J-27

Hermione travaillait dans son salon. Plongée dans des tonnes de bouquins, elle écrivait quelques phrases dans un petit carnet posé sur ses genoux.

- Que fais-tu ?

Elle leva la tête du code magique. Ronald Weasley venait de s'asseoir en face d'elle, sur un des fauteuils près d'une grande bibliothèque.

- Je travaille, répondit-elle.

Il leva les yeux au ciel :

- Pourquoi j'ai posé la question...

Elle haussa les épaules et se remit à écrire. Le roux s'approcha, caressant tendrement son dos. Il attrapa le petit cahier qu'il lui retira des mains, le refermant. Il le posa sur la table basse.

- Tu ne veux pas faire une petite pause ?

- Je ne peux pas, j'ai beaucoup de travail Ron. Ce soir, d'accord ?

Il se redressa en secouant la tête. Son regard se durcit.

- Hermione tu dis toujours la même chose, et tes promesses ne voient jamais le jour. Ce soir tu travailleras tout autant que maintenant, et je ne suis même pas sûr que tu me rejoindras pour dormir. Tu travailles jours et nuits, à t'en endormir sur cette pauvre table basse. Tu travailles même en mangeant, je suis sûre que quand tu te laves tu emmènes un de ces foutus bouquins.

La brune haussa les sourcils.

- Ce n'est pas comme ça que je veux vivre, ajouta-t-il.

- Ne fais pas comme si je ne t'avais pas prévenu, Ron. Je te l'ai dit dès le premier jour de travail, que je donnerais ma vie pour ce que j'allais faire.

Il rit nerveusement :

- J'ignorais que cela rimait avec vivre seul.

Elle écarquilla les yeux :

- Tu ne vis pas seul, tu ne veux simplement pas vivre avec moi.

Il arqua un de ses épais sourcil, affichant un sourire qui ressemblait plus à une grimace.

- J'ai du mal à saisir, dit-il furieux.

Elle haussa les épaules :

- Ce que je veux dire Ron, c'est que tu me voulais dans ta vie, mais que tu ne voulais pas de la mienne. Tu cherches une routine paisible, alors que la mienne est mouvementée et différente chaque jour.

Il croisa les bras sur son torse, fronçant les sourcils, l'air vexé. Sa mâchoire se contractait, à en voir ses joues qui bougeaient légèrement.

- Et tu ne fais rien pour t'adapter à la mienne non plus, tu ne fais aucun effort Hermione.

Elle secoua la tête :

- Parce que ce n'est pas ce que je veux Ron. Cette vie à mille à l'heure me va très bien, défendre des personnes est ma passion, et bientôt je pourrai aussi défendre les elfes de maison, ce qui est mon rêve depuis des années. Tu me connais assez bien pour s'avoir que quand j'aime quelque chose, je me donne à fond. Je n'ai jamais été aussi près de mon rêve, tu ne peux pas me retirer ça sous prétexte que tu veux que je passe plus de temps avec toi.

- Alors quoi, je continue à t'attendre éperdument en espérant qu'un jour tu rentres tôt de ce cabinet, ou que tu sortes ta tête de ces fichus codes ? C'est ça que tu es en train de me dire ?

Elle acquiesça.

- Ça fait un an que je t'attends, Hermione. Je ne vais pas passer toute ma vie à le faire. Parfois, j'ai sincèrement l'impression que ce boulot compte plus que moi.

- Ne dis pas ça, répondit-elle.

- Tu ne me montres pas le contraire.

Elle soupira :

- Écoute Ron... Tu ne peux pas me changer. Peu importe ce que tu me diras, je ne pourrais changer celle que je suis ; une femme acharnée, qui se donne à fond pour atteindre ses objectifs de vie. Et eux non plus tu ne pourras pas les changer. Alors si tout cela ne te convient...

- T'es-tu intéressé au moins une seule fois à mes objectifs à moi ? La coupa-t-il.

- Tu voulais devenir auror, au lieu de ça tu travailles dans la boutique de farce et attrape de ton frère.

