À peine son repas terminé qu'il l'invita à le suivre dans la chambre qu'il lui avait attribuée. Le cœur cognant contre ses tempes elle le suivit sous les traces d'un soleil couchant qui inondait la villa de couleurs rougeoyantes. Il posa sa main dans son dos et ce contact la brûla entièrement.

- Voici votre dressing, expliqua-t-il en ouvrant deux portes coulissantes.

Il s'écarta du passage pour la laisser passer. Nessa y pénétra effleurant au passage son torse massif dont les effluves se dégageaient à une vitesse affolante. Pour se donnant l'air détendu Nessa survola le dressing sombre éclairé par de faibles lumières tamisées. Les tiroirs étaient recouverts d'un tissu de couleur rouge bordeaux. Elle frissonna lorsqu'elle les atteignit et en tira un au hasard mais le regretta aussitôt. Les joues enflammées tel un brasier, elle le referma si vite qu'elle l'entendit rire.

- Êtes-vous si timide ? Demanda-t-il d'une voix qui lui parut si rauque qu'elle s'écarta du tiroir en question.

- Je n'ai pas l'habitude de porter ça, bredouilla-t-elle la bouche sèche.

Il s'avança, donnant subitement à la pièce un aspect plus confiné.

- Et que portez-vous généralement ?

Ébahie, elle cligna plusieurs fois des yeux.

- Je ne pense pas que cela vous regarde monsieur Wolfkov sans vouloir vous vexer.

- Je ne me sens pas vexé, dit-il en venant poser ses mains sur les rebords du meuble en bois massif...le seul rempart qui la gardait encore en sécurité.

Volontairement il contourna le meuble pour venir se planter en face d'elle. De là il s'approcha lentement l'obligeant à reculer.

- Une femme ne devrait jamais ressentir de honte à mettre en valeur sa féminité.

Vite, très vite, Nessa chercha une sortie de secours.

- Vous n'auriez pas dû m'acheter tous ceci, quelques affaires auraient suffit.

Il l'observa silencieusement. Ses yeux d'encre brillants comme deux brasiers.

- Il vous faut une robe pour le dîner, je me suis permis de vous en faire apporter plusieurs afin que vous puissiez faire votre choix.

Nessa remercia secrètement le ciel qu'il ait changé de sujet aussi rapidement. Elle profita qu'il soit retourné pour se passer les mains dans les cheveux.

- Laquelle ?

Avisant les robes confusément Nessa pointa la robe crème et la plus simple de la collection.

- Non, fit-il catégorique.

Nessa le dévisagea bouche bée. Quant à lui, ses yeux noirs étaient baignés d'une lueur indéchiffrable.

- Non ? Et pour quelle raison ? Elle est parfaite.

- Allez donc la passer pour voir, proposa-t-il en la décrochant.

La panique la submergea aussitôt.

- Je vais patienter dans le petit salon, ajouta l'homme pour soulager son angoisse latente ; Il y a une cabine sur votre gauche.

Une fois qu'il eut refermé les portes, Nessa se laissa tomber sur le banc pour reprendre sa respiration. La cabine dans le fond était spacieuse mais elle eut l'impression qu'elle se refermait sur elle. Au premier coup d'œil Nessa lui donna raison. Elle ne lui allait pas du tout mais cachait ses formes.

Portant ses doigts à ses lèvres elle hésita plusieurs fois avant de quitter la cabine. Devait-elle l'ôter sans rien dire et remettre ses vêtements ou attendait-il qu'elle lui montre.

- Alors miss Blake ?

Sa voix forte et haute la fit sursauter. À travers le rideau elle vit l'ombre de sa silhouette s'approcher et une bouffée de chaleur submergea ses joues.

- Oh...euh oui elle est...

Il ne lui laissa pas le temps de poursuivre et tira le rideau.

- Vous...

- Je ne l'aurais pas ouvert si je n'avais pas eu la certitude que vous la portiez toujours, la coupa-t-il dune voix grave avant de la hâter d'un geste de la main ; Venez, laissez-moi regarder.

Toute tremblante elle quitta la cabine pour se planter en face du miroir.

- Elle est moche, commenta-t-il sans détour ; Elle vous donne l'air d'être boudinée.

- Merci beaucoup, dit-elle sèchement.

- Pourquoi l'avoir choisie ? S'enquit-il en plongeant son regard dans le sien.

Nessa avisa son reflet le souffle court.

- Elle est simple et j'aime la simplicité.

- Non, vous avez peur, déduisit l'homme en posant ses mains sur ses épaules.

Un feu ardant couvrit son ventre à ce simple contact.

