Chapitre 2 : Charly
Avec Anton, nous avons laissé Alexïe seul quelques minutes. Nous sommes dans la salle de bain de notre chambre, Anton est assis sur une chaise et il grimace, je tente comme je peux de soigner son visage.
- Ca va, ça s'est plutôt bien passé. Dit il.
- Dis ça à ton visage !
- Il est jaloux, que veux tu que je te dise.
- Je ne veux pas parler de ça Anton.
Il prend ma main et me regarde dans les yeux, en trois mois il a appris à reconnaître toutes mes mimiques et mes attitudes et ça a le dont de m'énerver lorsqu'il joue à Madame Irma !
- Mon cœur, je sais que c'est compliqué comme situation et tu sais que je te suivrais dans tous tes choix, mais faut pas se voiler la face, il t'aime encore.
- Il ne devrait pas, je suis un montre, je l'ai abandonné.
- Non Charly, tu as fait un choix en toute connaissance de cause et de toute façon un de vous deux aurait souffert dans n'importe quelle situation. Et je ne vais pas te cacher que je préfère que ce soit lui plutôt que toi !
Une larme coule sur mon visage, je retiens mes pleurs depuis que je l'ai retrouvé au cimetière devant la tombe de Sasha. Moi aussi je souffre, même si je ne le montre pas.
Anton me prend dans ses bras, je m'assoie sur ses genoux, pose ma tête dans son cou et je lâche prise.
Je regarde l'alliance à ma main gauche, je ne suis toujours pas habituée, un mois déjà que j'ai dit oui à Anton, le temps est notre pire ennemi.
Lorsque j'ai retrouvé Anton, je savais ce que je faisais, je suis venue de mon libre choix, je pense encore avoir fait le bon choix, même si Alexïe me déteste aujourd'hui.
Anton mets son index sous le menton et me fait relever la tête pour que je le regarde.
- Il va falloir y retourner Charly.
- J'ai pas envie.
- Oui je sais bien mais on ne peut pas rester là, comme ça !
Je soupire et me relève, mais je ne vais pas vers la sortie, je me dirige vers le dressing.
- Tu vas où ? Me demande Anton surpris.
- Je ne veux pas y retourner, je préfère allez me défouler un peu à la salle d'entraînement. J'ai besoin d'extérioriser un peu.
- Euh tu vas donc me laisser avec un homme qui veut me tuer ?
- Il ne veut pas te tuer.
- Dis ça à mon visage !
Je rigole et me tourne vers lui.
- Tu survivras !
- Mouais, enfin bon, t'auras la garde de Lukas donc ça va ! Mais surtout ne laisse pas Andreiv se charger de mon enterrement, il est capable d'abandonner mon cadavre sur un bord de route !
Il me fait un sourire et sort de la pièce.
C'est clair que c'est pas Andreiv qui va le pleurer s'il meurt !
Je prends mon temps pour enfiler un pantalon de yoga et un débardeur de sport. Ca fait trois mois que je m'entraîne, c'est ma façon d'extérioriser ma frustration et ma peine. Anton a même engagé un coach spécialiste des art martiaux pour me canaliser et m'aider.
Une fois, Luc a voulu venir s'entraîner avec moi et même le regard de pitié d'Anton ne l'a pas dissuader.
Aujourd'hui, Luc ne veut plus approcher la salle d'entraînement quand j'y suis ! Il a vécu un enfer, j'ai même fini par le mettre K.O et pourtant Luc a fait l'armée, et pas celle qui regarde passer les trains !
Je me dirige vers le salon pour prévenir Alexïe, et surtout voir si Anton est toujours en vie !
Lorsque j'arrive, Alexïe et Anton sont chacun sur un canapé et ils se regardent en chien de faïence. Bon bah tout le monde semble en vie ! Ils ne remarquent pas ma présence, j'ai presque l'impression qu'ils jouent à celui qui clignera des yeux en dernier, c'est marrant ! Au moins pendant qu'ils font ça, ils ne s'entretuent pas !
