Serre de Harpie rejoignit la tanière des guerriers, les larmes aux yeux, après cette patrouille nocturne. Rien qu'en donnant un coup de patte amical à Chinchilla Sauvage, en rattrapant Tornade Spiralée car elle poursuivait une proie qui allait traverser la frontière et en frôlant le flanc de Coeur Noir, elle les avait envoyé chez la guérisseuse car elle les avait blessé sans le vouloir. La guerrière noire posa sa tête contre une paroi rocheuse et ravala difficilement sa salive.
  Qu'est ce qu'elle faisait ici ? Elle était une indésirable parmi les guerriers de ce Clan. En fond, les respirations régulières des autres félins qui s'étaient endormis sur-le-champ étaient les seuls bruits qu'elle pouvait entendre.
  Même quand elle essayait de se faire des amis, elle les perdait. Son regard lui semblait glacé à force de regarder les autres aussi froidement sans le vouloir. Elle se reprochait souvent d'être un monstre à blesser tout le monde. D'ailleurs, son père lui avait fait remarqué que la lueur de ses yeux s'était éteinte avec le temps. Mais il avait beau tenter de la réconforter, cela ne changeait rien. Elle ne se sentait pas à sa place dans le Clan et ne s'y sentira d'ailleurs jamais.
  Les amitiés qu'elles forgeaient se détruisaient et ces liens se déchiraient comme les éclairs dans le ciel. Les amours, pas plus courant, ses seuls espoirs s'étaient consumés suite à la mort de Nuage de Souffre. Le corps que portaient ses pattes, elle n'arrivait plus à le supporter. Elle aurait préféré être invisible pour qu'on ne la voit pas.
  Elle se cogna le front contre le mur comme pour venger toutes les personnes à qui elle avait fait du mal. Une trace de sang apparut sur son nid et elle sentit une blessure près de son oeil, mais elle n'était pas grave. Elle essuya la petite plaie d'un revers de la patte et essuya sa patte contre la roche. Une marque vermeille en recouvrit une partie. C'était la seule chose qu'elle laissait d'elle.
  Les hululements des hiboux et des chouettes ainsi que les chants de criquets qui résonnaient dehors la détendaient. Elle se sentirait solitaire si les souffles de ses camarades ne couvraient pas ces bruits. L'extérieur, voilà un endroit où elle aimerait vivre. Elle était née dans les montagnes, après tout... Elle se laissa porter par cette ambition ; elle sortit de la tanière des guerriers, prit un passage derrière les gîtes et descendit la montagne. Puis elle s'en alla du camp. Elle partit, elle fuit, elle fugua. Le vent frais battait contre sa fourrure, et pour la première fois depuis très longtemps, elle sourit. C'était tout ce qui lui restait à faire.

NDA

Chapitre court mais simple x)