Deux lunes et demi passèrent, Nuage Mortel mit bas trois chatons, Petit Frêne, Petite Brume ( média ) et Petite Feuille, cette dernière vivant difficilement ses quintes de toux répétitives. Suite à cela, elle reçu son nom de guerrière, Venin Mortel, en même temps que sa sœur Nuage de la Pénombre, désormais Pénombre Tranchante. Nuage Perfide deviendra guerrier dans deux lunes, il était un peu plus jeune. Il se comportait comme un vrai père avec les chatons de Venin Mortel. Chinchilla Sauvage se comportait de plus en plus comme une sauvage avec les autres, ça faisait vraiment de la peine à Venin Mortel de la voir devenir comme ça, sachant qu'elle était dans un véritable état de dépression. Elle ne savait que faire, elle avait peur de l'approcher... Les deux femelles ne s'étaient pas parlés depuis un bout de temps. Pelage d'écureuil mit bas aussi ; Petit Geai, Petit Lion, Petit écureuil et Petite Ronce en l'honneur de sa sœur, elle était désolée pour elle d'ailleurs. 

Il ne restait que peu de temps aux Clans avant d'arriver au sommet des montagnes. 

                 Petite Brume s'éveilla, alors qu'il n'était pas encore l'aube. Un chaton crème, brun et gris moucheté dormait non loin de lui, à sa droite ; son frère, Petit Frêne. A sa gauche, une chatonne brune tirant sur le roux, mouchetée de noir ; sa sœur, Petite Feuille. Celle-ci dormait, malgré ses toussotements incessants. Il eut un pincement au cœur et s'assit près d'elle. 
 «  Déjà réveillé Petite Brume... ? bailla Petit Frêne en s'asseyant à côté de lui. 
  — 'Arrive pas à dormir, Petite Feuille 'ait que de tousser... soupira le chaton noir en baillant à son tour.
  — C'est pas de sa faute en même temps... 
  — Je sais... » 
     Les deux mâles restèrent silencieux un moment. Ils espéraient au moins que cela ne réveillait pas les autres guerriers. Petit Frêne écouta sa sœur tousser un moment, sombre.
 «  Les chatons de Pelage D'écureuil n'ont pas encore ouvert les yeux, fit remarquer Petite Brume en regardant les quatre chatons, blottis les uns contre les autres. 
   — Normal, y'sont trop jeunes encore.  
   — ...T'a pas entendu un bruit ? sursauta le mâle ébène. 
   — Non... » 
     Ils regardèrent autour d'eux et bondirent deux fois leur hauteur en entendant un autre toussotement plus bruyant. 
 «  On est vraiment paranos... souffla Petite Brume. 
   — Oui... » 
     Pourtant, le noiraud entendit un bruit de léger de cliquetis. La tanière était grande et sombre, ils avaient du mal à repérer ce qui était loin. Il plissa les yeux et balaya la grotte du regard. Il ne voyait aucun guerrier debout, et ce tant mieux. Leur mère, Venin Mortel, dormait près d'eux. Elle était un peu plus grande niveau taille, mais encore jeune mère. Le repos lui était indispensable. 
     Il souligna intérieurement les rayures noires de son pelage qui semblaient presque s'emmêler, comme si elles formaient des croix. Il continua de l'observer en précision et, de sa petite patte, frôla la patte de sa mère. Il pouvait sentir des ouvertures, certaines plus profondes que les autres. S'est-elle tant battue que ça ? se demanda t-il. Le chaton était loin de se douter que ces blessures étaient volontaires. 
     Il dressa à nouveau les oreilles, il entendait encore les bruits de pas. Il regarda son frère, celui-ci s'était roulé en boule, encore fatigué. A part les toussotements de Petite Feuille qui semblaient masquer les bruits de pas, il n'entendait que le silence, se concentrant sur les bruits l'entourant. Il se risqua à s'aventurer dans le reste de la grotte. 
     Évitant le plus possible de frôler les pelages des autres chats, il visita la tanière puis s'arrêta. Il avait l'impression que la tanière était beaucoup trop grande pour eux... Il sentit une odeur inconnue, qui n'était pas celle d'un félin, et se mit à paniquer. Il faut peut-être que j'en alerte les autres ! se dit-il. 

