Chapitre 25
Quel capharnaüm !
- Comment ont-ils bien pu caser un éléphant là dedans ?
Ce fut la première question qui vint à l'esprit de Liam. Il contemplait la scène, tétanisé, tandis que Percy sortait d'un coup de sa transe pour se mettre à bouger dans tous les sens, d'une secouée d'adrénaline.
Il écarta les chevaux pour qu'ils ne soient pas blessés dans la cohue incroyable qui venait de se déclencher et tira Liam de la ligne de mire d'un rhinocéros par la même occasion.
En effet, quelqu'un venait de libérer tous les animaux retenus pour les venationes !
De concert avec cette pagaille, les cris de panique du public couvraient tout l'espace sonore : les Venationes, c'était bien moins drôles quand la situation perdait tout contrôle.
Quant au vieux sénateur, Liam ne le trouvait pas du regard. Il avait beau fouiller la foule du regard, il avait disparu sans laisser de trace.
Alors qu'une partie de la foule faisait sortir l'autre en criant au calme, trois gladiateurs au milieu de la cohue s'étaient trouvés une passion pour l'opéra.
À en croire la ménagerie qui circulait par là, on devinait que quelqu'un s'était amusé à libérer tout les animaux destinés aux jeux pour faire diversion. Qui ? Qui les aiderait ?
Des éléphant, lions, tigres ou encore des autruches, un vrai zoo.
Puis soudain, tout changea. Le ciel s'assombrit d'un coup, les personnes et animaux dans l'amphithéâtre s'animèrent en accéléré, devinrent floues puis disparurent, tandis que les sons devenaient étouffé, bientôt inexistant.
Tout était flou. Sans cesse le temps passait de jour à nuit, de plus en plus vite. On percevait en continu la rumeur d'une foule. Peu à peu ils voyaient le Colosseo se noircir, perdre des morceaux d'arcades, s'abîmer de part en part.
Une présence lourde avait pris le contrôle de l'espace, et cette présence, Percy la reconnaissait. La première fois qu'il l'avait ressentie, c'était huit ans auparavant sur la plage de Santa Monica à l'Est des États-Unis. Cronos, titan divinité du temps. Un immortel plus que cruel.
Autant dire que Percy n'était pas à l'aise. Liam lui, habitué aux voyages dans le temps, observait les alentours avec méfiance, redoutant de ce qui pouvait apparaître.
Un voyage dans le temps curieux, d'origine inconnue. Comme toujours, ce genre de voyages imprévus le rendait encore plus méfiant.
Devant eux, trois silhouettes se dessinèrent : le vieux sénateur, Marcus et Vittelius. Leurs images se définirent complètement, cessant d'êtres floues.
Vittelius semblait fier de lui pour une raison inconnue, Marcus regardait Percy dans les yeux d'un air grave, et le sénateur arborait son éternel air de complaisance.
Il faisait à présent nuit, le Colosseo était désert - exceptés les cinq fantômes. Ses pierrer étaient bien plus ternes, le sable plus rare : il y avait bien eu un changement d'époque, pas de doute là-dessus.
- Vittelius, le coup des animaux, c'était toi ? fit Percy avec un sourcil levé et les bras croisés.
Le fantôme rougeâtre bomba le torse comme s'il avait accompli un acte de bravoure, tout fier.
– Mais... commença Liam.
– Ne me remerciez pas, le coupa Vittelius. J'avais bien vu que ça dérapait, on ne pouvait pas faire durer plus longtemps...
– Non, je voulais demander pourquoi vous aviez une aura rouge.
– Ouah, rit Percy, niveau questions, tu as un sacré sens des priorités ! Vittelius est un Lare, un dieu du logement pour les romains. Donc il est rouge.
– Je vois, fit Liam d'un ton qui affirmait le contraire, et sinon il vient de se passer quoi là ?
– Je crains qu'il faille donner quelques explications, dit le sénateur en parfait français. Je suis Antonius, descendant de Cronos, ou de Saturne selon vos préférences.
– Nous sommes grecs, firent Percy et Marcus à l'unisson.
– Bien ce que je pensais, sourit le sénateur.
– Minute papillon, un descendant de Cronos ? fit Liam en fronçant les sourcils.
– J'allais poser la même question mais pas pour la même raison en fait...
– Je suis l'héritier du pouvoir de mon ancêtre, jeune homme. Toi même n'est tu pas héritier ?
