Chapitre 31 : Alexïe
Lorsque je rejoins Charly, je ne comprends pas bien ce qui ce joue devant mes yeux. Anton est au sol, visiblement blessé et au bord de la syncope, Bianchi le met en joue mais il est tourné vers Charly. Son expression est indéchiffrable, un mélange d'effroi, de dégout et de colère. Charly, elle, me tourne le dos, mais je peux voir son corps tendu au maximum comme un félin prêt à l'attaque. Sans vraiment y réfléchir, je viens me placer devant elle, pour faire rempart à la moindre attaque venant de Bianchi.
- Oh ton deuxième chien de garde est enfin arrivé ma belle ! Dit Bianchi la voix remplie de sarcasme.
Charly ne dit rien mais je peux la sentir dans mon dos approcher, sa respiration est saccadée, son corps irradie de chaleur, je ne sais pas trop quoi en penser.
- Alexïe pousse toi ! Siffle-t-elle entre ses dents.
- Charly, ce n'est pas une bonne idée...
- POUSSE-TOI !
Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui se passe, que je suis plaqué au sol par une Charly totalement hors de contrôle. Elle saute par dessus moi et se jette littéralement au cou de Bianchi qui n'a visiblement lui non plus pas eu le temps de réagir.
Charly referme sa mâchoire sur le bras de l'italien qui lâche son arme dans un cri de douleur, je crois qu'elle l'a mordu jusqu'au sang. Je ne sais pas trop si ce que je vois est vrai ou non, je ne reconnais pas Charly, elle est comme guidée par un instinct animal. Ses mains entourent le cou de Bianchi et a la couleur du visage de celui ci, je crois qu'elle est en train de l'étrangler. Mais elle ne s'arrête pas là, elle le fait basculer au sol pour se mettre à califourchon sur lui, puis dans un mouvement fluide, elle vient le mordre à la carotide. Le sang commence à couler à flot sur un Bianchi totalement impuissant face à la fureur de Charly, il tente vainement de se débattre, mais c'est peine perdue. Ce n'est plus Charly devant nous, c'est une lionne, elle défend sa famille et son territoire, elle a perdu le contrôle, c'est une machine à tuer.
Je reste totalement paralysé face à cette scène, je ne sais pas si j'ai peur ou bien si je suis admiratif devant cette violence. Je me décide à regarder dans la direction d'Anton pour voir comment il va, c'est là que je vois qu'il a perdu connaissance, j'espère avant que Charly disjoncte. Je me relève pour aller voir comment il va, il perd visiblement beaucoup de sang, je retire donc mon t-shirt pour appuyer sur sa blessure et limiter les dégâts.
- Charly, on doit y aller, Anton a besoin de soins. Dis-je, espérant la faire réagir.
Mais c'est peine perdue, je peux la voir à présent abattre ses poings sur le torse de Bianchi, livide, mort sous sa violence. J'hésite un instant à m'approcher d'elle, mais je finis par laisser Anton pour aller la chercher.
Lorsque je pose mes mains sur ses épaules, elle a d'abord un mouvement de recul puis lorsqu'elle me reconnait, elle fond en larmes et se jette dans mes bras. Je peux sentir son corps secoué de tremblements, le sang de Bianchi est partout, surtout sur elle, sur sa peau blanche. Cette image représente tellement Charly et ce qu'elle vie depuis des mois, l'innocence tachée de l'horreur, elle n'était pas destinée à cette vie.
- Charly, Printsessa, on doit y aller, on doit emmener Anton à l'hôpital, je vais m'occuper de lui, mais tu dois m'aider, je vais porter Anton jusqu'à la voiture et je vais m'occuper de lui pendant le trajet, toi tu vas conduire d'accord?
Elle ne dit rien mais hoche doucement la tête, je prends ça pour un oui et je l'aide à se relever avant de me diriger vers Anton. Je le prends sur mon épaule en mode sac à patates. La voiture n'est pas loin, ça va aller, j'avance prudemment pour être certain de ne pas aggraver son état. Du coin de l'œil, je vois Charly, tremblante qui me suit avec peine. Plus tard, nous devrons parler de ce qui s'est passé, oui mais plus tard.
Lorsque nous arrivons à la voiture, je dépose Anton sur le siège arrière, puis j'aide Charly à s'installer derrière le volant, je lui mets sa ceinture et programme le GPS vers l'hôpital le plus proche. Puis je lui fais un dernier sourire d'encouragement avant de rejoindre Anton à l'arrière du véhicule.
Si on m'avait dit un jour, que je serai là, un Pablov dans mes bras, et que je me démènerai pour qu'il reste en vie, pour qu'il vive et qu'il puisse voir ses enfants grandir, j'aurais rigolais. Et pourtant je suis bien là, à l'arrière d'une voiture, ma main appuyant mon tshirt sur la blessure d'Anton. Il a perdu connaissance depuis plusieurs minutes, sa respiration devient de plus en plus lente. Nous devons arriver rapidement à l'hôpital, je ne suis pas médecin, je ne peux rien faire de plus.
- Mais bordel Charly accélère! Je hurle sur la pauvre Charly en larmes.
Nous roulons depuis dix minutes, Charly est crispée sur le volant, elle pleure sans interruption depuis que nous avons pris la route. La méthode douce ne fonctionnant pas, je me dis que peut être en criant au moins, elle réagira. Je pense que c'est le contrecoup qui la paralyse comme ça. Pendant un instant, elle s'est transformée en quelqu'un d'autre. Elle est devenue froide, déterminée, une véritable machine à tuer, je ne pensais pas qu'un jour elle serait capable de ça. Pousser les gens dans leurs retranchements peut faire ressortir le meilleur comme le pire de leur être. Et je crois qu'aujourd'hui, j'ai vu le pire de Charly...
- Charly, appuie sur ce foutu accélérateur, on s'en fout des flics, Anton va crever si tu continues à rouler comme ça!
Je sens la voiture aller plus vite, peut être même trop vite, je ne vais pas lui dire de ralentir à présent ! Dans mes bras, Anton est toujours inconscient. Si je n'avais pas de cœur, je pourrai être heureux qu'il meurt, mais je ne pense pas que la mort de mon rival puisse me faire gagner le cœur de Charly. Priver des enfants de leur père n'a rien d'héroïque ou de glorieux, c'est minable même ! Pourtant, ce serait tellement plus simple s'il restait juste un de nous deux, plus de dilemme, plus de choix, peut être que c'est moi qui devrait être à l'agonie, pour qu'Anton et Charly puissent être heureux avec leur future famille...
J'entends Charly hurler, puis vient le bruit fracassant de la carrosserie qui s'écrase. Puis tout se passe comme au ralenti, un camion vient de nous percuter sur un carrefour. Ce que je sais, c'est que notre voiture part en vrille, elle fait des tonneaux, nous secouant dans tous les sens. Je me souviens que ni moi ni Anton n'avons notre ceinture, c'est peut être pour ça d'ailleurs que nous sommes ballottés en tous sens comme des poupées de chiffons. Ce qui me surprend, c'est le silence qui domine cette situation, je n'entends plus rien, je vois juste, je suis spectateur de cette scène et je crois que c'est pire.
Le bruit revient enfin dans un son fracassant lorsque notre voiture s'arrête enfin, autour de moi tout n'est que débris, taule, bris de verre, sang... Avant de sombrer, je peux voir Charly inconsciente, le visage en sang.
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