(Média : Nuage/Songe Crépusculaire et Petit Pétale, Petite Tache et Petit Mélèze (je sais plus si je vous l'avais montré x)) 

        Songe Crépusculaire eut terminé de parler avec ses clients bien des heures après minuit. Il avait réussi à faire apparaître un petit sourire pour certains, pour d'autres, c'était plus compliqué. Il était fatigué mais hors de question qu'il laisse ces guerriers comme ça, sans plus chercher à les aider. Il se remémora alors les problèmes évoqués par leurs pensées.
  Il se rappelait de l'entrevue avec Baie d'Érable, qui lui avait parut si étrange et déstabilisante... Rien que de savoir qu'il aidait son harceleuse le mettait mal à l'aise, et puis, sentir tant de haine brûler en elle avait créé un incendie dans son corps, un feu d'émotions qui lui faisait tourner la tête, tant qu'il aurait cru sombrer dans le coma après une demi-heure d'entretien avec la femelle. Il avait toujours une douleur dans la poitrine depuis. Il aurait aimé que ça se passe autrement, entre eux. Il savait que dans la vie, on avait pas toujours ce que l'on voulait, mais il cherchait encore pourquoi elle le détestait dès l'instant où elle a sut son nom, mais les souvenirs étaient trop, beaucoup trop lointains pour qu'il puisse les distinguer nettement. 
  Puisqu'il n'avait plus Nimbes de Jais à ses côtés pour l'aider, il n'entendait plus les confidences de ses patients. Et quand bien même il essayait de lire sur leurs lèvres, c'était un échec. Peut-être qu'il aurait un assistant d'ici quelques lunes pour l'aider... Il s'effondra sur son nid. Quel chaton voudrait avoir à régler les problèmes de son Clan sachant qu'il les a tous aidés à surmonter leur angoisse et leur empêcher de fuguer ?
  Analyste, à l'image d'un guérisseur, était un métier dur et engageant à tout donner pour éloigner ses camarades de la dépression et des idées noires et dans lequel on devait comprendre le ressenti de chacun. Ce n'était pas facile pour un jeune apprenti...
  Son cœur était serré, il avait très mal, mais faisait comme s'il ne le remarquait pas. S'il y faisait attention, il y a longtemps qu'il serait mort. Pour utiliser la méthode Coué, il lui fallait un gros effort mental.
  Il avait beau aider les gens, il était seul, toujours seul. 

   Ce n'était pas sa préoccupation principale. Il cherchait à aider tout d'abord Clair-Obscur, qui avait l'impression que tous les malheurs du Clan étaient de sa faute, quoi que, en même temps, il fallait aussi qu'il trouve comment enterrer le profond mal-être d'Étoile Sanglante, qui avait juré son suicide après le baptême d'apprenti de ses chatons... Également le cas de Spirale, qui entendait les voix de sa mère et de sa sœur Leaf qui lui disaient de les venger, il ne voudrait pas qu'une autre apocalypse se produise... Ou bien celui de Nuage de Colombe, rongée par la solitude... Il n'y avait pas moyen qu'il différencie les pires cas des moins graves. Il devait tous les analyser, et tous les aider. 

    Il se releva difficilement, alourdi par le sommeil, mais il n'écoutait plus les besoins de son corps. Il se mit à marcher tout droit, sans but, et sortit de sa tanière sans même s'en rendre compte. Il se mit à réfléchir comme personne d'autre ne pourrait se concentrer. Il en oublia même le lieu où il était et ce qu'il faisait simultanément. Il était perdu dans les galeries des songes de ses patients...

   Il faudrait que Clair-Obscur comprenne que ce n'est pas de sa faute et qu'elle n'y peut rien, et que la mort est une étape tout à fait normale de la vie... Même si certains n'ont pas mérités de s'en aller si jeunes... Peu de personnes lui en veulent, ou bien c'est passager. Tout le monde sait qu'il est difficile de soigner tout le monde... Et Étoile Sanglante... aujourd'hui, la mort de son fils... C'est vrai que ce n'est pas facile... mais avec ses responsabilités, si elle veut vraiment prouver son amour à son Clan, il faut qu'elle reste... Mais en même temps, c'est vrai qu'il n'y a qu'une ou deux personnes pour l'aider... et encore... Son suicide ne ferait pas du bien à ses petits, aussi... Quant à Spirale... il faut lui faire écouter la voix de la raison... retrouver la raison qu'elle a perdue... lui faire prendre conscience que ce ne sont que des illusions qui vont la détruire. Et Nuage de Colombe, qui n'arrive pas à se familiariser avec d'autres personnes que sa sœur... Il faudrait la rediriger vers les chatons, ou bien les guerriers plus âgés... elle s'entendra peut-être bien avec eux. Et pourquoi pas avec la chef ? C'est une idée... ça comblerait à toutes les deux leur solitude... Ou avec Clair-Obscur... Il faudrait rapprocher ces trois-là... 