– Si, rétorqua Percy, mais Cronos...
– À disparu au début du règne des dieux et disparu à nouveau au XXI siècle après la guerre que tu as mené. Oui en effet. Pourquoi cette parenté te choque ? Tu as pourtant bien entendu parler de Bryce Lawrence, le romain qui a attaqué ton ami Nico et qui est un descendant d'Orcus ? Il s'agit du même cas.
– Mais comment... Ouais en fait non je ne veux pas savoir.
Ça lui fit tilt. Décharge électrique intégrée, Liam se retint de sursauter : il venait de tout comprendre ! Héritier d'un pouvoir, Cronos, descendants, l'eau qui joue à je-fais-feu-d-artifice-intégré... Mais oui !
C'était pourtant simple ! Ils étaient des descendants ! Des demi-dieux, grecs ou romains... En tout cas ils pensaient en être - en avaient-ils la preuve ?
Sang-mêlés, c'était peut-être ça. Moitié humains, moitié dieu. Ils parlaient aussi de pouvoirs, comme le tour de magie de Percy et Marcus avec l'eau ?
Et leur ressemblance et le fait qu'ils aient contrôlés l'eau tout les deux signifiait peut-être qu'ils descendaient du même dieu. L'eau... Poséidon ?
Pris de vertiges face à cette incongrue hypothèse, Liam se prit la tête entre les mains.
– Laisse tomber Percy, grommela Vittelius. On a plus important à penser : selon toi tes amis sont en danger, nous devons réfléchir à la façon de vous faire rentrer.
– Donc nous venons grâce à toi de changer d'époque ? fit Percy.
– Parfaitement, aquiesca Antonius. Nous étions il y a quelques minutes en l'an 29 avant Jésus Christ.
– Tu utilises le même système d'années que nous, serais-tu...
– Comme toi ? À peu près, sourit-il. Mon époque de vie se trouve quelque part dans le moyen-âge, comme vous l'appelez. Seulement je préfère quitter la barbarie des guerres royales pour des contrées plus civilisées. Ironique de voir l'insalubrité d'une époque postérieure à celle-ci n'est-ce pas ?
Liam fronça les sourcils. Ou alors il était mort depuis longtemps et dans ce cas il voulait voir le monde, mais dans ce cas il ne se serait pas installé ici pour une longue durée. Il semblait vouloir fuir quelque chose de son époque. Une guerre ?
– Je voyage donc dans le temps, seulement comme toi Liam je ne peux remonter une époque après celle de ma mort.
– D'accord... Alors comment en savez-vous autant sur notre époque ? Comment nous connaissez-vous aussi bien ?
– Charon me tient au courant, c'est d'ailleurs lui que je propose d''appeler pour vous ramener à votre époque, car comme je suis mort avant le Moissonneur, il ne peut venir vous chercher.
Liam eut un soupir rassuré, et Percy blanchit d'un coup.
– Charon ? Comme Charon le nocher des enfer ?
– Évidemment. Marché conclu ?
Marcus croisa le regard de Percy (qui jura silencieusement sans raison apparente).
– Je viens, déclara Marcus.
– Soit, Antonius hocha la tête. Je viens en aide à tout fantôme dans le besoin, ça ne me pose pas problème. Dans ce cas nous partons à notre époque, et de là nous contacterons Charon. Il est occupé en antiquité et un peu plus ronchon...
– Ça veut dire que c'est le moment de repartir ? fit Liam.
– Oui, dit Percy. Vittelius, on se revoit dans deux mille ans !
L'homme sourit et le salua avant de disparaître dans un éclat rougeâtre, et Percy soupira avant de regarder Liam. Rapide, les adieux.
– On tente ?
– On a pas tellement le choix...
– C'est parti alors.
Antonius ne se fit pas attendre. Il ferma les yeux, et à nouveau le grand désordre recommença, et cette fois le lieu changea aussi.
Des paysages sableux ou enneigé, secs ou couverts de végétation, plats ou montagneux, se dessinèrent en esquisses fugaces devant leurs yeux, des images rapides qui tournaient comme dans un kaléidoscope.
Les saisons défilaient, transformant des horizons blancs à multicolores, avec tantôt la blancheur de la montagne, tantôt la sécheresse des champs.
