répondre de nouveau. La température extérieure est de moins dix degrés Celsius, alors qu'habituellement à cette période de l'année il fait approximativement vingt degrés Celsius. Le bunker est bien isolé donc je ne ressens pas le froid. On entre dans ce qu'on appelle un « hiver d'impact » car à cause de la collision de l'astéroïde avec la Terre, la poussière et les cendres sont présentes en grande quantité dans l'atmosphère ce qui bloquent les rayons du Soleil.


Journal de bord : Jour 30

- Ce qu'il s'est passé hier est incroyable ! J'ai reçu des ondes par la radio et j'ai réussi à entrer en communication avec un collègue au Mexique... Son pays a disparu, il est sous les eaux. Son bunker est totalement immergé. Heureusement, il s'y attendait et il a pris toutes les précautions. Il compte rester comme ça un moment, le temps de savoir où il pourrait aller. Avec ses capteurs, il n'y a que de l'eau à perte de vue. Peut être que le continent américain a totalement disparu ? Ici, la température est toujours aussi basse. Il y a un peu moins de poussière, mais encore trop pour que les caméras puissent filmer quoi que ce soit. J'essaye depuis quelques jours de me connecter à un satellite qui ne serait pas détruit, mais c'est une tâche difficile. Concernant mes réserves, j'ai créé un potager, les premiers légumes commencent à sortir. Le temps parait long certains jours, mais je garde patience. Bientôt, la poussière s'estompera et je pourrais commencer à observer l'extérieur. 


Journal de bord : Jour 56 

- Je crois que nous sommes... au jour 56 depuis la collision. Une fois par semaine, je prends des nouvelles de John, mon collègue du Mexique. Il réfléchit encore à comment sortir de l'eau, il a un sous-marin mais ce n'est pas encore gagné. Nous n'avons pas de nouvelle de nos autres collègues... De mon côté, la poussière est enfin retombée. Le paysage est ... désert. Il n'y a plus de végétation, le sol est sec. Il n'y a pas eu une seule goutte de pluie depuis la collision. Je suis en train de préparer un robot pour explorer les alentours. J'espère bientôt pouvoir sortir, mais je dois m'assurer de la viabilité avant. 


Journal de bord : Jour 117

- Jour 117, ces dernières semaines ont été compliquées. Le robot n'a pas eu les effets escomptés, donc je n'ai pas encore pu sortir. Le bunker est enseveli, j'ai mis plusieurs semaines à dégager la sortie pour le robot, et hier il a enfin pu sortir. Il n'a fait que quelques mètres. La composition du sol a changé, ce qui explique qu'il soit si sec. J'ai lancé des nouvelles analyses pour en savoir plus sur cette nouvelle composition. C'est étrange. Parmi toutes nos prédictions, nous n'avions pas pensé à ça. Nous avions anticipé l'hiver d'impact, mais pas ce changement radical... Sinon, la température est remontée de quelques degrés mais c'est toujours bien en-dessous de la moyenne habituelle. Pendant plusieurs jours, le robot va continuer ses expéditions. John, de son côté, a pris la mer dans son sous-marin. Il se dirige vers l'Australie. Nous avons reçu un signal de là-bas mais nous n'avons pas réussi à le décrypter. 


Journal de bord : Jour 154

- Je suis heureuse. Je viens de revenir de ma première sortie. J'ai mis une combinaison hermétique pour me protéger à la fois du froid, des radiations et de la poussière. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre dehors, alors j'ai pris toutes les précautions possibles. De très légers rayons de soleil réapparaissent, le temps d'une heure approximativement sur une journée. J'en ai profité pour sortir durant ce moment. C'était vraiment agréable de voir de la lumière naturelle. Concernant l'environnement, j'ai fait les mêmes constatations que le robot. Il n'y a rien, c'est le désert total. L'air est très chargé en gaz carbonique, la végétation est très pauvre. J'ai cru apercevoir au loin des conifères, mais je dois confirmer cette hypothèse. Je me souviens qu'il y avait une source d'eau à quelques kilomètres, je vais essayer de l'atteindre dans les prochains jours. Peut être que de la végétation a poussé là-bas. Mais je suis aussi inquiète, je n'ai plus de nouvelle de John. Il devrait arriver dans quelques jours, normalement. 


Journal de bord : Jour 175

- John est arrivé en Australie ! Il vient de m'expliquer son périple. C'est juste invraisemblable. Pendant de longs jours, il n'a rien vu. Aucun animal n'a survécu. Et puis, dans les eaux profondes du Pacifique, il me dit avoir vu un Pliosaure. Mais... cette espèce a disparu il y a des millions d'années. Elle était présente au cours du Mésozoïque, l'ère des dinosaures. C'est impossible... Mais et si ? Tout se rejoint. L'air chargé de gaz carbonique, les conifères, toute cette nouvelle végétation que j'ai vu ces derniers jours et cette... créature ! C'est comme si nous revenions dans le passé, à l'ère des dinosaures. Quelle incroyable découverte ! Je dois en faire part à John tout de suite. 


Journal de bord : Jour 236

- Aujourd'hui, nous sommes le 25 décembre. Alors joyeux noël ! C'est étrange de passer chaque jour seule depuis la chute d'Apophis, mais ce soir c'est encore plus compliqué. J'ai toujours passé Noël en famille et là, je me retrouve seule... 


Journal de bord : Jour 246 

- Il y a tellement de nouvelles découvertes ces dernières semaines. Ma théorie ne se fait que confirmer de jour en jour. La température continue de remonter, les jours rallongent. Nous sommes passés à près de quatre heures et demie d'ensoleillement par jour. Nous sortons d'une semaine de pluie. Alors, de nouvelles plantes commencent à pousser autour du bunker, qui était désert il y a encore un mois. John a continué d'explorer la faune et flore sous-marine. De mon côté, j'observe la flore et maintenant la faune terrestre. De toutes petites créatures commencent à émerger pour vivre sur la terre. Elles sont toutes petites, mais commencent à se développer. C'est vraiment incroyable ce qui se produit sous nos yeux. Notre prochain objectif est de prendre contact avec un collègue présent dans l'ancienne Europe. 


Journal de bord : Jour 365 

- Un an. Cela fait une longue année que l'apocalypse, littéralement, a débuté. Mais la vie est revenue plus rapidement que nous le pensions, et de manière totalement imprévue. Je me suis d'ailleurs prise d'affection pour un petit lézard, et c'est réciproque. Il s'approchait de plus en plus de moi à chacune de mes sorties et il y a quelques jours il est rentré dans le bunker et ne m'a plus quitté depuis. Il a l'air d'être doté d'une intelligence supérieure par rapport aux lézards que l'humanité a connu ces dernières années. John me rejoint dans quelques jours et nous allons partir, à la recherche de survivants et autres formes de vie. J'essayerais de continuer ses vidéos, mais je ne suis pas sûre de revenir dans ce bunker. En tout cas, merci. Je ne sais toujours pas si quelqu'un verra mes vidéos, mais merci. Elles m'ont aidé à tenir cette longue année de solitude. Je pars le cœur léger et j'ai hâte de découvrir ce nouveau monde. Adieu.


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