Chapitre 33
Nessa n'eut guère besoin de lever les yeux vers l'homme qui venait d'entrer pour savoir qu'il s'agissait de son amant. Son cœur s'emballa immédiatement.
" Es-tu amoureuse ? "
Au prix d'un effort surhumain elle se redressa pour venir plonger son regard dans le sien. Elle crut fondre sur place mais se contenta seulement de sourire.
- Bonsoir, ma belle...
Il vint écraser sa bouche contre la sienne comme si c'était le dernier. Exigeant, autoritaire, la pression fiévreuse de ses lèvres sur les siennes lui évoquaient presque un sentiment désespoir.
- Bonsoir, murmura-t-elle lorsqu'il s'écarta sans relâcher son visage.
Il l'étudiait comme une étude scientifique. Son regard se promena sur sa gorge, ses lèvres, ses yeux. Rougissante elle finit par froncer des sourcils.
- Quoi ? Que se passe-t-il ?
- Rien, je suis seulement content de te revoir.
Sa voix fut profonde, énigmatique. Nessa avait fini par prendre l'habitude de déceler tant de mystères dans ses yeux d'encre sans avoir trouvé le moyen de les résoudre.
- Je te pensais au travail.
- Impossible de me concentrer, un véritable calvaire, répondit l'homme en passant une main sur le visage ; Devinez à cause de qui mademoiselle Blake ?
Faussement vexée d'en être la cause Nessa se pointa du doigt presque fièrement. Il lui jeta un regard mécontent puis contourna le comptoir...allant sans vergogne consulter son agenda.
- Que fais-tu ?
- Je vérifie si tu seras à moi d'ici les deux prochains jours, répondit-il en consultant les pages sans la regarder.
Bouche bée mais frissonnante elle secoua imperceptiblement de la tête.
- Qui sont ces personnes ? Des hommes ?
Cette fois-ci, Nessa fut submergée par une émotion particulière.
- Je ne pensais pas que tu étais le genre d'homme à être jaloux ?
Il redressa enfin la tête, rictus aux lèvres.
- Figure-toi que je me suis découvert ce sentiment de jalousie il y a peu.
Nessa se pinça les lèvres pour retenir un sourire.
- Que vois-je ? Est-ce un sourire frémissant ?
Nessa réprima ce sourire consciente que celui-ci était loin de le ravir.
- Alors ? Ajouta l'homme l'air impatient.
- Ce ne sont pas des hommes mais des couples qui organisent des dîner. Ce sont des clients régulier.
Il referma son agenda convaincu.
- As-tu fini ? Demanda-t-il d'une voix plus douce.
Nessa acquiesça d'un léger mouvement de tête.
- Viens chez-moi Nessa.
Ce n'était pas une proposition ni même une question mais une exigence.
- Je ne peux pas Elijah, j'ai du travail demain.
Il lâcha un juron, le regard pénétrant comme celui d'un guerrier loin d'être battu.
- Je ne vais pas survivre une nuit sans toi, dit-il les dents serrées.
Flattée, le cœur battant à la chamade, elle déglutit péniblement.
- Et si tu restais ? Proposa Nessa d'une voix hésitante.
Elle aussi n'avait pas envie qu'il parte. Surpris il leva un sourcil vaguement amusé mais se prit au jeu. Une vague de bonheur la submergea lorsqu'il retira sa veste.
- Très bien, je me plis ce soir, je reste mais ce n'est que partie remise.
Elle décela une lueur de défi percer son regard d'encre.
- Tu...es sûr ? demanda-t-elle nerveusement.
Il vint s'emparer de sa taille pour venir poser un baiser sur son front.
- Bien-sûr que je suis sûr, affirma-t-il en avisant l'étroit escalier ; Montre-moi où tu habites.
L'étage supérieur était aménagé modestement. Elle eut soudainement honte de lui montrer. Mais il était trop tard pour reculer. Alors elle lui emboîta le pas et emprunta l'escalier. Les murs en pierre laissait une désagréable sensation de froid. Quand elle ouvrit la porte elle n'osa pas se retourner tout de suite.
Elijah serra les lèvres pour éviter tout commentaire. Il n'avait aucun droit de critiquer le faible espace de vie qu'elle avait à sa disposition. Néanmoins il s'accordait le droit de la convaincre de venir vivre avec lui.
Ça y est, il l'avait dit.
- C'est petit, tu as peu de meuble ma belle, nota-t-il d'une voix qu'il aurait voulu moins grave.
- J'ai le nécessaire, dit-elle avec empressement.
La cuisine bordait le coin du mur. En face, un faible espace composé d'un vieux canapé sans table basse, une télé et une commode en chêne. Et au fond, séparé d'une vieille poutre en bois, un lit qui possédait à peine deux place.
- Nous allons devoir nous serrer, murmura-t-il en lui souriant.
La jeune femme semblait guère amusée voire morte de honte.
- Ne soit pas si mal à l'aise Nessa, dit-il en venant l'enlacer par la taille.
