Chapitre 4 : Charly
Lorsque j'arrive devant la chambre que va occuper Alexïe, la porte est grande ouverte et je vois Luc sortir de la pièce, les sourcils froncés.
- Il y a un problème Luc ?
- Je veux bien être patient mais il va falloir que tu le préviennes. S'il dit encore des horreurs sur toi ou Anton, je ne réponds plus de rien !
Et là, Alexïe sort de la chambre, le regard sombre, il vient directement vers Luc.
- Un problème la nounou ? T'aimes pas la vérité sur ton patron ? C'est pourtant vrai, c'est un joli cœur qui a bien réussi à mettre Charly dans son lit ! Pas trop compliqué d'ouvrir les cuisses en même temps !
Je n'ai pas le temps d'intervenir que Luc plaque Alexïe contre le mur du couloir, ce qui amuse beaucoup ce dernier vu comment il rigole. Je devrais partir et le laisser se débrouiller avec Luc juste pour ce qu'il vient de dire, la colère n'excuse pas tout ! Je prends sur moi et tente de m'interposer et de faire lâcher Luc.
- Je vais m'en occuper Luc, relâche le s'il te plait. Dis-je en posant ma main sur son avant bras.
Le contact semble lui faire l'effet d'un électrochoc, il relâche Alexïe.
- Ils auraient dû te laisser crever pauvre type ! Dit-il en partant.
- Moi aussi je t'aime ma brune ! Renchérit Alexïe.
Je vois Luc secouer la tête au moment de tourner à l'angle du couloir. Il faudra que je passe le voir plus tard.
Je me tourne vers Alexïe puis j'entre dans sa chambre, il me suit sans rien dire et ferme même la porte derrière nous.
Je m'approche de la fenêtre et je regarde dans le jardin, Anton joue avec Lukas, cette vision me fait sourire, notre vie semble presque normale, j'ai bien dit presque.
Je sens sa présence derrière moi, il est tout proche, je n'ose pas me retourner.
- Pourquoi m'avoir fait venir Charly ? J'ai respecté ta demande. Me dit-il d'une voix douce.
Je soupire, il se rapproche encore et pose ses mains sur mes hanches, tout en venant se coller contre moi. Je frissonne à son contact, je ferme un instant les yeux pour savourer la sensation.
Il se penche sur ma nuque et je peux sentir son souffle sur ma peau lorsqu'il me parle.
- Tu m'as tellement manqué Printsessa.
Ce surnom déclenche une larme qui coule lentement sur ma joue pour venir s'écraser sur ma poitrine. Je pensais ne plus jamais l'entendre de sa bouche, trois mois que je suis morte en le laissant derrière moi, trois mois que je suis un monstre de lâcheté.
- Je sais que tu penses que je suis un monstre Alexïe, et je sais que tu as raison, je t'ai abandonné, j'ai été lâche comme tu sembles apprécier le penser.
Il affirme sa prise sur mes hanches et ses mains courent sur mon ventre lorsqu'il vient me serrer contre sa poitrine. Sa chaleur m'a manqué, son odeur aussi, cette odeur masculine, épicé et sauvage.
- Que me veux-tu Charly ? Me dit-il dans un souffle en posant ses lèvres sur mon cou.
- Je veux te protéger, je veux que tu vives.
- Sans toi, je ne peux pas vivre, sans toi, je meurs un peu plus chaque jour. J'aurai du mourir ce soir là d'ailleurs.
- Si tu meurs, je meurs.
Il dépose une ligne de baiser sur ma clavicule, mon cou, mon oreille.
- On ne peut pas Alex.
Il se contracte et soupire contre ma peau, celle-ci se couvre d'une chair de poule.
- Tu couches avec lui ? Me demande-t-il.
- C'est mon mari et je ne pense pas que cela te concerne.
- Réponds Charly.
- Non.
- Non tu ne couches pas avec ou bien non tu ne veux pas répondre.
- Non, je ne couche pas avec.
Je peux l'entendre sourire contre mon oreille, sa voix n'est plus qu'un murmure.
- Pourquoi non, vous êtes mariés depuis un mois, comment peut-il résister à ta peau de satin, à tes lèvres si douces.
- Il est mon ami et il sait que je ne suis pas prête pour le moment.
