Chapitre 14
Le lendemain, Feuille Brisée se leva pendant la nuit. Bien qu'elle s'inquiétait pour la disparition de Petite Pénombre, elle avait des comptes à régler avec Tempête du Faucon. Elle n'avait pas aimé la façon dont il avait prit son rejet. C'était le meilleur moment pour le faire. Elle lécha la tête de Pelage D'écureuil et lui murmura :
« - Il aura ce qu'il mérite. »
Elle quitta la pouponnière et arriva jusqu'à la tanière des guerriers. Elle fila d'un pas discret entre les guerriers qui dormaient et aperçu enfin Tempête du Faucon. Il dormait à pattes fermées, tel un chaton dans la pouponnière. Parfait ! pensa t-elle. Elle le prit délicatement par la peau du cou et l'éjecta hors de la tanière des guerriers. Il roula jusqu'au milieu du camp. Sous le choc, le guerrier brun se réveilla en sursaut. Feuille Brisée lui planta vivement la griffe en plein milieu du dos. Il savait qu'il ne pourrait rien faire s'il n'arrivait pas à rester debout.
Sous la douleur, Tempête du Faucon poussa un petit cri et s'écrasa au sol, comme paralysé. La guerrière aux pattes noires parut satisfaite en voyant le sang couler sur son échine. Elle l'attrapa par la peau du cou et le traîna loin du camp avec elle. Elle s'arrêta en plein milieu des arbres et s'allongea devant lui et le fixa avec animosité, un sourire mauvais collé aux lèvres. Elle commença à parler, presque chanter, des paroles semblables au chant antique qu'elle avait utilisé pour faire venir la Forêt Sombre, mais cela semblait avoir un impact sur Tempête du Faucon :
« - De corpore sanguis... » Du sang coula sur le flanc du guerrier brun. Il ne comprit pas pourquoi il n'avait pas mal. « Ut custodiant te in odium tantum digna mori in dolore... » Là, il sentit une immense douleur lui transpercer le dos. « Cinis est cor tuum succendatur et non relinquens... » Une douleur insupportable se planta en plein dans son cœur, comme une flèche enflammée. Il avait l'impression que le battement s'était arrêté. « Clamo ad te et non iam in virtute cor tuum... et inclinentur lacrimae Iam non es. » Les douleurs qu'il ressentait à présent étaient invivables ; il lâcha de longs sanglots de douleur et voulait hurler, mais il n'y arrivait pas. Il eut l'impression d'être déchiré en deux d'un coup. Doucement, il ferma les paupières. « Lam non es. »
~°~
Alors juste je vous coupe pour la traduction du texte voilààà xD
Latin
De corpore sanguis
Ut custodiant te in odium
tantum digna mori in dolore
cinis est cor tuum succendatur et non relinquens
clamo ad te et non iam in virtute
cor tuum, et inclinentur lacrimae
Iam non es.
Français
Le sang coule sur ton corps
je garde la haine contre toi
tu ne mérites que de mourir dans la souffrance
ton coeur brûle sans y laisser de cendres
tu pleures jusqu'à ne plus en pouvoir
ton âme se brise et se déchire
maintenant tu n'es plus.
Voilà je vous embête plus !
~°~
« - Maintenant, tu comprendras mieux ce que ça fait, de souffrir, » murmura t-elle.
Elle le prit par la peau du cou une nouvelle fois et le traîna longtemps jusqu'à arriver devant le lac. Pendant la nuit, il n'y avait pas beaucoup de risques avec les bulles, du moins, c'est ce qu'avait dit Spirale. Elle projeta le corps dans le cours d'eau et le regarda couler. Elle voulut retourner au camp mais elle était clouée là, à fixer le lac et à méditer sur sa vie, cette sorte de suite de vengeances.
Qui était-elle ? Elle regarda le reflet de ses pattes noires ensanglantées dans l'eau. Elle ne savait plus qui elle était. Laquelle des deux elle-même était la vraie ? Celle d'avant ou celle d'après ? Lorsqu'elle repensa à son ancienne famille son cœur se serra de douleurs et de regrets. Elle laissa échapper une larme qu'elle essuya d'un geste rageur. Elle ne devait pas pleurer pour ça. Ce serait leur accorder une trop grande importance. Ils n'étaient plus rien pour eux et ça le restera.
Ses yeux s'embrumèrent. Pas de larmes, mais aveuglée par la haine et la colère. Elle en était remplie, et n'arrivait même plus à ressentir d'émotions. Elle trempa sa patte dans le lac. L'eau devint écarlate. Une sorte de confusion mélangeait les pensées de son esprit. Bien qu'elle ne ressentait aucune tristesse, c'était difficile de repenser au guerrier qu'elle venait de tuer. Pourtant, il l'avait mérité, mais... Je ne lui pardonnerais jamais ! Et bientôt ce sera au tour de ces gens qui se prétendaient être ma famille de voir à quel point j'ai souffert !
Dans l'eau, une sorte d'illusion transformait son reflet. Elle vit qu'il représentait une guerrière à la fourrure entièrement noire. C'était elle. Enfin, son ancien elle-même. D'un coup de patte furieux dans l'eau, elle l'effaça. Ce n'est plus moi. Je suis Feuille Brisée maintenant. Elle poussa un soupir râleur et rentra au camp à grands pas.
Elle rentra dans la pouponnière tête basse, comme si elle fonçait. Elle se prit dans les tiges qui recouvraient l'entrée. Elle grogna et lança un coup de griffes dans le vide. Quelle idiote ! pensa t-elle, rouge de colère. Elle rompit les lianes d'un coup de crocs. Quand elle fut libérée, elle se roula en boule près de Pelage d'écureuil, sa compagne.
Haine, colère. C'était tout ce qu'elle ressentait désormais. C'était de leur faute si son cœur s'était changé en bloc de glace.
Et si un jour cette glace se brisait ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top