Chapitre 24 : Anton
Assis devant mon bureau, je regarde le rapport que j'ai devant les yeux sans vraiment comprendre ce que je lis. Depuis hier soir, Charly est étrange, elle semble bouder depuis que Alexïe a annoncé qu'il adoptait Nino. Elle devrait pourtant être heureuse que le petit garçon ait trouvé un père.
J'ai envoyé les papiers d'adoption ce matin et avec un peu d'argent dans certaines poches, tout ça devrait être réglé rapidement.
Alexïe est parti tôt avec les enfants ainsi que Luc, Dimitri et Lucie pour aller à la fête foraine pour la journée. J'ai l'impression que depuis qu'ils sont revenus, Alexïe fuit cette maison. Je comprends en même temps, je pense que je ferais pareil si j'étais dans sa situation.
Je ne suis bon à rien aujourd'hui, je ferai mieux d'aller trouver Charly pour savoir ce qu'elle a. Je me lève et me dirige vers la bibliothèque, je sais qu'elle profite que la maison soit vide et calme pour lire. Je la trouve avec une version originale de "Orgueils et préjugés" de Jane Austen, elle est concentrée dans sa lecture et ne m'entend pas arriver. Je prends tout mon temps avant de lui signaler ma présence, elle est magnifique, son ventre rond commence à se dessiner sous ses vêtements et je fonds devant cette image. Nous allons être parents dans quelques mois et je suis ravi de partager l'aventure avec elle.
- On n'avait pas dit que ça faisait pervers d'espionner comme ça?
- Tu faisais semblant de lire alors?
- Hummm peut être!
- Comment tu as su que j'étais là?
- En dehors du mec de 1m80 qui est rentré dans la pièce ? Ton parfum ! Depuis une semaine, je crois que je pourrais te sentir de l'autre bout de la maison.
- J'en mets trop ?
- Non, mais je pense que mon odorat se rapproche de celui des chiens anti-drogue.
Je la rejoins sur le sofa sur lequel elle est installée et je m'assoie.
- Qu'est-ce que tu as depuis hier mon coeur?
- Bah rien pourquoi?
- Depuis que Alexïe a annoncé qu'il voulait adopter Nino, tu boudes.
- Non.
- Si.
- Non !
- Si si et si ! Il est où le problème ? Nino adore Alexïe et tu vois bien comment ils sont ensemble. Alexïe fera un bon père.
- Je ne dis pas le contraire.
- Alors qu'est-ce que tu as ?
- Je me suis sentie bête hier.
- Pourquoi ?
- Bah tu étais au courant pour la demande d'adoption d'Alexïe et je me suis sentie un peu mise à l'écart.
- Tu sais, je l'avais appris seulement quelques heures avant, ce n'était pas un secret.
- Je sais que ma réaction est disproportionnée mais sur le moment, j'étais mal à l'aise et puis voilà !
- Ça va mieux mon cœur ?
- Je pense oui.
- Allez viens.
- Où ?
Je ne réponds pas et je la soulève pour la porter en princesse direction l'étage. Je la dépose sur notre lit et je vais dans la salle de bain pour faire couler un bain et je retourne voir mon adorable épouse.
- Un bain chaud nous attend mon cœur.
Je la prends dans mes bras tout en l'embrassant et je nous dirige vers la salle de bain en éparpillant nos vêtements sur notre passage. Nous avons besoin tous les deux de ce moment et pour une fois que la maison est vide, nous avons tout notre temps.
***
- Ce voyage est vraiment stupide ! Crie Luc.
- Nous avons tous besoin de changer d'air et puis nous ne partirons pas seul, nous avons encore un mois pour finir les préparatifs !
Nous sommes dans mon bureau avec Dimitri et Alexïe qui sont bien silencieux depuis tout à l'heure. Mais je sais bien qu'ils ne veulent pas s'interposer entre Luc et moi.
- Avec Bianchi dans la nature, il peut tout se passer Anton! Mais punaise, dites lui vous que c'est n'importe quoi!
- Ça fait déjà trois mois que nous sommes coincés ici, que ce soit pour le moral de tout le monde ou même les affaires, ce voyage est nécessaire ! Dit finalement Dimitri.
- Alexïe ! Dis lui toi que Charly sera en danger !
- Je suis désolé mais Anton a raison, nous avons besoin de nouveauté et puis regarde, nous sortons avec les enfants et il n'y a aucun problème ! Ça va aller ! Bianchi doit se cacher dans le fin fond de l'Antarctique pour pouvoir rester en vie.
- Vous n'êtes que des imbéciles ! S'il arrive quoi ce soit à Lucie ou bien à Salomé, je t'en tiendrais responsable Anton ! Rugit Luc avant de quitter la pièce.
Je me suis rarement disputé avec Luc, mais depuis son retour, il est toujours sur ses gardes toujours dans la peur que quelque chose se passe. Nous devons reprendre nos vies, Bianchi ne peut pas continuer à faire planer la peur au dessus de nous.
- On fait quoi alors ? demande Alexïe.
- Je veux que tout le monde soit équipé de traceurs sous cutané. En dehors de nous personne ne doit être au courant ! Et je vais doubler les effectifs pour le voyage, nous ne prendrons aucun risque !
- Je te rappelle comment c'est facile d'enlever un traceur ? Dit Dimitri.
- Tu as une autre solution peut être ? Où en sont tes recherches d'ailleurs ?
- Y a rien sur le marché de plus avancé que ce que tu as déjà.