- Et c'est vrai ?
- Oui, enfin je crois.
Il me serre un peu plus fort contre lui, je ferme définitivement les yeux pour savourer ce moment.
- Tu m'aimes encore Printsessa ?
- Oui, mais je ne peux pas m'autoriser à ressentir ça.
- Dis-le moi.
- Te dire quoi ?
- Que tu m'aimes.
- Je...je t'aime Alexïe.
Il me fait me retourner vers lui, j'ouvre les yeux pour plonger dans son regard bleu, il pose ses mains de chaque côté de mon visage et il m'embrasse tendrement. Puis son baiser s'approfondit, il devient plus avide, je ne peux pas m'empêcher d'y répondre.
Ses mains glissent dans mon dos, je me rapproche instinctivement de lui en collant mon bassin au sien. Il passe ses mains derrière mes cuisses et me soulève, je croise mes jambes autour de ses hanches, puis il va vers le lit et me dépose dessus avec précaution comme s'il avait peur de me casser. Il s'écarte légèrement de moi et son regard se pose sur ma lèvre fendue.
- Tu n'a pas mal ? Demande-t-il.
- Non et toi ? Dis-je en montrant son nez et le bleu dessus.
- Non ça va, j'ai l'habitude avec toi.
- J'ai pas tapé assez fort alors, je ferai mieux la prochaine fois.
Il sourit et rigole à ma remarque, lors de notre première rencontre je lui avait dit la même chose.
- Je n'en doute pas Mademoiselle Aberline.
- Non Charly, seulement Charly.
- D'accord si vous m'appelez Alex, simplement Alex.
Puis il repose ses lèvres sur les miennes, ses mains courent sur mon corps, comme s'il voulait être partout à la fois, je passe mes mains sur sa nuque puis dans ses cheveux.
Mais soudain je panique, je pense à Anton et à tout ça. Depuis son arrivée, il n'est pas tendre avec moi, je ne peux pas craquer, pas maintenant. Je le repousse doucement, il s'écarte le regard plein d'interrogations, je me relève et me dirige vers la porte. Il me rattrape et pose sa main sur mon avant bras.
- Je suis désolé Alex, je ne peux pas.
- Tu vas le rejoindre c'est ça ?
- Non, appelle donc Dimitri et préviens nous quand il arrive, on doit s'organiser.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je sors dans le couloir et je fonce vers ma chambre, pour m'enfermer dedans.
Puis je vais dans la salle de bain, je retire mes vêtements avant d'aller sous le jet d'eau, et seulement à ce moment, je m'autorise à craquer. Je m'accroupis et je me replis sur moi dans la position du fœtus.
Je suis un monstre et je suis lâche, je ne mérite pas d'être aimée.
***
Après avoir laissé couler mon chagrin, je finis de me laver et je sors de la douche. Je me sèche et je m'habille rapidement avec un pantalon fluide bleu marine et une tunique vert d'eau. J'attache grossièrement mes cheveux sur la tête et je sors la tête haute pour rejoindre tout le monde en bas. Je ne dois rien montrer, je dois rester forte, pour moi, pour eux, pour nous.
Je vais vers le bureau d'Anton en espérant le trouver là bas, il y est effectivement et il me sourit lorsque j'entre dans la pièce.
Alexïe est là lui aussi et ils semblent tous les deux en grande conversation. J'évite de croiser le regard d'Alexïe, j'ai honte après ce qui s'est passé dans sa chambre.
Pas de sang sur leurs vêtements, ni sur les meubles ou le sol, peut-être qu'avoir une conversation civilisée était il possible pour eux finalement ! Comme quoi il ne faut jamais baisser les bras même avec les pires cas !
Anton vient vers moi et dépose un baiser rapide sur mes lèvres. Du coin de l'œil, je peux voir Alexïe se tendre et nous regarder noir.
- Nous t'attendions mon cœur. Me dit Anton
- Et bien je suis là ! Dis-je en souriant comme je pouvais.
- Dimitri arrive demain, si ça vous intéresse. Dit Alexïe pour attirer notre attention.
Anton retourne derrière son bureau et je m'installe dans un fauteuil à côté d'Alexïe.
- Très bien je vais prévenir l'équipe de sécurité. Dit Anton.
