Chapitre 4

Lorsque je me réveille ce jour là, j'ai encore l'infime espoir d'avoir rêvé tout ça, le père sorti de nulle part, les gorilles, les Etats Unis. Mais non je n'ai pas rêvé, je suis toujours coincée dans cette chambre et je suis en manque d'inspiration niveau plan de fuite.

Il faut que je me bouge et que j'arrête de me replier sur moi. Dans trois mois, j'aurai dix huit ans et à partir de ce moment là je pourrai reprendre ma vie normalement.

Je me force donc à me lever et à aller me préparer, après avoir pris une douche je décide de faire simple et j'enfile un pantalon chino bleu marine avec une blouse vert d'eau et j'attache grossièrement mes cheveux au dessus de ma tête. Je pars ensuite à la recherche de mon petit déjeuner !

Pas trop dur à trouver, je me rends dans la salle à manger où une fois de plus, un seul couvert est dressé. Au moins, je ne vais pas voir Du Con ce matin. Peut être que la journée va être plus belle que prévue !

Je n'ai pas forcément faim mais je fais un effort face au buffet servi. Après une réflexion intensive...de dix secondes, je me décide pour une salade de fruits et un verre de jus d'orange. Personne ne vient me voir et aucun bruit ne dérange le calme de la maison.

Qu'est-ce que c'est rasoir d'être riche. Après mon super festin (oui oui c'était sarcastique), je vais à la bibliothèque avec la même idée qu'hier. Trouver un passage secret pour m'évader ou tout simplement un livre pour tuer mon ennui.

Je trouve mon bonheur avec un livre sur les langues nordiques (non, ne me jugez pas, je sais de quoi ça l'air !). Je repars avec mon butin, cette fois direction le jardin. Je ne croise toujours personne à croire qu'ils ont tous disparus.

Je marche un petit moment pour m'éloigner au maximum des maisons et de tout être-vivant marchant sur deux jambes. Je trouve mon petit coin de paradis sous un arbre à l'abri des regards, ma cachette est parfaite !

- Bonjour Charly !

Je sursaute ! Qui ose me déranger dans ma lecture sur les vieux dialectes slaves ? Je retourne un regard noir vers un Alexïe content de son effet.

- Je vous cherchais, pourquoi vous n'avez prévenu personne de votre promenade dans le jardin ?

- Bonjour à vous Alexïe, je n'ai prévenu personne car je n'ai croisé personne depuis mon réveil. De plus, je ne pense pas qu'une sortie dans le jardin de la propriété ai besoin d'être validé par un conseil d'état, et enfin j'ai mon portable comme convenu.

Et comme une gamine, je lui agite ledit portable sous le nez. Ca devient n'importe quoi tout ça. Depuis que je suis arrivée ici, je régresse à vue d'œil, ils doivent mettre quelque chose dans l'eau, c'est pas possible !

- Puis-je m'installer avec vous ?

Je le regarde de haut en bas, il a beau être mignon et sympa avec moi, on n'a pas élevé les sardines ensemble ! Mais qu'il me foute la paix et qu'il se casse dans le fin fond du Kazakhstan !

- Non, lui dis-je simplement.

Il ne semble pas le moins du monde surpris par ma réponse mais malgré tout, il parait déçu.

Il incline poliment la tête et repart d'où il est venu. C'est ça, retourne surveiller les bonobos qui te servent de collègues !

Il ne faut jamais me déranger quand je lis des bouquins sur les langues étrangères. Autrement je m'énerve et si on insiste trop, il me sort des serpents sur le dessus de la tête comme la Gorgone dans la mythologie grecque (c'est bon vous avez l'image ? Alors laissez-moi lire tranquille !).

Au bout de deux heures, je lâche enfin mon livre. Si je ne fais pas bientôt une pause, je pense qu'ils vont me retrouver en train de me parler à moi-même dans des dialectes obscurs en faisant la danse de la pluie. Et là plus de doutes, ils comprendront que je suis bonne à enfermer.

Je me dirige donc vers la maison, toujours pas grand monde en chemin mais en approchant, je surprends une conversation en russe entre Alexïe et son pote le Men In Black d'avant-hier (celui avec le balais dans le cul qui jouait le sphinx devant ma maison). Je pense que c'est lui qui s'appelle Dimitri. Enfin bon quand je débarque, j'interromps leur conversation mais j'ai quand même compris qu'ils parlaient d'une certaine « Sasha » et vu les regards qu'ils me lancent j'en sais déjà trop ! S'il vous plait, faites rapatrier mon corps vers la France, je souhaite reposer auprès des miens...Trop théâtral ?