 «  Il y a une bête dans la tanière ! » hurla t-il, réveillant tous les Clans. 
   Etoile Sanglante fut sûrement la seule des chefs à ne pas le regarder de travers. Elle se leva, encore mal réveillée, et se dirigea vers lui. 
 «  J'espère que c'est pour une bonne raison, j'allais enfin attraper ce fichu oiseau-souris ! grommela t-elle. 
   — Ben y'a une bête dans la tanière ! Je l'ai sentie !
   — Vraiment ? » 
    La meneuse parut dubitative. Fallait-il croire un chaton ? Il était bien capable de dire des bêtises, mais aussi de dire la vérité. 
 «  Dans ce cas, il faut évacuer la grotte, déclara t-elle à l'attention d'Etoile Céleste. Vais vérifier si y'a une bête. 
   — Bonne mort alors Etoile Sanglante, tu feras jamais le poids face à un blaireau, se moqua Etoile Céleste tout en commençant à évacuer les autres. 
   — C'est ça c'est ça, souffla t-elle, d'un air de mauvaise humeur. Bon, Petit Frêne, va dehors comme les autres, moi, je vais voir dans le fond de la tanière. 
   — Fais attention hein ! crièrent en chœur Flocon Cendré et Harpia. 
   — Vous inquiétez pas. »   
     La faible chef s'enfonça dans les endroits les moins éclairés de la grotte, voire même pas du tout. Elle se fiait seulement aux odeurs. Mais c'est qu'il a raison... songea t-elle. Si la tanière est si grande, alors elle pourrait habiter... un ours ! Crotte de souris ! Elle ne chercha pas à s'approcher en entendant un lourd cliquetis non loin d'elle. Elle prit la poudre d'escampette, et sortit de la tanière aussi rapidement qu'un lapin coursé par son prédateur. 
 «  OK alors je l'ai pas vu mais je l'ai senti ! cria t-elle. On dégage d'ici ! 
  — Eh parle autrement, t'apprends des mauvais mots aux chatons ! rétorqua Etoile Céleste. Et tu t'étonnes que tes guerriers te manquent de respect après ça. 
  — Arrête de parler et fuit ! » 
    La femelle blanche partit avec son Clan sans dire un mot, il était très tôt encore. En entendant les grognements lointains de l'ours, Etoile Céleste, tenant à sa vie, accéléra le pas. Petite Chance, Petit Jais, Petit Crépuscule et Patte de Ronce fermaient la marche, s'étant réveillés plus tard que les autres. Les chatons étaient très fatigués, et leurs pattes étaient déjà bien endolories. 
 «  Est-ce que tout le monde va bien ? » s'inquiéta Etoile des Vagues. 
    Elle commença d'abord par vérifier que tous les membres de son Clan étaient présents, seulement elle se rendit compte plus tard qu'elle avait oublié de voir si Mer Déchaînée était là. Le sang dans ses veines ne fit qu'un tour. Elle dévala la pente telle une furie, ses pattes saignantes, mais elle s'en fichait ! Ses larmes brouillaient sa vue, comment avait-elle pût oublier sa compagne, même sous le coup de la panique ? 
     Elle se précipita dans la tanière, et aperçu sa lieutenante couchée sur le sol, contre le mur, des traces de griffes énormes sur le flanc. Ce contact froid qu'elle eut lorsqu'elle frôla sa fourrure avec sa truffe, elle ne l'oublierait jamais. Elle n'eut le temps de s'apitoyer sur son sort et de s'injurier elle-même par culpabilité qu'elle sentit le sol trembler légèrement. Elle hissa le cadavre sur son dos et courut le plus vite qu'elle pût hors de la grotte, puis jeta un regard en arrière pour vérifier que la bête ne la suivait pas.
    Elle ne fit pas attention à la pente devant elle et, en se la prenant en pleine tête, elle fut assommée par le choc. Elle se retrouvait blottie contre sa défunte lieutenante, et malgré son inconscience, des larmes roulèrent par centaine sur ses joues. J'ai enlevée six vies... Aucun ne mérite d'être mort par ma faute. Je suis horrible.