(Média : Cœur Noir par moi) 

         Nuage de Lys s'approcha de la jeune chatte avec curiosité. 

 « Qu'as-tu dit, Nuage de l'Atmosphère ? » 

     L'intéressée observa l'apprentie guérisseuse. Elle eut un rictus, et se leva. Sa fourrure noire semblait comme difficile à porter. Il faut dire qu'elle était imposante. 

 « C'est personnel. » 

      La féline du Clan de la Plaine haussa un sourcil. Comment ça, personnel ? se demandait-elle. Elle disait bien quelque chose comme "arrête de dire son nom"... ? Elle s'adressait à... à Vent Mauvais, non ?! Ils sont bons amis, il paraît... Elle jeta une œillade suspicieuse à son père. Je doute que cette femelle soit nette... Y'a quelque chose qui va pas... Elle s'aperçut que Nuage de l'Atmosphère lui lançait un regard de dédain. 

 « Je te conseille vivement de faire attention à toi et à ton Clan pour les prochains jours qui vont suivre, Nuage de Lys... » 

      La petite soigneuse la dévisagea sans comprendre. 

 « Tu me menaces ? » hoqueta t-elle. 

      La novice ébène se mit à rire, moqueuse. 

 « Notre Clan ne fera aucun mal au vôtre, encore heureux. Ce serait irrespectueux de notre part. Mais c'est une mise en garde. Un danger de retour dans votre Clan... 
 — Tu as l'air de savoir des choses. Aurais-tu un lien privilégié avec le Clan des Étoiles ? » l'interrogea t-elle, en pleine réflexion. 

      La noiraude leva les yeux au ciel et soupira, lasse. À croire qu'on lui avait déjà posé cette question, tant que ça l'ennuyait. Son sourire avait disparu. Elle se creusait la cervelle, comme on dirait. 

 « Privilégié ? Ils m'embêtent beaucoup mais ils m'aiment pas, c'est clair ! À toi d'en juger ce que tu fais de cette information... » marmonna t-elle d'un ton mystérieux avant de s'éclipser. 

      La femelle grise et blanche était là, à cogiter, perturbée. Bon, s'ils ne l'apprécient pas beaucoup, cela m'étonnerait qu'elle fasse partie d'une prophétie... à moins qu'elle n'en accomplisse rien... Une trahison à leur égard, non ? Ou un complot avec la Forêt Sombre, qui sait... 

 « Nuage de Lys, ramène-toi ! » s'exclama Nuage de Trèfle, qui allait vers la sortie avec les autres. 

       Elle s'exécuta, sans pour autant quitter ses pensées. Elle entendait vaguement Vent Mauvais remercier le guérisseur. D'ailleurs, ce dernier la sortie de sa tête quelques secondes pour lui redonner les poisons qu'elle avait choisi. Elle se glaça en le voyant lui faire un énième clin d'œil. Sa respiration était saccadée depuis... Elle ramassa les plantes et suivit son groupe, silencieuse. Sifflement de l'Air les escortait, son apprentie ne s'était pas jointe à eux. Nuage de Lys se répétait ce qu'elle lui avait dit, essayant de trouver quel pouvait être le danger... et surtout de retour... 

~°~ 

       Cœur Noir tournait en rond dans le camp, inquiet. Il faisait presque nuit, et il se demandait si tout le monde allait bien. Bon, faut que j'arrête de me ronger comme ça... Il jeta un regard en arrière à la tanière des guerriers. À en croire les autres, je sers à rien... Il resta un moment perdu dans ses pensées, puis il ria. Ils sont drôles... En vérité, il cherchait sa place dans ce Clan. Peut-être devrais-je remonter le moral à ceux qui en avaient besoin ? Mmh... Il me semble que c'est mon tour de passer voir Spirale demain. Ce serait une occasion... 

 « Hé frangin ! » 

      Le noiraud eut une bouffée d'énergie en reconnaissant la voix de Vent Mauvais. Plus que des cousins, ils se considéraient comme des frères. Il l'aperçut au loin, avec Étoile Sanglante, encore vaseuse et sonnée, et ses quatre petits. Il ne pût s'empêcher de sprinter vers eux, ravi de leur retour. Seul Nuage d'Olivier et Nuage de Trèfle profitèrent des retrouvailles avec le petit chat ébène ; Nuage de Houx s'écarta, amèrement chagrinée, et Nuage de Lys, appréciant peu le contact et la conversation familiale, bifurqua vers la tanière de la guérisseuse avec les poisons que Goutte de Miel lui avait offert. 

      Après leur étreinte, Cœur Noir s'adressa à son cousin avec une moue de dégoût. 

 « Pouah ! Par contre vous puez ! Pas pire que Étoile de Boue, m'enfin, tout de même ! » 

      Le guerrier gris ne pût se retenir de rire aux éclats. Il jeta une œillade à sa compagne, qui était perdue dans ses pensées, avant de répondre à son aîné : 

 « T'a le flair sensible toi ! Je vais te raconter viens ! » 

      Sur ses mots, Vent Mauvais alla en direction de la pile de gibier. Toutes ces émotions lui avaient ouvert l'appétit ! Le félin noir, quant à lui, décida de ne rejoindre son semblable qu'une fois qu'il se serait assuré que Étoile Sanglante allait bien. 

