Chapitre 30
Pdv de Charly
La villa est magnifique, on dirait une maison de vacances au bord d'un lac. Beaucoup de bois brut, une ambiance cocooning. Lorsque nous sommes arrivés, un feu de cheminée crépité déjà.
Je suis devant une immense baie vitrée, au loin je peux voir des Montagnes, le paysage est vraiment beau.
- Mama tu viens ?
Pardon ? Euh j'ai loupé un épisode ? Lukas me regarde de ses grands yeux bleus, qu'est-ce que vous voulez que je lui dise ? Il a cinq ans, je n'ai pas envie de lui briser le cœur.
Je vais vers lui et je lui fait un sourire, il me tend les bras, je le soulève et le prends contre moi.
- Qu'est-ce qu'il y a Lukas ?
- Tu viens avec moi jouer ?
- Tu sais il est tard mon cœur, il va falloir aller se coucher, mais je peux te raconter une histoire si tu veux ?
- Oui ! Crie t-il.
Je le monte dans sa chambre et je l'aide à enfiler son pyjama, puis je m'allonge à côté de lui sur son lit.
Et je commence à lui raconter l'histoire de Cendrillon, bon j'avoue c'est un peu merdique, mais là je ne savais vraiment pas quoi lui raconter. Et je ne voulais pas lui sortir une histoire avec une pomme empoisonnée, des parents qui abandonnent leurs enfants dans la forêt ou encore l'histoire d'une fille qui se les caille au Pôle Nord, oui vous avez bien reconnu La Reine des Neiges ! Quoi c'est pas mieux une fille martyrisée par sa belle mère ? Ouais bah fallait vous en occuper si vous n'êtes pas content !
Lorsque je vois qu'il dort, j'essaye de me lever mais je suis bloquée avec Lukas sur mon bras. Si je bouge je le réveille, je suis condamnée à dormir sur un bord de lit de poupée !
- Besoin d'aide ?
Je lève les yeux, Anton est posé les bras croisés sur le montant de porte. Bah non qu'est-ce qui te fait dire ça ? Moi en équilibre sur le bord du lit ou bien ma main bleue par le manque de circulation !
- Un peu. Chuchotai-je.
Il s'approche et me libère de Lukas et forcément, je manque de m'affaler par terre en me relevant. Il rigole et ne s'en cache pas, je le tape sur l'épaule.
- C'est pas drôle ! J'aurai pu me faire mal !
- Et je t'aurai soigné !
- Mouais genre, t'en aurai profité plutôt !
Il continue à rigoler lorsque nous nous dirigeons vers notre chambre.
C'est bon il a trouvé de quoi me charrier pendant des jours !
A peine ai-je franchi le seuil de la chambre qu'Anton m'attire à lui. Il pose se mains sur mes hanches et me regarde dans les yeux. Il ne dit rien puis pousse un soupir et va s'allonger sur le lit, en me faisant signe de le rejoindre. J'hésite un instant puis je franchis la distance qui nous sépare pour le rejoindre. Je m'allonge près de lui, je n'ose pas trop le regarder en face, cette situation me gêne.
- J'aime te voir avec Lukas. Dit-il.
- Il est mignon et pas difficile comme enfant.
- Oui, c'est un amour.
Il se rapproche de moi et j'hésite un instant à fuir de là. Il pose sa tête et sa main sur mon ventre. Euhhh ?
- Je sais que tu ne m'aimes pas Charly, mais j'espère un jour que ça changera et qu'un jour tu porteras mon enfant.
Je le redis euhhh ?
- Anton s'il te plait...
- Non ne dit rien, je sais.
Il se relève et rapproche son visage du mien, j'ai chaud d'un coup et je panique un peu. Ok beaucoup !
Il réduit encore la distance et m'embrasse. J'aime comment il embrasse ! Non mais qu'est ce que je raconte je ne peux pas aimer ! Mais...
Il s'écarte de moi et me regarde triste.
- Comment s'appelle t-il ? Demande t-il calmement.
- Qui ?
- Celui qui a déjà ton cœur ?
- Anton je ne...
- Je ne lui ferai rien, je te le promet.
- Alexïe.
Son regard se fait encore plus triste, et bizarrement j'ai mal de le voir comme ça. Je ne sais pas pourquoi mais je l'embrasse. Je veux encore sentir ses lèvres, encore une fois, sentir que j'existe, sentir que je compte pour quelqu'un, que ma vie a de l'importance pour quelqu'un.