- Euh Alexïe, j'aimerai que tu restes avec nous quelques jours, nous devons faire le point ensemble. Tu peux faire venir Dimitri si tu veux, il y a de la place ici pour tout le monde.
Il me regarde enfin et me détaille de la tête au pied, ce qui ne semble pas trop plaire à Anton.
- Non. Finit-il par dire en fixant ses beaux yeux bleus dans les miens.
- Bon alors pour ton information, ici, c'est un peu comme une ambassade, plus tu passes de temps ici, plus tu restes en vie, alors je ne vais pas trop te donner le choix !
- Non, non et encore non, je suis déjà mort de toute façon et c'est toi qui m'a poussé dans le vide !
Je savais très bien à quoi m'attendre en même temps ! Il y avait quand même peu de chance que je retrouve le Alexïe d'avant.
Je suis un monstre et je le sais, pas besoin de me le dire encore et encore.
Très bien alors nouvelle tactique, allons taquiner un peu sa fierté de mâle !
- OK, je vais m'entraîner, viens avec moi, combat singulier en cinq manches, si je gagne tu restes, et si je perds je ferai ce que tu veux !
- Charly non ! Dit Anton en se levant visiblement choqué.
Je lui fais signe de la main de ne pas se mêler de ça. Il fronce ses sourcils et reporte son attention sur Alexïe.
- Charly, je ne veux pas te blesser désolé. Me dit Alexïe.
- Tu ne me blesseras pas. Après tu as peut être peur de perdre après tout !
- D'accord, allons y que je puisse partir de cette baraque !
Je me dirige vers la salle d'entraînement suivie par Alexïe et Anton. Ce dernier prête même des vêtements à Alexïe.
Lorsque nous entrons dans la salle, Luc nous rejoint, et pour une fois il n'a pas peur, au contraire il rigole en apprenant le pari.
- Où est Lukas ? Lui demande je.
- Il est à la sieste, ne t'inquiète pas, Lucie le surveille.
Ah Lucie ! C'est vrai que vous ne savez pas, j'ai viré Roguette, avec son balai dans le cul, je ne voulais plus la voir ! C'est Lucie qui est venue la remplacer, elle est un mixte entre Blanche Neige et Mary Popins ! Lukas l'adore !
Je me dirige vers les appareils de cardio suivie par Alexïe. Anton et Luc restent dans le fond de la salle à parler.
- Très bien Alexïe, on dit trente minutes de cardio et on attaque ?
- Parfait !
Je choisis un tapis de course et il fait de même. Non, je n'aime toujours pas la course mais j'ai appris que savoir courir peut vous sauver la vie ! Donc maintenant, je cours !
Avec Alexïe, nous ne parlons pas pendant notre échauffement, je me concentre sur la récompense, il doit rester avec nous à tout prix, je ne vais quand même pas le séquestrer !
Nous finissons pas descendre des tapis de course, j'attrape une bouteille d'eau et j'en tends une à Alexïe, qui regarde les garçons dans le fond.
Les deux comiques affichent une mine pleine d'excuses et de pitié, un petit sourire se dessine sur mes lèvres.
- Ils ont quoi Mario et Luigi là bas ? Ils nous regardent d'une drôle de façon. Me dit Alexïe.
- Hummm, je sais pas. Dis-je en haussant les épaules.
- Mouais.
- Bon, on y va papy où tu veux faire la sieste ?
- Ca dépend, tu viens la faire avec moi la sieste ?
- T'as pas peur que je t'étouffe dans ton sommeil ?
- C'est un risque à prendre !
Je me dirige vers le centre du tatami et Alexïe me rejoint.
- Ok donc cinq manches, celui qui immobilise l'autre trois secondes marque le point.
- Ok !
Si j'ai bien appris une chose, c'est ne pas foncer dans le tas. Parfois réfléchir, ça permet d'arriver à ses fins.
Alexïe se jette sur moi et me bloque les bras au dessus de la tête.
- Alors Princesse, tu vas faire quoi maintenant ? Me dit il.
