Chapitre 17 : Charly

Je me suis assoupie quelques minutes, ou bien heures, je ne sais pas trop et en fait je m'en fous ! La matinée a été riche en émotion, je suis passée dans un ascenseur émotionnel.

Apprendre que j'étais enceinte, c'était un choc, ne nous le cachons pas, je ne me suis même pas posée la question de vouloir garder ou non cet enfant. Mais lorsque Anton a émit l'hypothèse que je ne le garderai pas, ma main a pris vie toute seule et mes jambes m'ont portée loin de lui, loin de cette maison jusqu'à ce magasin pour enfant. C'était finalement évident je voulais ce bébé, même si ce n'était pas le moment, même si je n'ai que dix huit ans et que pour l'heure, ce n'était pas avec Anton que je voulais fonder une famille.

Même si je fais l'autruche, je pense toujours à Alexïe, mon cœur n'a pas fait une croix sur mon amour pour lui. Et j'ai beau avoir une profonde affection et des sentiments pour Anton, j'ai mal chaque jour d'être loin d'Alexie.

Anton entre dans la chambre, j'ai envie de pleurer, je ne suis pas honnête avec moi mais aussi avec lui. Et maintenant avec ce bébé, je sais que je ne dois plus jamais rien ressentir pour Alexïe, je ne suis plus seule à présent dans l'aventure.

- Ca va mon cœur ?

- Oui ça va mieux.

- Humm Charly, nous devons parler de plusieurs choses.

J'ai un instant de panique, sans m'en rendre compte je recule dans le lit en pausant ma main sur mon ventre. Anton le remarque immédiatement et je peux voir un voile de tristesse passer dans ses yeux.

- Charly mon cœur, je t'aime, je ne vais rien faire à notre bébé. Je l'aime déjà et je le veux tout autant que toi.

Je sais que ma réaction est absurde, j'ai honte et je baisse la tête. Anton me rejoint et s'allonge en me prenant dans ses bras, il m'embrasse le front et me serre un peu plus fort.

- J'ai demandé à une amie gynécologue de venir pour t'examiner et voir si notre petit bonhomme va bien.

- Et si c'est une fille ?

- Humm c'est pareil ! Tu as eu beaucoup de stress depuis un mois et je vais être sur que tout va bien. Et donc que notre fils va bien. Dit-il en souriant.

- Je suis certaine que notre fille va parfaitement bien ! Dis-je en souriant à mon tour.

- Tu te rends compte qu'il est trop tôt pour savoir si c'est un garçon ou une fille ?

- Oui mais je sais que c'est une fille !

- Et moi que c'est un garçon.

Il m'embrasse tendrement et je vois bien qu'il est préoccupé.

- Qu'est-ce qu'il y a Anton, qu'est-ce que tu me cache ?

- Je...je souhaite que tu es à nouveau un traceur sous cutané.

- NON !

Je me dégage de ses bras et je me lève pour m éloigner de lui, il essaye de me rejoindre mais je reste toujours hors de sa portée.

- S'il te plait Charly, je ne veux pas revivre une nouvelle fois ta disparition.

- Il y a d'autres moyens que ça Anton !

- C'est le plus fiable et le plus discret !

- Le plus fiable ? Non mais t'es pas sérieux ! Je te rappelle le sort que tu as réservé à mon dernier traceur ? Tu me l'as enlevé au couteau ! AU COUTEAU ANTON ! Un médecin qui opère au couteau, tu dois être le premier !

- Tu sais pendant les différentes guerres, les médecins...

- UN COUTEAU ANTON ! Bordel on est pas en guerre ! Tu prévoyais de te marier avec moi et tu m'as ouvert la cuisse au couteau !

- Je savais ce que je faisais. Dit-il tout penaud.

- La mauvaise foi ne t'étouffe pas apparemment !

- Je suis désolé, je sais que j'ai merdé mais ça n'empêche pas que je veux que tu ais un nouveau traceur.

