3.1 - Le jockey content

- Vite, vite, je dois faire vite ! Laissez passer !

Les branches des grands arbres millénaires fouettent mon visage, comme si plusieurs nobles me provoquaient en duel ! Je n'ai pas assez de vie pour tous les accepter, alors je continue de courir à travers les branchages, partant accomplir ma mission de la plus haute importance !

Le duc a reconnu ma valeur de meilleur jockey du pays, je ne peux faillir à mon devoir, je dois réussir quoi que cela me coûte ! En plus, ça me permet de sauver mon ami Roger, cher et tendre compagnon de route rencontré lors de notre périple en Friglioli*.

Ce qu'on a pu s'amuser là-bas, le bivouac entre deux lacs gelés, les habitants chaleureux et aimables bien qu'un peu radins, les belles femmes et les bons hommes, ce que c'était bien !

Mais voilà qu'il a accepté une mission d'éclairage et que comme par hasard il fallut qu'Elle soit dans les parages durant son passage ! Quel manque de chance ! Ca me rappelle aussi la fois où on a croisé un grizzly en rut, ah, sacrée aventure ! Tout ça pour récupérer trois fleurs de Drabomia**, pour la belle et grande duchesse. Elle en fût ravie !

Mais mon pauvre Roger, s'il croise cette femme... Il va en pâtir, à tout les coups il ne la connait même pas ! Son seul nom suffit à faire trembler un soldat d'élite ! Heureusement que cet espion nous a informé, laissant ses femmes et son fils Mathis derrière lui à Praulande, pour nous faire son rapport ! Sans lui la guerre risquait bien d'éclater...

J'arrive près de l'écurie, le papier de l'autorisation royal pour utiliser le si célèbre Furioso, un vrai cheval qui peut courir bien plus vite qu'une tempête qui souffle en rafale ! Une montagne de muscle au service de sa majesté, rien que pour moi pour un voyage express vers le désert de Praulande !

- Furioso ! Tu es à moi maintenant ! m'écriais-je tout joyeux en entrant dans l'écurie, surprenant au passage le gardien qui brandit sa lance contre moi.

- Halte là ! Que fais-tu ici Diasco ?

- J'ai un laissez-passer au sceau royal dans la main pardi ! Laisse-moi passer !

- Toi ? Un laissez-passer royal ? J'attends de voir ça !

- Cela suffit Tremosos, tu crois que je raconte n'importe quoi tout le temps ? J'aurais bien pu faire partie de leur mission je sais, mais je reste tout de même le meilleur Jockey désigné par le grand duc en personne !

Il ne dit guère mot, mais lu avec sérieux la lettre.

- Bon, ça m'étonne mais t'es pas assez intelligent ou stupide pour faire une fausse lettre !

Il se retourne et se dirige vers un box, bien plus grand que les autres situés juste à côtés, la paille y paraissait même plus jaune.

J'accélère le pas pour être côte de lui, et peux enfin voir la bête !

Une demi-tonne de muscle, le regard vif, le cuir noir, une magnifique monture ; je n'avais jamais rien espéré de plus !

Je regarde le cheval dans les yeux, il me fixe aussi, ce petit jeu dure trois ou cinq minutes mais semble durer une éternité pour moi et c'est finalement Tremosos qui me coupe dans mon duel ;

- Ce n'est pas censé être une mission d'extrême urgence... ? A quoi tu joues ?

- Je dompte l'animal ! Si je n'arrive pas à prendre le dessus, il ne sera pas docile et impossible à contrôler !

- Oui, mais là ça devient long et j'ai l'impression de voir un champ de rose en arrière plan, c'est embarrassant à voir !

Bon, il est vrai que c'est urgent, je ne dois pas m'éterniser ici, j'ouvre donc le box et m'apprête à décrocher les sangles qui maintiennent le cheval respirant de plus en plus fort. Je n'ai pas fini de retirer le quart des attaches qu'il donne un grand coup de patte.

- Ah il recommence ! Il est assez stressé ces temps-ci, mais n't'inquiète pas, on a fait réparer la poutre de soutient hier, c'est assez solide pour en tenir deux co...

La pièce en métal se décroche sous la force et le cheval s'en va au galop vers dieu ne sait où, manquant de m'écraser et me laissant une sangle à la main.

*Friglioli : Contrée lointaine constamment enneigée située dans l'extrême sud.

**Drabomia : Fleur blanche et rouge vif ne poussant que dans les contrées de l'extrême sud, dans un microclimat d'un froid extrême.

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