(Média : Nuage de Trèfle - Nuage d'Olivier - Nuage de Lys - Nuage de Houx[ça date])

Recontextualisation : Plume Sauvage, Clair de Lune et Or Terni ont été désignés pour aller chercher Nuage de Houx, qui fugue dû à ses propres tourments. Le groupe a une mauvaise entente, résultat : quand ils retrouvèrent la fugueuse, celle-ci réussit à leur échapper à nouveau. Nous nous retrouvons alors dans le point de vue de Nuage de Houx. 

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         C'était un endroit très étrange, ou peut-être était-ce simplement la façon dont elle le voyait. Un forêt, et les arbres se ressemblaient vraiment. À croire que c'étaient tous les mêmes. Elle se sentait emprisonnée par toute cette végétation. Elle avait le vertige. Et pourtant bien les pattes sur terre. Pourtant c'était très étroit et étouffant, cette place qu'elle avait entre le ciel et le sol. À moins que ça ne soit trop grand. Il y avait trop d'informations à récolter. Si tout était pareil, il y avait forcément quelque chose de différent, mais quoi ? Peut-être il y avait-il quelque chose qu'elle ne voyait pas. Ou à moins que ça soit elle, la chose différente... 

        Nuage de Houx restait un temps sur place après sa course folle. Elle savait quelles étaient les personnes qui étaient venues la chercher. Elle savait qu'ils étaient de son Clan... Mais ce sens de groupe n'était plus à sa portée. Ils ne l'aimaient pas. Ils n'avaient pas besoin d'elle. Elle était quoi... Un poids de plus ? Elle ne se sentait jamais bien. Le monde était toujours trop différent d'elle. 

       Elle décida de s'asseoir. Elle éviterait de faire des bêtises si elle restait tranquille. Ce n'était pas si simple quand ça lui prenait les tripes. Elle entendit quelque chose craquer sous son poids. Puis ce bruit se répéta encore, encore, elle ignorait ce que c'était, mais plus il se répétait, plus elle avait mal au crâne, et encore, de plus en plus bruyant, clac ! Elle l'avait cassé. Ce qu'elle avait cassé, elle n'en savait rien, ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait encore fait une bêtise. Et des choses venaient, dans le coin de sa vision, plus proche, envahissaient, ne regarde pas, ne voit pas, ferme, ferme les yeux, et elle claqua ses paupières entre elles. 

       « Tu ne veux pas voir ce que tu es ? »

       Elle ne pouvait pas. Aura Sépulcrale était si grand, pendant sa tête au-dessus d'elle, imité par sa famille, à moins que ça ne soit que lui-même, ils étaient tous pareil, tous unis, comme les feuilles de cette forêt, ces arbres, ces couleurs de vent, ces bruits de fleurs, et il y avait elle. Et les choses ne l'avaient pas oublié, elles se mirent à tourner et à faire disparaître, elles étaient mouches, araignées, insectes, quelle même était leur couleur, leur vitesse, avaient-elles toujours été là ? 

      « Tu es seule. Tu n'es rien. Tu n'es même pas ça. Tu n'es pas à exister. Tu n'es pas réelle. Tu ne dois pas. Disparais. Le monde n'existe pas pour toi. »

      Ces mots se confondaient en syllabes, se répétaient, et même s'il y avait eu silence ils seraient là, il y aurait des formes, il y aurait le monde, il y aurait la réalité. 

       « Nuage de Houx, il est temps de rentrer au camp. » 

       C'était... ce chat... Or Terni... Ce chat bien dans la réalité. Pour l'instant, elle y était... Même si... elle ne le devait pas. Où dois-je aller, même ? Je veux juste... 

        « Fuis de ce monde, va t'en, il est encore temps d'être oublié pour ne jamais être née, tu n'as pas à entendre, n'écoute pas, c'est faux »

       Les ombres scrutaient la petite apprentie, couvraient à moitié le chat, qui était plus doré qu'il n'était terni à travers elles, et craquaient à chaque seconde, et peu importe si c'était Or Terni ou pas, elle suffoqua : 

       « Je veux voir Maman... »

      Et elle voulait bien y croire qu'il l'amenait à elle ; elle voulait bien y croire qu'elle était quelque chose pour elle, quoi que ça veuille dire. 

