XV/ Réminiscences
Étoile de Vipère sentit le parfum de Perle d'Obsidienne bien avant de la voir. Seuls les rayons de lune lui permirent de discerner son étroite silhouette dans les méandres de la nuit. Elle jeta un œil aux prunelles de son ancienne disciple : toujours cette colère à peine contenue, ce brasier vorace au cœur des congères.
« Tu ne dors pas ? »
La voix, d'une gravité éraillée, brisa le silence.
« Ma blessure me brûle. »
C'était vrai, la meneuse avait l'impression d'avoir des braises dans la plaie. Pour autant, ce n'était pas la marque des griffes d'Étoile Ardente dans sa chair qui la tenait éveillée mais l'inquiétude de ne pas voir son élève rentrer. Angoisse qu'elle n'admettrait jamais, évidemment.
« Demande des graines de pavot à Nuage de Gui.
- Non. Je déteste endormir mes sens.
- Et bien souffre alors. » grommela Perle d'Obsidienne avec un brin d'agacement.
La meneuse sentait la tension dans chaque geste de sa cadette. Si elle ne parlait pas, la jeune combattante allait imploser.
« Raconte-moi, l'enjoignit-elle avec autorité.
- Étoile Hurlante ne se réveillera peut-être pas. Fleur de Lierre emmène Héron Cendré trouver conseille auprès de ses ancêtres. Sombre Énigme les escorte avec Aigle Lointain. Azur Brumeux a été nommé lieutenant provisoire. Quant à Nuage de Gui, il a peur que je ne m'occupe plus de lui une fois Petit Tigre nommé apprenti. Tout ça le rend imbuvable."
Le flot de mots, véritable flopée de mouches, envahit la gueule de Perle d'Obsidienne. La meneuse observa la nervosité ondoyer comme une anguille autour de sa guerrière...
« Azur Brumeux, murmura Étoile de Vipère, intriguée par ce choix.
- Qu'en penses-tu ?
- Rien pour l'instant. Je le connais mal.
- C'est un choix ridicule. Héron Cendré a choisi un ami, pas un second. C'est un gamin qui a désigné un autre gamin.
- Héron Cendré a l'étoffe d'un meneur. Ce serait stupide de le nier.
- Peut-être. Azur Brumeux en revanche, c'est un bon à rien.
- Si tu le dis.
- Tu n'es pas d'accord ?
- Qu'est-ce que cela peut faire ? S'il est incompétent c'est un atout pour nous. Je ne comprends pas ce qui t'énerve tant. »
Perle d'Obsidienne évita son regard et expira longuement pour évacuer sa frustration. Les derniers jours avaient été éprouvants, ses nerfs à vif en étaient la preuve.
« Crois-tu que les promesses d'aujourd'hui tiendront ? l'interrogea-t-elle, sans pour autant lui répondre.
- Si elles se rompent demain ce ne sera pas de mon fait. Et si elles sont rompues, nous répliqueront. J'ai donné une chance. Je n'en donnerai pas deux. »
Étoile de Vipère vit Perle d'Obsidienne frémir, déjà prête à livrer bataille. Ses yeux avaient assez de feu pour consumer le monde. Bientôt tous marcheraient sur un tapis de cendres.
« Et toi, crois-tu avoir assez de temps pour deux novices ?
- Je le trouverai.
- À quel prix ?
- Comment ça ?
- Tu te bats pour tout et rien. Pour toi, tout ce qui ne va pas dans ton sens doit s'incliner ou succomber. Tu n'as aucune mesure. Ta pugnacité tourne sans cesse à l'obsession. Tu t'es sauvée grâce à l'exigence, tu dois tout à ta détermination, je le respecte. C'est une qualité. Je t'ai moi-même poussée dans cette direction. Mais cette rigueur que tu t'imposes en toutes circonstances, te dévore. Pour toi c'est la perfection ou rien. Pour toi c'est "jusqu'à la mort !" et plus encore. Tu n'as aucune notion du compromis. Tu es entière. Sauvage. Mais cet acharnement te ronge les entrailles. Pour l'instant tu es un volcan, mais même les volcans s'éteignent. Tous les feux s'allument un jour pour mieux s'éteindre demain. Alors je te mets en garde : Continue à lutter pour tout et il ne restera plus rien de toi. »
Perle d'Obsidienne reçut chaque mot comme une morsure glacée.
Étoile de Vipère avait raison. Ses paroles étaient terriblement vraies. Et la vérité fait mal, c'est un fait.
« Tu...
- Je ?
