Chapitre 9
-J'irais m'occuper de Beth si j'étais toi...avant qu'elle n'étrangle ce pauvre matou.
Jim pointa le lampadaire où était attachée Beth. La vieille femme était en train de plaquer et de tordre lentement le cou d'un chat roux flamme aux yeux verts qui gémissait de douleur. En entendant sa nuque craquer, Billy retint un gloussement de terreur et Beth balança le cadavre de la bête de l'autre côté du camp. Le rouquin soupira et lança un regard de détresse à son ami:
-Souhaite moi bonne chance !
« Demande ça plutôt au Clan des Étoiles ! Moi, je me glisserais derrière elle et je l'assommerais d'un coup ! »
« Mais oui bien sûr...Aha ! »
C'était un rire nerveux. Billy se dirigea vers Beth en tremblant légèrement des jambes, il n'avait jamais croisé de personne âgée aussi peu commode...elle lui donnait des frissons rien qu'avec un regard. D'ailleurs, elle lui en lançait un, un regard soucieux et méfiant:
-Une minute mini duc !
« C'est partit...tu peux me traiter de ce que tu veux, je ne fais qu'obéir à Vicky. »
« Alors...tu viens vraiment d'une famille bourgeoise ? »
« Oui...Avec mes frères et sœurs et mes grands parents. »
« Hum...tes parents aussi ? »
Billy gloussa à l'évocation de ses parents. Cela faisait maintenant 5 ans qu'il ne les avait pas vu, ils avaient disparus un beau matin alors qu'ils s'étaient rendus chez la couturière pour offrir une robe pour l'anniversaire de Grace qui approchait. Un détective a accusé un des jardiniers qui n'était pas bien payé d'avoir assassiné les parents pour se venger du traitement qu'ils lui faisaient subir. Billy savait au fond de lui que ce n'était pas le jardinier mais qui allait croire un enfant de 8 ans ? Quand ils ont finalement retrouvé le véritable meurtrier, un gentleman qui avait des comptes à rendre au père de William, il était déjà trop tard. Le jardinier avait été pendu. Ils n'ont jamais pu enterrer leurs parents parce qu'ils n'ont jamais retrouvé leurs corps...depuis, c'était leurs grands parents qui s'occupaient d'eux. Billy lâcha une petite larme en répondant calmement à la question:
-Oui...ils l'étaient.
Beth le fixa longtemps, avec une lueur de culpabilité dans son regard avant de reprendre un air bestial:
-Le sang irlandais ne coule pas dans tes veines ! Je n'ai pas besoin de l'aide d'un petit « British » pourri gâté ! Retourne chez tes viocs !
« La ferme espèce de timbrée ! »
« ...Tu...tu oses me répondre ?! »
« Oui j'ose te répondre ! Maintenant tu la ferme et tu m'écoutes ! Peu importe que je sois britannique ou irlandais ou même chinois, tu n'aurais jamais voulu de moi ! Parce que tu déteste tout le monde ! Parce que t'es pas foutu d'accepter l'aide de quelqu'un, tu es aussi têtue qu'un bambin ! »
« Je ne te permet pas... »
« Tu sers à quoi à part critiquer les autres ?! À rien ! Alors si tu veux que je te respecte un minimum, il va falloir que tu t'habitue à moi sale pute ! »
Billy s'arrêta en comprenant qu'il avait fait une grosse bêtise. Ce n'était pas digne de son rang, ni de son âge de sortir de telles insultes ! Qu'est ce qui lui avait prit ?! Beth, elle, resta bouche bée avant de se mettre à éclater de rire sous le regard confus du jeune garçon:
-Je...je suis désolée...je ne voulais pas...
« Tu rigoles ?! J'ai jamais entendu un aristo s'égosiller comme ça ! Tu me plaît bien petiot, tu as du cran ! »
« Euh...de rien ? »
« Enfin bon. Je suis épuisée et ma cheville me fait encore mal. Va voir votre charmante infirmière et demande lui un cataplasme de verge d'or et des graines de pavot s'il te plaît. »
« D'accord... »
Billy ne s'était jamais vraiment intéressé aux remèdes du Clan mais ils étaient très différents de ceux des médecins qu'il voyait habituellement. Il se dirigea vers le petit dispensaire de Penny pour aller récupérer les remèdes réclamés par Beth. En arrivant, il s'empressa de lister ce dont il avait besoin:
-Des verges d'or et des graines de pavot.
