| Chapitre 21 |

(Média : Nuage d'Immortelle by Ladywolfishappy2203 ^^) 

         Au camp, l'insouciance était présente, personne ne se souciait d'Étoile Sanglante, son absence n'affectait la conscience de personne, même Espoir Cendré, qui s'était endormi juste après le baptême des douze apprentis. Nuage de Houx avait toujours senti une certaine tension entre elle et les autres guerriers, purement et simplement parce qu'elle était la fille du chef. Pourquoi on a pas un Clan normal ? se demanda t-elle, les yeux dans le vague. Elle courut vers la tanière de la guérisseuse. Qu'est ce que je vais dire à Nuage de Lys ? 

 « Ce n'est plus ta sœur. » 

     Qu'elle le soit ou pas, je l'aime comme tel ! T'es qui pour me dire ce que je dois penser ?! Aucune réponse. Perturbée et confuse, elle entra dans le gîte d'un pas hésitant. Derrière les barrières de feuilles, elle reconnut le pelage argenté et blanc de Nuage de Lys, mais aucune trace de Clair-Obscur... 

 « Nuage de Lys ? Tu saurais où est Clair-Obscur ? 
 —  Non. Pourquoi ? » 

      Montrant son habituel visage impassible, l'apprentie guérisseuse se retourna et la fixa intensément. La femelle double-face détourna le regard, elle avait trop honte. Comment avait-elle pu laisser sa sœur en plan ?! Elle ressentait brusquement une immense haine envers elle-même. Elle aurait pu relativiser, se dire qu'elle avait fait une erreur, c'était normal. Mais avec Nuage de Lys... Elle ne saurait expliquer pourquoi, quand elle lui cachait quelque chose elle avait le sentiment d'avoir commit un crime. En fait, c'était comme ça avec toute sa « fratrie ». Elle s'était toujours étrangement comportée en grande sœur avec eux... Elle voulait les protéger et prendre soin d'eux, comme si elle avait peur qu'un conflit éclate. 

      La colère envahissait son pauvre corps tremblant, pareillement que le sang qui montait au cerveau d'un criminel. Elle grattait la terre comme si elle réduisait en cendres un chat agonisant, tuant ce qui était déjà mort.
    Mais déjà elle n'écoutait plus vraiment. Elle se contentait de griffer, arracher, aveuglée par la colère, la tristesse et tant d'émotions qui tourbillonnaient en elle. La colère contre son clan, dépressif, contre toutes ces personnes qui ne comprennent pas les « différents», contre sa mère. Oui, sa mère, qui ne lui avait rien dit de ses origines. Sa... Ma mère ? Mais non, je l'aime, moi, maman ! Elle secoua la tête comme pour se réveiller et contempla le désastre. La terre tout autour d'elle était détruite, de plus en plus profondément, tant et si bien que Nuage de Houx aurait pu y mettre la moitié de sa patte au moins. Et, devant le carnage, elle fondit en larmes. 

 « Nuage de Houx ? Tu vas bien ? » 

    La toute nouvelle apprentie releva ses yeux pleins de larmes. Nuage de Lys se tenait là, devant elle, son visage toujours impassible cette fois-ci penché un peu de côté, signe d'interrogation. Soudain, l'apprentie noire et mouchetée de gris se souvint de sa mère, allongée en compagnie de sa fratrie, mourante. Et elle n'hésita plus. 

 « Bon, si tu veux savoir, Clair-Obscur est partie chercher... 
 —  Plus le temps !!! la coupa t-elle, le souffle saccadé par l'oppression. Va chercher des remèdes pour soigner une hémorragie, c'est urgent ! » 

    Nuage de Lys hocha la tête et fila vers ses remèdes. Merci, Nuage de Lys... Lorsque la jeune soigneuse revint, la gueule pleine de plantes, les deux chattes s'éloignèrent d'un même pas, Nuage de Houx pressant au maximum sa « sœur ». Pourvu qu'il ne soit pas trop tard... Pourvu qu'il... 