- Il en est hors de question ! J'ai encore le choix et je refuse d'avoir un foutu traceur sous ma peau ! Trouve autre chose !

- Charly, je ne peux pas te coller des traceurs dans toutes tes affaires et si on te donne de nouveaux vêtements, comment je fais moi ? Je ne te laisserai pas te mettre en danger, encore moins avec notre bébé dans ton ventre !

Je le regarde, il est en colère, il n'est jamais en colère contre moi, je peux voir son inquiétude mais je ne céderai pas.

- Je suis désolé Anton, mais je ne céderai pas, tu devras trouver une autre solution.

Il n'a pas le temps de répondre, on frappe à la porte et il va ouvrir, Dimitri est dans l'encadrement de la porte. Il me regarde par-dessus l'épaule d'Anton, je ne sais pas trop quelle tête j'ai mais il est inquiet. Il repousse un peu fort Anton et rentre dans la chambre pour venir me voir.

- Charly ça va ? Me demande-t-il en me prenant dans ses bras.

Je suis surprise, Dimitri ne s'inquiète pas pour moi en temps normal, il est même plutôt en colère contre moi. Depuis le coma d'Alexïe et ma fuite, il a pris un certain recul vis-à-vis de moi et son geste me laisse sur le cul.

- Lâche tout de suite ma femme ! Dit Anton en nous rejoignant.

- Elle a beau porter ton nom, elle ne sera jamais à toi. Siffle Dimitri dans ses dents trop bas pour que Anton ne comprenne.

- Quoi ? Lui demande Anton.

- Je...

- Je vais bien Dimitri, merci. Tu avais besoin de quelque chose ?

- Une femme est là et demande à voir Anton.

- Très bien, je vais allez la chercher. Reprend Anton.

Dimitri me regarde une dernière fois avant de me laisser et de quitter la chambre.

- Est-ce que je dois m'inquiéter à propos de lui aussi ? Dit Anton en colère.

- Pardon ?

- Tu as très bien compris, est-ce qu'il a des vues sur toi ?

- Non ! Et tu le sais parfaitement, tu peux garder ta jalousie mal placée ! Tu es en colère pour ce foutu traceur ok, mais ne mélange pas tout !

Je quitte la chambre à mon tour, je rejoins le salon où je trouve une femme de petite taille, avec le teint hâlé, elle me sourit.

- Bonjour je suis Chantra Âbha, Anton m'a demandé de venir.

- Bonjour je suis Charly Pablov, sa femme.

- Oh c'est donc vous qui êtes enceinte ?

- Et bien oui !

Anton choisit ce moment pour arriver, il semble calmé, il nous rejoint et serre dans ses bras Chantra.

- Ca faisait longtemps Chantra.

- Oui Anton, comment vas tu ?

- Bien et toi ?

- Ca va. Dit-elle simplement en souriant.

- Tu as déjà fais connaissance avec ma femme ?

- Oui, je suis ravie que tu ais trouvé quelqu'un et que tu sois posé.

- Merci.

- Où pouvons nous nous installer ?

- J'ai fait installer tout ce qu'il faut dans une chambre cet après midi.

Il n'a visiblement pas chômé pendant ma petite sieste, il se dirige vers l'étage et nous le suivons. Il a choisi la chambre d'amis la plus près de notre chambre, l'intérieur ressemble à un cabinet médical, une table de soin, un bureau, divers appareils et même une armoire vitrée qui semble contenir pas mal de choses.

- J'espère que tu auras tout ce qu'il te faut Chantra.

- Je pense que oui, ne t'inquiète pas. Si vous voulez bien vous allonger Charly.

Elle m'indique la table d'examen et je fais ce qu'elle me demande. Elle enlève son manteau et dépose ses affaires puis elle me rejoint.

- Alors de quand date vos dernières règles ?

- Euh je ne sais pas trop...Je ne note pas ce genre de chose et puis il y a eu pas mal de chamboulement dans ma vie depuis plusieurs mois, mais règles n'ont pas forcément été régulières.

