Chapitre 7 - Léxandre

Nouveau projet. Nouveau plan.

Cette fois-ci nous prévoyons plus grand. Un coup à la hauteur de celui qui nous a menés en prison.

Une banque.

Au rythme où nous allons, je ne récolterais pas la somme désirée avant des années. Ma mère a besoin de cette main. Elle a besoin et mérite une vie meilleure. Je suis le seul et unique à pouvoir le lui apporter.

Qu'arriverait-il si j'échouais ? Si je ne trouvais pas l'argent pour acheter une main à la place de la sienne amputée des années auparavant ?

J'aurais définitivement tout loupé. Ma vie serait bien médiocre. Ma mère me détesterait et serait triste.

Il m'est impossible de rater. Mes amis sont avec moi. Ils m'aident grandement. Sans eux, rien ne serait envisageable.

— Oh ! Tu débranques de ton putain de téléphone ?

Mon visage se relève vers Louis et Dimitri. Ce dernier, heureux, tapote sur son cellulaire. À tous les coups, il envoie des messages à sa petit-amie.

Je me demande ce que ça fait d'avoir une compagne. De lui envoyer des messages, des mots doux. De stresser pour elle. D'être impatient de la revoir, même si on habite ensemble. De concevoir des surprises par plaisir de la voir heureuse.

Mais en ai-je seulement besoin ? Avoir une vie banale ne m'a jamais attiré. Quelle femme et quel employeur m'accepteraient ? Moi, un ancien taulard ? J'effraie les gens ou les attire sexuellement. La femme prête à se poser avec un criminel n'est sûrement pas naît. Me faire confiance est impossible. Quelle femme se sentirait en sécurité avec moi ?

Un prénom à cinq lettres parvient à mon esprit. Jules.

Mais tire-t-elle de son frère ? Je me suis toujours posé la question ! Louis est-il aussi doux et bon que sa sœur. Ou cette dernière a-t-elle des penchants criminels ? Pour ce deuxième point, j'en doute. Jules est la douceur incarnée. Ainsi que la beauté et sensualité. Si mon jugement est altéré par mes sentiments, j'espère toute foi ne pas me tromper. Jules a une vie tranquille, bien loin des merdes de son frère. Ce serait étonnant que ce soit le contraire. Je n'imagine même pas les conséquences !

D'un autre côté... je pourrais passer plus de temps avec elle. Louis pourrait même la faire participer.

Oh merde. Non. Tout, mais pas ça. Jules doit rester loin. Très loin de nous. De trafics, des cambriolages et des ventes illégales de son frère.

Je comprends enfin mon ami et les interdictions envers Jules. Sa protection est la plus importante.

— J'ai fini, c'est bon, râle Dimitri en posant son cellulaire sur la table basse.

Je replonge sur le plan de la banque. Il est simple. Beaucoup trop simple. Michael a eu trop facilement ces plans de la banque. Je décide de faire des recherches sur mon téléphone. Je tape le nom de la banque et découvre la mise en place d'une nouvelle disposition de sécurité. En gros, tout est renforcé.

Les plans ne sont pas modifiés. Il y a eu quelques modifications, mais rien de contraignant. Par contre, j'angoisse pour ce braquage. Il vaudrait mieux le faire de nuit, lorsque les employées et clients ne sont pas présents. Pour Louis, il en est hors de question. Au contraire, même. Si on ne parvient pas à entrer et prendre de l'argent, on pourra en prendre des personnes présentes.

— Je suis sûr que t'envoies des sextos, suppose Michael en riant.

Ce dernier saisit le téléphone de Dimitri qui tente de l'en empêcher. Bien trop rapide, Michael déverrouille le téléphone, non protégé, et lit des messages.

Je mets dans un coin de ma tête de protéger mon téléphone par un code. Si jusqu'à présent ce n'était pas utile, j'ai un genre de secret. Le numéro de Jules et la preuve que je l'ai emmené jusqu'à sa voiture. Si Louis l'apprend, il perdra sa patience. Ce qui en soit serait stupide. C'est de sa faute si tout ça est arrivé. S'il avait empêché Michael de l'embêter, il n'y aurait pas eu ces baisers. S'il l'avait ramené au lieu de coucher avec une inconnue...

S'il avait protégé sa sœur. De moi. Et bien plus tôt, je ne mourrais pas d'envie de l'appeler. D'entendre sa voix. De la dévisager. De caresser sa peau et de l'embrasser.

