○ Prologue ○
D. 365:
Cher journal,
Aujourd'hui est la dernière fois où je noircirai tes pages de ma misérable vie.
Mais je ne me pleindrai pas, après tout j'ai vécu et eu la chance de voir le jour.
Après tout, rien n'est tout beau dans cette vie mais je souhaite plus que tout que ma moitié vivra et pourra me venger.
Juste pour montrer la vérité.
Car après tout, derrière chaque apparence se cache un secret enfoui en chacun. L'homme est fait de secret, de mensonge et de vérité.
Méfie-toi. Ne fais confiance à personne. Ne compte que sur toi-même où tu couriras à ta perte.
Avant de partir, j'aimerais être égoïste une fois. Une seule fois.
Je t'en prie, une fois que tu auras ce carnet entre tes mains, fais de ma vie une priorité. Juste cela, je t'en prie. C'est égoïste de ma part je le sais, mais j'aimerais pouvoir revivre à travers ce que tu construiras, ce que tu créeras pour remettre cette histoire debout et me venger de tout ceux qui m'ont laissés seule dans l'obscurité.
Après cela, tu pourras oublier et m'oublier. Je ne serais plus là pour t'embêter.
Sois forte là où moi j'ai échoué, ne te laisse pas marcher dessus.
Je sais que tu réussiras.
Je t'aime.
Kim Seulgi. 2019.xx.xx ]
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Le temps paraissait long. Très long.
Et la pluie qui s'abattait sur la vitre du train qui m'emmenait à Ilsan, sonnait comme une mélodie triste au creux de mes oreilles.
Il n'y avait rien à regarder dehors si ce n'était que le paysage qui défilait à toute allure sous la vitesse du train. Le temps était mauvais comme pour accompagner mes pensées sombres et moroses.
Aucun rayon de soleil à la ronde pour illuminer ma petite journée, ou tout simplement, ma petite vie.
Heureusement, j'avais vite fait de cesser de faire tomber la pluie sur mes joues plus que davantage. Je ne devais pas pleurer.
Ou plutôt, j'avais assez pleurer.
Je devais être forte.
La journée était bien avancée, je n'étais ni fatiguée, ni épuisée, je n'étais rien pour l'instant.
Je n'arrivais pas à définir ce que je ressentais à l'instant.
Je venais de quitter Busan, ville où j'étais restée quelque jours dans un hôtel en revenant de l'étranger. À présent, je filais droit en enfer.
Nous avions prise cette décision à deux, j'aurais pu la refuser après tout elle n'en n'aurait rien su. Mais je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était, je n'avais pas le droit.
J'appréhendais ce nouveau départ dans ma nouvelle école. Ou plutôt, son ancien établissement, lieu où elle avait creusé sa tombe en y mettant les pieds.
Allait-il m'arriver la même chose ?
Allais-je moi aussi creuser ma tomber en y allant ? Allais-je pouvoir définir un nouveau point de départ après avoir réglé tout ça ?
Je reprenais la suite de l'histoire là où elle était sensé avoir mis un point final. Nous étions deux mais aujourd'hui, nous ne formions plus qu'une. Je lui avais promis en acceptant ce souhait égoïste qu'elle m'avait demandé.
J'aurais pu rester loin de tout ça, loin de tout ce danger, de toute cette misère et de tout ces secrets et mensonges qui couraient la ville d'Ilsan et cet établissement de malheur.
Y remettre les pieds, c'était refaire un bond dans le passé, remettre un pied en enfer.
Mais quitte à y laisser une trace de mon passage, afin qu'on ne m'oublie jamais, qu'on n'oublie jamais ce qui lui a été fait, j'allais moi-même reprendre l'écriture de cette affaire délaissée au fond du placard.
10 ans plutôt j'avais quitté cette ville.
10 ans plus tard, je revenais. Pile 1 an après le drame, écrire à mon tour, la suite d'une histoire inachevée. Une fin un peu trop triste et brutale à mon goût.
Car après tout, il n'y a rien de pire que de partir perdant, piétiné telle une fleur sans avoir pu demander justice.
Et parce qu'une histoire ne se termine que lorsque le livre se ferme, une fois réouvert, elle reprend.
J'allais réouvrir ce livre. Ou plutôt, cette enquête. Signer. Et partir.
Mais comme il faut un début à tout, commençons par l'écrire, et comme toute histoire possède un début, c'est ici que je commence mon récit.
Après tout, la vie était comme un énorme livre dont chacun remplissait ses pages de son propre récit.
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Ma casquette bien enfoncée sur ma tête ainsi que ma capuche par-dessus, je me dirigeais vers la sortie de la gare. Je tirais ma grosse valise derrière-moi tout en tenant mon sac par-dessus mon épaule et de la main libre, derrierr mes lunettes de soleil , je laissais mon regard parcourir les alentours afin de trouver un taxi qui pourrait m'emmener là où je devais m'y rendre: la faculté d'Ilsan spécialisée dans les sciences et les arts & letrres.
