Révélations

Déjà 21h, il faut que je l'appelle absolument pour avoir la confirmation de mon inquiétude et surtout la raison à ça.
Je sais pertinemment que j'ai remué de vieux démons en allant à son secours mais quelque chose me pousse à faire ça. Comme si j'étais obligée de la sauver.
Automatiquement, cela me renvoie à ma défunte femme.
Morte suite à une tentative de suicide car elle ne supportait plus le fait d'être incapable de faire des enfants. La plus grosse douleur d'une femme c'est sûr.
Je m'en souviens comme si c'était hier.
Il y a quatre ans et demi, elle est tombée en dépression, elle a commencé à se mutiler, bien sûr je ne le cautionnais pas, mais rien ne l'arrêtait et puis un jour elle est passée à l'acte.
Je rentrais d'une journée de cours, une ambulance était postée devant l'entrée de l'immeuble, mon voisin et ma meilleure amie qui habitait à l'étage au-dessus, sont venus à ma rencontre, m'expliquant que les secours n'avaient rien pu faire...
Je me revois me diriger vers la voiture en trombe, ma femme sous le drap blanc. Je ne sais pas combien de temps je suis resté devant le brancard les lèvres collées sur son front, mes larmes couvrant son visage...
Je ne supporterai pas de revivre ça une seconde fois, bien que ce ne soit qu'une élève, pour moi c'est plus que ça, c'est une personne à part entière qui a besoin qu'on l'aide.
22h30, Mince.
J'attrape mon téléphone en vitesse mon carnet et compose son numéro. J'espère qu'elle va répondre.

- Allô... répond une voix somnolente.

- Mince Sarah, c'est Quentin, je vous réveille.

- Non c'est bon...

Je ne peux m'empêcher de sourire.

- Je n'en ai pas l'impression.

- Non je comatais juste.

- Ok, bon parle-moi, dis-moi tout ce qui ne va pas. Je te l'ai dit je peux t'aider si tu le souhaites.

- Personne ne peut m'aider c'est tout, c'est comme ça.

- Comment en es-tu arrivée là ?

- Pour mes marques ?

- Oui... soufflais-je dans le téléphone.

- Ça a commencé en 6e... j'étais tout le contraire des autres et quand vous n'êtes pas ce que les autres attendent, vous êtes facilement rejeté.

- Je vois oui... Je comprends que vous l'ayez mal vécu. Vous vous êtes donc réfugiée sur tout ce que je pense ? Je me trompe ?

- ...Non...

Je ne sais pas pourquoi je m'apprête à lui annoncer ça, mais sur le coup je pense que c'est une bonne idée.

- Ma femme s'est suicidée il y a 4 ans...

- Je refuse que vous empruntiez le même chemin Sarah, moi tant que je serai vivant je ne vous laisserai pas continuer à vous faire du mal, vous m'entendez ?

- C'est juste de la scarification ! Ce n'est rien de grave...

- Jusqu'au jour où vous vous couperez plus profond... dis-je d'une voix à moitié étranglée.

- À présent que je sais pourquoi vous vous inquiétez pour moi, je peux vous dire que ce n'est pas la peine.

- Les vies humaines en valent toujours la peine. Vous êtes jeune, vous avez la vie devant vous, ne gâchez pas tout. Et vos parents ?

- Ma mère m'élève seule depuis le décès de mon père.

- Mes condoléances...

Il y a un blanc pendant quelques secondes puis je reprends.

- Sarah ? Promettez-moi juste une seule chose d'accord ?

- Laquelle ?

- Arrêtez de vous faire du mal. Vous êtes belle, jeune vous avez des amis et même une mère qui vous aime... Moi maintenant. Si vous acceptez mon aide bien que je ne vous laisse pas le choix. Je suis prêt à vous aider à présent que je sais ce qui vous fait mal. Alors vous me promettez d'arrêter ?

- Je ne sais pas... me répond-t-elle.

De nouveau un blanc... j'espère ne pas avoir tiré sur la mauvaise corde.

- Si vous ...

Et avant que je ne finisse ma phrase, elle raccroche.

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