Chapitre 4

Le lendemain matin, Nuage Muet arriva de bonne heure dans la vallée de sable, située entre deux collines des terres de l'Ouest. Feu du Tigre avait décidé de lui faire visiter le territoire le soir-même et d'entamer la première leçon de chasse au matin, plus frais qu'en milieu de journée. Nuage de Feuilles et Nuage de Criquet s'étaient joints à eux, accompagnés de leur mentor. « Une petite révision ne leur fera pas de mal » avait ajouté Coeur de Rivière avec amusement. Feu du Tigre s'assit d'un côté de la petite vallée, imité par les autres mentors, tandis que leurs apprentis étaient assis de l'autre côté. Aile de Phénix commença : « Aujourd'hui, nous allons nous entraîner à débusquer une proie. Chasser un lapin et traquer une souris son deux choses bien différentes. Pourquoi ? » Elle tourna la tête vers les deux frères, attendant une réponse. Les deux jeunes apprentis s'entre-regardèrent en réfléchissant. Nuage Muet réfléchit. Il savait que les deux proies n'avait pas tout à fait Les mêmes sens de fuite mais n'avait aucune idée de la réponse. C'est Nuage de Criquet qui répondit : « Parce qu'un lapin sent l'odeur d'un prédateur avant de le voir, alors qu'un rongeur perçois les vibrations de ses pas au sol avant même de flairer sa présence. 

- Bravo ! s'exclama Feu du Tigre. Alors comment doit-on chasser une souris ? »

Nuage Muet hésita avant de lever la queue. Feu du Tigre l'interrogea du regard.   L'apprenti traversa la combe à pas feutrés, discret. 

« Exactement ! approuva le chat roux. Tout votre poids doit être porter sur votre arrière train afin que vos pattes avant effleure à peine le sol. Essayez ! » 

Nuage de Criquet et Nuage de Feuilles s'accroupirent d'un même mouvement et commencèrent leur trajet à pas de loups. « C'est pas mal, tout les deux ! lança Coeur de Rivière. » Nuage Muet pouffa et ses moustaches frétillaient s'amusement. Les deux frères ressemblaient à des blaireaux blessés.

« - Soyez un peu plus souples ! s'exclama Feu du Tigre. On dirait des canards ! Essaye, Nuage Muet ! »

Le petit chat brun hocha la tête et se ramassa sur lui même pour commencer à progresser sur le sol de sable. D'instinct, il prenait la bonne position et avançait fièrement à pas à peine audibles, aussi légèrement que cela lui était possible.

« Ce n'est pas trop mal, Nuage Muet ! C'est encore un peu lourdaud, mais la souplesse arrivera. Tu dois essayer de te déplacer avec le plus d'aisance possible, un peu comme un serpent ! »

Le petit chat brun se rassit tout en écoutant attentivement. Il voulait absolument faire de son mieux.

« Un peu de pratique pourra vous aider. Nuage de Criquet et Nuage de Feuilles, vous savez déjà comment vous y prendre, allez vers le torrent, ordonna Aile de Phénix. Coeur de Rivière, Feu du Tigre et moi allons dans les collines. Quand à toi, Nuage Muet, tu iras chasser dans les fourrés un peu plus haut. Nous nous retrouverons ici ! »

Le jeune chat opina, enthousiaste. Sa première partie de chasse ! Le cœur battant, Nuage Muet gravit la butte à pas de loup. Quelques buissons, dont les feuilles faisaient encore perler quelques gouttes de rosées sur son pelage, l'effleurait avec douceur. Plus loin, ils devenaient plus denses et quelques fougères y poussaient également. Il descendit le long de la crête en silence et se tapit sur l'herbe, tous ses sens en éveil, à l'affût le moindre signe de vie. Le nez au vent, les oreilles dressées, il guettait le moindre petit mouvement.

C'est alors qu'il flaira un rongeur. Il reconnut sur-le-champ l'odeur de l'animal. Une souris. Frémissant d'impatience, il se força à rester immobile pour débusquer sa proie. Les oreilles pointées en avant, il finit par capter les pulsations rapides d'un minuscule coeur de rongeur. Un éclair brun attira soudain son attention. L'animal courrait entre les fougères, le long de la crête, entre les racines des épais buissons. Nuage Muet s'en approcha en prenant bien soin de porter son poids sur son arrière-train. Puis, il fléchit les pattes arrières et bondit en soulevant un tourbillon de sable. La bête fila sans demander son reste. Mais le félin fut plus rapide. Il l'attrapa du bout de la patte, la projeta sur la crête herbeuse de la colline et lui sauta dessus pour l'achever d'un coup de dents. Le chat brun saisit délicatement le petit corps chaud dans sa gueule et retourna, la queue haute, à la vallée où ils devaient rejoindre leurs mentors. Il avait tué sa première proie !

Arrivé dans la petite vallée de sable, le corps chaud de la proie encore dans sa gueule, il rejoignit Feu du Tigre joyeusement, la queue haute.

« Félicitations ! s'exclama son mentor en ronronnant. »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top