 « Tu vas bien, dis-moi ? » 

      La meneuse leva le museau. En constatant la présence du mâle, son cœur s'incendia dans sa poitrine. Elle détourna le regard, mal à l'aise. Des picotements parcoururent sa fourrure, ses yeux se voilèrent et des sueurs brûlantes ruisselèrent sur son visage. Il y avait comme une adrénaline qui montait en elle. Mais... mais quoi... ? C'est quoi ça... ? Le guerrier ébène pencha la tête sur le côté, confus. Elle hocha la tête, puisqu'elle était aphasique. 

 « T'a l'air d'avoir chaud... » 

      Elle acquiesça de nouveau, son cœur manquant un battement. Des séquelles à ma tentative, peut-être...? Ça m'étonnerait beaucoup... 

 « Viens, on va manger un morceau avec Vent-Vent, » proposa t-il, tracassé par son état. 

     Elle le suivit en traînant les pattes pour ne pas être trop proche de lui. Elle se posa à côté de son bien-aimé, qui lui donna un coup de langue affectueux sur l'oreille. La femelle se mit à griffer le sol, crispée, elle ne savait pas ce qui lui arrivait... 

 « Tiens, murmura le matou anthracite en poussant une souris dodue du bout du museau. On la partage ? » 

      La chatte mouchetée, encore fiévreuse et suante, posa une patte sur le rongeur, se recroquevilla et l'entama. Son mal s'intensifia, alors elle préféra refuser le repas. Vent Mauvais la couvrit d'un regard brillant de tendresse, d'amour et de tourment. Cependant, il ne dit mot. Il goûta la chair du petit animal et finit par l'engloutir, affamé. Une fois ceci fait, il se mit à dévisager sa compagne, dont les pupilles étaient réduites à deux fentes. 

 « Qu'est ce qu'il se passe... ? » 

     Le silence du duo était comblé par Cœur Noir, qui dégustait bruyamment son lapin. Ça aurait pu continuer longtemps, jusqu'à ce qu'il vit Plume Sauvage devant la pile de gibier. Par générosité, il décida de lui donner sa part. Tout d'abord un peu surprise, la reine le remercia avec gratitude. Le guerrier, satisfait, rejoignit le couple. Il échangea quelques murmures avec son cadet : 

 « Elle va pas très bien, elle a pas l'air dans son état normal... commença le chat à fourrure de jais. 
 —  En même temps, elle revient un peu d'une tentative de suicide... 
 —  Aïe... Tu voudrais pas lui parler ? 
 —  Au cas où tu l'aurais pas remarqué, elle est momentanément aphasique. 
 —  Je m'en serai douté, mais bon... 
 —  Pff... Je sais pas quoi faire... 
 —  Si tu veux bien, je pourrais essayer de lui remonter le moral ! 
 —  Elle a pas l'air d'humeur à rire.
 —  Je vois que ça comme solution. 
 —  Bon d'accord... » 

      Vent Mauvais se mit à foudroyer son cousin du regard. 

 « Mais je t'interdis de tenter quoi que ce soit avec elle. 
 —  Pas de risques, t'inquiète, pouffa t-il. Ou sinon je te donnerais le droit de me frapper. 
 —  J'espère pas en arriver là ! » 

      Cœur Noir lui donna une pichenette, amusé, et s'approcha avec prudence d'Étoile Sanglante, ne voulant pas la brusquer. Elle semblait tendue. Il s'installa à côté d'elle, remua la truffe, c'était le malaise. Bon, allez une blague... Euh... 

 « Euh... Tu sais c'est quoi le comble pour un cerf ? C'est de servir à rien ! C'est drôle, hein, t'a comprit ? Cerf... Sert... Servir à rien ! » jubila t-il. 

      L'oreille de la chef s'agita. Elle ne paraissait pas trouver cela si drôle. Son cœur battit à vive allure et ses joues chauffèrent. Hmm... Trop proche... songea t-elle, grimaçant de confusion, bien qu'ils étaient à une distance pourtant raisonnable. Elle se décala lentement, puis, sentant qu'elle allait étouffer, elle alla, à grands pas, se placer à plusieurs queues de renards de lui. Il l'observa, sans comprendre, et la rejoignit en se posant mille et une questions. 

 « Tu devrais aller voir Clair-Obscur... » 

     Aussitôt, la meneuse se redressa et s'empressa de gagner la tanière de la guérisseuse tout en prenant soin de l'éviter. Le noiraud haussa un sourcil. Mais pourquoi ?

NDA 

Fiouuu ! Victoire \o/ 

Bon, vu que je vous nem, petit bonus en dessin : 

°-°

Prenez soin de vous !