Elijah détourna les yeux de la jeune femme seulement quand il sentit l'avion se poser sur la piste privé de son île. Il n'avait pas pu la quitter des yeux, captivé par ses longs cils déployés et de son visage endormie et apaisé. Les questions qu'elle lui avait posées l'avaient intensément troublé. Il n'avait pas pour habitude de dévoiler son passé avec une femme mais la situation lui avait semblé différente. La vérité n'était pas toujours bonne à dire. En se révélant ainsi, il avait pris l'ultime risque qu'elle creuse un fossé entre eux. Elle était jeune mais d'une intelligence renversante et s'en était servi contre lui pour récolter certaines informations sur son passé.
Avait-il bien fait de lui répondre ?
Elijah n'allait pas tarder à obtenir sa réponse. L'avion se posa enfin, les réacteurs restèrent néanmoins allumés. Car l'avion s'apprêtait déjà à rejoindre la piste située sur l'île voisine. Comment allait-elle réagir en apprenant qu'à partir de cet instant elle serait seule avec lui sur une île où les seules âmes qui y vivront étaient les leurs ?
Elijah ne put s'empêcher de sourire à la perspective qu'elle veuille fuir.
Mais il était trop tard. Il avait eu ce qu'il voulait. Elle était là, dans son jet privé, endormie et ce constat ne manqua pas de lui rappeler qu'aucune femme avant elle ne s'était vu offrir ce privilège. Il fronça des sourcils puis inspira imperceptiblement avant de se lever. Prudemment il posa la main sur son bras, le caressant doucement pour qu'elle se réveille. Elle s'agita puis ouvrit les yeux péniblement.
- Nous sommes arrivés.
- Oh ! Je...
Elle semblait désorientée voire perdue. Elijah lui accorda quelques minutes pour se ressaisir, le temps de récupérer son sac.
- Je suis prête, annonça-t-elle en se levant.
Nessa attrapa son chapeau de paille, la seule chose qu'elle avait pu emmener dans la précipitation. Le commandant de bord salua l'homme d'affaires avant de repartir dans sa cabine. Nessa sourcilla mais refusait de céder à la panique.
Du moins pour l'instant.
Il posa sa main dans son dos pour la guider dans l'escalier. Un vent chaud caressa son visage mais le bruit des réacteurs l'effraya un instant. Elle remarqua une voiture au loin qui semblait les attendre mais personne ne se trouvait du côté conducteur.
- Mademoiselle, dit-il en lui ouvrant la portière.
Nessa hésita, la main appuyée sur la voiture.
- Je pensais qu'un comité d'accueil serait là pour vous saluer.
- Vous pensiez mal, dit-il impassible.
Il la poussa doucement dans la voiture et claqua la portière aussitôt. La jeep sentait le neuf comme si elle avait été livrée pour l'occasion. Il prit le volant, démarra sans plus tarder. Nerveuse elle jeta un coup d'oeil rapide vers le rétroviseur extérieur et vit le jet privé reprendre de l'altitude sous ses yeux écarquillés.
- Vo...votre avion est en train de partir !
- Évidemment qu'il part, mon pilote a certainement des choses à faire beaucoup plus importantes que d'attendre notre retour.
Ça y est, la panique affluait en elle si vite qu'elle vacilla sur le siège.
- Mais comment allons-nous repartir ? Et puis où sommes-nous ?
Il ne répondit pas, le regard fixé sur la route entourée d'arbres exotique et de hautes plantations qui furent les seuls indices qu'elle avait en sa possession.
- Si mes calcules sont exacts nous avons mis quatre heures pour arriver et il faudra quatre heures pour revenir. Le pilote n'aurait jamais du partir.
- Vous ne repartons pas aujourd'hui mademoiselle Blake.
Nessa tourna vivement sa tête dans sa direction.
- Je vous demande pardon ?
- Vous avez très bien entendu, murmura l'homme d'affaires sans se donner la peine de la regarder.
- Mais quand ? Je n'ai même pas d'affaires ! Mon magasin n'est pas fermé !
Enfin, il dévia furtivement son regard dans le sien, un léger sourire confiant aux lèvres.
- N'ayez aucune crainte je me suis chargé de tout, répondit-il en reportant son attention sur la route avant de s'arrêter près d'une lisière de cyprès.
- Ivy a été chargé de fermer le magasin, à présent veuillez vous détendre.
C'était presque un ordre mais elle ne l'écouta pas.