- Tu as raison.
- À la bonne heure ! s'esclaffa froidement la meneuse pour dissimuler sa surprise.
- Mais nous sommes tellement différentes. Ce qui est bon pour toi est-il bon pour moi ? Cet équilibre que tu prônes...
- Est ridicule. Ce que j'ai appris de toi c'est qu'il n'y a que très peu d'équilibre dans l'existence, que c'est l'imprévisible qui régit la vie. Ce que j'ai tenté de t'enseigner est à réinventer. L'équilibre que je t'ai rabâché sera uniquement ce que tu en fais. Dis-toi que tu es libre dans cette contrainte. Ne l'évince pas, modèle là à ta convenance. »
Après sa tirade, la chef expira une brume qui se cristallisa dans l'air du soir.
Elle jeta un œil à la dérobée et aperçut Perle d'Obsidienne frissonner.
« J'ai peur, Étoile de Vipère.
- Comme nous tous je le crains. »
~~~O~~~
Azur Brumeux observa la jeune féline brun marbré de noir qui se tenait devant lui : mince, presque frêle avec ses longues pattes taillées pour la course. Ses yeux émeraude brillaient d'intelligence. L'espièglerie animait chacun de ses gestes et une énergie folle, reflet de l'enfance, la poussait à conquérir le monde.
Nuage de Sauterelle : son nouveau défi.
Le rôle de guide s'ouvrait à lui...
« Je suis Azur Brumeux...
- Je sais qui tu es.
- ...Ton futur mentor.
- Pourquoi « futur » ?
- Ton « mentor », rectifia-t-il, maladroit.
- Et ?
- Et ?
- Que fait-on ?
- Je...
- Tu n'as rien préparé ?
- Si.
- Donc ?
- Patrouille.
- À deux ?
- C'est une patrouille chasse.
- D'accord. »
Pour autant Nuage de Sauterelle n'avait pas l'air convaincue.
« Qui a-t-il ? l'interrogea-t-il.
- Peux-tu me raconter ce qu'il s'est passé hier soir ? »
La question prit Azur Brumeux au dépourvu. Il n'avait pas prévu cela. Pour être honnête il n'avait pas prévu grand chose des événements de ces derniers jours.
« Tu sais déjà tout non ? », esquiva-t-il, déjà fatigué à l'idée d'expliquer l'inexplicable.
Le regard dur qu'il reçut en retour le poussa à baisser les yeux. C'étaient les yeux durs d'une enfant fatiguée de quémander des réponses aux adultes. L'espièglerie avait laissé place à un éclat froid plein de lassitude. Voilà ce qu'ils étaient en train de créer avec leurs erreurs : une jeunesse déjà usée avant même d'avoir vécue.
« On ne dit jamais rien aux novices, ronchonna-t-elle, on attend de nous que l'on suive des ordres insensés sans jamais nous expliquer rien. On veut que l'on s'incline et qu'on exécute sans jamais nous interroger, sans jamais comprendre. C'est pratique pour vous les grands, mais pour nous c'est éprouvant. Comment voulez-vous que l'on devienne des guerriers et des guerrières efficaces si vous nous cachez tout ?
- Nous essayons de préserver votre enfance.
- Quelle enfance ? Mon mentor est mort, je ne suis déjà plus une naïve petite féline ! Et je ne suis pas la seule dans ce cas ! Tu es mon nouveau guide, je l'accepte, mais j'aimerais qu'on arrête de me prendre pour une gamine incapable. Parle-moi Azur Brumeux, je t'en prie ! »
Oui. Il allait lui dire. Les temps étaient trop sombres pour dissimuler le peu de lumière qu'il possédait.
Il s'assit sur l'herbe gelée des plaines, invita sa cadette à en faire de même, et prit la parole...
~~~O~~~
Étoile Hurlante sentit les bourrasques transpercer son pelage glacé. Devant elle se tenait Étoile-des-Marées, plus froide encore que le vent d'hiver. Toutes deux se tenaient à l'endroit où Étoile du Fleuve avait trouvé la mort : À la frontière entre leurs deux territoires.
L'injustice et la peine étreignaient le cœur de la meneuse comme des amantes enragées. Comment avait-elle pu en arriver là ? Elle qui prônait la paix et l'entraide se retrouvait dans les affres d'un conflit stupide...
Oui, stupide. Tout cela était d'une invraisemblable stupidité.
« Nous pouvons encore tout arrêter, Étoile-des-Marées.
- Tu veux reculer en voyant venir l'échec, Étoile Hurlante ?