« Je les ai mais je vais aussi rajouter des feuilles de souci pour éviter une infection. Attend moi ici. »
« Ça marche. »
Billy attendait calmement la jeune Penny qui cherchait des flacons dans ses tiroirs. L'endroit sentait très bon contrairement à la puanteur et à la crasse des membres du Clan. Et Penny était différente aussi, elle était tellement jolie...si elle n'avait pas déjà 18 ans, Billy n'aurait pas hésité à lui déclarer sa flamme. Mais du haut de ses 13 ans et demi, il n'était rien. La jeune infirmière revenait avec un flacon et une boîte en carton avec d'autres médicaments dedans:
-Dis lui de ne pas abuser pour les graines de pavot. Je veux voir son évolution au niveau de la douleur.
« D'accord, ça marche, merci ! »
« Pas de problème, au revoir Billy ! »
« Au revoir Penny ! »
Billy se remettait à courir avec la boîte dans les mains en direction du lampadaire. Il déposa le paquet devant Beth qui se mettait à sourire, dévoilant ses dents jaunes et rouillées:
-Parfait, va me chercher de quoi manger et tu es libre !
Cela faisait déjà 3 jours que Beth était arrivée au camp et que Billy lui servait de larbin. Il venait de se réveiller avec difficulté dans la petite maison des apprentis, sur son matelas et donna sans faire exprès un coup de bras à Jim en voulant s'étirer. Le garçon bouclé grommelait tandis que Billy le taquinait un peu:
-Allez la marmotte ! Réveille toi, tu vas être en retard pour tes cours !
« Pff...c'est quoi déjà une marmotte ? »
« Je sais pas. Mon père m'en avait ramené une empaillée lors d'un de ses voyages, c'est des animaux qui dorment beaucoup je crois. »
« Ils ont une belle vie dis donc... »
Jim se traîna avec sa couette à l'extérieur du bâtiment et Billy enfila sa veste et alla réveiller plus doucement Puck qui semblait cauchemarder, au contact du garçon il se réveilla en sursaut.
-HEIN ?! Que ! Qui ! Quoi ?!
« Hé oh calme toi. C'est bientôt l'heure de tes cours avec Harry, tu n'as pas oublié ? »
« Hein ? Ah euh non. Merci Billy. »
Puck bailla et s'en alla également du bâtiment suivi de près par le rouquin. Au bout d'un moment, Billy s'arrêta pour respirer un peu l'air de l'automne qui approchait à grand pas tandis que Lizzie et Eddie s'extirpaient de la maison en ruine. Billy remarquait Beth, couchée sur un matelas, à l'entrée d'une maison condamnée à l'abri de la pluie. Elle se reposait et Billy préférait attendre qu'elle se réveille avant d'aller la voir. Il ne remarquait même pas Puck qui se collait à lui en jetant des coups d'œil, inquiet sur tout le camp. Lizzie et Eddie, en passant à leur niveau crachèrent à Billy:
-Tu vas encore devoir t'occuper de ce tas d'ordures ? C'est quand que tu reviens t'entraîner avec nous ?
Billy essayait de les ignorer tant bien que mal tandis que Jim, tout en enfilant sa botte lui lançait un regard compatissant:
-Ne t'inquiète pas. Je suis persuadé que Vicky te laissera revenir avec nous bientôt.
« Je pense que Vicky a raison ! Il faut bien qu'un aristo apprenne à s'occuper des plus démunis ! Sinon, pas étonnant qu'ils soient tous égoïstes et stupides ! »
« Lizzie ! Laisse le tranquille ! »
Billy jeta un coup d'œil à la jeune blonde vénitienne, ne voulant pas s'engager dans leurs bêtises:
-Jack t'apprends quoi aujourd'hui ?
« À me battre au corps à corps comme un véritable Irlandais ! »
« Et toi Jim ? »
« Mon mentor m'emmène m'entraîner à grimper aux toits. Je vais d'ailleurs devoir bientôt y aller, il m'attends. »
« Attend ! Je t'accompagne, je dois aller trouver à manger pour Beth. Tu viens Puck ? Sauf si Harry t'a préparé quelque chose. »
Puck soupira et commença à les suivre lentement mais sûrement.
-Tiens, c'est pour toi.
« Ah bah enfin ! »
Billy avait piqué un morceau de pain et de la confiture, il était rentré alors que Beth dormait déjà et elle s'était réveillé pendant qu'il lui faisait deux tartines à la confiture de groseille. La vieille femme guérissait mais son caractère restait le même. Le garçon se préparait à repartir quand Beth l'appela:
-Hé Billy !