- Pas besoin ! Rétorque Alexïe.
- Si justement !
- Non !
J'ai l'impression d'assister à un match de tennis, sauf que là c'est le concours de celui aura raison, je me décide à intervenir, autrement on sera encore là demain.
- Si Alexïe, tu dois savoir, qu'Andreiv a aussi mis un contrat sur Dimitri depuis moins d'une semaine.
- Quoi ? S'exclame Alexïe.
- Mon frère est dans la démesure et surtout il est persuadé qu'il doit faire ses preuves auprès de certaines mafias. Il se persuade que si vous restez en vie, il perdra de son influence. Il vit votre survie comme un affront, et une faiblesse.
- Mais pourquoi Dimitri ?
- Pour vous atteindre !
- Votre maison ne va pas devenir un centre d'accueil pour réfugiés politiques !
- J'espère effectivement que nous n'irons pas jusque là ! Maintenant deuxième sujet délicat, Andreiv sera ici demain soir avec mes parents et ma sœur.
- Pardon ? Dis-je.
- Oui, Andreiv m'a appelé tout à l'heure et ne m'a pas vraiment laissé le choix malgré mes protestations.
- Je resterez dans ma chambre si vous voulez ! J'ai pas forcément envie de passer une soirée avec le clan Pablov ! Dit Alexïe d'un ton sarcastique.
- Andreiv sait que vous êtes là ! Il nous fait espionner et malgré différentes tentatives et méthodes diverses, le résultat et le même ! Je ne souhaite pas mêler mes parents et ma sœur à tout ça, je voudrai donc que tout le monde joue le jeu. Vous resterez avec nous mais je vous demande de ne rien dire sur tout ça et encore moins de frapper quelqu'un.
- Je sais encore me tenir. Dit Alexïe sur la défensive.
- Je n'en doute pas, surtout lorsque je vois l'état de la lèvre de ma femme ! Dit Anton.
Alexïe se renfrogne sur son siège et ne dit plus rien, il boude comme un enfant. Super, maintenant il régresse !
- Je vous demande aussi à l'avenir ne plus taper sur Charly, de une parce que ce n'est pas votre punching ball et de deux parce qu'elle vous mettra la misère et je n'ai ni la place, ni le temps pour vous enterrer dans le jardin !
- D'ailleurs depuis quand tu te prends pour Karaté Kid ? Me demande Alexïe.
- Je m'entraîne depuis plusieurs mois en fait. Dis-je gênée.
- Et oui, Charly ne veut dépendre de personne surtout au niveau de sa sécurité, elle prend également des cours de tir ! Dit Anton le regard plein de fierté.
Je vois de la surprise passer sur le visage d'Alexïe, il ne s'attendait visiblement pas à ce que je me prenne en mains comme ça.
Je ne veux plus devoir compter sur les gens pour me protéger, on voit où ça m'a mené ! Ma mère roucoule avec un crétin je ne sais où, mon père a épongé ses dettes en me vendant à la mafia russe et j'ai renoncé à l'homme que j'aimais !
Je veux être maîtresse de mon avenir et pour ça, je dois apprendre le maximum de choses utiles à ma survie dans ce monde hostile !
Alexïe continue à me fixer sans rien dire, je détourne la tête, cette situation me rend mal à l'aise, je voudrais pouvoir allez me cacher pour les mille ans à venir !
- Tu as donc triché ! Fini par Lâcher Alexïe.
- Pardon ? Dis-je.
- Bah oui, lorsque tu as parié, tu as trichée, tu savais que ton niveau était bien meilleur que le mien !
- Ecoute Alex si tu t'empâtes, c'est pas de ma faute et en même temps tu as bien accepté en étant persuadé que tu allais te battre avec une pauvre petite fille fragile, alors niveau tricherie tu repasseras ! Mais je suis bonne joueuse, je t'accorde ta revanche quand tu veux !
- Il en est hors de question ! Crie Anton.
Avec Alexïe nous sursautons, nous étions plongés dans notre gueguerre verbale et nous avions fait abstraction de ce pauvre Anton.
- Ca n'arrivera jamais, Charly je ne veux pas devoir t'emmener à l'hôpital juste pour soigner l'ego d'un ours des cavernes ! Rugit Anton en foudroyant Alexïe du regard.
