Chapitre 12

Marcher, marcher et toujours marcher.

Marcher pour quoi ?

Pour fuir.

Mais quoi ?

Son propre clan. Son propre clan qui l'a rejeté alors qu'elle n'était encore qu'un chaton qui n'a jamais quitté son territoire, n'a jamais appris à chasser, n'a jamais appris à se battre.

Tout ça parce qu'elle était différente.

Petit Météore était rongé par le chagrin. Elle était épuisée mais elle courait toujours. La seule chose qui la faisait encore tenir debout, c'était une terreur si horrible qu'elle lui donnait des ailes : la peur de l'inconnu.

Toutes ces nouvelles odeurs, ces nouvelles sensations, ce nouveau paysage, tout cela lui faisait tourner la tête et lui donnait l'envie de retourner en arrière. Mais c'était impossible ou autrement elle mourrait.

Elle ne savait pas où aller mais courait tout droit, slalomant entre les collines et la rivière.

La rivière. Encore un nouveau truc. Cette griffure dans la terre qui conduit l'eau. Beaucoup d'eau. Patte de Poussière lui avait dit que ces eaux tumultueuses peuvent se révéler meurtrières mais qu'elles peuvent aussi donner du poisson.

De la nourriture.

La chatonne commençais à avoir de plus en plus faim et de plus en plus mal à ses petites pattes. Elle s'approcha donc de la rivière et y jeta un coup d'œil. D'abord elle ne vit rien mais elle distingua bientôt des petites formes argentées se mouvant dans l'eau.
Sa mère lui avait expliqué qu'il était difficile d'attraper du poisson, qu'il fallait être rapide et précis dans ses gestes.

Petit Météore essaya donc. Elle plongea la patte dans l'eau glacée mais n'attrapa rien. Elle réessaya mais ces foutus poissons était trop rapides.

Déçu, elle abandonna et se remit en marche en traînant les pattes, épuisée.
Le soir commençait à tomber. Petit Météore frissonna. Ce sera sa première nuit sans sa mère et sa sœur. Il fallait trouver un abri et vite. Elle observa autour d'elle et trouva un petit buisson semblable à celui qui lui servait de tanière au camp. Elle s'y faufila à l'intérieure, se coucha et s'endormit aussitôt.

Elle fit d'horribles cauchemars : en plus des mauvais rêves habituels, s'ajoutait le moment fatidique où Étoile Obscure lui ordonnait de partir. Ensuite sa mère hurlait à fendre l'âme, et sa sœur tentait de la rejoindre mais au lieu de se rapprocher, elle s'éloignait, et tout la scène était ensuite noyée sous une vague de sang.


Petit Météore se réveilla en sursaut, désorientée. Où était sa famille ? Et quel était ce lieu ? D'un coup, tout lui revint en mémoire, alourdissant son cœur. La faim se fit alors entendre par un gargouillement. Mais où trouver à manger ? Elle ne savait pas chasser.
Alors la pauvre chatonne continua sa route sous les premiers rayons du soleil pointant entres les pics des montagnes, affamée et ses membres courbaturés par la longue cavalcade d'hier.

Elle marcha toute la journée accompagné du vent froid de la Saison du Vent, essayant d'attraper des souris, mais elle les faisaient toujours fuir. Alors elle se contentait d'essayer d'attraper des maigres petits insectes qui ne remplissaient pas son estomac. Heureusement elle ne risquait pas de manquer d'eau grâce à la rivière.
La nuit tombé, elle se chercha un abri et tomba dans sa tanière de fortune, épuisée et plus qu'affamée.

Plusieurs jours s'écoulèrent ainsi, pure survie au milieu d'un monde hostile. Petit Météore n'arrivait presque plus à marcher, elle était au bord de l'évanouissement. Elle n'avait plus que de la peau sur les os. Un soir, un orage éclata. Elle avait peur mais n'avait plus la force de chercher un abri. Sa fourrure de chaton gorgée de pluie l'alourdissait et la chatonne s'enlisait dans l'épaisse boue de la berge, la faisant trébucher.
Pour finir, elle s'effondra dans la boue, vaincue.

Je vais mourrir, j'ai perdu. C'est ce qu'Étoile Obscure voulait, que je meurs bêtement. Pardon Mama. Pardon Papa. Pardon Petite Comète.

Et elle sombra dans l'inconscience.


Elle rêva que des nuages sombres s'enroulaient autour d'elle et la soulevaient. Leurs voix étaient chatoyantes et douces. Tout d'un coup, une tornade de lumière ne durant qu'une fraction de seconde déchira les ténèbres et fut suivit d'un grondement. Et un bruit continu, semblable à un ronronnement venait chatouiller ses oreilles. C'était quelqu'un qui pleurait sur son corps. De la chaleur, du froid. De la lumière, de l'obscurité.
Soudain une bête au pelage aveuglant lui hurla dessus, la faisant sursauter. De nouveau ces murmures lointains. Puis plus rien. Plus cette chose qui pleurait, plus de froid. Juste ces murmures et des éclats de soleil suivit de sourds grondements tonitruants et de la chaleur.

Puis ce fut le noir.

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