1 - Une grande nouvelle !




Un bon matin, dans les si bordéliques rues de Praulande, un homme se fait entendre d'une voix si forte que tout le quartier peut en profiter :

Grande nouvelle ! La sainte guerre est déclarée contre ces païens de Montnoirbiquette ! A nous les champs fleuris et les grandes cascades de liqueur divine ! A nous la vie de rêve ! Messieurs, Mesdames, vous avez des fourches, nous avons des fusils ! Faites votre choix ! Prenons cette terre tant rêvée et pourtant juste à côté ! De la semaine du 32 au 52 CRP*, le recrutement officiel aura lieu dans toutes les mairies de vos villes ! Engagez-vous et rendons-nous la vie meilleure ! Pour vos maris, pour vos enfants, pour vos femmes, pour vos parents et vos proches ! Engagez-vous ! Hé toi là bas ! Engage-toi ! dit-il en montrant du doigt une femme vêtue d'une magnifique robe rouge. Toi aussi, le petit ! Et toi Monsieur ! Tous ensemble, entrons dans une nouvelle ère !

- C'est payé combien ? se lance un homme bâti comme une armoire.

- Le juste prix de vos efforts pour notre pays !

- Trente ménis** et je suis pour vous à la vie à la mort !

- Eh bien vous en aurez quarante ! hurle l'orateur

Quelques femmes passant par là rougissent en pensant au quiproquo que cette scène pourrait donner et un moiviske se frotte les mains, les papiers prêts à être signés pour la liaison entre ces deux là.

Les moiviskes sont des sortes de représentant religieux d'un ordre extrêmement libertin, croyant avant tout aux pêchés et aux plaisirs de la vie passée sur terre. Les serviteurs sont très attachés à cette religion, qui leur offre très peu de restrictions, mais toujours une ligne de conduite ; faire ce qu'on souhaite tant que ce n'est que bonté et amour, que ce soit pour son frère ou pour son pays, les actes sont louables ! Pour le meilleur comme pour le pire !

L'orateur jette les journaux en l'air, coutume fortement appréciée par le peuple, signe que le roi n'hésite pas à offrir des feuilles remplies de dessins à sa populace !

Un journal tombe au sol, au pied d'un enfant nu-pieds, le temps que le petit le ramasse, l'orateur s'en va tout sourire à toute vitesse sur sa calèche, avec l'homme fort à ses côtés et un papier signé dans sa main, pour refaire le même discours dans la ville voisine.

Le premier dessin montre une scène après une bataille, un soleil éclatant en arrière plan, un homme et une femme tout de blanc vêtu, souriants, semblant danser sur les corps de six soldats aux uniformes de Montnoirbouc tapis dans la boue et le sang, la langue pendante et des croix au niveau de leurs yeux.

- Mathis ! Revient immédiatement ici ! crie la gouvernante de l'orphelinat derrière un muret en brique jaune.

- Jeanine, pourquoi c'est la guerre ... ?

- Mon p'tit, c'est parc'que des petites crottes de Biquette se sont infiltrés sur notre territoire pour nous voler nos trésors !

- Comme mon papa qui est parti chercher des trésors ?

- Oui, mais eux le font contre nous ! Et ça, ce n'est pas pardonnable. C'est pourquoi il nous faut des gens capable de nous défendre, elle regarde l'enfant, mais ne t'en fais pas, je ne vais pas vous abandonner toi et tes sœurs. 

Le pauvre orphelin ne sait lire toutes les inscriptions du journal... 

Mais avant ça, jetons un œil à ce qu'il s'est passé avant la parution de ce glorieux journal !


*CRP : Calendrier royal de Praulande, 20 CRP correspondent à 2 semaines de notre calendrier.

**Ménis : Monnaie locale utilisée principalement pour acheter du loisir ; il en existe bien d'autre

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