       « Suis. »

      Elle suivit. Il y avait d'autres chats aussi. Plume Sauvage et Clair de Lune. Elle ne savait pas pourquoi elle avait leurs noms. Mais elles étaient là. 

       « Or Terni... Je ne pensais pas que ça marcherait. Wow, admit Clair de Lune. 
       —  Il ne fallait pas chercher compliqué, dit-il. Les émotions ne sont pas la seule chose à travers laquelle vivre. »

       A travers de quoi vis-tu même, Or Terni ? songea Plume Sauvage. Tes souvenirs, ta famille, toi-même...? Feuille Brisée te manque-t-elle, parfois ? 
       Entre lui, Nuage de Houx et Clair de Lune, la jeune guerrière ne savait de qui elle se sentait le plus détachée. Chinchilla Sauvage s'en ficherait sûrement, de tout ça. Ce serait facile, d'être elle. Facile, d'accepter qu'on est détaché, et de se détacher des autres volontairement. 

~°~ 

       Alors qu'ils approchaient du camp, Nuage de Houx voulait disparaître derrière les autres guerriers. Tous les regards allaient se braquer sur elle, ils allaient lui poser des questions, et sinon, ils se diraient qu'elle était bizarre, qu'elle cherchait de l'attention pour s'enfuir comme ça, qu'elle les trahissait, les abandonnait. Au fond, elle n'était qu'un abandon d'un chat tordu et d'un autre souvenir qui hantait sa mère. 

       « Nuage de Houx, tout va bien, tu n'as rien ? » 

       Vent Mauvais s'était hâté à l'arrivée de la patrouille. 

       « Il faudrait qu'elle ait une consultation avec l'analyste, suggéra Plume Sauvage. 
       —  J'aimerais... voir Étoile Sanglante. »

       « Ta Maman aimerait-elle te voir ? »

       Vent Mauvais remercia la patrouille d'un souffle rassuré et guida la jeune chatte vers l'antre du chef. Elle suivait l'arrière de ses pattes. 

       « Tu n'es pas sa fille. Tu n'as pas de famille. A qui vas-tu parler ? »

        « Nuage de Houx... » 
        Elle eut le réflexe de lever les yeux, puis secoua son cou pour les rebaisser. L'herbe qui les séparait n'était affectée que de sa propre ombre. 

        « Comment oses-tu le regarder dans les yeux, pour ce que tu es ? »

        « Ta mère n'est pas... tout à fait elle-même... Je reste à l'entrée, mais, sache que peu importe sa réaction... elle t'aime. Et moi aussi. Tu es toujours notre fille et nous t'aimons comme tel... »

       Pourquoi prend-t-il la peine de me dire ça ? Il sait ce que je suis. Ce n'est pas la peine de se faire des illusions. Elle entra sans un signe de réponse. Étoile Sanglante y faisait les cent pas. Elle qui ne réfléchissait qu'en étant couchée ou tête dans le mur... Nuage de Houx se figea, laissant ses pupilles se perdre dans son agitation. Qu'est ce qu'elle pourrait y faire, elle, à ce qu'elle ressentait ? Autant aller voir Nuage d'Ancolie... 
     La jeune féline se tourna pour repartir, quand une voix aiguë s'éleva :

      « Ah, Nuage de Houx... Tout va bien ? J'étais inquiète... »

       Ses pattes bicolores se mirent à tressaillir et ses yeux à fondre de larmes, Nuage de Houx se pressa contre un mur comme contre une douce fourrure réconfortante. Qu'est-ce que sa mère, cette chatte qu'elle considérait comme sa mère, voyait ? Une partie d'elle-même, et l'autre, sa souffrance ; ce devait être ce que son corps dessinait. 