- Ce duel n'apportera rien de bon !
- Peut-être... mais la justice a un prix. Je suis prête à le payer, aussi élevé soit-il. »
Étoile Hurlante hocha la tête, vaincue. Elle sortit ses griffes à contrecœur et se jeta sur Étoile-des-Marées. La petite femelle esquiva d'une roulade précise et contre-attaqua en lui jetant du sable dans les yeux.
La meneuse du vent rentra sa tête entre ses pattes pour éviter d'être aveuglée mais elle n'eut pas le temps de parer le contrecoup : ses pattes arrières furent fauchées et son corps mordit la poussière. Le choc lui coupa le souffle. Elle attendit l'attaque suivante ... mais rien ne vint. Elle aurait pensé qu'Étoile des Marées se jetterait sur l'ouverture mais non, celle-ci attendait à trois longueurs de renard de là...
Étoile Hurlante se releva lentement, étudiant son adversaire. La réponse vint toute seule : Étoile des Marées avait peur. Une peur bleue. Elle préférait l'esquive et la contre-attaque à la charge frontale. La meneuse du vent pouvait comprendre, elle était deux fois plus imposante que son adversaire, si elle la plaquait au sol, l'issue du combat serait brutale.
Fallait-il encore y arriver...
La grande femelle se mit à tourner comme une orque autour de sa cible, la titillant sans jamais vraiment attaquer...
Elle voulait la pousser à faire une erreur, l'acculer, la forcer à sortir de sa zone de confort...
Or, Étoile des Marées était comme l'eau : elle vous glissait entre les pattes.
Le temps devint aussi lourd que du plomb. Le soleil poursuivit sa course et l'aube s'inclina face au zénith.
La fatigue se lisait dans le souffle court d'Étoile Hurlante et dans les muscles tremblants d'Étoile des Marées...
Les deux chattes se toisèrent, éreintées mais toujours prêtes à en découdre.
Étoile Hurlante réunit ses dernières forces dans un enchaînement compliqué : elle bondit, tourna dans les airs, atterrit derrière son adversaire et se propulsa sur elle à l'instant même où ses pattes touchèrent le sol. Elle percuta enfin Étoile des Marées de plein fouet et la plaqua au sol, soulagée.
« Rends-toi, Étoile-des-Marées. Rends-toi et j'oublierai ce conflit ridicule. J'oublierai tout, je te le promets. »
Étoile Hurlante n'avait aucune envie de voler des vies à son homologue, et si elle pouvait imposer la paix elle le ferait.
Hélas, même si dans la vie on peut imposer beaucoup de choses, la paix n'en fait pas partie...
« Es-tu sûr d'être en position d'oublier quoi que ce soit ? » Ricana la cheftaine des rivières.
Étoile Hurlante sentit son cœur s'accélérer quand elle comprit lentement son erreur. Elle décela progressivement les silhouettes détrempées des guerriers ennemis tapis dans les fourrés en contrebas. Elle compta : un, quatre, huit, dix félins se dressaient dans la lumière du midi.
Évidemment qu'elle-même n'était pas venue seule. Trois combattants du vent se tenaient cachés sur la crête au cas où les choses tourneraient mal. C'était des troupes de renfort et non des troupes de représailles.
La stratégie d'Étoile-des-Marées s'imposa dans son esprit : fourbe et évidente.
La chef devait l'épuiser pour mieux la laisser se faire écraser.
Elle est les siens seraient bientôt anéantis. Le clan du Vent se trouvait au bord du gouffre...
~~~O~~~
Étoile de Vipère s'avança dans la Clairière toute baignée de lumière.
Derrière elle se tenait son lieutenant Murmure de Lune, le vétéran de ses guerriers Croc de Cobra ainsi que Fleur de Lierre et Nuage de Gui.
Bien qu'elle n'ai pas convié Perle d'Obsidienne à l'accompagner, la meneuse sentait la présence de son élève dissimulée non loin.
Étoile Ardente l'attendait déjà au centre de la Clairière Claire. Éclat de Foudre, Croc de Blaireau, Écorce de Peuplier et Nuage de Muguet l'encadraient.
Une parfaite symétrie s'était mise en place d'elle-même.
À son approche la chef adverse fit rouler ses puissantes épaules et bailla largement, laissant s'échapper un nuage de buée tout poudré d'or. Les rayons encore frissonnants du petit jour chamarrèrent brièvement sa fourrure de lionne et ses crocs scintillèrent, tranchants et sentencieux.
« Étoile de Vipère, la salua froidement Étoile Ardente.