- Je ne suis pas mal à l'aise, mentit-elle alors que ses joues empourprées la trahissaient.
- Lorsque j'étais en prison, crois-moi mon lit était beaucoup plus petit que ça.
Nessa ne décela aucune trace d'émotions dans sa voix à ce désagréable souvenir.
- Ne t'inquiète pas, assura-t-il en plantant un baiser sur son front ; Ça me conviens.
Nessa plissa des yeux. Sa voix ne semblait pas aussi convaincue que ce qu'il voulait laisser croire. Décidée à ne rien dire au risque de gâcher la soirée ce fut que lorsqu'ils furent allongés dans son lit étroit qu'il mit fin au mensonge déclaré deux heures plus tôt.
- Viens vivre avec moi.
Nessa cilla, sous le choc, envahie par des émotions contradictoires.
Elle se redressa sur le coude. Il fixait le plafond sans jamais cesser de lui caresser le bras.
- Elijah, tu sais que c'est impossible.
- Bien-sûr que si c'est possible, il te suffit de dire oui.
Soudain une violente nausée lui monta à la gorge.
- En réalité c'est toi qui a honte de ma situation.
Son regard devint ténèbres.
- Je t'interdis de dire ça ! S'emporta-t-il en plongeant son regard noir dans le sien ; Cela n'a rien à voir avec ça.
- Alors pourquoi ?
- Parce que je le veux c'est tout, articula Elijah les dents serrées ; Crois-moi ma douce cette situation est en train de me rendre fou. J'ai passé la journée à réfléchir. Tu es affichée dans les magazines, certains journalistes ont rapporté que tu étais toujours avec moi. Savoir que nous sommes dans une longévité surprenante vont les faire réagir.
Nessa le dévisagea, peinant à comprendre.
- Je dois te protéger.
- De quoi as-tu peur ? Demanda-t-elle d'une voix hésitante.
Elijah vint glisser ses doigts dans ses cheveux.
- Que mon statut d'homme connu te mette en danger inutilement.
Il avait l'air si sérieux qu'elle frissonna. Qu'il veuille la protéger l'emplissait d'une joie pure. Seulement elle avait trop peur que les présages de son amie finissent par arriver.
- Je ne peux pas laisser ma boutique fermé Elijah.
- Qui te demande de la fermer ? Personne. Tu pourras travailler comme tu le désires à quelques conditions.
- Lesquelles ?
- Ma cuisine est suffisamment équipé pour livrer tes talents. Un chauffeur te conduira à ton travail et je mets un garde du corps à ta disposition. Tu ne le verras même pas, je te le promets.
Ébahie, Nessa le dévisagea avant d'ouvrir la bouche mais il leva sa main pour lui imposer le silence.
- Pour ton amie Ivy, elle n'est quasiment jamais là, elle est bien plus occupée avec son travail de secrétaire. Elle ne verra pas la différence puisqu'elle veille seulement à te superviser lors des dîners.
- Mon Dieu tu as tout prévu n'est-ce pas ? Lança-t-elle sans cacher le choc qu'elle connaissait à ce moment précis.
- Dans les moindres détails, affirma-t-il sans vergogne ; Tu veux garder ton indépendance et je te veux, je trouve ces conditions tout à fait acceptables. Ce garde du corps me permettra de mieux me concentrer sur mon travail et non sur l'inquiétude que j'ai ressenti aujourd'hui.
Les lèvres sèches, Nessa se passa une main sur son front alors que son coeur n'était plus contrôlable.
- Tu étais inquiet pour moi ?
- Tu n'as pas idée.
Il se redressa à son tour sur le coude et l'obligea à se rallonger. Son regard perçant captura le sien.
- Mais je sais ce qui te tracasse réellement.
Nessa cessa de respirer, tirant sur ses doigts nerveusement.
- J'ai le droit n'est-ce pas ? Tu es réputé pour être si froid et si implacable avec les femmes. Tu n'as pas la même vision des choses que moi Elijah et je ne veux pas me tromper. Je n'ai plus le temps pour ça. Je ne veux pas souffrir.
Cette confidence était sortie toute seule sans la moindre crainte. Pourquoi ? Parce que c'était le moment de savoir s'il allait fuir. Son regard impassible était cependant trahir par ses sourcils légèrement plissés.
- Tu es la dernière femme à qui je pourrais faire du mal, articula-t-il d'une voix qu'elle eut peine à reconnaître.
Elle voulait le croire.
- Laisse-moi au moins une chance, ajouta-t-il en caressant le contour de sa mâchoire.
Sa caresse eut l'effet d'une brûlure...d'un lent et caressant frisson.
Puis soudain, Nessa sentit le lit s'affaisser dans un bruit sourd accompagné d'un léger craquement.
- C'était quoi ça ?
- Ça chérie, je crois que c'est les lattes de ton lit qui sont en train de céder.
Puis il plongea son regard dans le sien, les lèvres incurvées d'une lent sourire diabolique.
- Même ton lit est d'accord avec moi...
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