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Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Pluton à l'entente des mots de Mercure. Il se tourna vers celui-ci en haussant un sourcil brun.
- Ne me regarde pas comme ça, Pluton, protesta le garçon beaucoup trop inventif.
Il se leva de l'herbe, qui avait d'ailleurs verdi le derrière de son jogging, pour se mettre au centre du cercle qu'avait formé la bande d'adolescents.
- On va pas rester à se geler là éternellement, pas vrai, les gars ? Je décide qu'on aille au supermarché pour réaliser le rêve de Pluton !
Sans attendre la réponse de ses amis, il courut vers la plage et prit une poignée de sable qu'il lança sur Pluton d'un geste magistral en revenant vers la clairière. Celui-ci attrapa sa cheville pour le faire tomber sur le sol.
- Je suis le marchand de sable qui fait naître les rêves dans les cœurs et les étoiles dans les yeux des enfants ! s'exclama-t-il d'une voix songeuse, en s'applatissant sur l'herbe aux pieds de Neptune.
- Tu crois qu'ils vendent des billets d'avion pour aller sur la Lune ? s'offusqua cette dernière en fronçant les sourcils, un brin énervée.
- Sérieux, t'as pas toujours les idées claires, Mercure, poursuivit Jupiter de sa voix douce.
Mercure le regarda, l'air outré, déçu par le manque d'entraide de son ami.
- Il est trop tard pour y aller maintenant, dit Vénus à son tour. On y ira demain.
Tout le monde la regarda sans comprendre, surpris qu'elle ait fini par céder, mais personne ne protesta - Mercure était beaucoup trop têtu pour que quelqu'un ose le faire.
Il eut un sourire presque imperceptible dans la sombreur de la nuit et, avec la fierté d'avoir convaincu ses amis, décida de s'en aller en souhaitant à tous une bonne nuit d'un signe de la main. Les autres membres du groupe finirent tous par l'imiter en poussant de grands bâillements contagieux, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que Vénus, son beau sourire, Pluton et ses yeux couleur acier.
Il tourna la tête vers la jeune fille, yeux Lune dans yeux trous-noirs. Le garçon remarqua les fleurs sur sa robe, des marguerites dont il pouvait presque sentir l'odeur de printemps de là où il était. Vénus, elle était belle comme le printemps ; aussi douce et légère qu'une caresse donnée par le vent. Elle avait beau être belle, Pluton ne savait rien d'elle.
- Pourquoi tu ne m'as pas parlé ce soir ? demanda-t-il en essayant de ne pas prendre un ton trop accusateur.
Vénus vint s'asseoir à côté de lui.
- J'attendais le bon moment.
- Il n'y a jamais de bons moments.
La fille-printemps fit une moue peu convaincue.
Et, dans la fraîcheur de la nuit, apaisés par le bruit des vagues au loin, les deux adolescents commencèrent à discuter, se confiant avec douceur, leurs problèmes, leurs malheurs et surtout leurs joies, voulant garder le positif avant tout.
Pluton regarda sa montre, il était trois heures moins le quart.
- Il est temps que j'y aille, dit-il amèrement en partant aussitôt de la clairière, ne voulant pas perdre une minute de plus.
Vénus le rattrapa et marcha devant lui.
- Tu as un endroit où aller ? questionna-t-elle à Pluton. Je peux t'accompagner si tu veux.
Se rendant compte de sa question inhabile, elle allait parler pour s'excuser, mais le garçon la coupa, apparemment pas trop dérangé par la maladresse de la jeune fille.
- Viens, si tu veux, j'habite tout près, répondit-il. Mais pourquoi tu penses que j'habite nulle part ?
- Je sais pas ... Quand je t'ai aperçu devant la mer, tes yeux gris perdus dans tes pensées, je t'ai imaginé comme une sorte de garçon des brouillards. Tu sais, un garçon qui n'a pas d'idées fixes, qui va là où le vent l'emporte, qui s'en fout de ce que la société veut lui imposer : une grande maison où vivre le reste de ses jours, un travail jusqu'à ce qu'arrive la soixantaine, une jolie femme avec qui il fera deux enfants - un garçon et une fille - tu vois ? Un garçon sans futur déjà tout tracé, un garçon qui vit là où il veut, quand il veut.
Pluton reprit son air pensif.
- J'aimerais bien être comme le garçon des brouillards, chuchota-t-il d'une voix rêveuse - aussi rêveuse que lui. Mais désolé, je ne suis pas comme ça. Pour l'instant, j'essaye juste d'être un garçon dégourdi à l'école, c'est ce que veulent mes parents.
- Ne t'excuse pas. En fait, c'est simple, tu te vois comme le garçon débrouillard, moi je te vois comme le garçon des brouillards. Ça ne changera pas.
Le garçon sourit à cette pensée sans dire un mot de plus. Ils étaient arrivés.
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