- Pouvons-nous commencer ?
- Tout dépend du nombre de guerriers que tu as dissimulé entre les pins... Crois-tu que l'odeur de Perle d'Obsidienne m'ait échappée ?
- Perle d'Obsidienne est venue seule. Elle restera en retrait... Tout comme Furie d'Églantine restera bien gentiment cachée dans les fourrés, n'est-ce pas ? »
Étoile Ardente ronronna avec la force d'un lion des montagnes ...
« Notre autorité, aussi totale soit-elle, demeure souvent bafouée pas les êtres les plus proches de nous ... les enfants obéiront-ils un jour à leurs parents ?
« Perle d'Obsidienne n'est pas ma fille, répliqua vertement Étoile de Vipère.
- Non, en effet ... ricana la féline dorée.
- Pouvons-nous commencer ou continuons-nous à perdre notre temps en bavardages inutiles ? »
La lourde tête de la meneuse du Tonnerre se redressa toute pleine d'arrogance, sa langue passa lentement sur ses babines avec le désir d'en découdre et ses yeux, deux mares remplies avec le sang des tournesols, clignèrent une fois pour donner leur accord.
Éclat de Foudre prit doucement la parole :
« Nous voilà réunis pour un duel opposant Étoile de Vipère et Étoile Ardente. Personne n'interviendra. La victoire se soldera soit par un forfait soit par une mort. Que le clan des Étoiles vous protège. »
La silhouette d'un corbeau se découpa sur la toile claire du matin, son cri éventra le ciel et les deux meneuses se firent face.
Puis le silence écrasa l'air.
Lionne contre Vipère.
Et encore le rire du corbeau.
Toujours le courage des oiseaux.
~~~O~~~
Étoile Ardente étudia son ennemie avec pragmatisme : La femelle gris tigré était presque aussi grande bien que moins musclée.
Elle était aussi beaucoup plus jeune.
Ah la jeunesse ... il n'y avait rien de plus beau pour elle. C'était la promesse de tout !
Étoile Ardente regrettait assurément ses premiers printemps, et sur toute une vie c'était peut-être les seuls regrets qu'elle avait !
Étoile de Vipère était redoutable, Étoile Ardente le savait.
Elle ne l'a sous-estimerait jamais.
Pourtant Étoile Ardente connaissait ses propres forces... Elle était la doyenne des meneuses, elle avait formé de talentueux guerriers, elle avait aimé follement, elle avait donné la vie et l'avait ôtée, elle avait survécu à bien des menaces, elle avait mené bien des batailles, elle avait arraché tous ses doutes à la racine, elle avait et aurait encore beaucoup de choses !
Ses longues griffes filèrent vers la gorge de la meneuse de l'Ombre.
Celle-ci se contenta de reculer d'une longueur de souris, inébranlable...
Étoile Ardente lançait des attaques simples pour mieux étudier la réactivité de sa rivale...
Économie.
Voilà le mot qui lui vint à l'esprit après quelques coups échangés.
Une économie dans la gestuelle et dans l'attitude.
Étoile de Vipère ne se dévoilait pas outre mesure, attendant patiemment que son opposante fasse une erreur.
Étoile Ardente commença à mettre plus de muscles et de rythme dans leur affrontement. Son grand corps léonin frappait le sol et l'air sans jamais heurter la dirigeante des pinèdes qui glissait entre ses coups.
« Un style de combat bien délicat, la chambra-t-elle, provocante.
- Crois-tu ? » murmura Étoile de Vipère, l'air sereine.
Elles bondirent l'une sur l'autre avec toutes leurs convictions et se percutèrent pour les défendre.
~~~O~~~
Étoile de Vipère sentit les griffes d'Étoile Ardente arracher sa chair en profondeur. La douleur fut vive mais l'adrénaline la dissipa presque aussitôt.
La plaie était longue et profonde. C'était un coup puissant donné par une guerrière exceptionnelle.
Étoile Ardente était exceptionnelle, c'était un fait.
Son style était plein de fougue et d'expérience, un style entier, un style douloureux pour qui n'était pas à la hauteur...
Les paroles de Griffe d'Ours résonnèrent dans son cœur : « Je t'ai bien formé ma chère. Tu es ma plus belle réussite. Je suis fier de celle que tu deviens. Tu auras les épaules pour affronter n'importe qui parce que justement, tu es tout sauf n'importe qui... »
Vraiment ? Pourtant son épaule était toute imbibée de sang...
Étoile Ardente ne lui laissa aucun répit et enchaîna avec une série de coups complexes et bien placés qui la forçait à reculer.
