Il est 23h30 et je regrette déjà ma révélation. Cela fait plus de 45 minutes que je suis à la recherche du sommeil, un sommeil que je ne risque pas d'avoir maintenant que je lui ai tout dit, tout de moi, de mon mal-être... de ma scarification...
Je sors alors mon IPod et j'écoute de la musique. Je décide de tout mette en aléatoire pour voir si Dieu est avec moi. Visiblement non. Pourquoi sans doute vous demandez-vous. Soyez attentifs à ce qui va suivre.

« Salut moi c'est Ana, je sais on ne se connait pas
« Mais je suis l'amie de beaucoup d'gens comme toi
« Je t'en prie, n'aie pas peur,
« Je ne veux que ton bonheur
« Tu sais ton corps est une erreur
« On va commencer doucement
« Non rien de bien méchant
« Alors parlons sérieusement »

Bref, il n'est vraiment pas, mais alors pas du tout avec moi et en plus il me donne droit à « Bring me to life », « Ta meilleure amie » et « Amsterdam ». Youpi !
À ce moment précis le fait que la porte de ma chambre s'ouvre d'un seul coup me fait sursauter.

- Sarah ! Tu te moques de moi j'espère ! Il est bientôt 2h du matin, pourquoi tu dors pas encore ??! Braille ma mère.

- Je stresse pour le bac c'est pas de ma faute ! dis-je faussement.

- Ah... s'adoucit-elle, excuse-moi chérie je comprends.

- Pas grave maman, répondis-je sur un ton rassurant.

Son téléphone se met à sonner. Tiens bizarre...

- Qui est-ce qui peut ressentir le besoin de m'appeler à une heure pareille ? J'espère que c'est important au moins. Tu sais qui ça peut être toi ? me demande-t-elle.

- Non aucune idée...

Je me sens anxieuse soudainement... Pourvu qu'elle ne décroche pas et que ce ne soit pas... Mince elle va dans sa chambre, je pourrais rien entendre et si je bouge elle va me griller avec ce plancher qui craque tout le temps.

Pendant ce temps chez Quentin

J'espère que Sarah ne va pas m'en vouloir d'appeler sa mère. Je compose le numéro et une voix me répond avant la 3e sonnerie :

- Allô ? Qui est à l'appareil ?

- Bonsoir, pardonnez-moi de vous appeler aussi tard... Je suis un des professeurs de Sarah votre fille.

- Oui, mais pourquoi m'appeler à une heure pareille ? C'est impoli vous savez ! me dit-elle agacée.

- Je vous appelle au sujet de votre fille, je suis désolé de vous dire ça comme ça mais c'est assez grave et il va falloir m'écouter... sans vouloir vous commander.

- Vous me faites peur... me dit-elle la voix tremblante.

- Écoutez, tout d'abord il va falloir jeter tout ce qu'il y a de coupant chez vous ou alors le mettre sous clé d'accord ?

- Oui d'accord mais...

- Si ce n'était pas grave, continuais-je en la coupant, je ne vous appellerais à une heure aussi tardive, j'aimerais m'entretenir avec vous et sa professeure Principale demain à 14h30. Vous êtes disponible ?

- Oui oui, demain parfait, je finis à midi et demi... Vous m'inquiétez tellement,

- elle n'est pas sérieuse à l'école c'est ça ? Elle a fait des bêtises... ?

Je m'en veux de lui exposer les choses de cette manière, je sens sa voix nouée mais je dois agir ainsi, pour le bien de Sarah.

- Non elle est très sérieuse, il est tard je vais vous laisser, je vous dis à demain.

- Vous savez ma fille fait une dépression à cause de mon mari...

- Comment ça à cause de votre mari ? dis-je étonné.

- Je vous expliquerai tout demain à notre entrevue... j'ai besoin de repos je ne me sens pas très bien...

- Bien évidemment, pardonnez-moi encore de vous avoir appelé aussi tard....

- Est-ce si grave que ça ? Dites-moi je vous en supplie, dites-moi simplement si...

Et avant qu'elle ne termine sa phrase je raccroche.

La détresse de cette mère, si seulement j'avais pu moi aussi avoir cette détresse au regard du mal-être de ma femme, peut-être qu'elle serait toujours là...
Je déteste raccrocher comme ça mais les larmes montent tellement vite depuis que je connais cette adolescente, elle ressemble tellement à ma femme. Par cette pensée je m'aperçois que je ressens quelque chose d'étrange. Je dois m'enlever ça de la tête immédiatement, je suis son professeur et c'est mon élève.