Je fixe un moment le plateau en bois de mon bureau, nous sommes tous à cran et nous avons tous besoin de partir loin de la Russie. Et puis les Heredia assurerons aussi notre protection, ils ont trop besoin de notre alliance.
- Nous irons en Espagne dans un mois, un point c'est tout.
- Très bien, je commence la sélection des équipes pour nous accompagner. Dit Dimitri en sortant du bureau.
A présent seul avec Alexïe, je ne sais plus quoi dire et je pousse un soupir en m'affalant dans mon siège.
- Pas facile la vie de mafieux ! Me lance t-il avec sarcasme.
- Je déteste cette vie, je ne devais jamais intervenir dans la mafia, j'avais choisi ma propre voie, loin de toutes ces merdes.
- Tu es là aujourd'hui pourtant.
- Simplement parce que mon jumeau a trop joué ! Et que je reste fidèle à ma famille.
- Tu détestais ton frère n'est-ce pas ?
- Plus que tu ne le penses ! En fait, mes sentiments pour Andreiv ont toujours été neutres, nous n'avions rien en commun et je l'évitais au maximum ! Je l'ai réellement détesté le jour où il a brisé la seule belle chose qui était dans sa vie. Sasha ! Ta sœur avait cette façon de voir la vie de la plus belle des manières et pendant un temps, j'ai cru qu'elle changerait Andreiv. Mais j'avais tout faux, c'est lui qui l'a changée et de la mauvaise manière. Ensuite, j'ai profondément haït mon frère lorsqu'il a menacé Charly et qu'il essayé de la tuer. Pourtant c'était mon jumeau, la moitié opposée de moi même, mais je finis par croire que c'était écrit d'avance, nous étions nés pour nous détester.
- Tu aimais Sasha ?
Sa question me surprend et je mets quelques secondes à répondre. Est-ce que j'aimais Sasha ?
- Comme un frère, pas comme un amant, elle est entrée dans nos vies comme une tornade de soleil. On pouvait juste aimer Sasha, elle était l'incarnation de la joie et de la candeur, une bouffée d'oxygène dans nos vies monotones. Elle était mon amie et je l'ai laissé mourir, je n'ai rien pu faire.
- Ton amie ? Dimitri était son ami et il m'a aidé à l'enterrer. Toi tu étais où ?
- J'étais là Alexïe, tu ne m'as pas vu, mais j'étais là, dans le cimetière, caché, je ne pouvais pas venir te voir, je n'avais pas le droit, je suis désolé.
Il me fixe un long moment sans rien dire, il peut ne pas me croire, mais j'étais bien là et c'est la première personne à qui je le dis, même Charly n'est pas au courant.
On frappe à la porte ce qui nous surprend tous les deux.
- Entrez !
La porte s'ouvre doucement sur Lucie avec Nino dans les bras en pleurs, Alexïe fonce directement prendre le petit garçon dans ses bras.
- Pourquoi est il dans cet état ? Demande froidement Alexïe à Lucie.
- On jouait avec les enfants dans le jardin et il est tombé, mais je n'arrive pas à le calmer. Dit Lucie paniquée.
Je lui fait signe de nous laisser et je m'approche pour voir si Nino ne s'est pas fait mal. A part de petites égratignures aux genoux il n'a rien. Alexïe le serre fort contre lui en lui murmurant doucement à l'oreille pour l'apaiser.
- Alexïe, il va bien, il n'a rien de grave, il a du avoir peur c'est tout!
Il ne me répond pas et quitte la pièce en emmenant l'enfant avec lui, il va devoir se détendre un peu celui là. Je vais retrouver Lucie qui pleure dans le salon dans les bras de Luc, celui ci me lance un regard noir. OK, bah c'est ma journée on dirait !
- Lucie ne t'inquiète pas ,Nino n'a rien, il a juste eu peur. Dis-je.
- Je ne comprends pas comme c'est arrivé...
- Les enfants, ça tombe, c'est normal ! Allez Lucie c'est bon tout va bien.
- Alexïe était en colère contre moi...
- Non, il est juste très attaché à Nino et il découvre que le rôle de père n'est pas de tout repos !
- Tu vois mon cœur, je t'avais dit qu'il allait bien ! Reprend Luc en me remerciant.
Je les laisse ensemble pour retourner travailler, je dois appeler les Heredia pour commencer à organiser ce maudit voyage. Je m'installe et compose directement le numéro de Salvador, ce dernier répond au bout de deux sonneries.
- Allo ?
- Salvador, c'est Anton Pablov !
- Oh bonjour Monsieur Pablov, comment allez vous ?
- Bien et vous ?
- Très bien, nous espérons vous voir bientôt !
- Justement nous pensions venir le mois prochain, est-ce que cela vous va ?
- Oui, ce serait parfait !
- Très bien dans ce cas là, je vous envois un mail pour les modalités, nous venons en nombre, j'espère que cela ne posera pas de problèmes ?
- En aucun cas, et j'ai déjà réfléchit à des visites pour votre famille !
- Très bien, je suis certain qu'ils seront contents, nous nous tenons au courant alors !
- D'accord ,au revoir Monsieur Pablov !
- Au revoir Salvador !
Je raccroche et me plonge dans les plans de sécurité auxquels j'ai pensé pour nos futures sorties, nous ne devons prendre aucun risque !
Ce voyage sera nos premières vacances tous ensemble et je veux que tout soit parfait !
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