Chapitre 34

Pdv Charly

Avec Anton, nous avons réussi à nous éloigner d'Andreiv, nous avons profité de notre récréation quotidienne pour emmener Lukas dans la forêt pour une longue balade. Et vu l'avance que nous avons sur Andreiv, il ne nous rattrapera jamais.

Lukas marche plus loin devant nous, le bon air lui donne de superbes couleurs, le voir sourire me fait un bien fou.

Le petit est assez loin pour ne pas entendre notre conversation et depuis un moment, j'ai une question qui me trotte dans la tête.

- Anton ?

- Oui ?

- Pourquoi tu as adopté Lukas ?

Il me prend la main tout en continuant à marcher, je vois qu'il cherche ses mots, ma question lui donne du soucis.

- Si tu veux pas me dire, tant pis !

- Non non, tu as le droit de savoir, c'est juste que ça me fait admettre certaines choses.

- Comment ça ?

- La culpabilité entre autre. J'ai adopté Lukas par culpabilité et je pensais devoir des comptes à un fantôme.

Euh il va pas mieux le Anton ! Maintenant il fait la cosette au fantômes, sans rire ? Je fronce les sourcils, j'ai du mal à comprendre, il reprend.

- Sasha était la copine d'Andreiv, mais c'était mon amie aussi. J'aurai du faire plus pour elle, ne pas la laisser mourir, ne pas falsifier ces foutus dossiers. Après sa mort, je me suis arrangé pour être transféré aux soins de Lukas, sa mère n'était plus là et personne ne venait le voir.

- Même pas ta mère ?

- Et bien en fait, ma mère a appris la naissance de Lukas seulement un mois après ! Mon père avait été très discret la dessus, il ne voulait pas ça se sache. Mais du moment qu'elle a su, elle est venue tous les jours, puis ma sœur et mon père a dû finalement confronter Andreiv face à ses responsabilités.

- Le connaissant, il a dû adoré !

- C'est ça ! En fait, Andreiv s'est déchargé de son rôle de père sur un nombre incalculable de nounous et autres gouvernantes. Il n'a aucun instinct paternel, je me demande même si il ne déteste pas cet enfant parfois. Lukas, lui, n'a rien demandé ! Au bout d'un an, j'en avais assez de cette situation, j'ai donc proposé à Andreiv de m'occuper de son fils et même de l'adopter, et il a sauté sur l'occasion pour ne plus avoir en charge Lukas. Il garde toujours un œil dessus mais légalement et sentimentalement, c'est moi le père de Lukas.

- Il a de la chance de t'avoir alors.

- Je ne sais pas, j'aurais du faire plus pour Sasha, peut-être qu'il aurait encore sa mère comme ça.

- Elle était comment Sasha ?

- Humm et bien, elle était vivante ! Il n'y a pas d'autre mot, elle aimait la vie, elle souriait assez souvent et riait beaucoup ! Un vrai rayon de soleil ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce soir là entre mon frère et elle, mais lorsque je l'ai trouvée à l'hôpital, ce n'était plus elle, il l'avait brisée au point qu'elle veuille mourir.

- Je suis désolé Anton, je ne pensais pas que parler de cette histoire te ferait de la peine comme ça.

- Ce n'est rien, je veux juste faire attention à toi maintenant, je ne veux pas que Andreiv te brise comme il l'a fait avec elle.

- Ca n'arrivera pas !

Après plus de deux heures de balade, nous retournons à la villa, je m'occupe de faire dîner Lukas pour allez le coucher. Je rejoins après Anton dans le salon, pas de signe d'Andreiv depuis notre retour, peut-être qu'il est parti finalement !

- Je vais allez me coucher aussi. Dis-je.

- D'accord mon cœur, je te rejoins plus tard.

Je monte tranquillement l'escalier, en pensant à Anton. J'aime sa franchise, quand j'ai une question il y répond, il ne cherche pas d'excuse pour éviter de répondre.

Je rentre dans la chambre mais je n'ai pas le temps d'allumer qu'une main se pose sur ma bouche et que l'autre m'attrape par la taille. La porte se referme et nous sommes dans le noir je panique, je tente désespérément de me dégager de cette emprise.

