IV/ Tensions

   Azur Brumeux regarda l'orageuse tempête s'éloigner avec une pointe d'amertume. Certes la lande avait été mordue, déchirée, mise en lambeaux par la morsure de la foudre, mais au moins, les tensions s'étaient libérées.
La nuit avait été rude pour les siens car tous connaissaient le vent et tous savaient s'incliner, tous savaient voir en lui une sorte de divinité errante et imprévisible qui déambulait dans la lande, tantôt folle tantôt sereine.

L'aube, enluminée d'or et de vermeil, rehaussait de clarté les cœurs assombris par l'angoisse.
Azur Brumeux, fourbu, quitta la protection des galeries exiguës qui abritaient le clan des intempéries et savoura la sensation des doux rayons sur sa toison de lys.
Il détendit chacun de ses muscles moulus et contempla la vie :

Petite Sauterelle, survoltée, dirigeait tous les chatons dans une battue pour retrouver Petite Ambroisie, la fille de Lièvre-des-Neiges. Foudre de Choucas taquinait Rire du Zéphyr qui avait eu peur que les terriers s'écroulent pendant la tourmente. Les apprentis évacuaient leur nervosité dans des bagarres aussi décousues que maladroites.
Les doyens, amusés, prétendaient avoir subi des orages bien plus violents que celui-là et puis bon : « De nos jours les jeunes ne savent plus encaisser ! »

À l'écart de l'euphorie générale, Mistral Hivernal s'entretenait avec Étoile Hurlante, Plume de Cygne et Plume de Harfang.

« Pas trop secoué ? » chantonna une voix mutine.

Azur Brumeux ronronna à la vue de son amie :

« Moi ? C'est bien mal me connaître Tornade-des-Alizés ! Je suis imperturbable ! »

La minette dévoila ses crocs dans une grimace rieuse :

« Laisse-moi rire ! »

Le miaulement d'Étoile Hurlante, tel un coup de tonnerre, ramena brusquement le silence dans le camp :

« Un peu d'attention s'il vous plaît ! Merci. Comme vous l'avez vu, la tempête est partie. Nos problèmes eux, demeurent. Les tensions avec le clan de la rivière sont loin d'être passagères, j'en ai peur. Je ne souhaite pas qu'une guerre éclate mais nous ne pouvons vivre dans le déni. Le risque est bien présent. Je vous rappelle que la mort d'Étoile du Fleuve n'est pas résolue, son cadavre a été retrouvé près de notre frontière... en résumé tout nous accuse.

- Aucun de nous n'a tué Étoile du Fleuve ! » cracha Foudre de Choucas, ses traits d'ordinaire impassibles animés d'un rictus furibond.

Une vague de murmures approbateurs lui répondit, tant et si bien que la meneuse peina à rétablir le silence :

« Là n'est pas la question ! Le fait est que le cadavre d'un grand chef a été retrouvé et ses plaies portaient notre odeur. Étoile-des-Marées se sert de cette excuse pour faire régner la rancoeur. Oreille de Mustang et Bise Nocturne ont assuré qu'ils n'avaient aucun lien avec ce drame, le meurtrier court donc toujours.

- Devons-nous croire sur paroles deux traîtres ? » pesta Plume de Harfang.

Azur Brumeux sentit son cur se serrer avec hargne devant l'audace du guérisseur. Ses pensées crépitèrent dans son crâne :

« Tu es toi-même un vil cœur de chien, comment peux-tu critiquer les autres ?! »

Une douce fourrure se pressa contre la sienne et un murmure, léger comme le vol d'une hirondelle, lui effleura l'oreille :

« Qu'y a t-il ? Plume de Harfang n'a pas tout à fait tort. Mon père et Bise Nocturne n'étaient pas des sources fiables.

- Rien, mentit-il, c'est juste que c'est facile de critiquer avec du recul, mais dans le feu de l'action les décisions s'enchaînent parfois malgré nous. Notre guérisseur est un peu trop prompt dans son jugement. »

Le regard de Tornade-des-Alizés, véritable perle d'or, se fit moqueur :

« Parce que toi, Ô grand Azur Brumeux, tu ne juge jamais ton prochain ? »

Il n'eut pas le temps de répondre ; Étoile Hurlante donnait ses directives :

« Je vais me montrer désagréable en disant cela, mais votre avis sur la question de l'assassin n'est d'aucune utilité. Pour le moment nous devons maintenir des patrouilles frontalières en permanence et continuer d'approfondir l'entraînement de nos novices. Aussi il nous faut...

