Chapitre 18
Elijah saluait un à un les invités quand ce fut le tour de Hans. Elijah referma sa main sur la sienne avec une pression assez forte.
- Je vous remercie pour l'entrain que vous avez mis à prévenir mademoiselle Blake, articula-t-il d'une voix rêche.
Hans esquissa un demi-sourire pour atténuer le malaise.
- N'est-ce pas la vérité monsieur Wolfkov ? Osa-t-il lui demander ; Vous êtes un homme dangereux et cette jeune femme ne semble pas savoir tout de vous.
- Cela me regarde monsieur Harper, dit-il sèchement, la voix menaçante ; Mais vous avez raison, je suis un homme dangereux.
Elijah le toisa les yeux noirs.
- Tachez de ne jamais l'oublier, ajouta-t-il en lui relâchant la main.
Hans Parker blêmit, ajustant sa cravate pour paraître détendu auprès des autres convives.
Elijah le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il quitter son champ de vision. Mâchoires serrées il poursuivit son rôle jusqu'à la dernière main. Il restait certains convives, ceux qui restaient sur place pour la nuit. Y compris Ruby Paxton qui avait volontairement tenté d'humilier Nessa. Elijah n'avait guère apprécié ce comportement exécrable et comptait bien lui faire comprendre.
Il referma la porte d'entrée et se dirigea vers le salon, encore occupé. Il la trouva, en train de vanter l'entreprise de son père. Une entreprise qu'il avait le pouvoir de faire tomber comme un château de cartes.
- Puis-je vous parler ?
Un éclat d'impatience brilla dans les yeux de Ruby qui s'empressa de le suivre.
- Vous vouliez me parler ? S'enquit Ruby avec un lent sourire.
- Oui, de votre comportement lors du dîner, répondit Elijah en lui lançant un regard réprobateur ; Vous avez attaqué mon employé avec vivacité et je ne le tolère pas.
Le sourire de Ruby s'effaça lentement pour laisser place à une rage visible dans ses yeux.
- Vous accordez beaucoup d'attention à votre employé, si je peux me permettre.
- Non, vous ne pouvez pas, chuchota Elijah le regard rivé dans le sien ; Ma vie, ne vous regarde en rien.
- C'est une gamine ! Protesta Ruby poing serré contre sa hanche.
Elijah serra les dents, alors qu'une lente et dangereuse colère commençait à se répandre en lui.
- La jalousie vous dévore Ruby, prenez garde, murmura-t-il d'une voix doucereuse ; Pour le moment, je vous suggère de rester à l'écart de mademoiselle Blake.
Il se redressa, le regard noir avant de s'effacer entre les convives. Il quitta le salon pour prendre la direction de la cuisine. Il savait sans l'ombre d'un doute qu'il la trouverait ici.
Mais lorsqu'il ouvrit la porte il la trouva vide. Il remarqua une coupe de champagne à moitié vide sur le plan de travail.
- Monsieur Wolfkov ?
Il se tourna vers Doria qui le regardait les sourcils froncés.
- Avez-vous vu mademoiselle Blake ?
- Oh oui ! Elle est partie explorer les jardins, je pensais que vous le saviez.
Elijah grogna doucement, vrillant son regard sur la porte laissée ouverte.
- Non, je l'ignorais, dit-il avec humeur.
Il ôta sa veste qu'il jeta sur une chaise au hasard, dénoua sa cravate, remonta les manches de sa chemise et s'enfonça dans la nuit noire...
~
Nessa venait de passer l'interdit. Un frisson la parcourut secrètement. Elle avait exploré la moitié des jardins à la seule lueur des lumières qui les sillonnait. L'odeur des roses sauvages l'avait captivée. Elle savait qu'il était dangereux d'aller plus loin. Mais la tentation était trop forte.
Elle atteignit le lac, faiblement éclairé. Nessa sentit des larmes lui monter aux yeux pour une raison qu'elle ne sut expliquer.
En fait si...
Pendant un cour instant elle se sentit libre. Les cheveux certes tressés respiraient à nouveau. Son visage caressé par le vent lui donnait la sensation d'être libre. Elle se pencha pour observer le fleuve tranquille. Si elle s'écoutait elle se serait déshabillée pour nager.
Mais hélas pour elle le cours dangereux et irréfléchi de ses pensées prirent violemment fin.
Une main ou plutôt un bras ferme s'enroula autour de sa taille. Elle réprima un cri dans cette nuit noire et inquiétante. La seconde suivante elle fut propulsée sur une épaule ferme.
L'odeur. Ce fut seulement l'odeur qui l'aida à ne pas crier. Car elle la reconnut tout de suite.
