Je me retrouve face à Tadeo, je m'étais réveillée quelques minutes après, dans les bras du directeur alors que Charlotte paniquait derrière.

C'est pas la honte.

- Pourquoi est-ce que je tombe dans les pommes à chaque fois ? Je lui demande.

- Parce que tu n'est pas habituée, et qu'à chaque fois tu te sers de beaucoup d'énergie. Ça va venir, mais il faut y aller doucement.

- Comment je fais alors ?

- Commence par me dire ce que tu ressens quand tu te sers de ton don.

Je soupire et ne dit rien. Il fait la moue.

- Il va falloir que tu me le dises un jour si tu veux pouvoir te servir de tes pouvoirs.

- Je sais que je ne contrôle pas, mais j'aime bien m'en servir, c'est comme si je me sentais vivante.

- De quoi tu te sers pour appeler ta foudre ? Quelles émotions ?

- De la colère, c'est toujours quand je suis énervée.

- C'est comme ça que t'a grillé le monstre. T'étais en colère. J'hoche la tête. Ça a un rapport avec la nuit où je suis venu te trouver pas vrai ?

Je détourne la tête, me refermant sur moi même.

- Il s'est rien passé ce soir là. Je dis froidement.

- Tu plaisantes ? T'étais couverte de sang.

Ma respiration devient rapide alors que des flashs me reviennent.

- Et je sais que ce n'était pas ton sang. Il continue.

Je le sens de nouveau et j'ouvre les yeux en le regardant.

- Qu'est-ce que tu ressens maintenant ?

- J'ai vraiment envie de t'en foutre une.

Il sourit.

- C'est trop facile de t'énerver. Tu ne contrôlera jamais rien si tu déclenche ton don avec de la colère. C'est une émotion trop instable.

Je commence à me calmer.

- Essaie de trouver une émotion positive.

- J'en ai pas. Je dis de but en blanc.

- Tu as forcément un bon souvenir. Essaie de trouver le meilleur souvenir que tu puisses avoir. Ça peut être un fou rire comme ça peut être une attention que quelqu'un a eu pour toi. Par exemple, pour moi c'est la fois où mon père m'a emmené au parc d'attraction. J'avais 11 ans, il est monté dans tous les manèges avec moi malgré sa peur bleue du vide. C'était la meilleure journée possible.

- Pourquoi ça ?

- Il est mort deux jours après. Un accident de voiture en rentrant du travail. Il n'a pas survécu.

- Mais ça ne te rends pas triste d'y penser ? Je demande compatissante.

- Avant oui. Mais je me suis rendu compte que c'est la dernière fois que je l'ai vu rire, sourire, et il a dépassé ses peur pour me rendre heureux. Alors j'ai décidé d'en retenir que le positif.

- Je sais pas si j'arriverai à faire ça...

- Je suis sûr que tu peux le faire. Je t'ai vu griller cette créature sans faire d'efforts, tu es puissante. Il faut juste que tu trouve la bonne émotion.

Je ferme les yeux en me concentrant, cherchant un souvenir joyeux.

Tout ce qui me venait en tête était Venus.

Je me souviens de cette fois où on a regardé "She's the man" pendant une soirée pyjama. On a rigolé tout le long du film.

Je tente de faire venir un petit éclair dans ma main mais j'y parviens à peine.

- Tu es sur la bonne voie Sasha, mais il faut quelque chose de plus fort. Cherche bien. M'encourage Tadeo.

Je continue de me concentrer en respirant calmement. Bingo.

Je sors mon téléphone et il me regarde faire en fronçant les sourcils. Je fais jouer la chanson, souriante, un peu nostalgique.

Je regarde mes mains en me souvenant de chaque détail de ce jour.

Des éclairs éclatent dans mes mains et Tadeo sourit.

Les Twenty Øne Piløts. Venus m'avait traîné au concert, mais j'avoue que j'adore aussi leur musique.

On s'était éclatées ce jour là. On avait dansé, et on avait rit. On avait bu un peu aussi, mais pas assez pour être bourrées, juste un peu pompettes.

- C'est génial ! Regarde !

Je regarde mes mains en souriant, ayant la légère envie de pleurer. D'ailleurs une larme roule sur ma joue et j'arrête avant de l'essuyer. Je me lève en reprenant mon téléphone et il fronce les sourcils.

- Ça va Sasha ? Il demande inquiet.

- J'vais retourner dans ma chambre.

Je le laisse et retourne dans ma chambre en essayant de retrouver un rythme cardiaque normal, sinon j'allais m'effondrer en pleurs dans le couloir.

Je rentre dans la chambre et Dae-won me regarde inquiet.

- Ça va ?

- Oui ça va. J'entends ma voix trembler, et merde.

- T'es sûre ?

- J'ai besoin de prendre une douche.

Je prends rapidement mes affaires et m'enferme dans la salle de bain. Je sens les larmes couler sur mes joues alors que je me déshabille devant le miroir.

Le visage de Venus se dessine à la place du mien et je file sous la douche en laissant toute ma peine sortir.

Je pleure, essayant de ne pas faire trop de bruit.

Puis après quelques minutes, j'ai réussi à me calmer. Et je me sentais un peu mieux.

Je me suis séchée et j'ai mis mon pyjama. J'avais les yeux un peu gonflés mais tant pis.

Je déverrouille la porte et l'ouvre. Immédiatement, Dae-won avance vers moi. Il me serre contre lui et je reste stoïque, surprise.

- Si t'a pas envie d'en parler, je respecte. Mais sache que je suis là, si jamais. Il dit en me serrant un peu plus fort.

Je ferme les yeux avant de le serrer à mon tour.

- Merci Dae-won.