- Étoile du Fleuve est mort il y a six lunes maintenant ! Si le clan de la Rivière voulait s'en prendre à nous, ce serait fait depuis longtemps... grogna Aigle Lointain, une pointe d'amertume dans la voix.

- Pas forcément, répliqua Mistral Hivernal, La Étoile-des-Marées d'aujourd'hui est bien loin de celle d'hier. La chatte craintive et indécise a laissé place à une meneuse d'envergure. Il lui aura fallu du temps pour obtenir le soutien des siens, mais c'est désormais chose faite. Je pense, bien au contraire, que les représailles sont imminentes. De plus, son duo avec Forte Houle est un mélange redoutable. Nous avons tout à craindre du Clan de la Rivière. »

Le vent ronfla d'amusement devant l'air soudain fébrile des félins des plaines.

« Merci Mistral Hivernal, le gratifia Étoile Hurlante, soulagée, Maintenant passons au concret : Plume de Cygne, Éclosion de l'Ajonc, Azur Brumeux, Nuage de Rosée et Héron Cendré vous vous chargerez de surveiller la frontière du Clan de la Rivière ce matin. Faites-moi un rapport à votre retour. Ah oui, j'oubliais, c'est Héron Cendré qui dirigera la patrouille. »

Azur Brumeux vit l'étonnement briller dans l'œil du petit guerrier gris marbré de noir. La logique aurait voulu que Plume de Cygne ou Éclosion de l'Ajonc -tous deux des vétérans accomplis- soient en charge de la direction.
Le guerrier blanc scruta son père adoptif et ne trouva ni agacement ni surprise dans le regard de ce dernier; la chose était donc entendue ainsi.

La jalousie le piqua aussi sûrement que l'épine de la rose :

« Tu es si noble Héron Cendré, si doué, si intelligent, si charismatique, personne ne peut te résister ! »

De son côté, Azur Brumeux n'était pas dans les bonnes grâces de son ancien mentor. Il n'avait ni novice ni responsabilité. Il n'avait rien. Son meilleur ami lui, allait de privilège en privilège, de compliment en compliments...

« Tornade-des-Alizés ! la héla Étoile Hurlante, Tu prendras avec toi Aigle Lointain, Lièvre-des-Neiges et Nuage du Jour pour une patrouille de chasse. Je veux des frontières sûres et du gibier à foison avant ce soir. Foudre de Choucas et Cri de l'Épervier... »

Azur Brumeux, sidéré, n'écoutait plus les ordres et les affectations de chacun. Il dévisageait simplement Tornade-des-Alizés avec envie. Celle-ci paraissait encore plus décontenancée que lui. Quand elle le regarda, il frémit face à tant de trouble :

« Je vais diriger une patrouille ? Je ne l'ai jamais fait, je ne saurais pas par où commencer. »

Ses yeux jaunes ne parvenaient pas à le fixer. Elle n'arrivait jamais à poser son regard quand elle était nerveuse, Azur Brumeux le savait bien.

« Il faut bien commencer quelque part. Je t'assure que t'y arriveras parfaitement. Tu es une chasseuse de talent !

- Chasser et diriger une excursion de chasse c'est un peu différent...

- Pas tant que ça, les deux parlent de tuer des lapins ! Je suis sûre que tu reviendras vivante de cette expédition, la railla-t-il gentiment avant de se lever pour rejoindre sa propre patrouille.

- C'est cela, rigolez-donc mon cher ! Vous aurez ma mort sur la conscience !

- Je prends le risque ! À ce soir ! »

Tous deux, le cœur plus moins lourd, partirent retrouver leurs obligations.
Azur Brumeux secoua la tête pour mieux chasser les papillons noirs de son esprit agité.
Ses compagnons de patrouilles le saluèrent avec chaleur puis tous se mirent en route.

Le vent tourbillonnait autour d'eux, caracolant et piaffant comme un poulain mutin.
Le vol bruyant d'une perdrix affolée, la griffure légère des ajoncs et le givre habillant l'herbe des plaines achevèrent de les réveiller. Ils étaient alertes, les pattes véloces et l'il déterminé, ils se sentaient prêts.
Prêts à combattre, défendre et lutter pour ce territoire parfois hostile parfois sublime, mais qui avant tout était le leur.

