( média : comment se faire pleurer. ) 

     Il ne restait que peu de marche à Etoile des Vagues et ses accompagnants pour arriver au lac. D'ici, une odeur de mort se sentait, mais pas de sang. Une fumée se faisait sentir. Plus ils s'approchaient du lac, plus cette odeur asphyxiante était forte. Les six guerriers qui l'accompagnaient, et même Etoile des Vagues elle-même, commençaient à tousser.

  «  On ferait... mieux... de rebrousser chemin ! haleta Mer Déchaînée en reculant. 
   — Hors de question ! hurla la meneuse entre deux quintes de toux. Si on retrouve leurs guerriers, on aura aucune dette à rendre au Clan de la Plaine pour leur "hospitalité"- enfin, si on peut parler franchement d'hospitalité... 
  — Ah oui ! On n'aura aucun compte à leur rendre ! Bien dit ! » approuva un guerrier juste derrière. 

  La femelle bleu-gris sourit, confiante, et continua d'avancer prudemment vers l'endroit où se situait le lac, suivie de ses camarades. Leur vision était brouillée par une sorte de brume ou de fumée blanche et pâle qui envahissait les alentours.
Mais au fur et à mesure qu'ils s'approchaient du lac, ils distinguèrent une silhouette noire étalée au sol se découper dans la brume. Flocon Cendré hoqueta en apercevant sa mince silhouette noire ébène faisant presque penser à un apprenti. Non pas lui ! 

  « Envol du Merle ! » s'écria le guerrier ardoise en se précipitant vers son frère. 
 Le chat couleur cendre fourra son museau dans sa fourrure et sanglota, alors que ses accompagnants arrivaient. Etoile des Vagues secoua la tête avec désolation. Puis, l'odeur de fumée se fit de plus en plus pressante dans l'air. Flocon Cendré était étouffé entre la fumée et les sanglots, qu'il ne pouvait même plus contrôler son souffle. 

 «  Partons ! » cria Etoile des Vagues d'une voix rauque. 
  Bien que sa lieutenante et les autres guerriers la suivirent à contrecœur, Flocon Cendré, lui, restait là, près du corps de son frère. 
 «  Flocon Cendré ! Ne reste pas là, tu vas faire un malaise ! » lui lança Âme du Tigre à plein poumons alors qu'il était un peu plus loin. 
  La puissance qu'il avait mis dans sa voix l'affaiblissait, mais il s'en fichait. Il s'avança et l'attendit. 
 «  Je resterais ici s'il le faut... répondit le matou ardoise d'une voix faible. 
    — Mais... on peut pas te laisser mourir ici ! rétorqua le guerrier tigré. 
    — Mais je ne peux pas laisser mon frère pourrir comme ça ! Vas t'en si ça ne t'importe rien ! 
    — Désolé... Flocon Cendré mais... Adieu. Je... je n'ai plus rien à dire... » 

  Âme du Tigre rejoignit les autres à toute vitesse, une larme commença à rouler sur sa joue, puis une autre, et s'en suivie d'un sanglot. Flocon Cendré était son meilleur ami, qui l'avait aidé à surmonter la mort d'Eclair de Jais, il ne voulait pas le perdre ! Mais tel était son choix. Son cœur se serra. Tout ne pouvait pas se finir comme ça ! Et pourtant... 
Il finir par rejoindre son groupe. C'était un véritable silence de deuil qui s'était installé. Le guerrier tigré toussota. La fumée toxique semblait les suivre. Il traînait les pattes, fermant la marche. L'odeur commençait à ralentir sa respiration. Alors qu'il voulut courir pour rejoindre les autres, il sentait ses pattes trop faibles pour un tel effort. Il s'agrippa au sol avec ses griffes. Ses pattes tremblaient, son sang sembla s'arrêter d'un coup de couler après avoir fait un tour rapide dans ses veines. Il ne sentait plus aucune force. 

  «  Âme du Tigre ! » cria Flèche de Silex.
   Sa vision se brouilla. Alors que les sanglots continuaient toujours, ses yeux le brûlèrent. Avant de s'effondrer au sol,  il lui sembla entendre : 
  «  Non !!! » 
   C'était Flocon Cendré. Il est vivant... Pourtant, dans ses derniers instants de conscience, il sentait encore ses larmes glisser sur ses joues. Il sentit la douce fourrure du guerrier cendre contre lui. Malgré sa faiblesse, il esquissa un maigre sourire. 
 «  Je suis désolé... » sanglota Flocon Cendré, le museau près de son oreille. 
   Âme du Tigre posa sa patte sur son poitrail. 
«  Reste comme tu es, Flocon Cendré... Je... t'aime... » 
  Il s'effondra au sol, dépourvu de forces. Flocon Cendré fondit en larmes. Non non ! C'est trop ! Il sentait l'air toxique commencer à entrer dans ses poumons. Il commençait à tousser à en recracher ses poumons. 
 «  Ne meurt pas ! paniqua Flèche de Silex. 
    — Désolé... Âme du Tigre... » murmura t-il d'une voix à peine audible avant de courir pour passer devant son groupe. 
  Flocon Cendré voulait oublier ce qu'il avait laissé derrière lui. Son frère et un très bon ami qui l'aimait... Lui se trouvait horrible. Pourquoi je l'ai laissé partir sans moi ? Je suis vraiment détestable ! songea t-il sans refouler ses larmes. Il trouvait qu'il ne méritait même pas qu'on l'aime. Il arriva au camp et fonça dans la tanière des guerriers sans saluer personne à son retour. Il s'assit près du mur et posa sa tête contre. Il se frappa la tête plusieurs fois. 

  «  Je me déteste... »