J-14

Hermione, assise sur la chaise de son bureau, fixait l'extérieur sans n'y prêter aucune attention. En réalité, elle était perdue dans ses pensées. Son esprit était en ébullition, et elle ne savait comment arrêter cet amas d'idées qui la hantait. Ron était un homme doux, inquiet, attentionné, et pourtant, il ne lui manquait pas. Ces petites attentions qu'il lui prêtait ne lui faisait rien ; jamais Hermione n'avait été heureuse de recevoir le petit-déjeuner au lit, n'aimant pas rester trop longtemps sous la couette, jamais elle n'avait apprécié son côté pot de colle, à être toujours dans ses pattes. Elle soupira :

Il faudra bien que tu lui dises un jour, pensa-t-elle. Nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre.

Soudainement, quelqu'un toqua à la porte. Hermione se frotta les yeux vivement puis cria :

- Entre Drago.

Dans son dos, elle entendit la porte s'ouvrir puis se refermer. Elle se retourna pour lui faire face. Il resta planté là, debout, face à elle, un sourire bête dessiné sur ses lèvres. Elle fronça les sourcils, le questionnant du regard.

- Blaise m'a fait lire la défense que tu lui as envoyée, elle est géniale !

Elle sourit timidement, lui faisant signe de s'asseoir. Le blond s'approcha d'elle.

- Bien, nous allons faire un point sur les témoignages que j'ai recueillis. Je ne te communiquerais pas les noms des témoins, pour la bonne raison que si tu as l'air surpris qu'ils témoignent, le juge prendra leurs paroles plus au sérieux.

Drago fronça les sourcils :

- Je peux aussi faire semblant.

Elle le fusilla du regard :

- Un jugement n'est pas un jeu, il faut la vérité, et rien que la vérité. On ne peut mentir à un juge, surtout dans le monde magique.

Il parut à la fois déçu mais excité de savoir qu'une liste de témoins allait parler en sa faveur.

- Bien alors. J'ai deux personnes qui te défendront concernant la trahison de Poudlard.

- Il y a Blaise dedans !

Hermione leva les yeux au ciel.

- Excuse-moi, je suis très content que tu aies réussi à trouver des témoins, je pensais que c'était peine perdue.

- C'est parce que tu me sous-estimes.

Elle marqua une pause, fouillant dans les nombreux papiers qui trainaient sur son bureau. Elle attrapa l'un d'eux, soufflant dessus pour retirer la fine couche de poussière qui le recouvrait, et continua :

- J'ai trouvé une personne pour te défendre concernant le fait que tu es dit comme complice de crime contre le monde magique.

Il écarquilla les yeux, ne voyant visiblement pas de qui il pouvait s'agir. Elle sourit.

- J'ai trouvé une personne pour te défendre concernant le meurtre de Dumbledore.

Plus Hermione avançait dans ses explications, plus Drago paraissait surpris et choqué.

- Par contre, je n'ai trouvé encore personne pour témoigner concernant la discrimination envers les sorciers de sang-impur.

Le blond parut aussitôt tomber d'un nuage, d'un rêve ; son visage s'assombrit, son sourire s'effaça et son regard perdit de son éclat.

- Les élèves que j'ai contactés refusent de témoigner pour toi, mais sont partants pour le faire contre toi. Je les ai convaincus de ne pas le faire, mais ils ne viendront pas à ton jugement.

Il ne répondit pas, se contentant de grimacer.

- J'ai assisté au jugement d'une femme qui fait partie de la seconde liste, comme toi. Son avocat était mauvais, peu crédible, mais elle a quand même été acquittée. Elle avait moins d'accusations que toi, mais elle s'en est sortie.

- Où veux-tu en venir ?

- Je pense qu'avec une bonne défense tu pourrais t'en sortir. Mais pour ça, il nous faut des arguments en béton et...

Hermione eut à peine le temps de finir sa phrase que la porte du cabinet s'ouvra dans un fracas sourd.

- Hermione Granger, tu pourrais au moins...

Ron Weasley venait de faire son entrée. Les cheveux mal coiffés, le visage tiré par une grimace à la fois surprise et dégoutée, il se stoppa net. Son regard se posa sur Drago, puis sur Hermione, et répéta ce schéma une bonne dizaine de fois. Le blond regarda la brune, inquiet, dans l'incompréhension totale.

- Qu'est-ce qu'il fout là lui ?

- Je t'entends, lui fit remarquer Drago.

Le roux le dévisagea.

- Je suis occupée, Ronald.

