Cela faisait maintenant une lune que Nuage Muet s'entraînait aux côtés de Feu du Tigre. Le guerrier roux et lui s'entendait très bien et malgré son handicap, le jeune chat progressait très vite. Il s'ébroua et jeta au loin une petite boule de bardane accrochée à sa fourrure. L'aube pointait tout juste et malgré les quelques nuages, il y avait peu de rosée. Les arbres et buissons en haut de la combe s'agitait avec le vent qui ébouriffait le poil de l'apprenti. Brise de Givre rejoignit l'apprenti en le saluant d'un signe de queue. Le chat brun lui rendit son salut avant de guetter l'entrée de la tanière des guerriers. Larme de Feu et le mentor du jeune apprenti sortirent de l'antre quelques moments plus tard. Nuage Muet les rejoignit en trottinant, suivit par Brise de Givre, tandis qu'ils quittaient sans bruit le camp de l'Ouest.

Ils traversèrent une partie de la forêt jusqu'à arriver au pied des immenses pics des montagnes qui séparaient au nord-ouest la terre des clans des territoires infinis, comme ils les appelaient. La patrouille longea ces montagnes et Nuage Muet s'arrêtait de temps à autre quand il flairait une proie. Les guerriers discutaient joyeusement entre eux, et, si l'apprenti moucheté ne pouvait se joindre à leur discussion, il écoutait et riait des blagues de Larme de Feu.

Peu après, la patrouille de l'aube arriva à la frontière du clan du Nord. Nuage Muet fronça le nez et frémit comme à chaque fois qu'il sentait l'odeur fraîche de la neige mêlée à celle, âcre, de la sève de pin et que la brise froide du matin soufflait vers lui depuis ce territoire peu accueillant. « Alors Nuage Muet ? demanda Feu du Tigre en se tournant vers son apprenti. » À contrecœur, le chat brun moucheté huma à nouveau l'air puis plissa les yeux. Puis, il indiqua d'un signe de queue la forêt un peu plus loin. 

Satisfait, le mentor hocha la tête en regardant une patrouille adverse sortir des fourrés. Avec un peu trop d'insistance, sembla-t-il à Nuage Muet. Larme de Feu approchant des chats du Nord et les salua énumère signe de queue. « Bonjour » miaula Larme de Feu à l'attention de Fleuve Froid, le lieutenant adverse. À ses côtés, l'apprenti brun remarqua une très jeune chatte de la taille de Petit Cauchemar - celui-ci étant grand pour son âge - rousse foncée aux yeux bleus qui les observait avec un palpable mépris. Elle semblait à peine âgée de quatre lunes mais s'accordait parfaitement avec celui qui semblait être son mentor, le lieutenant au pelage noir bleuté. Ils étaient accompagnés d'une belle jeune chatte rousse pâle, fière et digne. « Bonjour, Larme de Feu, salua Fleuve Froid. La chasse est bonne ?

- En effet. Nous sentons à peine arriver la saison des feuilles mortes. répondit la chatte rousse.

- Tant mieux. fit le lieutenant, même si Nuage Muet sentit une micro-pointe de sarcasme dans sa voix. »

Brise de Givre leur sourit amicalement avant de continuer, avec Larme de Feu, à marquer les frontières plus loin. Feu du Tigre n'avait pas bouger. Il était debout, à quelques longueur de queue de la frontière, et fixait Lune de Sable avec une intensité peu...commune, remarqua Nuage Muet. Lorsque la guerrière adverse le remarqua, elle détourna vivement la tête mais sa queue frémit. Nan... Nuage Muet s'esclaffait intérieurement, ne me dites pas qu'ils se sont mutuellement flashé dessus ? L'apprenti brun moucheté sourit avec amusement.

Il s'approcha de Feu du Tigre sans que celui-ci ne le remarque et lui faucha les pattes d'un vif coup. Le guerrier roux s'écrasa au sol sous le regard ahuri de Lune de Sable, qui semblait venir de se rendre compte qu'elle fixait le mentor de Nuage Muet avec un peu trop d'accrochement. Feu du Tigre lança un regard assassin vers son apprenti avant de le suivre vers le reste de la patrouille. 

Alors qu'ils approchaient du torrent qui traversait leurs terres, le jeune guerrier se pencha vers Nuage Muet. « A ton avis, quel est le meilleur moyen de débusquer une poule d'eau ? » l'interrogea le chat roux avec un sourire. Nuage Muet huma l'air, repérant très vite ce dont parlait son mentor. Vérifiant sa position face au vent, il se fraya un chemin à travers les broussailles. S'assurant que sa proie ne pouvait le repérer, il avança encore de quelques longueurs de queue et s'apprêta à bondir. Fin prêt, il sauta au bord de l'eau et tua d'un vif coup de croc la poule d'eau qui avait eu le malheur de se trouver sur son chemin. Il remonta la butte et présenta sa prise à son mentor. Celui-ci le félicita, chaleureusement comme à son habitude, d'un coup de queue sur les épaules.

Et voilà un chapitre très calme pour les vacances.. patience ! 

Bôhnes vacances !