 « Il est trop tard. »

    Toi, tais-toi, pesta intérieurement l'apprentie double-face tandis qu'elle quittait le camp. Elle ignora ses autres remarques fatalistes, se concentrant sur son importante quête. Elles traversèrent en courant une grande partie de la forêt sans s'adresser la parole. Enfin, elles arrivèrent près de la rivière... complètement désertée. Nuage de Lys jeta un coup d'œil interrogateur à sa sœur, qui ne dit rien, paniquée. Où sont-ils passés ? Elle respira profondément et déclara de but en blanc, le regard ancré dans celui de son interlocutrice : 

 « Écoute, Nuage de Lys, c'est notre mère qu'il faut soigner. » Nuage de Lys écarquilla les yeux, sous le choc. « Elle a essayé de se suicider et a bien failli y arriver. Maintenant, elle est mourante, perdue, et les autres doivent sûrement la chercher. Tu es prête à m'aider ? » 

     L'intéressée, la mine assombrie, acquiesça. Silencieuses, elles humèrent l'air tout en avançant, collées l'une à l'autre. L'odeur de Vent Mauvais était facilement repérable, elle était douce. Elle n'était plus poisseuse, puisqu'il n'était plus dans la Forêt Sombre ; elle était revenue à la normale, celle d'un chat de Clan banal. Alors que Nuage de Houx... elle dégageait cette odeur à pleine truffe. Je n'ai jamais été normale... 

 « Et tu ne le seras jamais. » 

     Tais-toi, tais-toi ! Casse-toi ! Elle se mit à courir, furibonde, en direction de ces odeurs, l'apprentie guérisseuse sur ses talons. Elles franchirent une frontière sans se poser trop de questions, et au bout de quelques minutes, elles les aperçurent. 

 « Vent Mauvais ! Nuage de Trèfle ! Nuage d'Olivier ! On est là ! » hélèrent-elles. 

      Les trois concernés se tournèrent, une expression affligée voilant leurs visages. Elles allèrent à leur rencontre, haletantes. 

 « Elle s'est enfuie ? s'empressa de demander Nuage de Houx. 
 —  Oui... souffla le guerrier gris. Mais nous devons nous dépêcher, le temps est compté et une patrouille peut nous repérer d'une minute à l'autre. » 

      Sur ces mots, ils se mirent à pister la trace d'Étoile Sanglante, tous n'espérant qu'une chose : la retrouver en vie. Son chemin était confus, elle avait dû zigzaguer entre les arbres, pour qu'on la sème, sans doute... Vent Mauvais resta pensif face à la gigantesque montagne qui se dressait à plusieurs centaines de queues de renard de là, où était installé le camp du Ciel. Il se rappelait leur voyage, où entre les Clans ils avaient créé une certaine camaraderie. Même leur chef s'était liée d'amitié avec Étoile des Vagues... Bien que la meneuse de la Plaine soit jugée très mauvaise, la pire, on ne pouvait nier qu'elle apportait un équilibre. Elle était comme les épines de la rose ; ça n'en serait pas une sans. Il avait la boule au ventre ; il s'inquiétait terriblement. 

 « Hé, vous entendre ? » chuchota Nuage d'Olivier, frissonnante. 

     Un craquement de brindille confirma qu'elle n'avait pas halluciné. Une souris sortit des fourrées et leur fila entre les pattes — ils n'avaient pas le droit de l'attraper, après tout. Ils crurent qu'ils pouvaient poursuivre leur route, quand ils ouïrent des éclats de voix. Le matou anthracite dressa les oreilles, ses yeux devinrent ronds tel deux bulles aux reflets d'émeraudes, toute son attention fut attirée par ce qu'il percevait à demi-mot. Nuage de Trèfle se mit en garde, Nuage de Houx fixa intensément les broussailles, Nuage de Lys se glissa derrière elle et Nuage d'Olivier coucha ses oreilles sur les côtés. 