       « Une chose qu'elle se doit d'aimer mais qui ne lui fait que du mal. Tu n'as même pas besoin de l'insulter, de la toucher. Tu es trop de choses pour elle. Tu es trop de choses pour "Maman". »

      « Nuage de Houx...? »
      Étoile Sanglante appelait, sans cesser de marcher, et pas vers elle. Tout la retenait de le faire, pas vrai ? Nuage de Houx se résigna à faire ce qu'elle aurait dû ; partir de là. 
      « Nuage de Houx ! »
      Elle s'écriait, mais celle-ci n'était pas coursée. Tant mieux ! Il ne fallait pas prendre plus de peine ! Je sais déjà. Elle se faufila derrière les buissons où s'installait depuis peu Nuage d'Ancolie. Une guerrière s'y tenait déjà, Esprit en Or. 

       « Bien le bonjour, Nuage de Houx. Vouliez-vous me voir ? Je suis actuellement en consultation, cependant—
       —  Oh non, ce n'est pas la peine, intervint Esprit en Or d'un doux geste de la tête. Ce n'est que ma consultation quotidienne, ce n'est pas une urgence. Va donc parler à Nuage d'Ancolie, tu as l'air d'en avoir besoin. Je vais voir ma sœur, ce sera ma thérapie. »

       L'apprentie n'eut pas le courage de protester. Bien sûr, cette féline aurait fait ça pour tout le monde, peu importe la gravité de sa propre situation... 

       « Tu l'as interrompue alors qu'elle en avait plus besoin que toi. Toi, tu ne laisserais pas la place. »

        « Je vous en prie, prenez place... Vous semblez profondément bouleversée. Exprimez-vous, Nuage de Houx... »

        « Ne dis rien, qu'est-ce que tu as à dire ? Ne parle pas, ne la fait pas écouter, tu n'as pas de voix, personne ne t'entend »

        Quelle est cette voix ? Existe-t-elle ? 

        « Je... » déglutit-elle. 

        « Ne le dis pas, ne le dis pas, ne le dis pas, ne le dis pas, ne dis rien, ne dis pas ça, ne dis »

        « Peut-être que... je... »
        Elle ravala ses larmes, entendre sa propre voix lui cassait les oreilles. Encore un effort... Après, elle va me dire quoi faire... 
        « Je crois... qu'un chat de la Forêt Sombre... me parle... Aura Sépulcrale... 
        —  Sauriez-vous pour quelle raison ? »
        Nuage de Houx fit un "non" bref de la tête. 
       « Vous tourmente-t-il ? » 
        Elle pencha sa tête en avant, incertaine de la hocher. 
        
        « Qu'est-ce que tu fais ? A quoi ça sert ? Tu dis n'importe quoi, tu ne dis que des bêtises, tu continues, tu continues, pourquoi tu continues ? »

         « Que vous fait-il subir ? Si cela n'est pas indiscret. » 

         « Ça ne sert à rien. Ça ne sert à rien. A rien. Elle ne va rien faire. Tu mens. Tu mens. Tu lui fais perdre son temps. »

           Après un certain silence calculé par Nuage d'Ancolie, elle ajouta : 

          « Si cela est trop compliqué pour vous, je peux en informer nos guerriers de la Forêt Sombre de confiance au sein de notre Clan. »

           Qu'est-ce que ça va faire ? Elle ne peut rien faire. N'essaie pas Nuage d'Ancolie. Abandonne.

         « Personne ne viendra t'aider. Personne ne le peut. »

         Nuage de Houx secoua sa tête dans tous les sens et s'en alla, filant dans la tanière des apprentis, elle enfonça son museau dans son nid et fronça les yeux pour tenter de dormir et s'échapper de la réalité qui ne lui appartenait pas. 

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NDA 

Hehe, ça fait longtemps. Je me suis repris de passion pour cette fanfic récemment. J'espère que vous pourrez l'aimer à nouveau. 

Soyez un peu indulgent, je fais comme je peux pour lier mes anciennes idées à mes nouvelles idées. Surtout ce chapitre-là est un peu court par rapport aux suivants.

C'est mon cadeau d'anniversaire à moi-même, de continuer cette fic :) 

J'aurais un rythme de 1 chapitre par semaine, pour pas burn out même si j'ai des chapitres en avance, ce sera tous les lundis excepté celui de demain car c'était un peu exceptionnel ;3

A l'année prochaine ;) 

- houx