Chapitre 5

Liam allait de surprises en surprises quant au nouveau.
Au cours de grec, par exemple : Percy s'était assis au fond de la salle entre Momo et Hoël (ce dernier assistait au cours depuis peu), sûrement pour être tranquille. Malheureusement, sa tentative rata, car quand il avait annoncé avoir fini ses exercices, qu'il avait fait assez rapidement, même Liam n'avait pu s'empêcher de le dévisager d'un air impressionné : quand on avait un tel niveau, on parlait la langue couramment ! D'accord, il l'avait entendu discuter avec Léonidas le jour de son arrivée - avant-hier donc - en cette langue comme si de rien n'était, mais...
Deuxièmement, il combattait à la Grecque, et même extrêmement bien !
Soit il adorait la Grèce antique, soit il venait d'une autre époque...
Oui, d'ailleurs, Percy n'avait pas été très affecté par le fait qu'il n'y ait pas d'électricité ici, autre détail prouvant peut-être sa provenance d'une époque où l'électricité n'avait pas lieu.
Il n'avait même pas fait de remarques sur la vétusté du Manoir et l'étrangeté des autres pensionnaires, et s'il avait trouvé cela étrange, il ne l'avait pas dit - même si Liam savait bien que Percy n'avait pas été dupe avec cette histoire de problème d'identité.
Il soupira. Il se retournait les méninges, allongé dans son lit, en se demandant qui pouvait bien être Percy - ou plutôt Persée - car même s'il n'avait pas montré beaucoup de détails bizarres, ce garçon l'intriguait, il avait un petit quelque chose de....
Louche. Quelque chose chez lui le dérangeait, et il ne savait pas quoi.
Liam n'arrivait pas à dormir, et il se retournait les méninges pour passer le temps quand soudain, il tendit l'oreille : il lui avait semblé entendre des crissements.
Il se leva et jeta un regard par la fenêtre : à ce moment-là retentit un coup de tonnerre, suivit d'une énorme zébrure d'électricité qui éclaira une scène vraiment pas rassurante, offrant un éclairage noir et blanc lui permettant de distinguer la silhouette lugubre d'un fourgon pénitentiaire.
Le conducteur de ce fourgon, Liam le connaissais bien : on le surnommait « Le Moissonneur », son travail consistait en ramasser les gris qui rôdaient dans le monde extérieur pour " aspirer l'âme des blancs afin de leur voler ", et lorsque c'est lui qui amène le nouveau, c'est que celui-ci est un gris de façon certaine, il va directement à la cave.
Liam le connaissait bien, car il le croisait souvent dans la plupart de ses enquêtes, c'est d'ailleurs de cette façon qu'il l'avait connu.
Ainsi, le Moissonneur, ou plutôt Charles-Henri Sanson, était l'exécuteur de Paris sous la révolution française.
Un Exécuteur.
Un bourreau.
Il faisait ce métier de police des morts depuis la sienne, et c'est ainsi que Liam s'était lié d'amitié avec lui, qui contre ce que l'on pourrait croire était d'une grande humanité, c'était d'ailleurs un homme très intelligent.
Mais sa venue au Manoir par contre, n'annonçait rien de bon, cela signifiait qu'un meurtrier de plus viendrait ajouter une menace supplémentaire avec celles qui pesaient déjà au-dessus de leur tête.
Le fourgon repartait déjà alors que trois coups résonnaient contre la porte d'entrée : maintenant le gris était leur problème, à eux de s'en occuper.
La sonnerie d'alarme sortit Liam de sa stupeur, et les bruits de cavalcades commencèrent à résonner dans les couloirs alors que Liam sortait de sa chambre au pas de course.
Arrivant au bout du couloir, Liam se souvint que Percy étant nouveau, il ne connaissait pas les règles du Manoir. Il se retourna pour aller le réveiller et vit le garçon en haut des escaliers du hall, le regard dirigé vers la porte d'entrée, les sourcils froncés et son étrange épée à la main.
– Il y a du danger ? demanda-t-il.
– Si tu restes ici il y a pas mal de chances oui ! suis-moi vite, il faut se planquer !
Tous les autres, aussi ensommeillés qu'ils furent, convergeaient vers la salle d'armes, et Liam les rejoignit avec Percy derrière lui.
Soudain, Liam l'entendit s'arrêter net, retenir brusquement son souffle alors qu'ils étaient seulement au bout du couloir. Les autres continuèrent leur chemin et les deux garçons se retrouvèrent seuls.
Liam se retourna et fit signe à Percy de se dépêcher de s'en aller d'un regard pressant, mais il vit bien que quelque chose n'allait pas : Percy était blanc comme un linge et ses yeux étaient incompréhensifs, troublés.
Il fit signe à Liam d'attendre et pointa son oreille du doigt d'un air impératif.
Le message était clair : « Écoute et ferme là », Liam écouta donc et entendit clairement la voix du nouveau ; c'était une voix d'homme assez jeune, genre vingt-cinq ou trente ans. Sa présence semblait visiblement ne pas réjouir Percy, qui était de plus en plus pâle à chaque mot prononcé, il n'avait vraiment pas l'air bien.

