6.1 - Le retour de Roger !
Ouvre les yeux, ouvre tes paupières pour laisser la lumière inonder ton iris.
La voix de mes pensées puise le peu de force que j'ai pour réaliser cet acte banal. Ouvrir les yeux.
Tous ce que je veux, c'est marcher, continuer d'avancer, vivre ma liberté !
J'ai passé bien trop de temps dans l'obscurité, dans cette ruelle, seule, à attendre qu'une main se tende vers moi alors même qu'une main avant m'avait arraché à mes parents.
J'avais enfin l'occasion de rayonner. Je pouvais enfin commencer ma vie.
J'ignore par quel miracle je suis encore vivante, mais je crois que je devrais me mettre à prier à partir de maintenant.
Non je déconne ! Mais pourquoi diable je suis en vie ?
- Bel' !
Oh, une voix basse autre que celle dans ma tête me tire de ma rêverie.
- Hé ! Bel' ! Debout bon sang !
La voix se fait plus forte, puis je finis par être secouée comme un pocomié*, provoquant une douleur intense au niveau du ventre qui me fait ouvrir grands les yeux en hurlant :
- Ça suffit !!
- Te voilà réveillée ! J'étais sur le point de continuer le bouche à bouche !
- Toi... mais... comment... pourquoi ? je balbutie tout en reculant à l'aide de mes mains, les fesses à terre.
Le sourire franc de Roger, ses yeux sombres mais à la fois rassurants, son torse musclé mais pas trop dévoilé par l'absence de haut ; qu'il est beau.
- Mais... Je me suis faite coupée en méchoui ! Comment j'peux encore être en vie ?
- Regarde un peu ton ventre, dit-il en pointant du doigt mon nombril
Trop obnubilée par l'observation, je ne pense pas un instant à voir mes blessures.
- Sur Mavra**, j'ai pas profité de ton inconscience pour te reluquer ! jure-t-il en me montrant ses paumes de main.
- Comment... as-tu fais... ?
Je m'empresse de regarder ma blessure, plus rien, juste une cicatrice.
- J'ai dormi combien de temps ?
- Dormir ? Tu rigoles, j'espère ! Je t'ai ressuscitée ! son regard ne trahit aucune blague, il est sérieux dans son délire... mais en même temps, comment pourrais-je encore être en vie après une telle blessure ?
Assise en tailleur, je regarde le ciel, pas un nuage et les premières étoiles apparaissent, bien vingt-quatre heures ont dû se passer depuis le combat contre ces salauds de Graulande... Autour de moi, cinq croix faites avec nos armes, les tombes de nos camarades morts... Cinq ?! Nous étions six, Roger compris, alors pourquoi cinq ? En fait... Comment est ce qu'il a survécu ... ?
- Ils ne t'ont pas fait de mal... ? dis-je en le regardant dans les yeux, prête à lui sauter dessus
- Je suis pas à plaindre..
Une fois la chose assimilée, soit moins d'une seconde, je fonce sur lui, même sans couteau il me reste mes ongles ! Ce Prapin*** qui n'a même pas essayé de nous venger contre l'ennemi !
Mauvais calcul, mes chevilles sont liées, je tombe la tête la première sur la fine couche de poussière du désert où quelque temps avant coulait le sang de mes camarades alors que ce traitre s'en est sortit sans blessures ! Des gouttes d'eau sont absorbées par la poussière, comment a-t-il pu être si lâche ?
*Pocomié : Arbre avec un tronc haut d'une vingtaine de mètre produisant des fruits ressemblant à des pommes mais qui forment des grappes.
**Mavra : Déesse de la bonne fortune ; prisée des voyageurs
*** Prapin : Insulte forte pour désigner un lâche.
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