- Très bien, vous avez donc eu des symptômes et vous avez fait un test urinaire ?

- Non plus, j'étais fatiguée alors Anton m'a fait une prise de sang vu que j'ai un passé d'anémique.

- D'accord, Anton, le taux de HCG semblait bon ?

- Oui plutôt, je voulais attendre quelques jours avant de lui refaire une prise de sang pour voir l'évolution de son taux.

- Vous semblez entre de bonnes mains Charly !

- Oui même si parfois j'aimerai qu'il arrête de me passer au radar du docteur.

- Déformation professionnelle malheureusement mais ne vous inquiétez pas, nous sommes tous pareil ! Je vais vous faire une échographie maintenant.

Elle se dirige vers un appareil avec un écran qu'elle fait rouler jusqu'à moi, Elle le branche et l'allume. Anton vient se positionner à mes côtés et il me prend la main, même si je suis encore en colère contre lui, j'apprécie sa présence.

Chantra me fait signe de relever mon haut et elle applique un gel froid sur celui ci, puis elle pause la sonde dessus pour trouver notre bébé.

Au bout de quelques secondes, elle trouve ce qu'elle cherche et commence à observer l'écran en souriant.

- Et bien au moins, vous avez de la place dans cette grande maison, c'est une bonne chose.

Elle est gynéco ou agent immobilier ? Non parce que là je comprends pas !

- Comment va le bébé ? Demande Anton.

- Ils vont bien ! Vous voulez entendre leurs cœurs ?

Je ne dis rien, Anton non plus, on se regarde, il n'y a plus aucun bruit jusqu'au moment ou un bouboum continue retentit dans la pièce. Bouboum bouboum.

Je tourne lentement la tête vers l'écran, je ne vois rien ! On va pas se le cacher, y a pas grand chose à voir, la dedans c'est la mélasse ! Mais ce bouboum bouboum régulier est tellement palpable. Chantra bouge légèrement la sonde et à nouveau bouboum bouboum. Les larmes coulent doucement, je ne sais plus quoi dire, je suis sous le charme, je ne pensais pas qu'un jour on puisse ressentir ça, une vague d'amour me submerge et je suis ébranlée par tout ça.

- Donc comme je le disais ils vont bien tous les deux, je dirai que vous en êtes à à peine plus d'un mois. Il va falloir faire attention, une grossesse gémellaire peut être à risque, vous ne devez pas forcer.

- Gémellaire ?

Mon cerveau vient de tiquer, elle a bien dit gémellaire ? Non j'ai du mal comprendre !

- Oui, vous attendez deux bébés !

- Mais ça saute pas une génération ce truc là ?

- Euh non pas forcément, vous attendez des faux jumeaux ou jumelles, ils sont chacun dans leur propre sac amniotique et leur propre placenta. Je vais vous prescrire des vitamines et nous allons vous surveiller. Mais avec un médecin à la maison je pense que tout ira bien !

Anton n'a toujours pas parlé, il semble en état de choc, bah ça promet ! Qu'est-ce que ça va être quand je vais accoucher ! Je le secoue un peu et je vois un sourire se dessiner sur ses lèvres, il me fait un peu flipper là.

- Euh Anton ça va ?

- On va avoir des jumeaux ?

- Oui Anton, c'est ce que Chantra a dit.

- On va avoir des jumeaux...

Non mais il a craqué complet le Anton, son disque est rayé !

- OUI ANTON DES JUMEAUX !

Il me regarde, s'excuse auprès de Chantra et quitte la pièce. Mais il est parti où ce con ? Il m'abandonne, je sais que je suis enceinte depuis ce matin et il prend déjà la fuite. Je m'excuse à mon tour et je sors, j'ai besoin d'être seule, j'ai besoin de réfléchir à ce que je vais faire et si cette maison est la bonne place pour mes enfants.

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