Soit dit-en passant , l'enfer.
Heureusement, il ne pleuvait pas ici mais le temps n'était pas au rendez-vous. La brise automnal de novembre vint caresser mes joues et mordiller mon nez que je fronçais afin de ne pas éternuer.
J'apercu un chauffeur de taxi adossé contre sa portière, je soupirais un bon coup et me dirigea vers lui, première interaction avec un habitant de cette ville de malheur.
- Excusez-moi, l'interpellais-je avec mon vieil accent coréen étant plus habitué à parler en français. Est-ce vous pourriez m'accompagner à la faculté s'il vous plaît ?
Il hocha la tête et se dirigea vers le coffre de son automobile afin d'y insérer mes bagages. Il soupira un coup en portant ma grosse valise.
- Et beh y a quoi dedans ?! Un corps ? S'exclama t-il avant de refermer le coffre.
J'aurais presque pensé qu'il était sérieux. Je lui adressais un sourire polis avant de prendre place à l'intérieur du véhicule.
- Vous êtes nouvelle ? Vous venez étudier ici ? Demanda t-il de sa grosse voix tandis que le chaise s'afaissait sous le tas de muscle qu'il était. Il démarra avant de quitter les lieux.
- C'est ça. J'entame ma 2ème année, répondis-je en attachant ma ceinture.
- J'aurais plutôt pensé que vous seriez au lycée, ricana t-il alors que la voiture prenait la route vers l'établissement, se mêlant aux autres bolides qui traversaient la ville.
Je levais les yeux au ciel derrière mes lunettes que j'avais gardé.
-Vous n'êtes pas le premier à me le dire. Il est vrai que je fais très jeune.
Je haussais les épaules tandis qu'un petit rire passait la barrière de ses lèvres alors qu'il accionnait la radio afin d'accompagner le trajet d'un petit d'air de jazz moderne.
Le trajets se passa plutôt dans le calme, pour ma part j'observais la ville tout en répondant parfois aux questions que ce monsieur me posait. Un peu trop curieux mais rien de bien méchant même si je me méfiais.
Si le voyage c'était bien déroulé ?
J'aurais aimé voyager pour d'autres raisons.
Si je n'étais pas trop épuisée ?
Je n'en savais rien. Je crois que mentalement j'avais touché le fond mais quelque chose au fond de moi me criait que je n'avais encore rien vu.
Qu'est-ce que je venais étudier ?
Les moeurs de cette ville de malheur. Ou plus exactement m'occuper d'une affaire personnel. Mais je ne lui avais rien dis de cela, juste que j'allais entrer en lettres et que J'aspirais à être auteure.
Plus maintenant. Mais ce n'était pas tout à fait faux. Mais qu'importe.
Le trajet s'était assez vite écoulé et je devinais devans moi l'établissement grandiose qu'était la faculté d'Ilsan. Le chauffeur se gara en face du portail et alors que je m'apprêtais à sortir, sa voix raisonna dans la voiture.
Un ton sérieux. Une voix grave. Un avertissement .
- Faites attention à vous mademoiselle.
Je tournais la tête vers lui, encrant mes prunelles naïves dans les siennes un peu trop tramblotantes à mon goût.
Il savait.
J'haussais tout de même un sourcil, faignant ne rien savoir. Il lâcha un soupire avant de passer une main dans ses cheveux hérissés et mal coiffés.
- J'espère que vos études se dérouleront bien ici. Et que malgré tout ce qu'il peut arriver, vous n'aurez qu'à étudier.
Je le regardais longuement puis le gratifiais d'un sourire.
- Merci. Je l'espère aussi. La vie nous réserve bien des surprises parfois.
- J'insiste. J'espère que vous ne finirez pas comme... cette élève.
Il avala presque la fin de sa phrase mais je la devinais sans mal. Sans lui donner de réponse et parce que mon coeur venait de palpiter sous les quelques mots qu'il venait de prononcer, je mis un pied hors de la voiture et l'attendis afin qu'il me donne mes affaires.
- Au revoir et merci.
Avant de partir, je fixais le taxi qui s'engouffrait à nouveau dans les rues d'Ilsan, le propriétaire devant certainement s'occuper d'autres personnes afin de gagner son pain.
Je me dirigeais ensuite vers la grille ouverte de la faculté, ne sachant pas qu'il s'agissait là de la seule fois où moi et cet homme venions de discuter. J'appris quelque jours plus tard qu'il était mort. Pour quelle raison ? Nous ne savions pas.
Ou plutôt, nous n'avions pas à savoir.
Rabattant de nouveau ma capuche sur ma casquette, mes bagages en main, je passais le portail où débutait à présent une nouvelle page de ma vie.
Je venais de débarquer en enfer.
2020.11.03
Je pensais être la seule à pouvoir écrire la suite.
Je m'étais vite trompée.
Car une fois en enfer, on n'y ressort pas.
Mais j'avais promis.
Celle qui déciderai du point final, ce serait moi.
_Kim Sunhi.
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