J-18
Hermione n'arrivait pas à sortir Drago de sa tête. Deux jours étaient passés depuis leur repas en tête à tête, et, bien que cette rencontre soit restée purement professionnelle, la brune ne pouvait s'empêcher d'y penser. En quelques heures seulement, elle avait ressenti toutes sortes de choses que jamais personne n'avait su provoquer en elle : une émotion étrange, chaude mais frissonnante, brulante mais glaçante, s'était emparée d'elle. Elle avait ressenti le désir d'en savoir plus sur lui, de passer plus de temps avec, de rire encore un peu plus avec lui alors qu'il feuilletait le code magique devant elle.
Allongée sur son lit, le regard rivé sur le plafond, Hermione pensait ; elle voyait son sourire gravé dans son esprit depuis deux interminables journées. Pendant ses rendez-vous avec des clients, il lui arrivait même de se demander ce que Drago était en train de faire.
Quelque chose de profond avait changé en elle pendant ce repas, et elle ne savait pas quoi. C'était effrayant, cette façon dont il hantait son esprit depuis des heures, des minutes, des secondes. C'était effrayant de penser à lui, de le désirer autant. C'était effrayant de ne pas l'oublier.
Elle soupira, passant la main dans ses cheveux étalés sur l'oreiller.
Qu'est-ce que j'ai foutu encore...
Elle n'arrivait pas à se raisonner, et pendant ce temps, le sourire de Drago restait dans ses pensées. Son corps vibrait : elle aurait aimé partager encore un moment comme celui-ci. Durant ce cours instant, Hermione s'était sentie vivante : elle avait ressenti des émotions, des sentiments, et cela ne lui était pas arrivé depuis des lustres. Durant ce cours instant, Hermione en oublia les évènements de sa vie. Durant ce cours instant, Hermione avait été heureuse.
Elle se redressa, faisant les cent pas dans sa chambre qu'elle connaissait désormais par cœur.
Le téléphone sonna. Elle sursauta. Son cœur se mit à battre rapidement, et, même si elle refusait de se l'avouer à elle-même, elle espéra de tout son cœur que le blond ténébreux était à l'origine de cet appel soudain.
- Hermione ? Dit une voix familière.
Son pouls s'accéléra.
- Oui ?
- C'est Drago.
Son cœur se stoppa. Elle crut lâcher le téléphone. Un sourire heureux se dessina sur ses lèvres tandis qu'elle fermait les yeux bêtement. Son corps tout entier semblait se raidir face à l'entente de son prénom.
- Hermione, tu es là ?
Elle reprit rapidement ses esprits :
- Oui, oui. Tu as besoin de quelque chose ?
Le garçon laissa une longue pause, laquelle sembla infinie à la brune qui attendait impatiemment.
- Non, je me demandais simplement comment tu allais depuis la dernière fois... Je sais que seulement deux jours sont passés, mais j'ai l'impression que ça fait une éternité que nous ne nous sommes pas parlé.
Le cœur d'Hermione chavira de plus belle.
L'éternité est un bien petit mot pour ce sentiment...
- Ça va, merci. Et toi ?
- Je ne sais pas trop...
- Le jugement t'inquiète ?
Elle entendit son sourire, aussi étrange que cela puisse paraître.
- Oui, tu me connais bien.
J'aimerais te connaître encore plus.
- Il ne faut pas t'inquiéter, répondit-elle simplement. Le juge doit être objectif, tu n'y es pour rien s'il a été agressé.
Un blanc interminable s'installa entre eux. Hermione enroulait nerveusement son doigt autour du fil du téléphone.
- On pourrait se voir, s'il te plaît ?
Une troisième fois, le cœur d'Hermione se stoppa net. Cette fois-ci plus brutalement, c'était comme s'il loupait une dizaine de battements. Son corps se réchauffa lentement tandis qu'elle reprenait sa respiration.
Oui, oui, oui Drago.
- Je suis un peu occupée... Tu comprends ? Mentit-elle.
Qu'est-ce que je fais encore ?
- Je vois... Ce n'est pas grave, on se verra dans quatre jours dans ce cas !
- Oui, c'est ça !
Une pause les sépara douloureusement.
- À plus.
- Salut Drago.
"Bip, Bip, Bip..."
Jamais ce bruit ne lui avait été aussi insupportable. Hermione posa le téléphone, restant immobile en face de lui. Que venait-elle de faire ?
