Le léger vent de la saison des feuilles nouvelles embaumait l'air de cette forêt au bois sombre, où aucun signe de vie ne se montrait. Les arbres morts rendaient l'atmosphère d'autant plus inquiétante. Une silhouette féline sortit de l'ombre. Elle semblait chercher quelqu'un. On distingua aux faibles rayons de la lune son pelage noir et gris et ses yeux verts luisants dans la pénombre. Une autre silhouette sortit soudain de nulle part, son pelage roux sang et ses yeux verts de haine. Elle s'assit et regarda longuement la chatte noire et grise. 

- Tu es donc venue, dit-elle. 

- À vrai dire, je viens à contrecœur ! cracha la femelle. 

La rouquine plissa les yeux. 

- Du calme, Étoile Ombrageuse, tu n'a pas à te montrer si agressive avec ta propre mère voyons... 

Étoile Ombrageuse souffla, hors d'elle. 

- Tu aurais dû mourir au Néant, traîtresse... 

- Silence ! gronda t-elle, son pelage roux hérissé par l'agacement. 

- Pourquoi m'avoir donc fait venir si je dois me taire ? 

- Tu ne tenais donc pas à voir ta chère mère ? feula t-elle, les prunelles brûlantes d'animosité. 

- Sans façon, jeta t-elle, tournant le dos à sa mère. 

La chatte rousse se leva et sortit ses griffes. 

- Les Clans auront toujours du souci à se faire sur leur survie... Peut être un jour regretteront-ils de ne pas m'avoir laissé le pouvoir ? 

- Pars, maintenant, Étoile Flamboyante, lâcha la femelle grise et noire. 

- Si tu y tiens... 

Étoile Flamboyante donna un coup de griffe douloureux dans le flanc de sa fille et disparu dans l'ombre. La victime se tordit de douleur et jura qu'elle sera plus puissante pour vaincre sa mère. 

Étoile Ombrageuse se réveilla soudainement et constata avec effroi que une énorme plaie avait entaillé son flanc. Elle lâcha une larme qui frôla le pelage d'une petite boule de poils grise pelotonné près d'une chatonne grise perle. Le chaton gris leva la tête vers la femelle et ouvrit légèrement les yeux, interloqué. 

- Ne vous en faites pas, Petit Vent, Petite Brise... susurra t-elle à l'oreille des chatons. Vous n'avez pas à vous soucier de moi. Gardez votre innocence aussi longtemps que possible, c'est tout ce que je vous souhaite.