- Me détendre ? Répéta Nessa d'une voix étranglée ; J'ignore où je suis ! Vous m'aviez dit que ce soir je serais chez-moi ! Ça ressemble à...un kidnapping !
Il éclata de rire...un rire guttural qui s'insinua dans sa chair. Un rire incroyablement viril.
- Si j'avais voulu vous kidnapper croyez-moi je n'aurais pas mis autant de temps pour vous mettre dans la voiture, dit-il en lui lançant un regard fiévreux.
Nessa déglutit péniblement, se rappelant avec difficulté de l'aisance qu'il avait eu à la mettre sur son épaule jadis une semaine plus tôt.
- Ce n'est pas drôle, bafouilla-t-elle ; Je n'ai plus envie de rire.
- Vous n'avez jamais ri jusqu'ici et vous ne m'avez pas esquissé le moindre sourire depuis que nous nous sommes revu. Mais je vais tenter d'y remédier.
Il scella cette promesse en l'enveloppant du regard puis ouvrit sa portière.
- À présent si vous voulez connaître l'endroit où vous êtes, sortez de la voiture.
Nessa obtempéra, trop impatiente de savoir. Les arbres l'empêchaient de distinguer se qu'ils dissimulaient. Le reste de la route était coupée par des rochers de couleurs ocre. Elle renifla l'air à la recherche d'un indice et trouva qu'il était différent.
- Venez, l'invita l'homme en glissant une main dans son dos.
Ils parcoururent quelques mètres pour arriver près d'une pente constituée de marche en pierre.
Mais ce n'est pas tant ça qui la paralysa. Non.
C'était la vue qui enfin lui apparut telle une carte postale.
Elle hoqueta, le regard rivé sur la mer turquoise et le sable blanc.
Était-elle en train de rêver ?
Quelques heures auparavant elle se trouvait à New-York dans sa rue étroite et maintenant au beau milieu d'un paysage magnifique.
- Soyez prudente, l'avertit l'homme d'affaires en l'obligeant à quitter sa torpeur.
Le cœur battant à la chamade, Nessa tenta de dissimuler ses yeux qui brillaient comme ceux d'une petite fille. Une fois qu'elle eut atteint le sable blanc elle retint un rire joyeux. Elle se contenta de retenir son chapeau qui menaçait de s'envoler, le regard rivé sur la mer turquoise, presque transparente. Elle tourna sur elle-même et aperçut une bâtisse majestueuse au loin, immaculée, entourée de végétations sauvages.
- C'est...mon Dieu où sommes-nous ?
- Bienvenu sur l'île Opasno, mademoiselle Blake.
Une île ? Dont le nom lui paraissait étrangement méconnu ?
Il mit ses lunettes de soleil rehaussant son profil dangereux et terriblement sexy. Elle cligna plusieurs fois des yeux pour réprimer son teint qui devenait cramoisi.
- Nous nous trouvons à cinq kilomètres des Caraïbes, par bateau, reprit-il en inclinant légèrement sa tête pour la regarder par dessus ses lunettes.
Nessa faillit fondre sous son regard empli de mystères. Elle baissa le regard, fuyant le sien en déviant son regard sur la mer qui scintillait sous les rayons du soleil.
C'était paradisiaque, presque inaccessible et pourtant elle touchait ce petit coin de paradis à la simple plante de ses pieds.
- C'est magnifique, murmura-t-elle en faisant un autre tour sur elle-même.
Elle parcourut du regard les alentours puis commença à froncer des sourcils.
- Où sont les autres ?
- Les autres ? Répéta l'homme d'une voix profonde.
- Eh bien oui, les touristes ? Les habitants ?
Un silence parcourut la plage déserte. Nessa ne parvenait pas à déchiffrer son expression à cause de ses lunettes de soleil.
- Il n'y a personne ici mademoiselle Blake.
Nessa retint son souffle, sentit son chapeau quitter le sommet de sa tête pour s'envoler mais n'y prêta aucune attention.
- Je vous demande pardon ?
Il s'approcha, ôtant ses lunettes de soleil pour plonger son regard dans le sien.
- C'est mon île ma douce, répondit l'homme d'affaires d'une voix suave ; Il n'y pas âme qui vive ici.
Nessa cilla, vacilla, les joues brûlantes.
Il remit ses lunettes de soleil, un sourire énigmatique aux lèvres.
- Il n'y a que vous et moi...
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