Elle ne parvint à lâcher l'objet des yeux, comme attendant qu'il sonne de nouveau. Les minutes passèrent, et la pièce restait silencieuse ; trop silencieuse au goût d'Hermione qui se mit à se ronger les ongles frénétiquement.
Tu dois refuser ce rendez-vous, tu dois rester professionnelle, tu ne dois pas le rappeler.
Mais, comme si elle ne contrôlait plus ses gestes, la brune attrapa le téléphone et composa le numéro du blond.
Et puis merde.
- Oui ?
- Tu habites où ?
Une seconde fois, Hermione entendit le sourire de Drago à travers l'appareil collé à son oreille. Le garçon lui dicta l'adresse à laquelle elle devait se rendre, puis raccrocha.
Hermione n'avait jamais marché aussi rapidement ; traversant les rues londoniennes, la jeune femme courait presque. Elle arriva devant un petit bâtiment marron ; sur la sonnette était inscrit le nom de Drago. Elle prit une grande inspiration, hésitant presque à sonner. Alors que son doigt s'avançait timidement vers le bouton, la porte s'ouvrit rapidement. Hermione sursauta, manquant de tomber du haut des quelques marches devant la porte d'entrée.
En face d'elle, Drago rit, amusé.
- Tu avais peur de sonner ? Se moqua-t-il.
Elle secoua la tête.
C'était l'épreuve la plus dure de ma vie.
- Allez, entre.
Il accompagna ses paroles d'un geste de main rapide. Elle le remercia puis le suivit. L'intérieur, aussi surprenant que cela puisse paraître, était clair ; les murs étaient d'un blanc parfait, les meubles d'un bois flotté.
Ce n'est pas le manoir Malefoy, remarqua Hermione en examinant les lieux.
- Tu as faim ? J'étais en train de manger.
Elle répondit d'un simple geste de tête. Ils se dirigèrent dans la pièce directement à gauche, pénétrant dans une grande cuisine de marbre blanc. Il lui fit signe de s'installer prêt du plan de travail. Tirant un petit tabouret, Hermione s'installa silencieusement.
- Tiens, dit-il en lui tendant une assiette remplie de légumes.
Hermione commença à manger, toujours silencieuse. Pourquoi lui faisait-il cet effet ?
- Tu n'aimes pas ? Demanda-t-il en se penchant prêt d'elle.
Elle recula, rougissant :
- Si, c'est très bon.
- Tu m'as pas l'air dans ton assiette...
Il rit vivement, Hermione sourit amusée.
- Cette blague était de mauvais goût...
Hermione éclata de rire.
- Celle-ci était meilleure.
Il sourit fièrement.
Le repas fut bien différent de celui qu'ils avaient partagé deux jours plus tôt. Il était plus silencieux, plus timide, plus nerveux. Hermione observa le garçon un moment ; son sourire était effacé, son regard éteint, ses mains tremblantes.
- Tu ne dois pas t'inquiéter, Drago.
Il releva ses yeux pleins d'inquiétude vers elle.
- Vraiment ?
Elle lui adressa un sourire rassurant :
- Je suis sûre que tout se passera bien.
Les yeux d'Hermione fixaient les lèvres de Drago, qui dessina un sourire grimaçant.
Instinctivement, elle posa sa main sur la sienne, comme il l'avait fait dans son bureau. Son cœur battait rapidement, son corps transpirait tandis qu'elle ne parvenait à détacher son regard des lèvres terriblement attirantes du blond.
- Tu es bouillante, Hermione, tu es sûre que ça va ?
Drago se leva et fit le tour du plan de travail, s'approchant rapidement d'elle. Délicatement, il posa sa main sur le front de la brune qui recula timidement. Hermione sentait son cœur s'affoler, cherchant presque à percer sa poitrine brûlante.
- Oui, oui, dit-elle en reculant.
Le blond était dangereusement proche d'elle, et elle n'était pas indifférente face à cette proximité. Hermione commençait à paniquer ; que se passait-il ?
Le blond fronça les sourcils :
- Hermione qu'est-ce que tu...
- Je vais rentrer ! Je pense que j'ai pris un coup de chaud... On se voit dans quatre jours, pour notre prochain rendez-vous ?
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et lui tourna le dos.
Derrière-elle, Drago resta planté dans la cuisine, silencieux.
Pourquoi me fuis-tu comme ça, Hermione ?
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