Chapitre 2
Liam et Cléa étaient en cours de maths à la bibliothèque, en train de se dépêtrer avec l'algèbre. Le silence était seulement troublé par les bruissements de papier, un calme total régnait dans la pièce.
Christine lisait un livre d'histoire, assise confortablement dans un grand fauteuil. La vieille institutrice leva la tête quelques secondes et, surprise, remarqua :
- J'ai l'impression que le ciel s'assombrit, marmonna-t-elle.
Tous regardèrent en direction de la mer. De la fenêtre grande ouverte qui donnait sur la façade arrière du Manoir, on voyait un paysage de carte postale : la mer s'étendait a perte de vue, le ciel bleu et une petite île avec ses palmiers au milieu.
Enfin, là, le paysage était un peu moins idyllique. La mer s'agitait de plus en plus, le ciel se remplissait d'inquiétant nuages.
- Quelqu'un de nouveau arrive au Manoir ? supposa Liam en fronçant les sourcils.
- Peut-être...
C'est à ce moment-là que retentirent trois coups sourds frappés contre la porte d'entrée, suivis de la sonnerie d'alarme : lorsque quelqu'un arrive et sonne, c'est qu'il n'est pas de la maison, et que c'est la première fois qu'il entre dans ce qui sera à présent sa nouvelle demeure.
- Plus de doute, réagit Christophe. Vite, à la salle d'armes !
La salle d'armes, c'était le seul endroit sécurisé du Manoir où, à l'arrivée de chaque nouveau pensionnaire, tout le monde, sauf les administrateurs, se réfugiait, au cas où le nouveau venu serait dangereux.
En s'y dirigeant, Cléa et Liam s'arrêtèrent quelques secondes dans une chambre pour récupérer un jeu, de quoi s'occuper. La fenêtre donnait sur la façade avant du Manoir, la cour où les véhicules se garaient. Aussi, ils en profitèrent pour vérifier discrètement à travers le lourd rideau ce qui s'y trouvait.
Ce qu'ils y virent les rassurèrent : le taxi était garé dans l'allée. Généralement, cela indiquait que le nouveau n'était pas un dangereux.
Non, celui-là serait plutôt du genre à avoir un problème qu'à poser problème. Toutefois l'arrivant passait toujours tout de même - arrivé avec le Taxi ou non - par le bureau du docteur Roy, car les nouveaux cachent souvent leur vraie nature. Or, s'il s'agissait d'un mauvais, cela mettrait en danger tous les pensionnaires.
Ils se hâtèrent de rejoindre la salle d'armes, car le docteur mettait parfois du temps à évaluer les nouveaux : cela pourrait prendre plusieurs heures.
D'ailleurs, tant que le nouveau n'était pas un "blanc", un normal, de façon certaine, les autres devaient se tenir sur leurs gardes. Ils devaient faire attention aux attaques éventuelles des "gris", des dangereux, jusqu'à ce que l'on soit sûr à cent pour-cent d'être en sécurité.
Système de vie un peu paranoïaque, certes, mais au moins il était sûr.
Arrivés à la salle d'armes, Liam et Cléa jouèrent aux échecs pour passer le temps.
Le Manoir était un lieu plein de vie, mais l'arrivée d'un pensionnaire était un événement important. Ne sachant jamais à qui on pouvait avoir affaire, on fermait les rideaux, on éteignait les bougies, on se cloîtrait dans cette salle et on ne faisait aucun bruit. Le danger venait de partout...
Léonidas revint de sa ronde habituelle un quart d'heure plus tard, l'épée à la taille et l'armure au complet.
- Alors ? demandèrent les jeunes Hoël et Ariane en cœur.
- Pour l'étage, répondit Léo de son laconisme habituel.
- Quel âge environ ?
- Jeune.
- Quel genre ? fit Momo.
- Tempête, mais lui-même est plutôt calme.