- Chut Printsessa, calme toi mon cœur !

Non ce n'est pas possible, je rêve, l'univers est bien trop cruel de jouer avec moi comme ça. Ca ne peut pas être lui ! Il me relâche doucement et allume la lumière, je me retourne, il est là, Alexïe.

Je suis pétrifiée, c'est bien lui mais il a perdu du poids, il a l'air fatigué et il a une barbe de plusieurs jours.

- Alexïe ? Dis-je la voix pleine de sanglot.

Il me prend dans ses bras, il caresse mon visage, il semble vouloir désespérément me toucher, et je fais pareil, je veux voir s'il est bien réel.

- Tu m'a tellement manquée Charly ! J'ai cru devenir fou sans toi.

Il pose ses lèvres sur les miennes, notre premier baiser, si brut, si désespéré. Il est là, il est bien là !

- Andreiv a dit que personne ne viendrait me chercher.

- Jamais je n'aurai pu te laisser mon cœur, jamais !

- Tu m'as manqué, je n'y croyais plus, j'ai même voulu mourir.

- Hein ? Non ! Jamais ! Promet moi, jamais tu ne feras une chose pareille, je ne peux pas vivre sans toi, si tu meurs, je meurs.

- C'est mon père qui t'envoie ?

- Non, avec Dimitri, on ne travaille plus pour lui, il avait renoncé à te chercher.

Bon ça ne m'étonne pas venant de mon père, pour un lâche qui tient plus à son pognon qu'à sa fille, au moins il ne dévie pas de son parcours habituel !

Il m'embrasse à nouveau, plus tendrement, sa barbe me chatouille, il est là, rien qu'à moi.

La porte de la chambre s'ouvre sur Anton, il nous regarde tour à tour. Alexïe le voit et se jette sur lui une arme à la main, il le plaque au mur et le met en joue.

- Une dernière parole enflure ? Avant que je te fasse payer pour Sasha et Charly !

- Mais Alex, arrête voyons !

Je cherche à m'interposer mais Alexïe me repousse.

- Tu le défends après ce qu'il a fait à Sasha, après ce qu'il t'a fait ?

- Mais ce n'est pas Andreiv bordel ! C'est Anton ! C'est son frère jumeau !

- Quoi ?

- C'est Andreiv qui a blessé Sasha, ce n'est pas Anton, lâche le maintenant !

Alexïe relâche son emprise, je me précipite sur Anton pour voir si il va bien.

- Anton, ça va ?

- Oui mon amour, ça va. Me dit Anton.

Et merde pourquoi il a dit ça, Lui aussi, il vient de se rendre compte de sa bourde, il me regarde les yeux comme des soucoupes ! Je me retourne lentement vers Alexïe qui nous foudroie de son regard bleu.

- Mon amour ? Dit-il.

Je n'ai pas le temps de répondre, c'est Anton qui vient se placer devant moi et qui prend la parole.

- Vous avez un problème avec ça ? Demande t-il à Alexïe.

- Plutôt oui ! Comment vous osez parler comme ça à ma femme ? Dit Alexïe.

Euh, je suis mariée depuis quand moi ? Non parce que là j'en ai aucuns souvenirs !

- Charly est ma fiancée, je peux parfaitement l'appeler mon amour si je le veux.

- C'est vous qui devez l'épouser, pas Andreiv ?

- Non, jamais Andreiv ne posera la main sur elle !

Je me décide à me positionner entre eux, je pose mon regard tour à tour sur eux.

- Nous partons Charly. Me dit Alexïe d'une voix sans appel.

- Un instant s'il te plait. Lui dis-je.

Il va vers la porte en me laissant un moment avec Anton.

- Je...je...

- Je sais Charly, tu l'aimes.

Je me rapproche d'Anton et je pose ma main sur sa joue, il ferme les yeux, il sait que ce sera la dernière fois qu'il me verra.

- Si la situation avait été différente, je pense que j'aurai adoré que tu me montes ce qu'il y a de beau dans le monde Anton. Tu es quelqu'un de droit et de sincère, je sais que j'aurais été heureuse d'être ta femme. Je suis certaine que tu trouveras quelqu'un et que cette personne te rendra heureux. Prends soin de Lukas, c'est un enfant adorable et tu fais un travail magnifique avec lui.

