D I X - S E P T

Kahiyo's Point of View

Je ne sais pas vraiment ou aller alors j'erre jusqu'à trouver un village ou alors jusqu'à ce que j'ai un plan. Pour la première fois de ma vie, l'inconnue ne m'effraie pas. Je sais que je peux compter sur ma personne, et seulement sur moi. Je soupire, je voudrais me retourner pour regarder le village de Konoha ne devenir qu'un point au loin mais si mes yeux se posent sur celui-ci, je serais dévastée. J'ai déjà assez de mal à m'en aller, mieux vaut éviter de me rendre la tâche plus difficile.

J'ai eu vent d'une île peuplée de samurais située au pays de l'Eau lorsque j'étais en mission à Kiri il y a quelques années. Je pourrais m'y rendre et changer de vie. Ou je pourrais demander à Isao de me conduire jusque chez lui, au pays de la Glace. Cependant je ne pense pas pouvoir y vivre. Il fait bien trop froid là bas, c'est la raison pour laquelle nous savons si peu de chose à son sujet. Seuls certains animaux, dont les tigres blancs, sont aptes à survivre dans un tel climat. 

En premier lieu, je décide de me rendre sur l'île des samurais afin de devenir plus forte, autant physiquement que mentalement. Ceux-ci sont reconnus pour être de valeureux et rigoureux guerriers, entraînés pour rester silencieux en cas de torture et ne jamais faire confiance à qui que ce soit. C'est l'endroit parfait pour moi.

"Et bien, en route pour l'île de Shikoku..."

Je murmure comme pour me donner la motivation d'avancer.

...

Une semaine s'est écoulée et je suis enfin sur les terres du pays de l'Eau. Je m'arrête dans un village de pêcheurs plutôt paisible. Une petite auberge ornée de mosaïques m'interpelle. Mes pas me guident à l'intérieur. C'est un petit brun grassouillet qui m'accueille avec un sourire peu denté mais qui fait tout de même chaud au cœur.

"Bonjour !"

Il s'exprime de la même manière qu'un petit blondinet que je connais. Un simple sourire, un simple mot, rien qu'un regard à la capacité de vous redonner espoir en l'humanité. C'est là toute la force de Naruto, et de toutes les personnes qui sont comme lui ; à savoir, ce petit brun tout souriant. 

"J'espère qu'il vous reste des chambres, c'est très mignon comme endroit."

Je lui souris.

"Oh vous savez, nous n'avons pas beaucoup de touristes ici." Il rit. "Nous hébergeons surtout les ninjas qui souhaitent se rendre au village de Kiri qui est sur l'île la plus vaste de notre pays."

Il me regarde de haut en bas, son regard plein de curiosité.

"Je peux vous donner une chambre avec la plus belle vue mais le prix sera assez élevé, madame la ninja."

Je ris légèrement, amusé par ce surnom. Il est si bien élevé, si aimable pour un si jeune garçon. Il me dit alors que la chambre qu'il me propose me coûtera 200 ryō. J'accepte, possédant une somme assez conséquente d'argent. Je sais que les samurais de Shikoku vivent sans argent, je peux donc me le permettre. Il me tend les clés.

"Comment t'appelles-tu ?" Je me surprend à avoir de l'affection pour ce petit. Je n'ai pas eu de bonnes interactions sociales depuis Jiraya. Tout ce que je souhaite est de ne pas avoir à rester sur mes gardes et à me demander si on me ment, et quoi de mieux que de faire la conversation à un enfant pour n'obtenir que la vérité. Aussi futile soit-elle.

"Hiro, et vous, madame la ninja ?"

"Je comprends mieux ton attitude." Je souris. "Tu es la personnification de la générosité, Hiro."

Il a l'air ravi de ce compliment.

"Je m'appelle..." J'hésite un instant. Kahiyo est le prénom que je me suis donnée. Ce prénom qui me rattache à Konoha et à toute cette supercherie. Kahiyo est un prénom que je devrais abandonné. Et puis, personne ne me connaît dans cette partie du monde. Je peux être qui je veux. Je peux être forte. Je peux être puissante. "Kana." Je réponds confiante. "Je m'appelle Kana."

"Vous êtes la personnification de la puissance et de la force. C'est très joli."

Sur ces mots, je lui offre un sourire de gratitude même si il n'a sûrement pas la moindre idée du poids qu'il vient de retirer de mes épaules, et m'éclipse dans la chambre qu'il m'a attribué.

J'ai l'habitude d'invoquer Isao lorsque je suis seule mais cette fois-ci, je me sens bien. Est-ce l'adrénaline du moment puisque j'ai quitté le village subitement ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce simplement que je suis libre. Je suis moi. Une personne à part entière. J'ai l'impression qu'en quittant Konoha, qu'en coupant tous mes liens, je me suis libérée de tant de négativité.

Je m'assieds sur le rebord de la fenêtre et admire la vue sur l'eau turquoise ainsi que plusieurs îles que l'on peut apercevoir au loin. Le vent caresse mon visage et passe à travers mes cheveux. Il ne suffit que de ce simple élément pour me faire sourire, pour me faire me sentir vivante.

Bien sûr, je suis encore en colère contre Kakashi et le Hokage mais, ici, je n'ai pas à y penser à longueur de temps. J'y penserai lorsque j'en aurais envie. Pour le moment, sentir le vent souffler et respirer l'odeur de la mer me suffisent. 

...