Azur Brumeux écouterait Héron Cendré car c'était là la seule façon de préserver le clan des menaces à venir.
Suivre les ordres de son meilleur ami lui coûtait plus qu'il ne voulait bien l'admettre mais il s'exécuterait. Avait-il seulement le choix de faire les choses différemment ?

C'était ainsi, Héron Cendré serait toujours au-dessus de lui.

~~~O~~~

   Nuage de Gui s'était réveillé bien avant le lever du soleil. En réalité il n'avait pas fermé l'il de la nuit. Comment aurait-il pu ? Le corps désarticulé de Petit Vison, le regard vide de Petit Tigre et les cris fous de Petite Fouine le hantaient inlassablement.

Les images de la veille, pareilles à des éclairs incontrôlables, fusaient dans son esprit pour mieux l'embraser.
Il se sentait sale, il se sentait mal, il se sentait lâche; à vrai dire Nuage de Gui avait peur.
La crainte d'être habité pour toujours par ce souvenir sanglant planait comme une ombre ailée sur ses songes.

Le ciel encore noirci par la nuit semblait dense et nébuleux. L'atmosphère, lourde et poisseuse, lui collait désagréablement à la peau, telle une invisible crasse.
Nuage de Gui s'étira, détendit son corps fatigué et emprunta le chemin menant au cur de la pinède.
Cerné par les pins, les cèdres, les épicéas et les ifs, le jeune chat s'obligea à accueillir cette nature imprévisible...
Le galop effréné d'une musaraigne sur la terre visqueuse, le chuintement d'une chouette en pleine traque, le long soupir du vent encore endormi, tout cela le guidait et l'apaisait.

Tout cela l'ancrait dans le réel.

Bientôt il se sentit plus léger, moins épié, prêt à avancer.
Il devait rejoindre Perle d'Obsidienne non loin delà, dans une petite clairière à l'abri des regards.
Nuage de Gui appréhendait cette première leçon martiale, lui qui ne connaissait du combat que les simples rudiments ; ses débuts s'annonçaient ardus.

Elle était là, véritable apparition dans les volutes nacrées de l'aurore.
Les yeux clos, les griffes au clair, sa fine silhouette dansant avec frénésie dans les ombres du matin.
Une grâce endiablée accompagnait, nourrissait tout son être. Chacun de ses gestes, sans doute répétés mille et mille fois, étaient le fruit d'un infini talent et d'un travail fou. Mélange parfait d'équilibre et d'instinct, de technique et de fantaisie.
Mais il y avait autre chose, Perle d'Obsidienne bougeait, s'arquait, virevoltait comme si sa vie en dépendait. Une froide furie la guidait, véritable fil d'Arianne pour cette funambule en fuite.

Que fuyait-elle, au juste ? Et que cherchait-elle ?

Dans un dernier saut, son aînée tournoya dans les airs et lacéra l'écorce suintante de sève d'un épineux.
Une réception parfaite conclut cet affrontement imaginaire.

Nuage de Gui n'osait rien dire, pour une fois.

Perle d'Obsidienne sembla sortir de ses rêveries endiablées et se concentra enfin sur lui :

« Bien, commençons.

- Par quoi ?

- Par voir ce que tu vaux. »

Plus déterminé que jamais, il fondit sur elle sans se poser de question, trébucha sur une racine et s'écroula de tout son long dans la mousse détrempée.
Nuage de Gui frissonna, la faute à l'humidité qui imprégnait son pelage lustré et à l'humiliation cuisante qu'il devait endurer.

Le jeune guérisseur affronta le regard de la guerrière ; il n'y trouva aucun jugement.
Celle-ci le dévisageait sans moqueries et se contenta de miauler :

« Debout ! Ne laisse jamais rien, pas même une racine, te faire plier. »

Il obéit et se releva. Elle continua :

« Tu n'es pas seul Nuage de Gui. Tu es entouré de vie et de vide, de choses et d'êtres, de matière et d'invisible. Tu ne peux pas foncer tête baissée sans saisir d'abord tout ce qui gravite à tes côtés. Apprendre à accueillir tout ce qui vole, chante et respire, tout ce qui se fige, ronge et songe. Apprendre à accueillir tout cela sera un long périple. Une odyssée. Mais après, je t'assure, tu ne trébucheras jamais plus sur une racine. »