— Je t'aime plus que tout, lis Michael en imitant la voix grave d'un homme, puis celle plus aiguë d'une femme. J'en suis pas certaine, doudou... Hahaha elle te surnomme doudou !

Dimitri rage. Ses poings se ferment sous l'amusement de Micha et Louis. Les deux hommes rient à gorge déployée. Je reste spectateur de ce pitoyable spectacle. Dimitri et sa petite-amie s'aiment. Je ne comprends cette hilarité. Se moquer des surnoms est idiot.

— Je te le prouve ce soir, reprend Michael d'une voix grave avant d'être coupé.

Dimitri se lève pour récupérer son téléphone. Michael fait de même et s'éloigne.

Ce spectacle est des plus ridicules. Impossible de bosser avec leur connerie. Je comprends que ça fatigue, mais en plus d'être intéressant, nos recherchent ont un grand but. Ils sont tous gagnants puisque nous partageons l'argent. S'ils pouvaient prendre au sérieux ces recherches, je serais plus détendu. Parce que là, je suis à cran.

— T'as intérêt, mes doigts fatiguent, lit Micha en écarquillant les yeux.

Louis rigole de plus belle sous la réponse de la petit-amie de Dimitri. Moi, je trouve ça mignon. Ils ont raison de profiter. En plus de renforcer leur lien, ça met une sacrée tension sexuelle qui s'évapore lorsqu'ils se retrouvent.

— Qu'elle chaudasse ! s'exclame Louis en dévisageant Dimitri qui tente encore de prendre son téléphone. Dommage que tu ne prêtes pas.

L'intéressé grogne, signalent son mécontentement. Cela fait plusieurs fois que Louis lui pose cette question ; s'ils peuvent coucher avec Dana. Et il refuse toujours. Ce qui est compréhensible !

Louis et Michael ont de quoi s'amuser. Michael couche presque autant que ce qu'il mange. Et Louis a deux femmes rien que pour lui. Quant à moi, je profite de belles femmes quand l'opportunité se présente. Assez peu, à vrai dire.

Tellement peu que j'ai un compte premium sur un site x ! Qui, d'ailleurs, est très peu utilisé. Je ne sais même pas pourquoi je paie encore. Ça fait du bien, de temps à autre, mais à force le manque se créer. Ça ne remplace pas une personne humaine. Ça ne remplace pas la chaleur et l'amour.

— Mec, rends-moi mon téléphone !

Dimitri s'énerve. Il saisit la manche de Michael et la tire. Ce dernier le repousse du plat de la main et replonge ses iris sur l'écran.

— Mes doigts et ma queue prendront la relève.

J'esquisse un sourire, malgré moi. La conversation entre Dana et Dimitri est amusante. Je comprends pourquoi ils se textotent souvent !

Ça me donne presque envie. Très même. Je trouverai un jour une femme avec qui envoyer ces messages érotiques. Cela sera amusant !

— Je me disais que Dana ne resterait pas avec un criminel pour rien, commenta Louis en reportant son attention sur les papiers étalés sur la table.

Dimitri se fige. Il tourne le dos à Michael et fronce les sourcils. Son regard trouve le mien puis s'arrête sur Louis.

— Tu as faux. La réussite de notre couple est basée sur quatre points. La confiance, l'honnêteté, l'amour et le sexe. Le sexe ne fait pas tout, même s'il est un grand pilier.

Pendant que Dimitri parle, Louis lève les yeux au ciel en grimaçant. Il n'aime pas les remontrances et encore moins qu'on lui dise qu'il a tort.

Encore heureux qu'il ne pète pas un câble ! Ce n'est pas le moment de se déchirer.

— Bon terminé les conneries. On a du boulot.

Enfin ! Les mots de Louis calment sur-le-champ et Dimitri récupère son téléphone. Cette fois-ci, il le range dans sa poche.

Nous nous remettons au travail. Nous notons toutes nos idées sur feuilles. Après des heures de boulot, je m'étire, assis en tailleur à même le sol. Mon dos est en compote, mes doigts sont chauds. Et le pire dans tout ça : j'ai la dalle. J'ai hâte de rentrer chez moi et me couler dans un bain, hamburger en main !

— Bon, je dois y aller, s'élève la voix de Dimitri.

Ce dernier se lève et prend ses affaires. Louis l'ignore, plongé sur son téléphone. Notre ami part sans se retourner et le sourire aux lèvres. Durant ce temps de travail, il était absent. Ses pensées probablement envolées vers sa femme.