Je passe quelques jours à l'auberge, seulement le temps de trouver un marin qui voudrait bien m'emmener sur Shikoku. Finalement, c'est un vieux pêcheur nommé Yoshito qui m'y conduit. Apparemment, les samurais n'apprécient pas beaucoup d'être dérangés alors qu'ils s'entraînent très dur chaque jour. Mais Yoshito a une fille, Miwa, qui fait partie des samurais.

"Je lui apporte des plats qu'ils ne cuisinent jamais sur l'île car cela prendrait trop de temps. Je ne suis pas un très bon cuisinier mais je les prépare avec tout l'amour que je puisse lui donner. Elle a besoin de bien manger et de beaucoup d'énergie. Ma fille s'entraîne vraiment très dur, tu sais, être samurai a toujours été son rêve." Un sourire nostalgique arbore son visage. Il se remémore certainement de beaux souvenirs. "C'est pour cela que nous avons emménagé ici lorsqu'elle avait environ six ans."

"D'où venez-vous originellement ?"

"D'un village au pays du feu; Konoha." Il soupire. Je suis surprise mais ne le montre pas et le laisse continuer. "Il y a des samurais au pays du feu mais ils ne m'acceptent pas, ils n'auraient donc jamais accepté Miwa en sachant qu'elle est mon sang." Il baisse la tête et sourit tristement.

"Que s'est-il passé ?"

"J'ai hébergé un petit, un reclus. Un jeune garçon qui a déserté le village après avoir massacré les siens." Il regarde le ciel, essayant de retenir ses larmes. "Si ils savaient..."

Il me sourit tristement et je vois dans ses yeux de la peine, de l'injustice, du vécu. Tant d'évènements traumatisants mais inévitables de la vie. Je suis persuadée qu'il parle d'Itachi Uchiha mais alors que le village le méprise, Yoshito semble compatir.

"Tu sais ma grande, le monde est si cruel, si malveillant que tu auras parfois l'impression qu'un acte est commis par pure haine alors que la réalité est toute autre. Certains mensonges sont bienveillants. Certains mensonges protègent la paix. Ce sont les individus les plus bienveillants qui portent souvent le lourd fardeau qu'est le maintien de la paix." Il inspire et murmure "Ne cherche pas la vérité avec tes yeux. Seul ton cœur est en mesure de la découvrir."

Que sait-il sur Itachi que nous ne savons pas ? Et cela s'applique-t-il à Kakashi ? Y'a t-il un fragment du puzzle qui m'échappe ? Une vérité que j'ignore ? Ou bien un mensonge bienveillant ? Les mensonges bienveillants existent-ils réellement ? J'ai toujours pensé que la vérité était la seule bonne solution, aussi douloureuse soit-elle. Quelle est cette vérité que je ne connais pas ?

"Tu m'as l'air d'une jeune fille très intelligente Kana, tu me rappelles ma fille."

L'atmosphère devient plus légère et notre conversation dérive sur des sujets anodins comme l'âge de Miwa. Elle est plus âgée que moi et que Kakashi, ce qui explique que je ne connaisse ni Yoshito, ni sa fille. Ils ont quitté Konoha quelques années avant mon arrivée. Il a beau dire que le pays de l'Eau est plus agréable à vivre que le pays du feu, je vois bien que le village de Konoha lui manque. Car tout comme pour moi, ce village est sa maison. Je sens un pincement au cœur en repensant à mon appartement, à Naruto, à tous les ninjas, tous les habitants. À Kakashi. Je soupire et observe l'eau turquoise que nous traversons.

"Ne t'en fais pas, la douleur et le manque s'amenuisent avec le temps." Il murmure sans me regarder mais arborant toujours ce sourire triste.

Mon visage trahit ma surprise au moment où il me regarde.

"Tu ne portes peut-être pas ton bandeau mais je sais reconnaître un ninja de Konoha lorsque j'en vois un. J'étais professeur à l'académie après tout." Malgré son sourire, la douleur qui le hante est si flagrante qu'elle me déchire le cœur.

Lorsque nous accostons sur l'île, Yoshito me conduit au temple des samurais, situé au centre de l'île.

"Miwa !" Il s'écrie  tout heureux en voyant sa fille. Une très belle femme aux cheveux d'or. Ses yeux sont aussi turquoise que la mer que nous venons de traverser et son sourire pourrait illuminer le pays tout entier. Elle est tout simplement éblouissante. Yoshito me la présente et elle accepte volontiers que je m'entraîne avec eux.

Après une petite heure tous les trois, Yoshito se décide à regagner son bateau pour arriver sur l'autre rive avant la tombée de la nuit. J'insiste pour le raccompagner à son navire afin de le remercier. Miwa reste au temple pour finir son entraînement.

Une fois sur le sable, il me fait face et me sourit comme un père à sa fille. Du moins c'est ce que j'imagine car je n'ai pas de père pour comparer. Il me serre dans ses bras puis me regarde tendrement.

"Prends soin de toi Kana." Il sourit.

J'ai ce sentiment de devoir être honnête envers lui. Alors je murmure "Kahiyo".

Il rit légèrement et acquiesce comme pour me dire qu'il me comprend et qu'il ne me juge pas. Puis il murmure en retour un prénom que je me jure de ne jamais oublier.

"Yuji." 

Sur cette dernière courte parole, mais pleine de sens et d'histoire, il s'en va. 

Même lorsque l'on croit souffrir seul, il y a quelqu'un qui, chaque soir, s'endort sous les mêmes étoiles, et porte la même souffrance.

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