Nuage de Gui l'écoutait comme jamais il n'avait écouté jusqu'ici.

Perle d'Obsidienne bondit sur un énorme tronc déraciné par le temps et la violence des éléments. À chaque pas; ses longues pattes trouvaient un ancrage souple et solide sur l'écorce de l'arbre couché.
Véritable statue de marbre noir, elle s'assit et lui lança :

« Ce tronc est abattu, mort, pourtant il est bien présent. Pour tenir sans glisser, pour avancer sans flancher, mon corps doit trouver l'équilibre. Grimpe et fais comme moi. »

Sans comprendre où était la difficulté, l'apprenti la rejoignit et failli déraper : l'écorce avait commencé à pourrir ce qui la rendait glissante et friable. Les termites avaient rongé le bois, créant ainsi une myriade de trous et de crevasses dans cette structure devenue instable.

Il planta ses griffes et se figea pour tenir, luttant contre le monde qui voulait le voir tomber.
Sa respiration s'accéléra, son regard cherchait désespérément un point où s'accrocher, quant à sa queue, elle tentait en vain de lui donner un aplomb digne de ce nom.

Perle d'Obsidienne murmura à son oreille :

« Ne te bats pas Nuage de Gui, tu n'es pas là pour ça, du moins pas encore. Comment veux-tu trouver un équilibre en étant tendu ? »

Il haletait presque sous l'effort mais articula une excuse agacée :

« Tu... m'as dit, tu m'as dit de ne jamais plier ! Je ne peux pas tout faire ! »

Un silence crépita autour d'eux, figeant l'instant qui voulait déjà s'évader. Nuage de Gui s'attendait à se faire déchirer les oreilles mais, c'est avec avec stupeur qu'il entendit sa réponse :

« Je me suis mal exprimée; nous nous sommes mal compris. »

Perle d'Obsidienne se pressa contre lui pour le soutenir et rectifia :

« Je voulais dire par là que rien n'y personne ne devait t'humilier gratuitement, que tu devais garder la tête haute et rendre coup pour coup. Mais ce tronc ne t'a rien fait, non ? Il est juste là, comme toi. Accueille sa présence pour qu'il accepte la tienne. »

Il calma son souffle, s'appuyant sur elle.

Les paroles de Perle d'Obsidienne le guidait :

« Prends conscience de ton corps, ressent-le, laisse-le vivre. Tes épaules par exemple, comment sont-elles ?

- Crispées.

- Oui, mais encore ?

- Bloquées. Elle résistent.

- Ah bon ? Et pourquoi ? lui souffla-t-elle, douce comme la bise.

- Parce qu'elles ont peur de tomber, d'avoir mal.

- Et elles se sentent bien, en étant tendues ?

- Non mais elles n'arrivent pas à lâcher prise... se plaignit-il d'une voix ténue.

- Nous y sommes, la notion la plus difficile et la plus naturelle, celle du « lâcher prise ». Je suis là, avec toi, tu ne peux pas tomber. Tu as peur que je te lâche ?

- T'as pas intérêt, plaisanta-il, nerveux.

- Alors ferme les yeux, ferme-les et donne-moi une chance. »

Il ferma les yeux. Le vertige l'aspira, mais il ne tomba pas, son aînée le tenait.

« Tu vois ? Tu n'as pas mal. Maintenant concentre-toi sur tes épaules, trouve les noeuds qui les enchaînes, et imagine que l'air que tu respires dénoue tout. Respire.

- À vos ordres ! ironisa-t-il.

- Tais-toi et respire. »

Il respira.

Il lui fallut du temps, mais au bout du compte et c'est là l'essentiel, il parvint à détendre les mailles qui piégeaient son corps.
Les yeux toujours clos, il desserra ses griffes, autorisa sa queue à bouger, fit ondoyer son bassin, décrispa sa mâchoire, ondula des bacchantes et expira lentement.

« Mieux, beaucoup mieux. Maintenant, redresse un peu la tête et ouvre les yeux. Ouvre-les calmement, avec un regard neuf. »

Il les ouvrit calmement, et ancra ses prunelles émeraude dans un rait de lumière qui s'était frayé un passage dans l'épineux feuillage de la sombre pinède.

« Voilà. Tu tiens. »

Il tenait en effet, il tenait sans son aide. Perle d'Obsidienne s'était écarté sans qu'il s'en aperçoive. Désormais, il se sentait prêt pour la prochaine étape.