 « Rah ! Elle m'a échappée ! fulmina une femelle. 
 —  Ce n'est pas grave, tu l'auras une autre fois... » grommela un mâle plus âgé. 

      Des pas se rapprochèrent de l'endroit où ils se trouvaient, et, appréhensifs, préférèrent ne pas bouger. Il valait mieux ne pas attirer de conflit en fuyant comme des délinquants. Ils assumaient qu'ils étaient là, un point c'est tout, et ils acceptaient d'en payer les conséquences. Les deux félins sortirent des buissons, une apprentie à fourrure noire au museau blanc et un chat gris clair ayant cette même caractéristique physique. Voyant que des adversaires se trouvaient là, ils parurent d'abord surpris, puis l'aîné devint agressif, et la cadette dévisagea Vent Mauvais avec un léger sourire. Il était plutôt ravi. 

 « Que faites-vous ici ?! Vous nous envahissez ou quoi ?! » feula le guerrier du Clan du Ciel. 

      La jeune noiraude s'interposa devant ce dernier. Il fronça les sourcils. Elle ronronna, amusée. 

 « Arrête, Sifflement de l'Air. Je les connais. » 

      Le dénommé se radoucit un peu. 

 « Ah ? » 

     Il renifla prudemment l'ancien membre de la Forêt Sombre, qui ne pût s'empêcher de se dandiner avec gêne. 

 « Tu ne devrais pas te lier d'amitié avec l'ennemi, Nuage de l'Atmosphère, maugréa t-il en jetant une œillade mauvaise au félin cendré. 
 —  Relax, pas-sociablax ! » 

     Il leva les yeux au ciel et regarda les clandestins un à un, toujours aussi glacial. 

 « Bon, qu'est-ce que vous faites ici ? 
 —  On cherche notre meneuse, Étoile Sanglante ! » bredouilla Vent Mauvais, sa voix se brisant d'un coup. 

    Sifflement de l'Air haussa un sourcil, prenant un moment de réflexion. Il eut comme une illumination. 

 « Ah ! Elle a des yeux bleus nuit ? 
 —  Oui ! s'écria le matou du Clan de la Plaine. 
 —  Elle est faible ? 
 —  Oui... » soupirèrent les quatre autres. 

    Le mâle gris et blanc échangea un regard entendu avec Nuage de l'Atmosphère. Leurs figures s'attristèrent, ils étaient désormais solennels et compatissants, oubliant un instant l'adversité. 

 « Suivez-nous, votre chef est chez nous. Une patrouille l'a repérée sur le territoire, et vu qu'elle était ensanglantée, ils l'ont conduite d'urgence chez notre guérisseuse, » expliqua Sifflement de l'Air, grave. 

     Les cinq félins s'entre-regardèrent, soulagés. Nuage de Lys se mordit la lèvre, elle se sentait un peu idiote avec ses remèdes. Elle aurait tant aimé soigner sa mère, pour se faire pardonner... faut dire qu'elle n'avait jamais été assez là pour elle... Toute son enfance, elle l'avait passée seule, sans se soucier de qui que ce soit, se questionnant tantôt sur la vie, tantôt sur la mort, refusant de s'ouvrir au monde au lieu de plonger dans ses réflexions. En fait... elle ne voulait pas changer et devenir sociable. Il fallait juste qu'elle prête plus attention à sa famille... et à son Clan. Être guérisseuse, c'était avant tout ça. Elle se promit qu'elle essaierait, adressant une courte prière au Clan des Étoiles pendant qu'ils suivaient le duo — qui s'avérait être un duo mentor-apprentie.

 « Alors comme ça, vous vous connaissez ? interrogea Nuage de Trèfle à l'intention de son père. 
 —  Oui, je dirais que c'est ma meilleure amie, déclara celui-ci. 
 —  Amitié inter-clan ? Hmm... Pas bien... » gronda Nuage d'Olivier. 