Je lui souris, bascule ma hanche contre la sienne et le fait passer par-dessus moi, puis dans ma chute, je bascule par-dessus lui et je termine par lui bloquer la tête entre mes genoux.
- 1,2,3, tu disais joli cœur ?
Je le relâche et lui sourie, lui est beaucoup moins content semble-t-il.
- Un coup de chance, j'étais pas prêt !
Mais bien entendu le Ruskov et moi je suis Tsarine de Russie. Allez plus que quatre !
Cette fois, il fait plus attention et tente de m'attraper par derrière, il est plus brut, c'est bien au moins, il relâche un peu de sa colère. Il me fait chuter au sol, j'en profite pour jouer avec son poids et j'inverse la situation en me mettant à califourchon sur lui sans qu'il puisse faire grand-chose.
- 1, 2, 3, toujours pas prêt ?
Il me fusille du regard en se relevant et je sais que là, il n'y a plus de cadeaux !
Il tente une balayette au sol mais je saute au bon moment et je le repousse d'un coup de pied dans le plexus. Il se reprend et fonce sur moi, j'ai le droit à un coup de coude dans le visage, aïe je crois qu'il vient de me fendre la lèvre. Je lui explose le nez de ma paume de main, un prêté pour un rendu mon gars.
Il a quand même pas cru que j'allais me laisser faire, il doit rester et je m'en fous d'avoir des bleus !
Son nez saigne et il fonce à nouveau sur moi, distraite un instant par Anton qui me crie d'arrêter je perds l'équilibre et il en profite pour m'immobiliser.
- 1,2,3 Princesse !
Je souris, s'il croit que je vais baliser pour ça. Je rassure Anton et Luc d'un signe de main et je me remets en position.
Bon on va peut être accélérer un peu ! Plexus, balayette, prise d'étranglement !
- 1,2,3, t'inquiète pas je te laisserai le prix de participation !
Je crois qu'il est furax ! Qu'es- ce qui me fait dire ça ? Euh, ses yeux qui lancent des éclairs, sa respiration forte et irrégulière et la délicieuse teinte rouge de ses pommettes ! Il sait qu'il a déjà perdu mais il ne me laissera pas le dernier point.
Il ne se contrôle plus et fonce sur moi, me met un coup de pied dans le ventre que je n'évite pas puis un autre retourné pareil, j'évite le troisième et je profite de sa colère pour le faire basculer et je le bloque au sol en lui faisant une clé de bras.
- 1,2,3, t'as perdu et tu restes ! Appelle Dimitri pour qu'il te rejoigne !
Je me relève au moment ou Anton et Luc fonce sur nous, le goût métallique de mon sang est pas top et j'ai besoin d'une bonne douche.
Anton me prend dans ses bras et vérifie directement que je n'ai rien de cassé, il regarde ma lèvre fendue et examine mes côtes pour voir si aucune n'est cassée.
Vivre dans la même maison qu'un médecin vous expose à une déformation professionnelle de dingue, surtout si vous pratiquez les arts martiaux !
- Mais t'es pas bien mon pauvre ! Dit Anton après ne m'avoir rien trouvé.
- Rrro ça va, elle va bien ! Et puis elle aussi elle s'est lâchée ! Tu vérifies pas que j'ai rien doc ? Je suis pas assez mignonne pour toi ?
- Stop les gars ! Alexïe tu restes, Luc va te montrer ta chambre. Moi j'ai besoin d'une douche et de désinfectant je crois, Anton tu viens avec moi ?
- Bien entendu, il faut que je soigne ta lèvre !
Nous repartons vers la maison, je regarde Alexïe à la dérobée, son t-shirt lui colle à la peau, il est vraiment sexy en bad boy blessé ! Il surprend mon regard et me fait un sourire en coin, je lui fait un doigt et accélère le pas.
Un jour, tu seras mature Charly ! Mais que quand tu seras six pieds sous terre ! Bah oui y aura plus personne pour voir mes conneries !
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