Anton répond à mon baiser, sa langue joue tendrement avec la mienne, je me perds dans ce baiser, je jette tout mon désespoir dans ce contact. Anton passe ses bras autour de moi et je passe mes mains derrière son cou. J'agrippe ses cheveux et tire légèrement dessus, il grogne doucement en retour, il mordille ma lèvre inférieure ce qui me rend toute chose. La chaleur monte de plus en plus, une larme roule sur ma joue, Anton s'écarte et me regarde, il essuie de son pouce ma larme.
- Je ne peux pas Charly, pas comme ça.
Je pose ma tête sur son torse et je laisse couler mes autres larmes, il me berce tendrement et je finis par m'endormir. Avant de sombrer, je l'entends chuchoter à mon oreille.
- Je t'attends depuis tellement longtemps mon amour.
****
Depuis que j'étais réveillée, avec Anton nous n'avions pas reparlé de la veille, toute notre attention était prise par Lukas. Journée complète en extérieur, foot, pique nique et ballade en forêt. Le grand air me fait un bien fou, pouvoir marcher librement, sans mur, sans garde, bon j'ai encore mon bracelet, tout n'est pas gagné ! Mais il y a du progrès.
Pas âmes qui vivent au alentour, nous étions éloignés de toute civilisation. C'est clair que c'est plus facile pour sortir sans gardes !
Après avoir dîner, nous nous sommes installés, ok, vautrés sur le canapé, devant les dessins animés. Vous avez jamais tenté de regarder Dora l'exploratrice en russe ? Non ? Bah allez-y, vous allez vous marrer ! Enfin bref, Lukas est blotti entre nous doudou à la main, il me fait toujours autant craquer !
- Lukas, il va falloir aller au lit. Dit Anton.
- D'accord mais tu viens me raconter une histoire !
- Ca me semble être un bon compromis ! Charly, on pourra regarder un film après si tu veux.
- D'accord ! Dis-je.
Et ils partent direction l'étage, lorsqu'ils ont disparu en haut de l'escalier, je réalise que Lukas a oublié son doudou sur le canapé. Mince, il ne peut pas dormir sans ! Je prends donc le doudou pour le rendre à son propriétaire. Lorsque j'arrive dans le couloir, je les entends parler par la porte entrouverte, je trouve ça trop mignon et je décide d'attendre un peu avant de rentrer.
- Alors tu veux quoi comme histoire ?
- La Princesse aux yeux d'émeraude ! Dis Lukas.
- Tu es sur ?
- Oui ! Crie l'enfant.
- Très bien, alors il était une fois un chevalier qui voulait sauver les gens. Le Roi de son royaume lui demanda d'aller dans un pays lointain pour retrouver la fille d'un autre Roi. Le chevalier se mit donc en route pour trouver cette Princesse. Il la trouva facilement, et quelle ne fût pas sa surprise lorsqu'il la vit. Elle était magnifique, elle avait de longs cheveux noir et des yeux d'émeraudes.
- Comme Charly !
- Oui mon ange, comme Charly. Le chevalier ne savait pas quoi penser de cette petite Princesse, elle était si belle et en même temps si simple. Le Roi, son père, ne s'occupait pas d'elle et elle vivait seule avec sa mère loin de toute richesse.
Je me laisse glisser le long du mur et je rapproche mes genoux de ma poitrine, en cherchant a faire le moins de bruit possible. Je crois qu'il parle de moi.
- Le chevalier continua sa mission, il devait surveiller la petite Princesse, voir ce qu'elle aimait dans la vie et ce qu'elle faisait. Plus les jours passaient et plus le chevalier devenait amoureux de la petite Princesse, mais elle malheureusement ne connaissait pas le chevalier, car pour sa mission le chevalier devait se cacher et ne pas se faire repérer. Lorsque sa mission fût finie, le chevalier retourna dans son pays laissant à regret la petite Princesse. Il rapporta à son Roi ce qu'il savait sur la petite Princesse, mais le Roi était en colère contre le père de la petite Princesse et pour le punir, il voulait que la petite Princesse meurt. Mais le chevalier ne voulait pas perdre la petite Princesse, car il l'aimait profondément. Il passa donc un marché avec le Roi, si celui-ci lui accordait la main de la petite Princesse, il lui serait toujours fidèle. Le Roi réfléchit un instant et il fit envoyer un messager au père de la petite Princesse pour lui dire qu'elle devrait épouser le chevalier et que s'il acceptait, le Roi ne serait plus en colère contre lui. Mais le père de la petite Princesse ne répondit pas, et il emmena la petite Princesse dans un pays encore plus lointain. Le chevalier était vraiment triste, et le Roi voyant ça ordonna à tous ses chevaliers de ramener la petite Princesse dans leur pays pour qu'elle épouse le chevalier. Ce ne fût pas facile, mais ils réussirent et le chevalier pu revoir la petite Princesse enfin. La petite Princesse vint vivre avec le chevalier. Au début, elle n'était pas heureuse de devoir changer de vie et elle fit vivre un enfer au chevalier, mais elle découvrit que le Chevalier avait un petit garçon, tout mignon et très gentil et elle aima très fort le petit garçon comme si c'était son propre fils. Après autant de péripéties, le chevalier et la petite Princesse se marièrent et ils vécurent heureux tous ensemble ! Fin !