      L'anthracite remua les moustaches, à la fois offusqué et agréé. Il entoura sa fille avec sa queue d'un geste affectueux. Aussitôt, le frère se ramena contre son géniteur, dans une pointe de jalousie. 

 « Ne t'inquiète pas, je serai toujours loyal au Clan de la Plaine, assura t-il. 
 —  Y'a intérêt, » marmonna Nuage de Lys pour elle-même, en se joignant au « câlin ». 

     Nuage de Houx, à l'arrière, observa son frère et ses sœurs ainsi blottis. Je devrais les rejoindre... se dit-elle. Elle secoua la tête et sourit sans montrer d'émotion positive pour autant en sentant l'amertume la décontenancer, faisant monter des larmes. Ce n'est pas ma famille... enfin... plus vr... 

 « Mais ça n'a jamais été ta famille, Nuage de Houx, » retentit la voix. 

      Elle serra les dents. Qu'est ce que tu fais encore là, toi ?! Elle n'entendit rien en retour. Elle avança de moins en moins vite, le regard vide. Tiens, d'ailleurs t'es qui ?! Tu sais quoi, si tu veux pas me le dire, je vais te donner un nom moi-même ! Que dirais-tu de Gâcheur d'Ambiance ? Non, trop gentil... De Sale Cœur de Renard ? De Cœur de Blaireau ? Aucun Cœur ? Cœur de Débile ? Cœur de Souris ? Cœur de Rat ? Cœur de Mort ? Cœur de Gran...

 « Aura Sépulcrale. » 

      Elle leva la tête par instinct. Elle reconnut un grand chat gris moucheté aux yeux d'un rouge flamboyant. Cette illusion ne dura pas longtemps, quoi qu'assez pour qu'elle mémorise son apparence. Très bien... Aura Sépulcrale... 

 « Nuage de Houx ! Ramène-toi, t'es à la bourre ! On est arrivés ! » fit Nuage de Trèfle. 

      Elle essuya toute trace de sanglots de sa tête, et les rejoignit en grimpant la pente. Cela faisait penser à leur propre camp, seulement, il était bien plus vaste, mieux organisé et agréable. Disons qu'il n'y avait pas cette affreuse atmosphère mélancolique, où la joie était écrasée par des paroles pessimistes, où on ne reconnaissait même plus la vie étant donné que tout ce qu'on avait que le mot « suicide » à la bouche, où les colombes vivaient chez les corbeaux, où les oiseaux ne prenaient plus la peine de chanter, leur mélodie était remplacée par un requiem monotone entonné par les râlements, les pleurs, les plaintes et les cris, où on faisait tellement de cauchemars qu'on n'en dormait plus, où personne n'était beau à voir, où les fourrures entretenues, lustrées et les yeux pétillants étaient rares, voire inexistants. En un mot, ici, c'était tout le contraire de ce qu'ils connaissaient. 

 « Bienvenue chez moi ! » miaula Nuage de l'Atmosphère. 


NDA 

Aloooors comment j'ai fait ? Eh bien illumination hehe~ 

Ah non, en fait, la partie "tuant ce qui était déjà mort" jusqu'à "Tu es prête à m'aider ?" m'a été rédigée par eclairvif11, et je la remercie infiniment pour son aide, sans elle je ne serai jamais parvenue à me motiver à la continuer aujourd'hui :) Félicitez-la, c'est grâce à elle que j'ai pu faire ce chapitre ^^ Je pense que le mérite lui revient :3 

Sur ce, j'espère que ce chapitre vous a plu, si vous n'avez pas comprit, si vous avez des questions, ect... l'espace commentaire est fait pour ça ^^ 

Ainsi, on se quitte sur le nombre de mots que j'ai fait... *-* 
2150 à peu-près !!! 

Bonne nuit si vous lisez ce chapitre au moment où il est posté x) sinon bah... bonne journée ! 

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