D'un coup, Percy tituba sans raison. On voyait mal dans cet espèce de cylindre temporel, mais c'était bien assez pour s'apercevoir que quelque chose n'allait pas. Tout pâle, il se tenait la tête en grimaçant.
Au bout de quelques minutes, le temps se figea enfin. Quand leur vision s'habitua à l'immobilité, ils purent admirer, avec la vue qu'offrait leur place en hauteur.
Ils se trouvaient sur un fort en hauteur, perché et placé comme un bouchon au passage. En bas, un fleuve faisait une boucle que la montagne fermait.
En contrebas, se deployait une petite ville aux jolies maisons modestes. Leurs toits de chaume semblaient se dresser fièrement malgré la chape de plomb dégoulinante du ciel.
Percy se retint à la rambarde d'acier, respirant difficilement. Marcus regardait partout, fasciné par ce qu'il voyait, tout comme Liam, plus curieux qu'impressionné. Quant à
Antonius, il observait les alentours, et semblait chercher quelque chose.
Juste au pied de leur point de vue, la ville se tenait dans la boucle du fleuve. Ses seuls accès, la montagne ou le fleuve. Sauf que ce fleuve était en crue, et ce fort était plein d'hommes.
Heureusement, une tour cachait les visiteurs à ces hommes. Visiblement, il s'agissait de défenseurs assiégés depuis un certain temps. Ils étaient sales, mal rasés, fatigués. Mais quelque chose dans leur prestance des distinguaient des simples soldats.
Ils étaient fiers. Ils semblaient être de ces hommes qui craignaient plus de perdre l'honneur que la vie, comme s'ils ne luttaient pas pour un seigneur mais pour un tout-à-chacun. Ils regardaient la pluie comme si elle représentait l'espoir.
Antonius trouva très vite ce qu'il cherchait, et Liam suivit son regard, comprenant d'un coup l'état des hommes du fort : au delà du fleuve, une armée de soldats rouges, bleus et blancs, se massaient en garnisons.
Liam se revit à Montségur, à résister avec les Cathares à l'armée de l'évêque d'Albi. C'était à peu près la même situation, sauf que là, le fleuve protégeait la ville : les soldats ne pouvaient passer faute de se faire embarquer par les eaux tumultueuses du fleuve !
– C'est bien ce que je craignais, marmonna Antonius. J'ai fui cette époque pour échapper à ces carnages, je ne supporte pas ces guerres. Mon pauvre pays ! Louis XIV à mis en marche son armée pendant mon absence, ce ne sera plus qu'une question de jours pour qu'on se fasse prendre. Tu vois le fleuve devant la ville ? Il les retiens, mais ça ne durera pas.
– Louis XIV ? Mais si il attaque, c'est que nous ne sommes pas en France !
– Oh nous le seront bientôt ! Ce n'est pas encore le cas, cette terre n'appartient pas encore au roi mais à celui d'Espagne. Selon Charon, cette ville deviendra conséquente, et le roi demandera à Vauban, l'architecte, d'en améliorer la Citadelle où nous nous tenons. Pour l'instant...
– Quel sera le nom de cette ville ? Nous sommes en quelle région ? L'Alsace ?
– L'Alsace ? Oh non. Mais cette ville Jules-César lui-même en parle en des termes honorifiques. On l'appelle à son époque Vesontio, et c'est un remarque comptoir économique pour les romains. A la ton époque, Besançon.
– Ce nom me dit quelque chose...
– Et pourtant ce sera, avec la Bretagne, une des régions les plus riches et fière de France : la Franche-Comté.
&&&&&&&&
Hello !
Alors oui, je sais, C'est ne pas se fouler beaucoup de parler de son pays pour ne pas à avoir fait trop de recherches sur Internet. Mais c'était tellement tentant !
Contre vents et marées (ou plutôt contre panini et vidéo YouTube...)
Je vous livre ce chapitre !
(J'ai remarqué qu'en écrivant j'avais laissé quelques notes traînant dans le coin entre deux bouts de chocolats égarés... mais C'est super!! Du chocolat !!)
Quelqu'un a remarqué que j'essayais de vous donner faim depuis le début de cette nda ?
Bref. Le média, C'est la boucle du Doubs avec la Citadelle derrière
Brefouille. Je suis encore partie dans un délire. Donc je vais vous dire au revoir avant que ça ne parte vraiment en cornichons.
Bis bye !!
(Note à moi même : ce chapitre compte 1982 mots)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top