Je lui fis signe pour lui dire de se bouger et me retiens de lui prendre le bras pour le forcer à avancer, ne voulant pas le toucher pour ne pas le surprendre - s'il lui passait au travers, il risquerait sûrement de trouver cela étrange...
Percy sembla sortir de sa transe et se reprit, prenant un air quasiment normal et reprenant peu à peu des couleurs, faisant comme si de rien n'était.
Il regarda Liam d'un air blasé, et articula en silence "Bon, on y va ?", avant d'enfin le suivre jusqu'à la salle d'armes, en faisant le moins de bruits possible. Il se remettait vite tiens !
Arrivés là-bas, Cléa referma consciencieusement la porte blindée de la salle, tout en débitant un flot ininterrompu de réprimandes sur le retard qu'avaient pris les deux garçons et le danger qu'il y avait à traîner dans les couloirs quand des gris rôdent dans les parages.
Percy lui, l'air de rien, s'était nonchalamment adossé au mur :
– Et sinon, quelqu'un peut m'expliquer pour tout ce remue-ménage ? dit-il en croisant les bras et adoptant une expression m'en-foutiste. Genre en clair, ce serait bien...
– Alors justement, Cléa s'apprêtait à t'expliquer ! fit Liam.
Cléa le fusilla du regard.
– Il voulais dire qu'il allait t'expliquer le pourquoi du comment ! fit Cléa avec un sourire en coin moqueur. N'est ce pas Liam ! ajouta-t-elle en lui tirant la langue.
Liam se dévoua finalement (ceci dit il n'avait pas vraiment le choix) :
- Tu sais quand je t'ai expliqué ce qu'était la fonction de cette maison, je t'ai répondu que c'était un centre de convalescence et de psychiatrie, n'est-ce pas ?
– Oui, dit Percy qui semblait réfléchir, mais attends, je pose une théorie : ce qui est en train de se passer, c'est l'arrivée d'un nouveau, c'est ça ? Et, continua-t-il sans laisser de temps à Liam de répondre, si je comprends bien, à l'arrivée de chaque personne, on se planque tous ici à part le docteur, Raoul et Léonidas ? Et ta "petite section de psychiatrie" elle s'étend aussi à ceux qu'on entend crier à la cave ? Parce que là-bas, vu les cris et les insultes qu'on entend, ça a pas l'air d'être très calme...
Liam s'était étrangement tendu : Percy était bien plus intelligent qu'il n'y paraissait.
– Hum, doucement ! l'arrêta Lou. D'abord, oui, c'est bien l'arrivée d'un nouveau.
- Ensuite, relaya Alec, oui, à chaque nouveau, on se cache ici pour le cas où... Hum comment dire...
– Ben il se trouve qu'on t'a pas dit l'entière vérité, concéda Cléa, en fait il y a à la cave des... Fous dangereux, des meurtriers. On les appelle "les gris".
– Mais tu n'y es pas allé dis moi ? fit Momo.
– Euh non-non rassurez-vous, dit Percy.
Liam sentit sa peau se glacer : Percy avait un léger ton de faux dans la voix.
– Et donc, reprit Percy, si on vient ici, c'est au cas où le nouveau serait un fou dangereux - il suffit de regarder autour de soi pour voir que c'est un endroit de sécurité renforcée - et c'est pour ça que tout le monde passe par le bureau du docteur Roy, pour qu'il puisse identifier l'état mental de chaque nouveau pensionnaire ?
– Oui c'est exactement ça... Liam se sentait un peu patraque. Mais tu es sûr de ne pas être allé en bas Percy ?
– Non, j'ai l'ouïe fine, c'est tout, dit Percy en haussant les épaules. Hey mec, calme toi, tu es blanc comme un linge ! Tu es sûr que ça va ?
– Comme toi il y a dix minutes, marmonna Liam à voix si basse que seul Percy l'entendit.
À cette évocation, Liam crut voir le sourire de Percy se ternir un peu, mais ce fut rapide. Il se força à se calmer : si Percy était allé à la cave, tous l'auraient su, et il aurait compris la vérité sur cet endroit, de la même manière que Liam l'avait fait.
