( Média : Vent Mauvais par @Kazuki51 merciii !! ) 

               A contrecœur, Etoile Sanglante et Rayure de Bronze hissèrent le cadavre de Cœur de la Vengeance sur leur dos pour aller l'enterrer. Le guerrier crème repéra un vieux frêne, c'était le dernier arbre sous lequel ils s'étaient parlés. Ils aimaient beaucoup cet arbre dans cette clairière. Il s'arrêta face au frêne et le regarda, la mélancolie lui brûlant le cœur et brillant dans ses yeux bleus foncés. Il posa doucement la défunte contre le tronc, les larmes amères emplissant ses yeux se mirent à couler à nouveau, tant il lui était douloureux de se dire que plus jamais il ne pourrait lui parler et sentir sa douce présence auprès de lui, et ça lui brisait le cœur. 
   Voyant son fils adoptif aussi malheureux et regardant à nouveau le cadavre, Etoile Sanglante renifla pour tenter de réprimer un sanglot, mais il fut trop puissant pour l'arrêter. Elle pleura à chaudes larmes sur la dépouille de sa petite-fille, la douleur était atroce alors elle voulait la supprimer. Pourtant, elle était gravée dans son cœur comme toutes les autres, et inaliénable. Elle se souvenait de tous ceux qui étaient morts, et s'en souviendrait toujours. C'était la raison pour laquelle elle devenait folle, parfois, replongée dans ses souvenirs. Elle agita les oreilles, un autre chat s'était joint à eux. 
   Nuage de Bourgeons, la truffe enfouie dans la fourrure de son mentor et pleurant incessamment, ne pouvait supporter la mort de Cœur de la Vengeance. Il avait été, pour lui, le meilleur mentor de tous, bien que louche parfois. Elle était la seule à l'aider dans ses missions, la seule à connaître son statut d'élu, la seule qui savait se sortir même du pétrin le plus périlleux, c'était un mentor unique. Comment je vais faire maintenant ? Je ne pourrais jamais réussir seul... songea t-il, la gorge noué. 
 « Elle veille sur toi, là-haut, » lui murmura Cendres des Neiges suavement à l'oreille. 
   Il sourit quand il la vit s'asseoir à ses côtés et sentit sa langue caresser sa joue trempée de larmes essuyées. Sa présence était réconfortante, il était rassuré, un peu comme s'il avait une sœur ou une deuxième mère... 

~°~

   Petite Plume errait sans but dans le camp, elle s'ennuyait. Suite à la bataille et la mort de Cœur de la Vengeance, les guerriers étaient presque tous silencieux par respect pour la défunte. Elle se demandait si au Clan des Etoiles on vivait pareil que dans la forêt... Elle regarda une plume blanche et noire tomber, et bondit dessus pour l'attraper. A chaque fois qu'elle en voyait une, elle repensait à sa mère défunte... Elle renifla et essuya ses larmes.
  Elle s'approcha de Chinchilla Sauvage, et ne savait comment la considérer. Elle s'occupait d'elle et la chérissait, mais elle, ne savait que penser. Elle se prend pour ma mère ! Personne ne pourra la remplacer ! Il est hors de question qu'elle la remplace, songea t-elle, les larmes aux yeux. Mais... D'un autre côté... C'est elle qui m'a sauvé de la mort... Chinchilla Sauvage lui adressa un sourire et lui lissa la fourrure. Cependant je... ce n'est pas ma mère ! Elle grogna et s'enfuit, laissant la guerrière grise incrédule. 
 « P'tite Plume ! » s'écria t-elle. 
   Elle la poursuivit, craignant qu'il lui arrive quelque chose. Petite Plume tenta de la semer en passant à travers les arbres, mais Chinchilla Sauvage n'abandonnait pas ! Elle l'avait adoptée et la considérait comme sa véritable fille ! Elle ne comprenait pas comment elle avait pu se détacher d'elle aussi rapidement ! Soudain, elle la perdit de vue dans le dense territoire. 
 « Chinchilla, tu fais quoi à courir comme ça ? T'a vu un arbre vivant ? » 
   La guerrière perle se retourna, Spirale et Demi-Cœur se tenaient devant elle. Elle ne s'énerva pas en entendant son nom raccourci, car chaque seconde comptait, il lui était inutile de les insulter. 
 « Non mais genre, P'tite Plume s'est enfuie, expliqua t-elle. 
 —  On va t'aider à la chercher, » proposa Demi-Cœur. 
  Chinchilla Sauvage hésita à refuser, mais se dit qu'au fond, elle avait bien besoin d'aide pour retrouver Petite Plume, elle pouvait être n'importe où. Elle accepta d'un signe de tête et les trois femelles se séparèrent. Spirale alla vers la gauche, la gueule entrouverte afin de mieux repérer l'odeur de la chatonne noire, et la reconnue au bout d'un moment. Elle fit quelques pas dans la direction indiquée par son flair, et appela ses camarades afin qu'elles la rejoignent. Rapidement, elles arrivèrent depuis le point où elles cherchaient la petite femelle, mais n'avaient rien trouvé. 
 « Je l'ai trouvée ! » déclara la rouquine en passant au-dessus d'un tronc d'arbre au milieu du passage. 
   Elle s'approcha de l'endroit où se trouvait la noiraude, suivie des deux autres femelles. Elle passa sa tête en dehors de l'arbre et aperçu Petite Plume assise près d'une dépouille. Les yeux de Spirale se voilèrent. Serait-ce... ? Elle s'approcha du corps. Le pelage noir de la chatte morte n'était qu'une ombre au soleil et ses yeux lourdement fermés sous lesquels séchaient des larmes. Sa mère ? hoqueta Spirale. Morte ? 
   Elle regarda un moment le cadavre, ses pupilles n'étant plus qu'une minuscule fente et ses yeux emplis de larmes. Son cœur se serra si fort qu'elle cru qu'on l'avait écrasé dans les flammes, et revivait un vestige du passé. Ses larmes ne coulèrent pas, elles lui brûlaient pourtant les yeux, et elle tremblait. Elle serra les griffes contre l'herbe. Petite Plume sanglotait dans le pelage négligé de sa génitrice, sans rien dire. Pourquoi... ? se demanda la petite. Pourquoi la vie lui a t-elle ôtée la sienne ?! C'est elle ma mère et jamais elle ne sera remplacée !

 « P'tite Plume... J'sais que ça t'fait mal mais... tu devrais rentrer au camp, elle reviendra pas... chuchota Chinchilla Sauvage. 
 —  Laisse-moi ! la cingla la chatonne ébène, toujours des larmes collées aux yeux. Tu ne sais pas ce que ça fait toi ! Tu n'as pas de mère alors tu ne sais rien ! Je reste là si je veux ! 
 —  Bien sûr qu'si j'sais ! Ma mère, j'l'ai jamais connue ! J'sais pas ce que c'est, moi ! C'est la chef du Clan qui m'a élevée, et j'men suis pas plaint ! 
 —  Tu ne remplacera jamais ma mère ! 
 —  Tu préfères crever seule ? » 
   Petite Plume grogna et baissa la tête. Elle donna un coup violent dans une motte de terre et s'éloigna, semblant connaître le chemin pour retourner au camp par cœur. Elle a raison mais... je ne veux pas remplacer ma mère !