Il leva les mains en l'air :

- Je rêve où tu es en train de critiquer le fait que j'aide mon frère à tenir sa boutique ? Boutique qui, je te signale, appartenait à Fred et Georges. Maintenant, Georges est tout seul, parce que notre frère est mort. Je n'allais pas le laisser tomber pour partir à l'autre bout du monde traquer des sorciers dangereux, ou je ne sais quelle créature.

- Voilà, tu as ton objectif de vie. Tu travailles à quelques mètres de mon bureau, es-tu passé une seule fois en un an ?

- Et toi au magasin ?

Elle se mit à rire :

- Non mais Ron, qu'est-ce que j'irais faire dans un magasin de farce et attrape ! Que veux-tu que j'y achète ? Des bonbons pour mes clients ? Des chocolats pour ma secrétaire ?

- Tu pourrais venir me voir, je suis ton copain après tout, enfin, je crois.

- Tu sais que mon emploi du temps est complet, j'ai à peine le temps de manger le midi entre deux affaires.

Il fit un léger signe de tête :

- C'est bien ce que je dis.

- Quoi ? Commença-t-elle à s'énerver.

- Tu devrais prendre moins de clients, Hermione, tu aurais peut-être plus de temps pour ta famille, tes amis, et pour ton petit-ami. À moins que tu aies oublié que tu avais tout ça dans ta vie.

Elle se redressa, remettant son pull en place.

- J'envoie régulièrement des lettres à Ginny et Harry.

- Tu devrais peut-être m'en envoyer aussi.

- Mais qu'est-ce que tu veux à la fin Ron ?

Il hésita un instant, baissant les yeux en direction du petit tapis noir sous la table en verre.

- Que ça change.

- Ce sera sans moi, dit Hermione.

Elle tourna les talons, se dirigeant vers son sac posé à l'entrée.

- Qu'est-ce que cela signifie ? S'exclama Ron. Hermione !

Elle ne l'écoutait pas, se contentant de ranger les nombreux livres dans son cabas. Elle récupéra le bloc-notes, le glissant dans la poche arrière de son pantalon clair.

- Où vas-tu ?

- Je pars quelques jours. J'ai besoin de calme pour travailler, et d'être seule.

- Tu ne peux pas faire ça, où vas-tu aller ?

Elle se retourna violemment, faisant face au roux inquiet.

- J'en ai marre que tu me prennes la tête tous les jours, Ronald. J'ai besoin de m'aérer l'esprit un moment, et de me concentrer. J'ai une affaire importante en ce moment, je n'ai pas besoin de toutes ces embrouilles en plus quand je rentre. Je serai mieux seule.

Elle attrapa quelques vêtements dans le placard, qu'elle enfouit rapidement dans un second sac. Elle ouvrit la porte d'entrée et la claque derrière-elle. Bien qu'elle s'y attendait, elle fut triste de voir que l'homme ne la suivait pas. Elle quitta l'immeuble et se dirigea vers sa voiture.

❧❧❧

Hermione avait roulé une bonne trentaine de minutes quand enfin elle se gara devant un grand bâtiment. Elle descendit de sa voiture, claquant fermement la portière de cette dernière sous le coup de l'irritation. Elle pénétra dans le hall clair, où une blonde l'accueillit d'un grand sourire.

- Madame Granger, c'est un plaisir de vous avoir parmi nous.

- J'aimerais réserver une chambre, s'il vous plaît. Pour quelques jours, je ne sais pas combien de temps.

- Bien-sûr, quelqu'un va vous y accompagner.

Elle la remercia d'un simple geste de tête. Quelques secondes plus tard, un homme, vêtu d'un costume noir et d'une chemise blanche, s'approcha d'elle. Il attrapa ses bagages et lui fit signe de la suivre. Elle s'exécuta silencieusement, marchant derrière lui à travers les grands couloirs majestueux de l'hôtel.

- Voici votre suite, dit poliment l'homme. La clé est sur la commode à votre droite. Vous pouvez vous faire livrer votre dîner dans votre chambre, si vous ne souhaitez pas aller à la réception.

- Je vous remercie. Pouvez-vous, oui, prévenir que je ne descendrai pas ?

Il se pencha comme pour lui affirmer que ses désirs étaient des ordres. Elle lui sourit, le regardant quitter la pièce. Là, elle prit une grande inspiration.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top