Allez Cyrano, sors de ce corps, il faut que je trace ma route ! Et je file droit devant moi en sifflant un tout petit mais alors rikiki désolé en russe à l'attention des Dupont et Dupond !

Je passe par la salle à manger où je vois une fois de plus un seul couvert sur cette foutue table. Bien décidée, je prend assiette, couverts et verre je continue mon chemin vers la cuisine. Lorsque je rentre dans celle-ci, plus personne ne parle et là c'est pas une mouche voler qu'on pourrait entendre, mais carrément la mouche à l'agonie tellement il y a un malaise dans cette pièce (avouez, vous avez cru à la mouche qui pète ???).

Attention Roi du silence, le premier qui l'ouvre a un gage !

Mais en plus, c'est qu'ils sont doués à ce jeu là. Je finis par m'avancer et je dépose sur la table au centre de la pièce, mon paquetage et je m'installe sur une chaise devant. Je ne mangerai pas seule ce midi tant pis s'ils veulent ne rien dire.

La porte de la cuisine s'ouvre sur Alexïe, il me regarde puis regarde la cuisine, me reregarde et de nouveau mes copains silencieux, puis de nouveau moi. Mais il a rayé son disque celui là ou quoi ? C'est pas toute seule que j'irai chez les fous, je pense qu'il finira par m'accompagner !

- Quoi ? Vous avez jamais vu quelqu'un manger dans une cuisine ?

Ah je crois que le disque a fini de sauter, il reste fixé sur moi d'un air blasé.

- Si ,bien évidement. Mais votre place est dans la salle à manger.

- Non. Ma place est en France avec mes amis devant une pizza et un bon film, donc le temps que je serai coincée ici je mangerai où je voudrai !

Il ne prend pas la peine de répondre et semble énervé, aurai-je réussit à le faire sortir de ses gonds ? Et bien non, il aboie en anglais aux muets de me servir mon repas où bon me semble et se casse. Il a beau être mon garde du corps, il n'est pas pour autant ma nounou !

Dans la cuisine, ils me regardent tous sans trop savoir quoi faire. Je ne supporte plus leurs regards et je choisis la fuite en retournant dans ma chambre sans manger. Pour me calmer, je me passe de l'eau froide sur le visage mais rien n'y fait, je veux sortir d'ici. Je dois prendre l'air, ailleurs ! J'attrape mon portable et ma carte de paiement et je fonce tout droit vers le rez de chaussés puis je sors devant la maison. Sans me démonter, je me dirige vers le portail où deux gardes patientent dans l'attente de je ne sais trop quoi.

Je m'approche et je vais pour sortir lorsqu'un des gardes m'attrape par le poignet gauche. Je lève les yeux vers lui et le fusille du regard mais il ne me lâche pas pour autant et me dit en anglais que je n'ai pas le droit de sortir.

Me viens à l'esprit Jules me remontrant comment faire lâcher quelqu'un lorsque celui-ci vous tiens.

Il ne se décide pas à me lâcher tant pis pour lui ! Je ferme mon point droit et je l'abats de toutes mes forces sur son poignet, sur un point bien précis entre l'os du pouce et le début du poignet. Il me lâche instantanément en beuglant comme un âne en se tenant le poignet et pendant que son collègue regarde comment il va, j'en profite pour me glisser à l'extérieur.

Je marche vite, j'ai besoin de faire le vide, j'en ai raz le bol que ces gorilles posent la main sur moi pour ma soi-disant sécurité. Le prochain qui me touche, je le castre en mode warrior.

Ah au faite Charly 3, Gorilles 2, je n'allais quand même pas oublier ma petite victoire.

Au bout de dix minutes de marche, je tombe sur un petit parc. Je décide de m'installer sur un banc pour réfléchir.

C'est bizarre, pas un seule gorille ne m'a suivi, peut-être ont-ils renoncé. Je ne suis pas d'une nature violente, je suis même plutôt du genre à vivre aux pays des bisounours à chevaucher des licornes à paillettes ! C'est même pour ça que Jules m'a obligé à prendre avec Cloé des cours de self défense. Selon lui, il fallait que je sache me défendre parce qu'un jour ou l'autre, mon côté baba cool m'attirerait des problèmes. Il avait peut-être raison finalement.