Léo voulait dire par là que le nouveau avait créé une tempête en arrivant. Lorsque l'on arrive au Manoir, on crée un temps qui reflète l'état d'esprit dans lequel on est... À l'instant présent ou à l'habitude. Ainsi, souvent, les nouveaux arrivaient dans un orage, une tempête, ou une averse. D'autres fois le temps était à la neige comme lorsqu'Hoël était arrivé, des temps calmes.
Léonidas repartit tandis que les suppositions s'amassaient.
- S'il à créé une tempête il y a une possibilité que ce soit un gris qui cache son jeu, supputa Édouard. Il paraît calme, mais on ne contrôle pas ses créations.
Un "gris", ou un "dangereux", est le nom que l'on donne aux meurtriers enfermés à la cave du Manoir, et dans ses supputations, Édouard avait raison, c'était plausible. Dans un tel cas, les pensionnaires seraient mis en danger par un éventuel meurtrier.
- Peut-être, mais cela pourrait être aussi que la tempête est son temps préféré, contra Lou.
- Quand je suis arrivé, reconnut Liam, je n'étais pas en colère, seulement impressionné et dérouté, et pourtant ce soir-là j'avais généré un orage.
- S'il est jeune, emménage avec nous et est arrivé en taxi, je doute que ce soit un gris, fit remarquer Christine en levant le nez de sa lecture.
- Christine a raison, n'allez pas chercher plus loin ! "Et puis si ça se trouve, il va nous estourbir, dans dix minutes il ouvre la porte des gris" ! Pfff, et c'est reparti pour un tour tiens ! grommela le capitaine qui battait les cartes dans son coin.
Sa remarque sourire tout le monde et clôt la discussion. C'était vrai qu'à chaque nouvel arrivant, la question se posait, et c'était assez lassant.
Tous retournèrent à leurs occupations, sans faire trop de bruit pour rester discret, jusqu'à ce que la sonnerie résonne à nouveau pour annoncer la fin de l'alarme. Les pensionnaires regagnèrent tous leurs chambres en silence. Si certains étaient impatients d'apercevoir le nouveau venu, d'autres espéraient qu'il ne provoque pas de nouvelles catastrophes.
**
On vit l'homme arrivé la veille pour la première fois le lendemain matin, au petit-déjeuner.
Le petit déjeuner, un moment essentiel dans la vie du Manoir : le moment où tout le monde se réunit, commence une nouvelle journée, fait le point.
Depuis un moment, absolument tous les pensionnaires y assistent, ce qui ne se faisait pas avant l'arrivée de Liam. Premier de tous ces jeunes qui couraient dans les couloirs à présent, c'était lui qui avait renversé la situation au Manoir. Au départ, chaque pensionnaire souffrait en silence dans les innombrables chambres de la demeure.
À présent, tous formaient une équipe soudée, prête à affronter tous les dangers que pouvaient courir des gens comme eux. C'était pour cela que Liam était un peu le meneur de cette bande, même si tout le monde avait une place égale à celle d'une autre dans ce lieu de vie, sans distinction de couleur ou d'âge.
Bande qui allait en s'agrandissant, car le Manoir attirait les pensionnaires : ce nouveau qui venait de s'arrêter dans l'encadrement de la porte en était un exemple.
Liam était déjà à table avec sa petite-amie Cléa. Momo, Lou, Édouard et Alec à côté. Ils furent les premiers à le remarquer quand il arriva.
Le nouveau s'était arrêté sur le pas de la porte pour observer la pièce, avec air méfiant et hésitant. Normal, pour un nouveau d'être déstabilisé : son arrivée, dans le plus grand silence, s'était faite dans une maison rendue terne, vide par l'absence. Tous les autres étaient cachés à ce moment là !
Pourtant là, il avait sous les yeux un lieu plein de vie, des gens qu'il ne connaissait pas et qui, à son arrivée, se mettaient à le dévisager.
Les conversations formaient un brouhaha modéré qui régnait dans la salle baissèrent de volume. Tout le monde dévisageait à la dérobée l'arrivant.
Léonidas l'avait qualifié de "jeune". Pour les enfants comme Hoël, le petit de cinq ans, on pouvait presque dire "vieux" : il avait la vingtaine environ.