« Oui ? »
« J'ai besoin d'aller pisser là bas. Je peux pas me lever, tu pourras me tenir ? »
« ...Oui... »
Cette idée répugnait Billy. Normalement, sauf si il s'agit de sa femme, un homme n'a pas le droit de voir les parties intimes d'une femme. Et puis en plus Beth était vieille, une vision d'horreur passait déjà dans la tête de l'enfant. Et en général, il préférait éviter de toucher ce tas de crasse. Mais il n'avait pas le choix...il l'aida à se lever, l'ammena jusqu'à un arbre, souleva sa robe et détourna la tête pendant qu'elle faisait ses besoins. Pas très loin, un groupe d'enfants plus jeunes jouaient avec des bâtons en lâchant des cris:
-Gare à toi Émile !
Alors qu'elle venait de finir, en voyant le petit garçon s'approcher d'elle, Beth lui fit une grimace et se mit à gueuler de rage:
-Dégage sale petit con ou je te bouffe !
Le petit garçon brun recula et alla se cacher dans les jupons de sa mère en pleurnichant. La petite fille qui était avec lui resta pétrifiée un moment avant d'aller le rejoindre en vitesse. Billy avait été choqué de la violence dont Beth avait témoigné, il ne l'avait jamais vu aussi énervé:
-Je suis désolé...plus ils grandissent, plus ils sont turbulents. Ils ont déjà 8 ans.
« Je m'en fiche ! Empêche les de m'approcher ! »
« Tu n'aimes pas les enfants ? Tu n'en as jamais eu ? »
« On t'a jamais appris que les infirmiers n'avaient pas le droit d'avoir d'enfants ? »
« Oui mais...tu n'as pas toujours été infirmière. »
« Peu importe ! Je ne les aimes pas ! Et puis...si je m'approche d'eux, ils seront en danger. »
Billy remarqua que le visage de Beth s'était assombrit. Qu'avait elle voulu dire ? Il fut alors déconcentré par une petite bête qui sautait dans les cheveux de Beth:
-Je crois que tu as des poux. Tu veux que je te les retire ?
« Ah non ! Ne me touches pas, tu ne ferais qu'aggraver les choses ! Va demander à Penny si elle a un flacon contre ça. Une goutte leur fera lâcher prise. »
Billy hocha la tête et se dirigea en vitesse vers le dispensaire, assez content de pouvoir enfin s'éloigner de cette vieille mégère. Alors qu'il traversait le camp, il voyait tout le monde très occupé à renforcer les barrières et à mettre des barricades et aussi à stocker de la nourriture. L'absence de mouvement du Clan du Vent inquiétait grandement celui du Tonnerre qui se préparait au cas où si le Clan de l'Ombre venait les attaquer ici. Finalement, le rouquin arriva enfin au dispensaire où il lança à Penny:
-J'aurais besoin d'un produit pour enlever des poux dans les cheveux de Beth.
« Une minute s'il te plaît. »
Penny était occupée à stocker une dizaine de boîtes et de flacons dans une armoire sous le regard perplexe de Billy:
-Un problème ?
« Non non ! Je me prépare juste au cas où si on a des blessés... »
« Oh. »
« Terminé ! Donc, un produit contre les poux ? »
« C'est ça. »
« Ne bouge pas. »
Penny se dirigea vers l'arrière de sa boutique. Billy l'entendait ouvrir un tiroir puis elle se dirigea vers l'enfant en lui passant un flacon enveloppé dans du papier brun avec une ficelle:
-Tiens mais ça sent mauvais et surtout, après l'avoir utilisé ne met surtout pas tes doigts sur le visage ou à la bouche. Lave les d'abord ok ?
« D'accord, merci. »
« De rien, allez file maintenant ! »
Billy s'inclina pour la remercier à nouveau et s'en alla en direction du lampadaire.
Une fois arrivé au niveau de Beth, il lui appliqua la lotion en lui implorant d'arrêter de gigoter. Oui ça grattait et ça sentait mauvais mais elle devait comprendre qu'elle n'avait pas le choix. Une fois terminé, Billy referma le flacon et Beth le remercia du regard:
-Parfait. Je vais faire un petit somme désormais. Tu es libre.