Plus loin dans le parc, des enfants jouent au ballon, des femmes les accompagnent, il n'y a aucun air de ressemblance entre eux, sûrement des nounous. C'était donc ça ici, on ne s'occupé pas de ses enfants, ça faisait bien d'en avoir sur les cartes de vœux mais ça s'arrêtait là.

Mon téléphone se met à sonner. Lorsque je le regarde je vois le nom d'Alexïe s'afficher, je décroche.

- Charly ?

- Nan, c'est le pape !

- Je vois que vous n'êtes pas calmée. Vous savez que je ne peux pas embaucher dix nouveaux gardes par jour en fonction de vos sautes d'humeur ?

Je lui raccroche au nez. Mon portable sonne de nouveau une seconde plus tard.

- Charly, maintenant rentrez s'il vous plait.

Je raccroche une nouvelle fois. Je suis morte de rire toute seule sur mon banc. Lorsque mon portable sonne une nouvelle fois, je me dis que je ne dois pas être assez claire et je refuse directement l'appel. Je ferme les yeux et m'allonge sur le banc en essayant d'oublier tout ce merdier.

- Charly ?

Je me redresse d'un coup et me retrouve face à Alexîe. Non mais c'est pas possible, j'ai pas signée pour ça moi, je ne veux plus le voir, il me fatigue à force. Je décide de ne pas lui répondre, au loin j'aperçois cinq gorilles, parmi eux Dimitri et Silvio. Super, on va pouvoir faire un pique nique tous ensemble, ou bien une soirée pyjama et après s'êtres mis du vernis, on parlera potins !

- Charly, ne m'obligez pas à vous endormir une nouvelle fois. Venez, nous rentrons.

- Non.

Il me regarde comme si je parlais chinois, pourtant je crois que je suis claire, je ne veux pas rentrer.

- Je ne rentrerai pas, je ne suis pas un animal de compagnie que vous et mon géniteur vous pouvez garder en cage. Si vous voulez tellement que vos gardes restent en bonne santé, j'aimerai qu'ils arrêtent de poser leurs sales pattes sur moi. Je suis déjà coincée dans ce pays pour les trois prochains mois, je ne vais pas en plus rester coincée entre les murs d'une maison !

Il me regarde, visiblement à l'écoute de ce que je raconte, il vient s'asseoir à coté de moi. Sur le moment, j'ai peur qu'il tente de me faire une piqûre et je me relève brusquement et m'éloigne.

- Je ne vais rien vous faire de mal Charly, venez vous asseoir, nous devons parler.

Je retourne sur le banc en respectant une zone de sécurité entre nous.

- Je comprends que vous vivez mal votre arrivée à L.A. Changer de vie et surtout dans ces conditions, c'est difficile, je vous l'accorde. Mais votre père souhaite vous protéger, vous ne savez rien de ce que vous risquez dehors. Ensuite, vous n'êtes pas cloîtrée à la maison, si vous m'aviez demandé je vous aurais accompagnée dehors. Je sais que ça a mal commencé entre nous et j'en garde toujours les traces et je sais que mes hommes sont assez bourrus et qu'ils n'ont pas l'habitude de surveiller une jeune fille, mais faites nous un peu confiance et vous verrez que tout ira bien.

- Je voudrai pouvoir sortir seule.

- Malheureusement, cela n'est pas possible Charly, votre père est quelqu'un d'important et cela représente un danger pour vous. On pourrait vous agresser ou même vous kidnapper si vous êtes seule.

- Et vous y connaissez un rayon en kidnapping, c'est vrai !

Ma remarque ne le fait pas du tout rire, bien au contraire.

- Maintenant nous allons rentrer, et vous passerez la grille d'entrée sur vos deux jambes sans que j'ai besoin de vous porter parce que vous serez endormie.

- D'accord.

Nous nous levons ensemble et nous dirigeons vers le reste des gorilles, ils semblent tous soulagés que je sois venue vers eux sans encombre et en arrêtant de les faire courir. Alors que nous sommes sur le point de sortir du parc, je me tourne vers Alexïe.

- Hum Alexïe j'ai besoin de faire des courses.

- Oui bien sur. De quoi avez-vous besoin ?

J'attends que nous soyons arrivés à la hauteur des autres et je lâche ma bombe.

- Simplement des tampons périodiques et des préservatifs.

Je les vois tous rougir un par un et je suis contente de mon petit effet. Non, je ne lâcherai pas l'affaire si vite !

Charly 4, Gorille -100 bon ok 2 !

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