Il avait des cheveux sombres, en bataille. Ses traits du visage étaient finement ciselés, et ses yeux bleus-vert comme l'océan un jour de beau temps pétillaient de curiosité et de malice.
Ainsi, il arborait un air un peu sombre et imprévisible, le genre qui valait toujours la qualification de "fauteur de troubles" auprès des profs et finissait toujours collés au premier rang.
Il était de taille moyenne, bronzé, mince et un peu musclé. Ses doigts bougeaient sans cesse, comme pour évacuer un trop-plein d'énergie - peut-être était il hyperactif ?
Comme Liam, il était en Blues Jeans et en tennis. Son t-shirt orange portait une inscription cachée par sa veste légère.
Plusieurs détails en indiquaient un peu plus sur lui : il portait une bague à l'auriculaire de la main droite (ce qui signifiait en général que la personne était fiancée - merci Cléa-Info). Elle portait pour inscription en grec un Pi bleu-vert et un Alpha gris - les lettres P et A en français.
Au cou, il avait un petit lacet de cuir, sur lequel de grosses perles de terre cuite peintes de motifs étranges étaient enfilées, ainsi qu'un petit pendentif en forme de trident.
À bien observer, l'homme paraissait assez gentil, même si pour le moment il avait l'air plutôt nerveux.
Au bout d'un très court instant, il se décida enfin à entrer, et se dirigea vers une table à l'écart où son repas l'attendait déjà.
- S'il mange à l'écart, c'est qu'il n'a sûrement pas envie de parler, chuchota Alec. On ne contrôle pas ses créations.
- Et elles trahissent souvent les émotions, ajouta Lou.
"Création", comme le temps qu'il avait créé dehors en arrivant. S'il voulait manger ça, il l'avait, même si c'était inconscient. Or, si son plat l'attendait loin de la table des autres, c'était qu'il préférait être seul.
Les conversations reprirent, et tout le long du repas, le nouveau jeta des regards intrigués à Léonidas.
Cela n'étonna pas Liam, c'était vrai que Léonidas était assez singulier - lui-même au début l'avait pris pour un fou et avait, à cause de cela, cru être dans un hôpital psychiatrique.
Une fois le repas fini, les Cinq Doigt de la Main (dont Miracle à qui on avait demandé de ne pas parler au cas où le nouveau n'était pas au courant de son état - le fait de voir un chien qui parle est rarement très rassurant) Liam, Cléa, Édouard, Lou et Alec avaient cours d'E.P.S..
Liam en profita pour tenter d'aborder le nouveau tandis que les autres partaient s'équiper à la salle d'armes. Sa besogne le forçait à devoir cerner le personnage au plus vite.
- Salut ! tenta-t-il. Ça te dirait de venir en cours de sport avec nous ?
Il hocha la tête pour accepter. Liam l'attendit avant de l'entraîner vers la salle d'armes pour qu'ils s'équipent à leur tour. Une fois arrivé, il désigna les murs ou étaient accrochées des armes et lui fit signe d'en choisir une, mais l'homme parut comprendre et refusa d'un geste.
Cléa et Lou s'approchèrent tout en enfilant leur lino-thorax, une sorte de plaque de bronze et de cuir couvrant la poitrine et le ventre avec une partie dans le dos. Lou, avec sa délicatesse habituelle, sauta les pieds dans le plat :
- Salut ! Moi c'est Lou et toi ?
- Je m'appelle Percy, répondit le nouveau.
C'était la première fois qu'il prenait la parole : il avait une voix chaude et un peu grave.
- Je veux tout le monde prêt dans le parc dans cinq minutes, fit Léo.Je vous rejoins plus tard, vous commencerez à vous échauffer en m'attendant.
Le Spartiate ne prêtait pas grand intérêt au fait que Percy soit nouveau et déstabilisé. Il venait, alors il était traité comme les autres, sans cérémonie d'accueil inutile ou explications.
Percy nous regarda finir de nous équiper sans dire un mot, un peu gêné. À présent, c'était Léo qui le regardait d'un air interrogatif, sans piper mot non plus.