Regorgeant d'énergie, Billy la remercia également et fila en vitesse vers l'extérieur du camp pour trouver un endroit où se laver les mains. Il s'arrêta en manquant de percuter un des anciens qui lui souriait doucement:
-Où tu vas ? Tu n'aides pas aux barricades ?
« Non désolé...j'ai épouiller Beth et maintenant je vais me laver les mains. »
« En effet ça pue ! Allez fait vite gamin et ramène à manger aussi ! »
Billy reprit sa course en espérant trouver facilement un point d'eau. Il tomba finalement sur un tuyau cassé où l'eau fuitait et se lavait les mains vigoureusement ici. Jim et Puck qui passaient par là le regardaient, perplexes:
-Qu'est ce que...
« Épouillage. Cherche pas à comprendre. Où sont vos mentors ? »
« Ils ont décidé d'aller aider la patrouille, ils nous ont envoyé voler en attendant. »
« On m'a dit de faire la même chose...à croire que tout le monde est occupé. »
« Bah c'est le cas. On sait pas ce que le Clan de l'Ombre prépare. » Rétorqua Puck.
Billy lui sourit et jeta un coup d'œil aux sacs en tissus remplis de nourriture des 2 garçons:
-Wow ! Vous avez pas chômé !
« Ouais ! Et il reste encore du temps, tu veux venir avec nous ? »
« Ça marche ! »
Les trois garçons se dirigèrent alors joyeusement vers les marchés pour une autre partie de pillage.
En rentrant, ils se faisaient acclamés par le reste du Clan. Leurs sacs étaient tellement lourds que leurs corps frêles n'arrivaient pas à les trainer jusqu'à la cuisine, alors des adultes venaient les aider. Au même moment, leurs mentors revenaient de patrouille et Jim s'approcha du sien:
-Coucou !
« Salut ! Dis donc, c'est un sacré paquet de nourriture ! Vous avez bien travaillé, je vous félicite ! Vous aurez droit à un festin ce soir ! »
« OUAIS ! »
Les garçons étaient fous de joie et se dirigeaient déjà vers la cuisine, prêt à prendre leur part. Une fois avoir récupéré leurs repas, ils s'installèrent sur leurs marches habituelles et Jim lança la conversation pendant qu'ils mangeaient des pâtes avec des petits morceaux de viande, ce qui était rare:
-Au fait Billy ! Tu savais que Puck a réussit à impressionner Harry ?
« Ah bon ? Comment ? »
« Bah...j'ai réussit à voler l'arme d'un policier. »
« Sérieux ?! Comment tu as fait ? »
« Il était pas super jeune et il était enrobé...donc m'enfuir était facile. »
« Mais d'autres policiers ont essayé de l'intercepter mais il a pu les éviter ! Harry n'a rien trouvé à redire ! Pourtant, il est super énervé depuis que Vicky t'a prit comme élève. »
« Moi je dirais que c'est depuis que ton mentor, Jim, est devenu lieutenant. Tu en penses quoi Puck ? »
« Hein ?! Euh...je pense qu'il s'inquiète juste à cause du Clan de l'Ombre. Mieux vaut le laisser tranquille. »
Billy jeta un coup d'œil au lampadaire et un rappel frappa son esprit:
-Mince ! J'ai oublié d'amener sa part à Beth !
« Attend je vais lui amener. »
« C'est gentil Jim mais c'est ma punition... »
« T'as déjà assez travaillé, mange. Et puis personne me remarquera. »
Jim attrapa un bol, versa des pâtes et quelques morceaux de viande dedans et se dirigea vers la vieille femme. Il fut stoppé par Harry qui lui attrapa les épaules:
-Où vas tu comme ça ?
« Euh... »
« J'espère que tu ne vas pas aider poil de carotte à nourrir cette folle ? »
« N...non...j'avais faim et je voulais manger ça dans un coin car sinon Billy et Puck risquaient de me le prendre. »
« Ah oui ? Alors mange devant moi. »
« Qu..quoi ? »
« Tu as faim non ? Alors manges, tout de suite ! »
Au début effrayé, Jim s'exécuta et se força à tout manger, même si il avait déjà mangé un bol avant. Harry le regardait en souriant et lui tapa dans le dos quand il eut fini:
-Ça va mieux ?
« O...ouais... »
Il rota et se dirigea en se tenant le ventre vers Puck et Billy qui lui lançaient des regards inquiets. Billy lui ébouriffa les cheveux:
-Merci. Tu as fait de ton mieux !
N'empêche, le rouquin avait hâte que son calvaire avec Beth s'arrête.
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