- Je pensais avoir été extrêmement clair mademoiselle Blake !
Nessa se retint désespérément à son épaule par peur de tomber. Le ton de sa voix semblait mécontent mais elle ne frissonnait pas pour cette raison, mais plutôt parce que sa main reposait dangereusement sur sa taille.
- Reposez-moi à terre !
- Certainement pas, dit-il d'une voix catégorique en marchant en direction du domaine.
Nessa sentit son cœur battre contre ses tempes. Elle redressa la tête et vit le lac s'éloigner peu à peu de son champ visuel.
- Je n'ai rien de fait de mal ! Se justifia Nessa en se retenant avec difficulté à sa large et imposante épaule.
Sans le vouloir Nessa effleura sa nuque et faillit se liquéfier.
- Vous avez désobéi à un ordre clair et concis, rétorqua-t-il sans s'arrêter de marcher ; Je vous avais dit de me prévenir chaque fois qu'il vous prenez l'envie de vous éloigner de la propriété et ce soir vous êtes partie vous mettre inutilement en danger !
Il eut un mouvement d'épaule sec pour la hisser d'avantage sur son épaule. Nessa hoqueta, les joues en feu.
- Je n'étais pas en danger ! Répliqua Nessa sèchement ; Je suis partie prendre l'air dans le jardin ! Bon sang reposez-moi immédiatement !
Sourd à ses protestations le milliardaire poursuivit son chemin en lâchant un juron en russe.
- Et je vous retrouve penchée au-dessus d'un lac au beau milieu de la nuit !
- Pour votre information je ne suis pas suicidaire, précisa Nessa en sentant la pression de sa main se radoucir peu à peu.
Puis soudain il la renversa en arrière pour la déposer au sol. Nessa perdit l'équilibre et il la rattrapa de justesse. Son parfum musqué l'envahit alors soudain. Une chaleur se répandit dans son ventre, incontrôlable.
- C'était trop dangereux, surtout en pleine nuit, grinça-t-il d'une voix coléreuse.
Pour tout l'or du monde, Nessa aurait préférait rester sur son épaule. Le regard de l'homme d'affaires n'était plus qu'une flamme de colère et de mécontentement.
Son rythme cardiaque se mit à s'emballer lorsqu'il se pencha l'air menaçant.
- Il aurait pu vous arriver n'importe quoi ! Vous êtes inconsciente.
Nessa sentit sa peur se muer en une vive colère.
- Je suis parfaitement consciente de mes décisions monsieur Wolfkov.
- Visiblement non ! Siffla-t-il entre ses dents serrées ; Vous avez de la chance de ne pas être à...
L'homme d'affaires s'interrompit brusquement.
Le coeur battant à la chamade elle le dévisagea, les joues brûlantes tant ses yeux semblaient impénétrable mais inondés d'une lueur déchiffrant presque les ténèbres.
Puis soudain, sa grande main masculine se leva lentement vers elle, avec une lenteur délibérée. Il posa sa paume de main sur sa joue. Nessa réprima difficilement un sursaut.
- Vous avez énormément de chance, répéta l'homme en caressant sa joue d'un revers de main.
Nessa frémit à son contact. Elle avait l'impression que son esprit ne lui appartenait plus.
- Je crois qu'il est temps pour vous d'allez vous coucher, dit-il en s'écartant le regard impassible.
Déroutée Nessa acquiesça d'un léger mouvement de tête, incapable de détourner les yeux de son corps viril étouffé dans cette chemise.
- Demain, passez dans mon bureau pour récupérer votre chèque,.
Nessa avala péniblement sa salive et fit un autre mouvements de tête.
Il s'avança doucement puis posa sa main sur son épaule.
- Ensuite, vous n'entendrez plus jamais parler de moi, je vous le promets.
Cette promesse résonna au tréfonds de son coeur. À l'écouter c'était comme s'il voulait la libérer.
- Très bien monsieur Wolfkov.
Elijah la laissa partir maladroitement et sut que c'était la bonne solution. Il serra convulsivement ses mains en poings. Il perdait pied en sa présence, il voulait...il espérait d'elle quelque chose qu'elle ne pouvait pas lui donner. Il était trop dangereux pour se risquer à faiblir son âme déjà amoché par son ex-fiancé.
Et pourtant, malgré toutes ses raisons il ne put s'empêcher de la suivre du regard avec la furieuse envie de la rattraper.
Mais il resta immobile obligeant son corps à ne plus bouger jusqu'à ce qu'elle disparaisse.
Demain elle sera partie. Et seulement là Elijah avait la conviction qu'il l'oublierait facilement...
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