Étoile de Vipère esquivait mais surtout elle se concentrait, elle ramenait à son esprit les événements qui l'avaient mené à cette aube sanglante.
Elle se rappela son rôle, elle se rappela son but, elle se rappela tout.
Elle n'était pas n'importe qui, elle était peut-être la seule combattante capable de tenir tête à Étoile Ardente.
Oui la meneuse des forêts était exceptionnelle mais elle l'était au moins tout autant.
Elle rendit coup pour coup.
Et leurs griffes s'emmêlèrent et leurs crocs se heurtèrent et leurs corps se donnèrent le droit d'exulter.
Elle exultèrent, chacune menée par sa propre foi et par l'obligation d'être à la hauteur.
Par le clan des étoiles elles étaient chefs !
Des chats avaient confié leur sort entre leurs pattes.
Elles n'étaient pas seules.
C'était ça diriger : n'être jamais seule et toujours penser au bien du plus grand nombre.
Étoile de Vipère trouva le rythme du duel au moment elle se sentait le plus déboussolée.
Quelque chose se débloqua, elle comprenait : Étoile Ardente combattait pour ne pas perdre ce qu'elle avait et non pour les siens.
Elle était seule.
Étoile de Vipère imposa un tempo endiablé, acculant sa rivale en elle-même, la forçant à voir ce qu'elle voyait désormais comme une évidence : la victoire du clan de l'Ombre.
Elle frappa une fois entre les yeux, taillada l'échine, percuta les pattes arrières et plaqua la lionne au sol.
La vipère siffla :
« Alors, suis-je toujours si « délicate » ? Abdique ou je t'arrache tes vies l'une après l'autre.
- Je me rends. »
Étoile Ardente se redressa, gardant sa superbe même dans l'échec :
« Que veux-tu comme récompense ? Une partie de mon territoire ? La vie d'un de mes guerriers ? Une alliance ? Parle !
« Rien de tout ça. Ton territoire ne m'intéresse pas, je n'ai aucune attirance pour le sang et je ne m'allie avec personne ...
- Alors que veux-tu ?
- Je veux que cette clairière devienne une zone neutre. Nos deux clans y chasseront à leur guise et personne ne la réclamera tant que nous serons meneuses.
- C'est tout ? C'est une plaisanterie ?
- Je n'ai aucun humour, Étoile Ardente. Ai-je ta parole ? »
Étoile de Vipère vit la colère d'Étoile Ardente, sa colère et ses doutes ...
La grande femelle finit par obtempérer non sans un dernier grincement de dents :
« Ton règne ne sera pas long Étoile de Vipère, tu as tout des petits génies qui meurent tôt. Cette clairière reviendra vite au Tonnerre mais en attendant je me plierai à tes désirs. Tu as ma parole. »
La menace, à peine voilée, la fit frissonner mais elle n'en laissa rien paraître.
Étoile de Vipère se détourna sans un mot et regagna la pinède, sentant dans son dos la hargne des prunelles d'or fondu...
Elle avait gagné aujourd'hui pour mieux perdre demain mais ça n'en demeurait pas moins une victoire.
« Ça fera une belle cicatrice... »
Perle d'Obsidienne venait de quitter la branche du pin qui lui servait d'observatoire. Sa voix grave était tintée d'humour et d'inquiétude.
« Je ne t'avais pas autorisé à venir, persifla la meneuse sans même lui adresser un regard.
- Tu ne me l'avais pas interdit non plus.
- Je ne suis pas d'humeur à jouer sur les mots !
- Tu ne l'es jamais... »
Sans même lui laisser le choix, son élève se colla contre elle pour lui permettre de s'appuyer.
Étoile de Vipère fut tentée de lui arracher la truffe pour bien lui faire comprendre qu'une telle familiarité entre elles se serait pas tolérée.
Dommage que sa plaie brûlante ne le lui permette guère de jouer les dures à cuire ...
~~~O~~~
Aujourd'hui a une incidence sur demain,
Mais si on y pense trop on ne fait plus rien.
Se souvenir pourquoi pas mais n'oublions en aucun cas,
Qu'on ne vit vraiment que le jour présent alors n'anticipons pas.
Un problème anticipé est un problème vécu deux fois !
~~~O~~~
Petit cadeau pour fêter Halloween après cette longue absence !
J'espère que ce nouveau chapitre vous plaira, comme d'habitude n'hésitez pas à me donner votre avis !
Portez-vous bien ;)
~ Bises ~
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top