Il secoua la tête en tendant le doigt vers elle, comme prêt à gronder :

- Tu n'es pas occupée, tu refuses de me voir, et je viens essayer de comprendre pourquoi.

- Je penses que la réponse que tu cherches est dans ta phrase, cracha le blond comme pour lui dire de quitter les lieux.

Ron s'approcha de lui, collant son doigt presque sur le nez du blond qui ne bougea pas d'un cil. Hermione se redressa, tapant violemment les mains sur son bureau. Elle fit signe à la secrétaire paniquée qui se tenait devant le bureau de partir.

- Je suis en plein rendez-vous, dit Hermione irritée. Tu vas gentiment sortir de ce bureau.

- Attends, c'est lui ton client ? S'exclama Ron.

Drago écarta les bras comme pour se présenter. Hermione lui fit signe d'arrêter, lui lançant un regard noir.

- Drago est mon client, effectivement. Maintenant, tu pourrais nous laisser travailler ?

- C'est avec ce type que tu passes tout ton temps ? Tu te fiches de moi. C'est à cause de lui que le soir tu travailles autant ? Et puis, depuis quand tu l'appelles par son prénom ?

Hermione fit le tour de son bureau, s'approchant de Ron. Son cœur battait rapidement, ses poings se serraient rapidement.

- Sors de mon bureau, Ronald Weasley.

- Non, tu vas rentrer avec moi.

Violemment, le roux attrapa le bras d'Hermione qui étouffa un petit cri. Elle le regarda avec effroi et honte. Lui qui était si calme et doux, pourquoi devenait-il un tel démon ?

- Tu sens l'alcool, soupira-t-elle.

- Ce ne sont pas tes affaires.

Drago se leva, mais la brune lui fit signe de ne pas s'en mêler.

- Ronald, lâche-moi. Je suis en plein rendez-vous, tu me fais perdre mon temps.

- Et moi je perds mon temps à t'attendre, cracha-t-il.

Elle recula, sentant son haleine forte chatouiller ses narines.

- Tu n'as qu'à plus m'attendre, dit-elle.

Il la lâcha, écarquillant les yeux. Drago s'approcha d'Hermione, et d'un geste doux, la prit et la recula près des bibliothèques.

- Tu me lâches pour lui ?

- Je ne te lâche pour personne, reprit-elle en massant son poignet rouge. Arrêtes de toujours rejeter la faute sur les autres alors que le problème, c'est toi.

- Je pense qu'il est temps que tu partes, dit fermement Drago.

Elle le regarda surprise. La mâchoire du blond se contractait nerveusement. Son regard, dur, dévisageait le roux.

- Qu'est-ce que tu as dit, je n'ai pas bien entendu ? Demanda-t-il en s'approchant.

Hermione s'interposa.

- Arrêtez. Ronald, tu sors.

- Je ne pars pas tant que tu ne me suis pas.

- Je ne reviendrai jamais.

Le roux entrouvrit la bouche, mais rien n'en sortit. Elle prit une grande inspiration :

- J'ai beaucoup réfléchi ces derniers jours, et j'ai pris ma décision. Je ne rentrerai pas. Nous sommes incompatibles, et je ne peux pas continuer à vivre cette histoire pour te faire plaisir, tout autant que tu ne peux pas continuer à m'attendre. Nos vies sont trop différentes et ne méritent pas d'être liées. Je pensais t'aimer, Ron, sincèrement, mais après tout ce temps seule je me suis rendu compte que je ne ressentais plus rien pour toi. Je suis désolée.

Le regard du roux se rougit, laissant couler quelques larmes.

Inspire, expire, se dit-elle.

- Tu me lâches après tout ce que j'ai fait pour toi ? Après tout ce temps d'attente où j'ai rêvé de notre vie ?

Elle ne répondit pas, se contentant de respirer calmement pour calmer le flot d'émotions qui tentait de la submerger.

- Tu sais quoi, Hermione, tu ne vaux pas mieux que lui.

Sur ces mots durs, Ron quitta le bureau bruyamment, claquant la porte derrière-lui. Hermione ne bougea pas, sentant son corps trembler ; une sensation étrangère s'emparait d'elle, l'immobilisant. Ses yeux, rivés sur la porte où le roux venait de disparaître, laissèrent perler quelques larmes. Elles descendirent en cascade le long de sa joue, lentement, avant de venir s'écraser sur le doigt de Drago qui les essuyait de ses mains douces. Elle posa son regard dans le sien ; inquiet, ce dernier la questionnait du regard, l'air grave. Elle resta silencieuse.

Drago s'approcha d'elle, l'entourant de ses bras. Elle explosa.

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