Une fois que les autres furent prêts, ils partirent commencer l'entraînement. Liam, étant arrivé après les autres, partit de manière à avoir eu le temps de voir Léo se pencher vers Percy en lui disant des choses qu'il ne comprit pas.
Il crut d'abord que c'était juste qu'il avait mal entendu, avant de se rendre compte que les deux hommes parlaient en grec. Non, en grec ancien. Pourtant, au milieu d'un flot de paroles trop rapides, Percy haussa à peine le ton et Liam parvint à perçevoir le mot "Graecus".
"Grec" en latin. Ce fut le seul mot que Liam parvint à entendre. De quoi parlaient les deux hommes ? Pourquoi ce seul mot en latin dans une conversation en grec ?
Il sortit de la salle en les laissant en grand conciliabule. Une fois dehors, Liam et Cléa entamèrent un duel à l'épée grecque - normal, car leur maître était Léonidas, le roi de Sparte. Un combat à l'épée selon leur maître était bien plus noble. Pour son époque en tout cas, mais enfin, on respectait ses règles.
Lou, avec son bâton servant à chasser le tangue, défiait Édouard à l'épée médiévale. Hoël s'entraînait à la fronde (ou plutôt jouait à va-chercher avec Miracle) et les autres engagèrent un combat avec des épées grecques créées par l'esprit de Léo. Un entraînement intensif qui avait des mérites moraux et physiques.
Comme promis, Léo et Percy les rejoignirent une minute plus tard : Percy était en armure semblable à celle de Léo - plus complète que celle des pensionnaires du Manoir. Sans doute, elle lui appartenait.
Il avait à la main une épée que Liam n'avait jamais vue à la salle d'armes : une lame double tranchant en forme de feuille, de facture grecque, tout en bronze avec la poignée couverte de cuir et une inscription sous la garde en grec ancien : Anaklusmos, Turbulence Marine en français. Était-ce une création de Léo ?
Percy se mit en garde devant ce dernier, l'épée au clair : pas une erreur dans son positionnement.
"Il va se faire massacrer " pensa Liam - il en fut d'ailleurs radicalement détrompé. Liam se mit en garde contre Cléa et engagea le combat, Cléa répondit à son assaut avec ardeur.
Au bout d'une minute, elle s'écarta.
- Pouce ! cria-t-elle avant de regarder en direction de Léo.
Liam qui pensait il y a à peine une minute que Percy n'y couperait pas, et bien il pouvait aller se rhabiller !
Ce dernier se battait à la manière grecque, et il parvenait à tenir le rythme que lui imposait Léonidas, qui le talonnait pourtant ardemment - plus ardemment qu'il ne le faisait avec ses élèves habituels. De temps à autre, un coup partait différemment du style grec...
La manière grecque ET romaine ! Il maniait son épée à la fois comme telle et comme un "gladius", un glaive romain.
Le combat était étonnant. Subjugué, l'esprit de Liam bouillait de questions et de conclusions. On voyait rarement Léonidas user de toute sa force au combat. Les adversaires maniaient leurs armes avec une agilité stupéfiante.
Léo lança un assaut que Percy para avant de porter un coup à sa tête : Léo contra de justesse, mais Percy fit dévier sa lame et frappa brutalement sous la garde de Léo.
Son épée vola cinq mètres plus loin : Léo était désarmé, l'épée de Percy pointant vers sa poitrine.
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Salut tout le monde, c'est encore moi, revenue une fois de plus vous pourrir l'existence !! Voilà mon deuxième chapitre, j'essayerai pour les suivants de m'en tenir à 1 par semaine mais en format papier je n'en suis qu'au 14 donc peut être à un moment serais je plus longue. Surtout que l'école reprend bientôt donc je vais devoir me concentrer sur mes cours, ce sera plus difficile d'écrire. (Phrase de quarante douze kilomètres de long là...)
Oh, et si j'ai fait des fautes, dites le moi en commentaires, je corrigerais. Même si vous avez rien à dire dites le moi quand même
Bye
(Note à moi même : ce chapitre compte 1943 mots)
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