Je me met sur la pointe des pieds et je pose un doux baiser sur ses lèvres, une larme coule sur ma joue.

- Je t'aime, prends soin de toi et reprends ta liberté.

Je m'écarte et je me dirige vers Alexïe, il me prend la main et nous sortons dans le couloir. Il n'y a pas un bruit dans la maison, nous rejoignons le rez-de-chaussée, et nous passons par le salon.

- Dimitri nous attends dehors, il y a peu de gardes et nous avons une fenêtre de sortie de dix minutes.

Nous sommes au milieu du salon lorsque Andreiv apparaît, arme à feu à la main.

- Vous nous quittez déjà Monsieur Ivanov ?

- Andrei Pablov. Répond Alexïe les dents serrées.

- Je vous ai manqué en cinq ans ?

- Pas un seul instant !

- Rrrro vous brisez mon petit cœur ! Allez vous connaissez la chanson, posez votre arme au sol.

Alexïe se place devant moi et pose doucement son pistolet par terre.

- Vous allez nous tuer ? Dis-je.

- Bravo Sherlok ! En effet, je vais vous tuer, vous comprenez c'est un triste accident, un harceleur, contre qui j'ai déjà porté plainte il y a peu, est entré dans la maison, j'ai eu peur pour ma famille et je me suis défendu. L'homme est mort sur le coup et malheureusement, la fiancée de mon frère a pris une balle perdue, comme c'est triste !

- Connard ! J'arrive à articuler.

Il rigole, il va nous tuer et il se marre ce gros con.

- Petite Charly, on aurait pu faire tellement de choses ensemble.

- Dans tes rêves ! dis-je.

- Hummm comme tu veux ! Bon allez, bonne nuit Alexïe !

Il tire sur Alexïe à plusieurs reprises, celui-ci s'effondre au sol, en se tenant la poitrine.

- NONNNNNNN ! ALEXIE !

Je me jette sur lui, ses yeux sont fermés, plusieurs tâches écarlates s'épanouissent sur sa poitrine.

- Non, tu as pas le droit ! Tu peux pas me laisser, t'as promis ! Je t'aime bordel !

Je sanglote sur sa poitrine, je ne supporterai pas de vivre sans lui encore une fois, s'il est mort, je le suis aussi, j'ai perdu ma moitié, mon autre moi.

Au pris d'un effort incommensurable, je me lève et je me tourne vers Andreiv, mes mains sont tachées de sang et des larmes brûlantes coulent sur mes joues.

- Vas y, tues-moi. Dis-je face au sourire d'Andreiv.

Mais deux bras se referment sur ma taille et me tirent en arrière, je me retrouve derrière Anton.

- Je te l'interdis Andreiv ! Hurle Anton.

- Elle va partir le contrat est caduque mon frère !

- Laisse ce stupide contrat, laisse la bon sang !

Les deux frères s'affrontent du regard, Anton s'approche de Andreiv, celui-ci baisse son arme, mais Anton lui colle une droite, s'ensuit une bagarre entre les jumeaux.

Anton est à califourchon sur son frère, il me regarde et me hurle dessus, et je mets un certain temps à comprendre ce qu'il dit.

- Va-t-en Charly ! Casse toi maintenant !

Je me retourne vers le corps d'Alexïe, je ne pars pas sans lui ! Comme si Dimitri avait entendu mon appel au secours silencieux, il arrive dans le chaos qu'est devenu le salon. Il fonce directement sur moi.

- On doit partir Charly !

- Pas sans Alexïe.

Il le regarde et m'aide à le hisser sur ses épaules, je suis surprise de ne croiser personne, nous sommes libre de partir comme bon nous semble. Si bien qu'un hélicoptère nous attend à proximité de la villa. Nous nous engouffrons dedans et l'appareil prend de la hauteur, je vois la villa devenir de plus en plus petite. Je regarde Dimitri son regard est triste et plein de pitié.

Si tu meurs, je meurs.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top