- Papa ?
- Oui mon ange ?
- Tu l'aimes toi Charly ?
- Je l'aime de tout mon cœur.
- Et Charly, elle t'aime ?
- Je ne crois pas.
- Moi j'aime bien Charly ! Elle est gentille et elle sent bon ! Elle va rester avec nous pour toujours ?
- Je l'espère mon ange. Allez, finit de parler au dodo maintenant !
- Mais j'ai pas mon doudou.
- Il est où ?
- Je crois que je l'ai laissé sur le canapé.
- Je vais le chercher, je reviens.
Je n'ai pas le temps de me relever et en même temps je n'ai pas le courage, pas après cette histoire. J'ai pas rêvé, c'est bien de moi que parlait Anton. Justement celui-ci apparaît dans le couloir.
- Bah qu'est-ce que tu fais ici par terre ?
Je n'arrive pas à articuler un mot, je lui tends simplement le doudou de Lukas.
- Tu as entendu c'est ça ?
Je hoche la tête en signe d'approbation, il me regarde et soupire. Il prend le doudou de Lukas.
- Je vais le border et après il faudra que nous parlions je pense, vas m'attendre dans la chambre si tu veux bien.
Puis il entre dans la chambre de Lukas, je m'empresse de me lever et d'aller vers la chambre. Je m'assois sur le lit comme une condamnée à mort. Je ne sais pas si je vais apprécier cette discussion.
Au bout de cinq minutes Anton rentre dans la chambre et referme doucement la porte derrière lui. Il reste debout et me toise avec hésitation.
- Qu'est-ce que tu as entendu ?
- Humm tout je crois.
- Et qu'est ce que tu veux savoir ?
- La version pour adulte.
Il soupire et vient s'asseoir à côté de moi. Il pose sa main sur la mienne, je ne le repousse pas, ce contact me rassure d'une certaine manière.
- Tu sais déjà que ton père a fait affaire avec ma famille et les conséquences que ça a eu. Ce que tu ne sais pas, c'est que mon père a eu de gros problèmes de santé il y a environ un an et demi. Andreiv a du prendre en charge les affaires au pied levé.
- Qu'est-ce qu'a eu ton père ?
- Il a fait une crise cardiaque et il a bien faillit y rester. Andreiv ne pouvait pas être partout et surtout il devait faire ses preuves auprès des gens du milieu. Montrer qu'il pouvait être responsable. A cette époque, j'exerçais comme médecin dans un hôpital de Moscou, j'avais choisi de sauver les gens plutôt que de les tuer ! Je n'ai jamais eu la vocation pour la mafia en fait, c'est Andreiv qui a toujours souhaité prendre le relais de notre père. Mais avec les problèmes de santé du patriarche, il m'a appelé et il m'a demandé de l'aide. J'ai accepté à une seule condition, faire de petites missions où je ne me salirai pas les mains et où je pourrai passer du temps avec Lukas. Andreiv m'a envoyé en France, mon ordre de mission était de repérer la fille d'un débiteur, je devais la suivre et apprendre le maximum de choses sur elle pour faire céder son père. Je me suis donc rendu du côté de Bordeaux pour te suivre. Mais jamais je ne me serai assez préparer pour vivre ce qui s'est passé. Je me suis retrouvé devant une jeune femme superbe, engagée auprès de ses amis, bien loin de la richesse de son père. Plus je te suivais et plus j'étais amoureux. Bon je reconnais que ça fait pervers comme ça !
- Tu l'a dis bouffi !
- Mais c'est pourtant vrai, je n'ai pas choisi ces sentiments que j'éprouve pour toi. J'avais tellement envie de venir te parler, de te séduire, de te montrer ce qu'il y a de beau à travers le monde. Là bas j'ai aussi découvert ton intelligence et ton pragmatisme, j'étais à deux doigts de t'enlever en pleine rue juste pour t'avoir avec moi, pouvoir plonger mon regard dans tes magnifiques yeux vert, embrasser tes lèvres si douces. Puis Andreiv m'a demandé de revenir au pays au bout de trois mois.