- Hey ho, tu te détends direct le mafieux ! Rétorque Alexïe énervé.
Même pas une journée qu'il est arrivé et je suis déjà épuisée de ces guerres perpétuelles, j'en ai marre. Je me lève et je commence à me diriger vers la sortie du bureau.
- Mais tu vas où ? Demande Alexïe coiffant au poteau Anton.
- J'hésite entre aller me pendre ou bien manger un morceau, et vu que j'ai faim je penche plutôt pour la deuxième option. Au moins, loin de vous deux, peut-être que je pourrai respirer un peu, vous me fatiguez !
Et je sors pour rejoindre la cuisine. Là-bas, je trouve mon bonheur dans l'immense frigo américain en me faisant un sandwich avec du vrai fromage français. Un petit morceau de mon pays. Lorsque Anton a apprit que j'adorais le fromage, il en a directement importé de France pour me faire plaisir.
Tout en mangeant, je me dis que je ne mérite définitivement pas l'attention que me porte Anton. Il a beau être patient et à l'écoute avec moi, je sais qu'il m'aime et qu'il me désire chaque jour. Et même si je l'aime en retour à ma façon, je n'arrive jamais à lâcher prise pour aller plus loin avec lui, quelque chose me tire toujours en arrière.
Après avoir bien rempli mon estomac et ne pas avoir réussit à me vider la tête, je prends un livre et me dirige vers le jardin. Je m'installe à l'ombre d'un grand chêne pour lire, une petite tête blonde apparaît en souriant.
Lukas vient s'installer sur mes genoux en enfouissant sa tête dans mon cou, il ne dit rien et me laisse lire.
Anton vient nous rejoindre et s'installe sous le chêne avec nous, il me prend dans ses bras et dépose un baiser sur ma tête.
- Je suis désolé pour tout à l'heure je n'aurais pas du m'énerver. Dit-il en posant sa tête sur mon épaule.
- C'est bon ça va, c'est juste que ça fait beaucoup pour une journée, j'ai craqué.
- Je t'aime Charly. Dit-il dans un souffle.
- Je t'aime Anton.
Oui je l'aime ! Ne me jugez pas ! Ce n'est pas le même amour que j'ai pour Alexïe, mais d'une certaine manière, j'aime Anton, c'est aussi pour ça que je suis un monstre.
Lukas dort contre ma poitrine, je peux sentir sa respiration régulière, ce qui me fait sourire.
- Charly, je voudrai que tu adoptes aussi Lukas.
Je me tourne vers Anton surprise, nous n'avons jamais vraiment parlé de ça, c'est un peu comme un accord tacite entre nous. Nous vivons ensemble, nous sommes mariés et je joue le rôle de mère pour Lukas mais officiellement je n'ai aucun droit sur lui.
- Mais tu es sur ? Dis-je.
- Plus que sur ! Tu l'aimes comme si c'était ton propre fils et puis après le mariage ça me semble logique. Je veux que nous formions une vraie famille tous les trois.
Je ne sais pas quoi dire, j'aime Lukas, c'est un enfant génial qui a besoin d'amour et qui redonne au centuple ! Les larmes me viennent aux yeux, jamais je n'aurai pensé avoir une quelque place officielle dans la vie de Lukas, mais soudain une pensée me rattrape.
- Que va dire Andreiv, il me déteste, il ne voudra jamais que j'adopte son fils.
- En même temps, ça fait quatre ans que ce n'est plus le sien mais le mien, et je suis certain que Sasha t'aurait adorée ! Tu n'es pas obligée de répondre maintenant, je te laisse réfléchir, les papiers sont prêts si tu décides d'accepter. Dans le cas contraire, ce n'est pas grave, je sais que tu aimeras toujours autant Lukas.
Il m'embrasse tendrement et sourit, je lui rends son sourire, il est trop adorable pour être vrai celui là. Anton s'allonge dans l'herbe et ferme les yeux, je me retourne vers mon livre, mais une sensation étrange me pousse à lever les yeux vers la maison.
Je vois Alexïe devant la fenêtre du salon, il nous regarde et ses yeux lancent des éclairs, puis il se retourne et disparaît.
Oui je suis un monstre, mais c'est pour ton bien !
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