— Et toi, tu restes Lex ?

Le papier que je tenais tombe sur la table. Ma tête refuse. Ce soir, je suis occupé. J'esquisse un sourire contrit.

— Désolé, je ne peux pas !

Michael lève un sourcil. Dans son regard, je vois bien une lueur coquine. À côté de lui, Louis est toujours en train d'envoyer des messages.

— Allez, mec. Ça va être drôle.

— Du porno ? demandé-je en avisant l'heure sur mon téléphone.

Fin d'après-midi. Ma mère ne va pas tarder à m'appeler.

— Nan, mieux que ça, répond Louis. Rachel.

Quoi ? Sa meuf ? Il se fout de moi ?

Je lui porte une attention particulière. Mais rien dans son regard ne prouve un mensonge. Il compte vraiment profiter avec Michael de sa petite-amie. J'en suis stupéfié.

— Euh... Je ne peux pas.

Je me sens soudainement sous les feux des projecteurs. Quatre yeux me sondent. Je suis mal à l'aise et détourne le visage.

— Ça va être drôle. Toi qui n'as pas baisé depuis longtemps...

C'est vrai. Au moins deux semaines. Depuis Jules, à vrai dire. Pourtant, le soir au bar aurait dû se passer autrement. Au lieu de cette femme endormie, une autre, les cuisses ouvertes, aurait gémi toute la nuit dans mes draps. C'était le programme principal. Boire et baiser pour fêter le futur casse ; chez le banquier. Tomber sur sa sœur fut un coup du destin. Il a changé tout en peu de temps.

Louis quitte le salon pour revenir avec de nouvelles bières et deux pizzas chaudes. Michael se lèche les lèvres en frottant ses mains l'une contre l'autre. Il est impatient de manger et de tirer son coup.

Je me sens coincé. J'ai envie de partir, mais ne pas soulever de question. Les rouages de mon cerveau tournent à vive allure. Lorsque je trouve une banale excuse, une sonnerie retentit. Je me lève, imité par Louis qui va ouvrir la porte.

— Je suis crevé, désolé. Ce sera pour une autre fois.

Louis m'ignore, ses pas le guident jusqu'à la porte d'entrée. Je le suis de près, mes affaires en main. La porte s'ouvre sur sa petite-amie, Rachel dont la lèvre est fendue et la joue droite marquée d'un bleu.

Cette vision me donne le tournis. Je sais ce qu'il a fait. Il l'a frappé. Ça se voit aussi au faux sourire accroché à ses lèvres. Elle n'est pas heureuse.

Je me pose des questions. Que pourrais-je faire ? Appeler la police ? Ils ne feront rien si elle ne porte pas plainte. Au vu de la manipulation de mon ami, elle ne le fera jamais. Elle aura bien trop peur des représailles. Ce qui est normal. À sa place, j'aurais peur. Louis peut être un bon ami, comme le pire des monstres.

La paume de main de Louis s'abat sur mon torse. Ma respiration est coupée pendant un quart de seconde. Il m'empêche de sortir et m'indique d'un mouvement de menton le salon.

— Reste. Fais-moi plaisir et ne m'énerve pas.

J'hésite à insister. D'un autre côté, je pourrais protéger la femme, si la situation dégénérait.

— Va t'asseoir, Lex. Et toi, entre et déshabille-toi.

Le ton de Louis est sans appel. Nous ne bramons pas et filons sous ses ordres. Je dégaine encore mon téléphone et envoie un message à ma mère. Je lui demande de m'appeler au plus tôt. Ainsi, je pourrais m'éclipser et au pire, appeler les policiers.

J'ai mal au ventre. Je ne désire pas voir cette jeune femme être battue. Pas encore.

Quand je pose mes fesses sur le canapé, à côté de Michael, la jeune est déjà à moitié nue. Son manteau et son tee-shirt noir sont au sol. Elle entreprend de retirer son jean bleu marine. Je ne voyais pas ça ainsi, quand Louis lui a dit de se déshabiller.

— Plus vite, ordonne Louis en s'installant à ma gauche.

Les deux hommes ont une part de pizzas en main. Ils mangent en se rinçant les yeux. Toutes les cinq secondes, je mate mon cellulaire. Rien, aucun appel. J'angoisse.