- Vous avez peur Nessa, peur de retrouver celle que vous étiez autrefois.

Elle perçut presque de la colère dans sa voix et ne sut l'expliquer.

- Allez donc enfiler celle-ci.

Nessa prit la robe rouge qu'il venait de lui tendre et s'engouffra dans la cabine. Elle s'empressa de l'enfiler pressée par la silhouette sombre qui se tenait là, à quelques centimètres du rideau. La robe rouge était loin d'être sage. Tout son corps était mis en valeur. Cependant elle n'était pas serrée, suffisamment près de corps.

Les mains moites elle hésita à tirer le rideau.

Elijah attendait patiemment qu'elle fasse son apparition. Lorsqu'il entendit un bruissement de tissu Elijah se retourna et l'air lui manqua. La jeune femme était à couper le souffle. La robe près du corps soulignait la perfection de sa taille. Le corset était simple mais la coupe délicate mettait en valeur sa poitrine. Il refoula un accès de désir mais la lutte fut difficile. Surtout lorsque son regard rencontra le sien. Il ferma sa main en poing pour éviter de la toucher. Un mélange totalement inédit le submergea.

La possessivité, suivi d'un instinct protecteur.

Il ne sut expliquer ce qu'il lui arrivait. Il se contenta d'accepter l'immense désir primitif qui lui tendaient les muscles.

- C'est celle-ci, trancha-t-il d'une voix rauque

Ses yeux s'illuminèrent aussitôt.

- Vous en êtes certain ?

- Je suis certain, que c'est celle-ci, articula-t-il en se penchant légèrement pour sonder le reflet de son regard au sien.

Son parfum enivrant rehaussait le désir qu'elle lui inspirait.

Prudemment Elijah déposa ses mains sur épaules et en savoura la douceur. Elle se raidit mais ne bougea pas. Ses yeux brillaient d'une lueur incertaine.

- Il n'est plus là, dit-il d'une voix tranchante.

Nessa frémit mais ne bougea pas.

Plus là...

En effet, Peter n'était plus là. Sa voix fut catégorique comme si le sujet était clos. Comme si son passé n'avait plus sa place sur son île déserte.

- Moi, je suis là.

Cette évidence et la façon dont il l'avait exprimé la fit rougir.

- M'avez-vous compris ? Insista-t-il d'une voix profonde.

Bien-sûr qu'elle l'avait compris. Si bien compris qu'elle se rappela subitement qu'ils étaient seuls dans cette villa. Ajouté à cela, Nessa jura déceler dans ses yeux d'encre un regard possessif. Une explosion brûlante caressa sa peau dangereusement...aussi dangereuse que le regard du russe.

- J'ai compris, s'entendit-elle murmurer.

L'homme esquissa un léger sourire mais qui se dissipa, laissant place à une lueur énigmatique.

Nessa avait l'impression de s'enfoncer dans le sol. Elle étudia le reflet de l'homme que lui renvoyait le miroir. Ses mâchoires étaient serrées, son regard déterminé. Le silence se chargea soudain d'électricité.

Puis soudain il passa sa main au-dessus de son épaule pour venir glisser sa large paume sous son menton. Ce dernier disparut lorsqu'il referma ses doigts dessus. Il chuchota quelque chose en russe tout en l'obligeant à tourner sa tête sur le côté.

Sa peau brûlait sous le contact de ses doigts. Il se pencha en avant, n'ayant aucune difficulté à venir placer son visage tout près du sien.

Lèvres serrées, Nessa ne parvenait plus à respirer. Elle se contenta de le regarder, alors qu'il caressait ses lèvres du regard avant de les couvrir des siennes. Nessa faillit vaciller, foudroyée par une myriade de sensations indescriptibles. Son cœur battait à un rythme affolant. Il raffermit la pression sur ses joues qu'il tenait prisonnières et approfondit la pression sur ses lèvres. Nessa se laissa transporter contre sa volonté et entrouvrit sa bouche. Il en profita pour se frayer un chemin. Il l'embrassait avec tendresse puis la force vint s'y mêler...

Nessa ressentit un fourmillement sur ses joues alors qu'il les tenait étroitement entre sa poigne de fer comme si celles-ci lui appartenaient. Inondée par un feu brûlant Nessa laissa échapper un hoquet les yeux fermés avant qu'il s'arrête soudain. Elle sentit la pression sur ses joues disparaître et lorsqu'elle rouvrit les yeux face au miroir...Elijah Wolfkov avait disparu.

La laissant ainsi, toute tremblante, les lèvres marquées de son sceau.