Chapitre 14


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Cela faisait plusieurs jours que Petit Météore ou plutôt Nébuleuse vivait parmi ses nouveaux compagnons, dans ce qu'ils appelaient une grange, où des Deux-Pattes -encore une chose qu'elle ne connaissait pas mais qu'elle ne tarderait pas à découvrir- venaient stocker du foin et de la paille. Le bâtiment avait été érigé à l'orée d'une forêt, à proximité d'un champ, et il abritait des centaines de rongeurs, vu sa profusion en nourriture, ce qui avait irrémédiablement attiré des chats. Beaucoup de chats.

Une vingtaine de félins vivaient dans les environs. Vu leur grand nombre, ils avaient des règles à respecter. Par exemple, seul les chats qui sont dans le besoin ont la priorité sur la bâtisse, comme les vieux chats qui n'étaient plus en sécurité dehors ou en cas d'urgence comme les blessés ou les reines ayant besoin d'un abri pour protéger leur progéniture. Une zone neutre pour faire plus court, où tout le monde peut venir se retrouver et chasser de temps en temps. Une autre règle dit aussi qu'il ne faut pas en abuser, autrement, bye-bye les souris !
Au dehors de la grange, c'est chacun pour soi. On a son territoire, on peut l'agrandir comme on peut s'y faire chasser. Même si le plus souvent les rencontres sont amicales, il se peut qu'il y ait de temps à autre des disputes, qui peuvent finir en guerre opposant plusieurs groupes de chats.

Mais heureusement pour elle, Nébuleuse n'était pas arrivé dans une mauvaise période. C'était même l'une des meilleurs, d'après les anciens.
Pendant sa récupération, la chatonne fit connaissance avec les félins qui vivaient dans la grange. Il y avait parmi les anciens, Épicéa, la doyenne, au pelage poivre et sel et aux yeux jaune brillant de sagesse. On venait toujours écouter ses sages conseils en cas d'indécision. Il y avait aussi Galet, un chat tricolore aux yeux verts, et sa compagne, Feuille Morte, qui porte une robe brun tigré et des yeux jaune. Tous les deux avaient été attaqué par un blaireau et avaient reçus quelques blessures assez graves. Il y a encore Lily, une ancienne chatte domestique qui s'était fait battre par son maître, abordant un corps frêle et un pelage blanc et crasseux et des yeux bleus sans émotion, Frisson et Glace, deux frères aux pelage noir, l'un aux yeux brun, l'autre aux yeux jaunes perçants.

Pour les reines, il n'y en avait que deux : Nuage, le pelage gris, les yeux bleus et ses deux chatons Luciole et Sauterelle qui sont les copies de leur mères à quelques nuances près, et Onde qui a la robe blanche et les yeux vert pâle. Elle a eu quatre chatons, Vague, Plaine, Tigre et Grêle. Les deux premiers sont gris, le troisième est brun tigré et le dernier est blanc. Malheureusement, Grêle n'est pas en très bonne santé : il tousse tout le temps, ce qui l'affaiblit énormément.
D'ailleurs, Nébuleuse a averti qu'il ne fallait surtout pas qu'elle le touche ou il risquerait de mourrir. Aussi, quand la plupart des chats avaient appris qu'elle avait le don de porter malheur, ils ordonnèrent qu'elle parte tout de suite, mais Épicéa les calma en leur expliquant sa triste situation. Les murmures cessèrent tout à fait quand Nébuleuse leur expliqua qu'il ne fallait pas la toucher pour rester en vie. Malgré tout, la tension était palpable alors Ombre et Rayon l'emmenèrent visiter leur territoire car ils partagent la même tanière.

Ils pénétrèrent dans la forêt et s'y enfoncèrent en suivant un chemin que seul ses deux compagnons connaissaient. Milles et unes odeurs, les unes plus bizarres que les autres assaillait Nébuleuse. Un clapotis se fit entendre et bientôt, après une marche pénible pour ses petites pattes à travers les ronces et les buissons, ils arrivèrent près d'un ruisseau large de deux longueurs de queue et à l'eau normalement cristalline mais rendue sombre par le manque de soleil. Nébuleuse balaya l'endroit du regard. Les environs étaient pauvres en buissons et le sol tapissé de mousse et d'aiguilles de pin et de sapin. Les résineux régnaient en maître sur cette partie de la forêt. Les troncs étaient pour la plupart dénudés de branches, celles-ci étant plus présentes en hauteur. D'ailleurs, l'endroit était plongé dans une semi-obscurité quasi constante où quelques rayons de lumière arrivaient à traverser la haute voûte de branches emmêlés et d'aiguilles.

Le ruisseau se jetait dans une marre, où se tenait sur sa berge un tas de branches et de terre assez important, à moitié immergé dans l'eau. Ombre et Rayon s'approchèrent du bassin et entrèrent dans l'eau sous le regard sidéré de Nébuleuse. Ils se dirigèrent vers le tas et plongèrent dans l'eau peu profonde. La chatonne se précipita au bord du ruisseau pour voir où ils étaient passés mais ne les vit nul part. Elle paniqua en pensant qu'ils avaient été emportés par le courant (pourtant pas très fort), ou qu'ils s'étaient cogné à un rocher. Elle fit les cents pas devant l'eau en regardant de tout côtés.