Et s'il avait compris, il serait bien plus triste, car même s'il cachait quelque chose, il était évident qu'il ne savait pas dans quel état il était, lui et tous les autres.
– Il ne faut pas prendre cela avec tant de légèreté, jeune homme ! Le sermonna Christine.
Percy fronça les sourcils, comme s'il se demandait ce qui pouvait bien mettre tout le monde à cran.
– Je n'ai pas l'intention d'y aller, ne vous en faites pas, dit-il, je suis on ne peut plus sérieux.
Au ton de sa voix, Liam devina que Percy pensait au tout nouvel arrivant, et il se dit que Percy n'ayant visiblement pas envie de le croiser, tous pouvaient lui faire confiance.
La discussion s'arrêta là, Liam et les autres jeunes partirent discuter dans un coin, laissant Percy qui avait - bizarrement - proposé de jouer aux cartes avec le Capitaine.
Le Capitaine était le célèbre La Buse, le pirate de la Réunion du dix-huitième siècle, mort pendu pour n'avoir - malgré qu'il n'ait été innocenté - rendu tout le butin qu'il avait amassé durant sa vie de pirate.
Il avait tout rendu, sauf le trésor de la Vierge du Cap, et encore, c'était parce qu'il ne se souvenait plus de l'emplacement de l'île où il l'avait enterré - chose qu'il n'aurait pas avoué - et pour cela les juges l'avaient condamné à la pendaison.
Aujourd'hui, il était au Manoir, bougon et râleur, et il y a quelque temps Lou, que l'on avait découvert comme étant la descendante du pirate, était arrivé elle aussi.
Au bout de quelques minutes, Léo vint annoncer la fin de l'alarme.
– Seulement maintenant ? S'était étonné Hoël.
– C'était pourtant de toute évidence un gris non ? Richard fronçait les sourcils. Ce fut pourtant bien long !
– Ce gris était étrange, le docteur n'était pas sûr de lui, dit il sans se soucier de Percy qui écoutait. Il était pourtant quasiment immatériel, il n'y avait aucun doute de toute façon.
Tous se jetèrent des regards inquiets, sauf Percy qui lui semblait se dire « ils m'ont complètement paumé là ! ».
Suite à cela, tout le monde regagna sa chambre en silence. Liam mourrait d'envie de se jeter dans son lit et de piquer un somme, mais il avait une autre idée en tête.
Il attendit un bref moment, le temps que les autres s'endorment.
Estimant avoir assez attendu, Liam sortit de sa chambre et partit en direction du bureau du docteur Roy en tentant de faire le moins de bruit possible.
Arrivé au bout du couloir, en haut des escaliers, il entendit un petit bruit, comme un petit sifflement d'oiseau.
Il se retourna vivement et vit Percy, a l'autre bout du couloir, qui le fixait, les bras croisés.
Il sourit, et imita à nouveau ce petit sifflement d'oiseau.
Ce n'est pas vrai, il est partout ce mec !
Il ne dormait donc jamais ?
– On se promène ? Le taquina-t-il.
– Je... Hum, bredouilla Liam, euh ouais, j'avoue. Et toi alors ?
– Off j'ai entendu un bruit...
– Nan mais en vrai ?
– Ben....
Et soudain la lumière se fit : dans le bureau du docteur, il y avait une bande rouge à côté de son prénom et de son âge, cela signifiait peut-être que Percy pouvait se servir de la carte ?
– Tu va voir la Carte ein ? Réalisa Liam.
Percy perdit son air embarrassé pour ouvrir de grands yeux étonnés :
– Ouais comment... ? Toi aussi ?
– Ouais tu sais quoi ? Viens avec moi !

Percy n'hésita qu'un instant, puis rejoignit Liam et ils se dirigèrent vers le bureau du docteur, plus silencieux que des ombres.

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Hello ! Ça va ?

Alors voilà, j'ai rien à dire pour cette fois alors voilà, et merci pour les 100 lectures en 1 semaine ! 
Bye !

(Note à moi même : ce chapitre compte 2090 mots )

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