   Au fur et à mesure qu'il passait en revue les dépressions de ses camarades, il s'enfonçait dans les bois. Lorsque sa patte se plongea dans une énorme flaque visqueuse et sale, il fut projeté hors de ses réflexions. Il la secoua en poussant un gémissement de surprise. C'était de la boue. Il jeta des regards paniqués autour de lui. Les arbres étaient si imposants qu'ils semblaient le toiser. Il était totalement confus, au point d'en oublier lui-même qui il était à force de réfléchir pour ses congénères. Tout haut, il haleta : 

 « Je suis... Songe Crépusculaire... du Clan de la Plaine... et je suis... analyste... et... » 

    Il se tut. Ses yeux s'étaient embrumés et le brûlaient à cause de la fatigue. Il lâcha des larmes de douleur, il avait l'impression que c'était la première fois qu'il ressentait quelque chose. Ses pattes et son pelage trempés de boue et mussés sous des couches de poussières lui donnaient froid. Sa fourrure était toute emmêlée. Il préféra ignorer son mauvais état et tenter de reconnaître l'endroit où il se trouvait. C'était sombre. Normal, il faisait nuit. Il vit un corbeau s'envoler depuis la branche d'un laurier. Au fait... Où suis-je ? se demanda t-il. 

   Il contourna la flaque et explora les alentours du regard. Des rangées d'arbres à l'infini. C'était tout ce qu'il y avait. 

   Soudain, il entendit des murmures au creux de ses oreilles déchirées. Il sursauta. C'était perturbant, de n'entendre que les voix. Et même tout simplement d'entendre. La dernière fois qu'il avait pu entendre lui semblait si lointaine... Et ces voix... Il avait l'étrange impression de les reconnaître. Petit Pétale ! Il se souvenait bien de cette chatonne, ainsi que ses frères qui lui parlaient quand il était apprenti ! 

 « On a vraiment cru que tu allais nous oublier ! » s'exclama la voix de Petite Tache. 

    Le matou brun se retourna, et son visage s'illumina quand il reconnut les trois petits félins. Ils n'avaient pas grandis, toujours aussi petits et d'environ trois lunes, mais ils avaient été ses seuls et premiers amis durant son apprentissage. Il fit une grimace qui ressemblait à un sourire et s'approcha du trio, les yeux brillants. 

 « On t'a manqué j'espère ? » minauda Petit Mélèze en riant. 

    Ces voix fluettes, les seules choses qu'il pouvait encore entendre et qui les avait tant marquées. Ces chatons souriaient et respiraient la joie de vivre. Il n'arrivait plus à penser à rien d'autre. Ils soutinrent son regard un long moment, puis échangèrent une œillade entendu. 

 « Suis-nous ! On a un truc à te montrer ! » lança Petit Mélèze en commençant à partir. 

    Le guerrier du Clan de la Plaine hocha la tête et les suivit. Les arbres semblaient défiler autour d'eux. La marche accélérait peu à peu, ce qui épuisait Songe Crépusculaire. Cependant, il voulait tenir bon. Même s'il n'avait pas dormi depuis deux jours, sa volonté de découvrir ce fameux « truc » qu'ils voulaient lui montrer était assez forte pour qu'il ne s'écroule pas. C'était étrange, tout devenait plus clair, peu à peu... Quelle pouvait bien être la source de lumière qui éclairait leur passage de plus en plus ? Au bout d'un moment, la clarté devenait si forte qu'elle l'éblouissait et qu'il ne voyait plus rien qu'un vide blanc... 

   Dans ce vide, il aperçut les silhouettes des chatons se reformer peu à peu, et leurs couleurs redevinrent plus nettes. Il ne voyait qu'eux. Il les appela par leurs noms, une fois, deux fois, trois fois... Ils ne semblaient pas l'entendre. 

 « Où est-ce qu'on est ?! » hurla t-il, désarçonné.  

    Il trouvait que cette course prenait la forme d'un rêve. Il courait, se sentait plus léger et n'était plus à bout de souffle. Il allait les appeler de nouveau dans une tentative désespérée, quand brusquement, les jeunes chats s'arrêtèrent net. Il les rejoignit, ralentissant son allure. Il n'y avait toujours nulle autre chose qu'eux dans sa vision. Petit Mélèze se tourna vers l'adulte, imité de son frère et de sa sœur. 

 « Songe Crépusculaire, dit-il posément, le visage toujours étiré par son sourire. Il y a longtemps qu'on voulait te montrer cet endroit. » 

    L'intéressé cligna des yeux et regarda à nouveau autour de lui. 

 « Mais... il n'y a rien ! » fit-il remarquer. 

   Le chaton sombre ferma les yeux, amusé, et ronronna. 

 « Ah bon ? Cligne plusieurs fois des yeux, tu y verras toute suite mieux. » 

    Le félin pâle s'exécuta, peu convaincu. Il cillait, et constatait progressivement la réapparition d'une forêt, toujours aussi obscure, mais ce n'était pas celle où il était tout à l'heure. En plus de l'obscurité, la brume brouillait légèrement sa perception oculaire. Le sang de l'analyste se glaça. 

 « Où... où sommes-nous ? » bredouilla t-il, incrédule. 

    Petit Pétale lui fit signe de s'asseoir. Ce qu'il fit, pas très rassuré. 

 « Bienvenue dans la Forêt Sombre ! » annonça t-elle. 

NDA 

Pfiouuuuuuuuu putain enfin fini !