- Tu n'as pas vu Lukas pendant trois mois ?
- Si voyons, je louais une maison dans le centre ville de Bordeaux, Lukas était avec moi, sa gouvernante et Luc aussi. Je ne voulais pas le laisser seul à Moscou.
- D'accord.
- Donc je disais qu'Andreiv m'a demandé de rentrer, je lui ai rapporté ce que j'avais trouvé, mais vu que ton père faisait la sourde oreille, il a commencé à le menacer. Quelques mois plus tard, la première menace de mort est arrivée dans sa boîte aux lettres. Puis ton père est venu te chercher pour t'emmener, j'ai donc été envoyé à L.A pour te retrouver avec plusieurs hommes à moi. Je ne supportais pas de savoir que Andreiv voulait ta mort, et j'ai outrepassé mes droits, je suis intervenu dans le marché, j'ai demandé ta main à Andreiv.
- Pas à mon père ?
- Non pour que le marché fonctionne je devais demander à Andreiv, c'est lui qui a fait la demande au nom des Pablov, même ton père ne savait pas qui tu épouserais. En gros Andreiv demandait simplement ta personne contre la dette. Ton père n'a pas voulu répondre ce qui a mit Andreiv dans une colère noire, il tente toujours de s'affirmer et entre la dette et le manque de réponse, il était au bord du massacre. C'est lui qui a fait poser les scorpions, jamais je n'aurai toléré une chose pareille, quand j'ai appris que tu étais à l'hôpital, j'ai voulu le tuer ! Et pendant que tu partais pour l'Angleterre, j'ai signé un contrat avec mon frère. Je t'épouserai et il n'y aurai plus de représailles. En échange, je renonçais à être médecin et je reprenais ma place dans les affaires familiales à temps plein et pour une durée indéterminée.
- Tu as renoncé à ta vie pour moi ?
- Je n'ai pas eu besoin de renoncer à quoi que ce soit Charly, le jour où j'ai croisé ton regard pour la première fois, je savais que ma vie ne m'appartenais déjà plus. Elle était à toi.
Je pensais avoir une vie vide de tout sens, être obligée de suivre ce que l'on me dit sans avoir le choix et je pensais être la seule dans ce cas. Ce que vient de me dire Anton, me trouble, lui aussi n'a plus sa vie et le pire dans tout ça, c'est que c'est moi qui l'ai dépossédé de ce bien. Anton voit mon malaise, il se relève et s'écarte de moi.
- Je vais aller dormir ailleurs cette nuit, je sais que tu as besoin de ton espace.
Il se dirige vers la porte et avant de la franchir, il se retourne une dernière fois.
- Je suis désolé Charly, pardonne moi.
Et il sort ! Je pourrai rajouter, il sort la fleur au fusil et moi je me retrouve comme une conne à cogiter sur tout ce qu'il vient de me confier. Je ne veux pas qu'il renonce à sa vie, depuis que j'ai perdu la mienne, je sais quelle valeur peut avoir la liberté.
Je m'allonge sur le lit, aucunes larmes ne coulent, peut-être que j'ai finalement réussi à vider mon stock ? Vous croyez que ça se recharge ? Genre « Bonjour je voudrais une baguette, un kilo d'oranges et trois litres de larmes s'il vous plait ! »
Je tourne et retourne dans ce grand lit, impossible de trouver le sommeil.
Je finis par me lever et je sors de la chambre sur la pointe des pieds, j'avance sans savoir vraiment ou je vais et je me rends compte que mes pieds me porte jusqu'à la chambre où dort Anton. Je rentre sans hésiter mais quand j'ai passé la porte, je me demande ce que je fous ici.
- Charly ?
Grillée ! Je vois dans la pénombre Anton se lever et se diriger vers moi, il ne porte qu'un bas de pyjama.
- Charly est-ce que ça va ?
- Je n'arrive pas à dormir.
Silence. Il est face à moi et ne dit rien, je finis par me lancer.
- Anton, si tu as perdu ta vie et que moi aussi, tu crois qu'à deux, on peut en avoir une ?
Pour seule réponse il pose ses main sur mes hanches et me rapproche de lui avant de m'embrasser puis il s'écarte doucement.
- Je ne sais pas Charly, mais ça vaut peut être la peine d'essayer non ?
- Peut-être.
Il me porte jusqu'au lit et me prend dans ses bras, et je finis par m'endormir dans sa chaleur. Je sui définitivement dans la merde.
Pardon Alexïe mais c'est peut être mieux comme ça.
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