Soudain, un éclair roux bondit hors de l'eau en projetant des gerbes d'eau dans toutes les directions. Nébuleuse poussa un cri de surprise et bondit en arrière.

« Ahahaha ! T'aurais dû voir ta tronche, c'était énorme ! s'étouffa Rayon autant de rire qu'à cause de l'eau. Bon, se reprit-il qu'à moitié, tu viens ?

- Aller dans l'eau ? Vous êtes fous ?

- Pfffhff, se marra-il, oui on vit dans l'eau. En fait, on est des poissons-chats... »

Devant son manque de réaction, il marmonna :

« Bon j'avoue c'était naze. Mais bon, en gros, tu plonges sous l'eau, tu te diriges vers le tas de branches et tu verras un trou, tu va dedans et tada ! T'es dans la tanière !

- Jamais je rentre dans l'eau ! Je vais encore couler avec ma malchance !

- Mais non, il n'y a pas de courant. »

En voyant qu'elle ne se bougeait pas, il sortit de l'eau et lui tendit sa queue.

« Tiens, tu t'y accroches et on va dans l'eau ensemble. Bien sûr qu'avant tu pends une grande goulée d'aire. »

La chatonne se recroquevilla et secoua la tête. Mais elle changea rapidement d'avis sous le regard devenu soudainement dur du matou. Elle attrapa la queue entre ses dents.

« Aller, on y va, l'encouragea-il »

Et il entra dans l'eau, suivi par la jeune chatte des Clans.

L'eau glacé s'enroula autour de ses pattes, la faisant frissonner. Elle s'y enfonça jusqu'au ventre. Le matou lui indiqua comment nager, en gros que c'est instinctif, et s'enfonça dans l'eau.
Nébuleuse gémit de peur, sauta... et s'éclata sur le fond de l'eau.

À côté d'elle, Rayon se tordit de rire. N'ayant rien compris, la chatonne se releva et constata qu'elle avait juste pied alors qu'elle était presque au centre du bassin. Elle foudroya le matou du regard.

« T'aurais pu me le dire !

- Nan c'était énorme ! hurla-il de rire.

-Nga nga nga... » grogna-elle, blessé dans sa fierté.

Après une bonne minute passé à se calmer, il lui expliqua qu'il les avaient amenés dans la partie du bassin qui était le moins profond, et que la hutte de branches avait été faite par des castors il y a longtemps.

Ensuite, après que Nébuleuse ait été rassurée, elle repris le bout de sa queue entre ses mâchoires et ils plongèrent sous l'eau.

La jeune chatte ferma d'abord les yeux, puis se rappela le conseil de Rayon et les ouvrit.

Le monde aquatique était bien différent que le terrestre. Elle voyait flou malgré que l'eau était plutôt propre et celle-ci lui piquait les yeux. Elle se rappela aussi qu'il fallait nager, alors elle battit des pattes, d'abord d'une manière chaotique, mais ensuite régulière.

Puis, elle aperçu une sorte de couloir tracé dans le fond du bassin qui menait à une cavité sombre où se glissa son camarade. Elle le suivit mais elle commençait à manquer d'air, elle nagea plus vite et finit par percuter Rayon. Ne voyant plus rien, elle paniqua en donnant des coups de patte partout.

Soudain, elle se sentit porter par la peau du coup et elle fut soulevé hors de l'eau et jeté par terre. Elle cracha de l'eau et se releva maladroitement. Elle observa, étonnée, la drôle de tanière.

Déjà, elle était beaucoup plus grande qu'elle ne l'avait pensé. Un immense nid de mousse et de plumes paraissant bien confortable avait été érigé vers le fond de la tanière. Des trous dans la voûte laissait passer de la lumière et de l'air et deux autres plus grand où s'échappait de l'un l'odeur de gibier de l'autre l'odeur acide des plantes médicinales avaient été creusés dans le sol. La température à l'intérieur était assez fraîche mais supportable.

Ombre vint à leur rencontre, elle ouvrit la bouche mais elle fut interrompue par Rayon qui hurla :

« MA QUEUE ! MA BELLE PETITE QUEUE ! »

Il secouait devant lui sa queue devenu un moignon en sang. Nébuleuse vit avec horreur que son bout blanc avait été sectionné !

Ombre se précipita vers la réserve de plantes, en prit quelques-unes, prit des toiles d'araignée suspendues à la voûte et accourut vers son camarade, arrêta l'hémorragie, et la désinfecta avec les plantes.

Pendant ce temps, Rayon hurlait en boucle les mêmes phrases, tandis que Nébuleuse gémissait, les yeux agrandis par l'horreur de ce qu'elle avait fait.

Après avoir finit ses soins, Ombre léchât la tête de son camarade pour le réconforter et lui donna des graines de pavot. Celui-ci les avala et se dirigea alors vers son nid, se roula en boule et s'endormit.

Ombre alla ensuite rassurer la chatonne qui marmonnait qu'elle était un monstre.

Elle la conduisit dans le grand nid et lui ordonna de se reposer. Elle se coucha à son tour, en faisant bien attention de ne pas la toucher comme elle le lui avait demandé.

Dehors la lumière déclina jusqu'à disparaître complètement comme le chant des oiseaux et le bourdonnement des insectes, laissant la place à la nuit et au silence.

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