| Chapitre 8 |
( Média : Nuage de Souffre )
La nuit tombée, Harpia vérifia que personne ne prêtait attention à elle pour s'échapper en douce du camp. Le cœur battant, elle reprit le même chemin qu'elle avait emprunté la première fois. Elle reconnaissait ces odeurs, sombres mêlée à une répugnante odeur du sang l'enivrant presque, mais pour une fois, elle était heureuse de les sentir. Elle avait hâte de revoir Nuage de Souffre ! Elle s'assit face à la frontière, et attendit avec beaucoup d'espoir. Elle regardait les arbres autour d'elle en l'attendant. Elle s'amusait à les décrire dans sa tête.
Il y avait surtout des frênes et des aulnes, au feuillage sombre et à l'écorce rugueuse. Des traces de griffes étaient visibles sur le tronc, marquant la frontière entre le Clan de la Plaine et celui des Cendres. Mais elle y sentait, une autre odeur... Intriguée, elle frôla l'écorce du bout des pattes. Elle sentait d'autres traces de griffes. Cependant, elle ne reconnaissait l'odeur d'aucun des quatre Clans, sur ce marquage. Elle avait du mal à identifier si ces griffures étaient récentes ou anciennes.
Elle dressa les oreilles en entendant un bruit, et regarda autour d'elle avec précaution, espérant voir la fourrure rousse foncé de son ami. Elle vit une souris sortir des buissons passer juste devant elle, et ce fut comme si elle s'était jetée sous ses pattes. D'instinct, elle l'acheva d'un coup de pattes. A moitié-satisfaite, elle goûta la délicieuse chair du rongeur et fut rassasié une fois qu'elle eut fini.
Elle était déçue de ne toujours pas voir Nuage de Souffre. Elle attendit, chaque son faisant monter de l'espoir en elle, mais toujours rien. Elle commençait à s'impatienter, et une expression désappointée noircissait son visage. Peut-être qu'il est en retard... se rassura t-elle. Etoile de Frayeur doit sûrement faire des siennes. A force d'attendre, elle finissait par ne plus prendre cela comme un retard. Faut se rendre à l'évidence, voyons... Il m'a posé un lapin ! songea t-elle, les yeux emplis de larmes d'amertume. De toute façon, je n'ai jamais plu à personne ! Elle partit, tout comme sa joie, qui s'était changée en tristesse.
~°~
Nuage Crépusculaire remuait dans son sommeil, et pour cause, l'endroit où il se trouvait ne lui plaisait guère. Cet endroit, il le reconnaissait, là où la vie n'existait pas, où tout était sombre, Patte de Ronce lui en avait souvent parlé. Il s'était juré de ne jamais mettre les pieds dans cette Forêt, pourtant, il s'était retrouvé là. Les oreilles basses, il recula, espérant ne trouver personne. En entendant un bruit, il se cacha derrière un arbre mort. Le cœur battant, il reprit son souffle. Il ne se sentait vraiment pas bien ici.
Il failli s'arrêter de respirer en entendant des bruits craqueler sur les feuilles mortes. Il n'osait pas regarder à quoi ressemblait le félin qui approchait, de peur de se faire repérer. Sa présence ici était forcément une erreur. C'est alors que les pas s'arrêtèrent. Il se demandait s'il était parti, et risqua un regard derrière lui. Personne. Il se retourna et bondit au moins trois fois sa longueur en arrière, avant de reconnaître la féline qui se tenait devant lui.
« Nuage de Jais ? Qu'est ce que tu fais ici ?
— Je te retourne la question. Toi, qu'est ce que tu fais ici ? »
L'apprenti brun remarqua que sa sœur était réellement en train de parler ! C'était la première fois qu'il entendait sa vraie voix, ça lui faisait bizarre. Elle avait une voix un peu plus aiguë. Peut-être pouvait-elle parler quand ils étaient en rêve ? Celle-ci attendait d'ailleurs une réponse de sa part.
« J'en sais rien. Je me suis réveillé ici et... j'ai pris peur avec les histoires de maman, alors je me suis caché, expliqua t-il, confus.
— C'est pas aussi effrayant que ça, affirma Nuage de Jais en haussant les épaules.
— C'est dangereux ! Il y a d'autres personnes avec toi ? » La novice secoua la tête.
« Je crois pas... Nuage Malchanceux n'y est pas, en tout cas. Mais bon, cette Forêt est très grande.
— C'est certain. Mais que fais-tu ici, au fait ? »
La femelle aux pattes noires réfléchissait à comment elle pourrait formuler sa réponse, et son air hésitant laissait le doute à son frère. Il la fixa un moment. En quelques secondes, il eut la vision de Nuage de Jais parlant avec une chatte plus grande qu'elle lui ressemblant comme deux gouttes d'eau, puis tout devint trouble. Il cilla pour que sa vision redevienne normale, et s'aperçu que sa sœur ne lui avait toujours pas répondu. La femelle semblait bloquée dans une sorte de transe.
« Nuage de Jais ? Ça ne va pas ? s'inquiéta t-il.
— Rien... Je fais rien de mal ici.
— Tu fais quoi exactement ?
— Si tu veux on visite la Forêt, je la connais par cœur, je vais t'expliquer après, d'accord ? »
Nuage Crépusculaire hocha la tête, bien que peu convaincu, il n'était vraiment pas à l'aise. Il la suivit tout en regardant les alentours, pour lui, tout se ressemblait. Il se demandait comment sa sœur pourrait connaître tous les recoins de la Forêt par cœur alors que tout était pareil ; des arbres morts, des arbres morts, et encore des arbres morts... Une forêt bien dense.
« Ici, c'est l'endroit où tous les morts arrivent. C'est tout boueux, ils atterrissent directement là-dedans ! » indiqua t-elle en montrant une grosse étendue de boue. Le novice brun grimaça, un peu dégoûté. « Là on va vers un terrain d'entraînement, il y en a plusieurs ! Les "apprentis" de la Forêt Sombre s'y entraînent avec leur mentor, mais évidemment, il n'y vont pas avec les autres, c'est individuel. Fait attention, y'a du grabuge, faut pas les déranger. On va peut-être rencontrer une personne de notre Clan... »
Il dressa les oreilles et se cacha derrière l'arbre mort opposé à celui que choisit sa sœur. Ils regardèrent la clairière, où une odeur poisseuse de sang lui fit froncer le museau et l'aveuglait presque tellement elle était forte, mais il finit par distinguer la couleur de son pelage à travers la brume pâle. Dans la faible lumière, une fourrure écaille tachetée de noir et de blanc apparaissait, mais cependant ne parvenait pas à distinguer si la silhouette était petite ou grande. Nuage de Jais perçut cependant la ressemblance frappante entre cette silhouette et Petit Érable.
« Petit Érable ?! s'écria la jeune novice.
— Je m'appelle Ombre d'Érable ! » protesta t-elle en se retournant d'un coup, laissant paraître sa silhouette imposante au faible jour.
Les deux apprentis reculèrent, paniqués, et en voyant ses grands yeux ambrés les toiser durement, n'hésitèrent pas une seconde à détaler comme des lapins.
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