| Chapitre 25 |
( Média : Petite Feuille )
Harpia se cacha dans un coin, voulant échapper à son père. Elle savait qu'il ne souhaitait que la réconfortait, mais pour elle, plus rien n'avait de sens. Elle voulait juste se rouler en boule et pleurer. Elle entendit un bruit de pas, alors que les larmes la trempaient jusqu'aux pattes. Elle ne leva même pas la tête. Elle ne voulait pas qu'on la voit.
« Harpia ? »
Elle dût se mordre la patte pour lever la tête. Pelote de Flamme se tenait devant elle, l'air attristé. La chatonne noire se releva et recula précipitamment, n'osant même pas le regarder dans les yeux.
« Je suis désolé... commença l'écaillé en se tripotant les pattes. Je vois bien que tu es triste... et ça se fait pas que tu sois repoussée juste parce que tu as un problème. On peut être amis si tu veux ? »
La noiraude le regarda, les yeux brillants d'espoir. D'un revers de la patte, elle essuya ses larmes. Le chaton écaille lui sourit et lui tendit la patte. Harpia se releva et le fixa. Pelote de Flamme réprima un frissonnement de peur et lui lécha la tête gentiment.
« Bon allez viens, on va jouer ! dit-il énergiquement.
— A quoi ?
— Mmhh... A cache-cache !
— Oh oui ! Je compte ! »
Elle commença à compter les proies tandis que Pelote de Flamme partait se trouver une bonne cachette. Tout en prononçant le nom de la sixième proie, elle pensait au fait qu'elle se soit enfin trouvé un ami. Elle se sentait tellement légère et mieux à présent, ça lui réchauffait le cœur. Je pourrais le dire à papa ! songea t-elle. Ça va être cool ! J'ai enfin quelqu'un qui m'apprécie !
« Dix souris ! » s'écria t-elle.
Elle bondit sur place et regarda autour d'elle. Où peut-il être ? se demanda t-elle. En cherchant derrière un arbre, elle entendit : "Cœur de renard..." Elle se retourna et grogna. Je suis pas un cœur de renard ! Je veux juste avoir des gens qui m'aiment ! Et avoir des amis ! Je ne veux pas faire le mal ! rétorqua t-elle intérieurement. Elle entendit le même écho. Laissez-moi ! Montrez-vous ! Qui êtes-vous ? C'est vous qui m'avez maudit ?
Elle dressa les oreilles. Plus un bruit. Elle continua d'avancer en regardant autour d'elle.
La même voix, les mêmes paroles. Elle fit le gros dos, puis se calma, en se disant que si elle provoquait un guerrier puissant elle ne ferait pas le poids... Elle poursuivit ses recherches, toujours tourmentée par les mêmes paroles retentissant dans ses oreilles. Puis, elle sentit l'odeur de son ami. Elle le trouva derrière un buisson de ronces.
« Trouvé ! miaula t-elle joyeusement.
— Bien joué ! Allez à moi ! »
Il se mit à compter, tandis que la femelle ébène partit chercher une cachette. Scelio les observait de loin. C'était un vrai miracle. Les deux chatons étaient... Comme des frère et sœur ! Harpia bondit dans un buisson de feuilles et songea : Mince il risque de me trouver facilement ! Mon pelage est noir au milieu de ces feuilles vertes ! Trop tard, le chaton écaille s'approchait de là où elle se trouvait.
« Haha trouvé ! »
Elle sortit de sa cachette. Le petit mâle baissa la tête pour ne pas paniquer à la vue de ses yeux jaunes brillants inconsciemment de malveillance.
« Bon on fait quoi ? s'enquit-elle d'une voix paraissant glaciale.
— On fait la course jusqu'à la tanière de la guérisseuse ? proposa t-il.
— Ouais ! »
Les deux chatons se mirent en place sur la même parallèle et se mirent à courir en même temps. Harpia prit de la vitesse et arriva devant la tanière de la guérisseuse, triomphante. Mais en regardant derrière elle, Pelote de Flamme ne courait pas derrière elle. Inquiète, elle revint sur ses pas et s'horrifia. Le mâle écaille était étalé sur le sol, enlacé par trois serpents. Elle recula. Les guerriers l'encerclèrent.
« C'est pas possible ! s'exclama Demi-Cœur en bousculant tout le monde.
— C'est un démon ! » grogna Rayure de Zèbre en regardant Harpia.
La petite chatte recula, choquée. En voyant tous les regards haineux la toiser, elle détala d'un coup, les yeux emplis de larmes. Elle avait perdu un ami, son seul ami, et voilà qu'on la haïssait maintenant, la jugeant coupable de sa mort. "Cœur de renard", entendit-elle. Tais-toi ! grogna la féline, à la fois pleine de tristesse et de colère envers la personne qui lui avait jeté cette malédiction.
Elle courut, tête baissée, et s'arrêta en voyant la rivière. Elle y voyait flou, sa tête lui tournait, et tandis qu'une voix lui répétait la même insulte "Cœur de renard", elle chancela vers le cours d'eau. C'est alors qu'elle aperçu une autre silhouette à l'autre bout de la rivière, qui se penchait sur le torrent. C'était un chaton roux vif. Il ne portait pas l'odeur du Clan du Lac... Le rouquin la fixa, ses yeux aussi plein de larmes. Harpia entendit une dernière fois le murmure de cette injure avant de basculer dans l'eau. Elle but la tasse et, après une quinte de toux, perdit connaissance.
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