« Et maintenant ? Je reste comme ça à gober  les mouches ? » la railla-t-il.

La guerrière ricana :

« Parce que tu crois que tenir dans un équilibre précaire est suffisant ? Parce que tu crois que la compréhension de son corps s'arrête à détendre ses épaules ? Crois-tu vraiment que le monde se limite à cela ? Bien au contraire, tu as un univers sans limites à découvrir ! Le combat ce n'est pas seulement combattre. La plupart des novices apprennent une théorie dont ils effleurent à peine la complexité et une technique dont les fondements leur échappent. Mais le tout est bien plus riche !
Maintenant réponds à cela : Veux-tu savoir ? Veux-tu connaître ? Veux-tu comprendre ? Je ne te promets pas que tu sortiras indemne de cet apprentissage. Tu es un chaton et je vais te parler comme on parle à un chat. »

Nuage de Gui vit dans les yeux de Perle d'Obsidienne une véritable passion teintée de mépris.
Elle dédaignait ceux qui prétendaient comprendre, ceux qui assureraient savoir. Elle s'était sauvé du néant en entrant dans ce monde de combat et de nature, de connaissances et de sauvageries, un monde qui vous prenait aux tripes et vous poussait à vous surpasser en permanence.
Aller toujours plus loin, trop loin parfois, le voulait-il ?

Évidemment ! Savoir tout et tout saisir, n'était-ce pas là le plus grand des pouvoirs ?

« Nuage de Gui ! »

Le ton crispé et froid de Fleur de Lierre le tira de cette insidieuse ivresse.
L'œil accusateur de la guérisseuse était braqué sur Perle d'Obsidienne.
Sans même lui adresser un regard, son mentor lui imposa la marche à suivre :

« Rentre. Maintenant. Je veux que tu examines Petit Tigre. Je te rejoins. »

La tension était telle que Nuage de Gui n'osa tergiverser et fila vers le camp.
Mais, dès qu'il fut hors de la vue des deux chattes, il s'arrêta et tendit l'oreille :

« Je t'interdis te t'approcher de lui. Ta folie n'a pas à corrompre les autres. »

Le rire de Perle d'Obsidienne lui glaça le sang :

« Tu m'amuses Fleur de Lierre ! Ton élève est venu me trouver, non l'inverse. Tu veux que je restes loin de lui ? Commence par lui dire de m'éviter, je ne le ferai pas pour toi. »

Un crissement sur le sol lui apprit que la grande femelle ébène avait quitté le surplomb du tronc abattu.
Nuage de Gui se força à revenir sur ses pas pour entendre et voir les mots et les gestes des deux chattes :

La frêle Fleur de Lierre était à une longueur de truffe de la silhouette haute et saillante de Perle d'Obsidienne. Ses crocs brillaient dans la pénombre matinale, et ses prunelles luisaient férocement :

« Tant que je serai là, tu ne lui nuiras pas. Nuage de Gui est mon protégé, pas le tien. Noircis le cœur de quelqu'un d'autre ...

Perle d'Obsidienne s'arqua en arrière comme le ferait une vipère en colère et siffla :

« Je ne suis pas si noire, Fleur de Lierre, et tu n'es pas si blanche j'en suis certaine. »

La guerrière de jais s'éclipsa entre les pins, abandonnant la guérisseuse et ses reproches.
Fleur de Lierre marmonna, tremblante après l'effort de cette confrontation :

« Oh Clan des Étoiles, pourquoi l'avoir laissée vivre ... »

Nuage de Gui gronda tout bas, il n'était pas d'accord avec son mentor.
Perle d'Obsidienne était un monstre de talent et non une talentueuse monstruosité...

« Quand je serais guérisseur, Étoile d'Obsidienne pourra s'appuyer sur moi. Je ne te laisserai pas lui nuire Fleur de Lierre. Jamais. »

~~~O~~~

Je suis ambitieux, talentueux mais suis-je également monstrueux ?
Moi, le Pouvoir, suis-je pourri, ne suis-je qu'un fruit maudit ?

~~~O~~~

Bonjour !
Voici le nouveau chapitre :
- On retrouve les tensions avec le Clan de la rivière.
- La première leçon de Nuage de Gui.
- Et le « duo » Obsidienne et Lierre qui s'entend toujours aussi bien.

J'espère qu'il vous a plu, n'hésitez pas à me donner votre avis ! :)
Bon dimanche.
~ Bise ~

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