Rachel Cordell est une belle femme. Je ne peux pas dire le contraire. Elle est grande, les cheveux mi-longs qui tombent en cascade sur ses épaules. Des iris bruns foncés, remplis de peur. Sa peau est pâle et je découvre avec dégoût des marques immondes.

La femme a même des coupures et des cicatrices. Ce constat est affligeant. Une boule se forme dans ma gorge. Depuis combien de temps sont-ils ensemble ? Pourquoi ne part-elle pas ? Je doute qu'elle aime la façon dont Louis la traite. Personne ne le pourrait ; femme comme homme.

Une fois nue, elle s'avance vers nous en détaillant Louis.

— C'est bien, bébé, tu t'es rasée.

Je roule des yeux. Tout ceci ressemble à un putain de sketch. Le fait que Michael ne réagisse pas m'étonne. Cette situation n'est pas normale. Cette femme ne devrait pas ouvrir la braguette de Louis. Elle ne devrait pas le branler avec la peur au ventre.

Michael est le premier à terminer sa pizza. Il se lève, léchant ses lèvres et se fout à genoux derrière Rachel. Cette dernière a aussi les genoux au sol, en train de sucer son mec. Michael nettoie ses mains sur son jean et glisse celle de droite entre les cuisses de la femme.

— Ça ne te dérange pas que Micha la touche ?

Louis rigole. Il passe la main dans les cheveux de la femme et presse son visage contre lui. Ses paupières se ferment sous la sensation que lui procure la masturbation.

— Nan. Elle en profite aussi.

Tu parles. A-t-elle accepté ça ? Impossible de demander ouvertement.

Mes doutes sont balayés par des gémissements féminins. Michael me sidère. Il la caresse, pensant à son plaisir. Il est pourtant le type d'homme à pénétrer et jouir sans attendre ou donner du plaisir à sa partenaire.

En moins de deux, Michael enfile un préservatif trouvé dans le meuble de la télé.

— Allez ma belle, si tu veux, lève tes fesses.

Cette dernière s'exécute, sans refuser, les lèvres emprisonnent le membre de Louis. Sa main droite branle la base de la queue, tandis que la main gauche lui sert d'appui sur la jambe de Louis. Son visage se lève et redescend vite. Elle s'applique à la tache pour lui procurer du plaisir.

Des questions traversent mon esprit. Est-elle au courant pour l'amante de Louis ? Connaît-elle les trafics et les autres crimes que nous commettons ?

En un coup de hanche, Michael se loge en Rachel. Nos regards se croisent. Un éclair traverse mon esprit. Il est préoccupé. Il s'inquiète pour la femme. Je comprends enfin son doux comportement envers elle. Il n'aime pas voir comment Louis s'occupe d'elle.

Finalement, Michael n'est pas aussi connard que je le pensais.

— Je..., commencé-je en observant encore l'écran noir que je tiens dans mes mains.

— Mange, la pizza refroidit.

Bordel, que fait ma mère ? Je devrais déjà l'avoir au téléphone !

— Pas faim. Je dois y aller. Ma mère va m'appeler.

Je sens le regard lourd de Louis. Mes yeux trouvent les siens. Il est mécontent.

— Ok. Rachel, suce-le avant qu'il parte.

Ma mâchoire se décroche. La jeune femme s'avance à quatre pattes vers moi et dépose ses mains sur mon jean. Je l'empêche de continuer, plaquant ses mains des miennes. Derrière elle, Michael la suivit et reprend ses mouvements de hanche. J'aperçois son bras entourer le ventre de la femme, la main entre ses cuisses. Il continue de la caresser.

— Non, ça va, merci. J'en ai pas envie.

Louis émet un grognement sourd. Rachel lève le menton vers ce dernier. Elle attend sa réponse. J'attends qu'elle s'éloigne pour me lever. Je ne désire pas la pousser pour la blesser.

— Qu'est-ce que t'as aujourd'hui ?

Je plonge dans ses iris pâles. Mon visage ne transmet aucune émotion. Je tente, avec une force surnaturelle, d'être imperceptible.

— Je ne suis pas bien. Je m'inquiète pour ma mère. Elle ne répond pas.

La figure de Louis se radoucit. Il me comprend.

— Ç'a t'aurais détendu, mais ok. Moi aussi je m'inquiète pour Jules.

Il attire mon attention. Qu'aurait Jules ? Serait-ce en rapport avec sa rupture ? Nos baisers échangés ? Louis est-il au courant ?

Mon cœur loupe un battement.

— Ah. Elle ne va pas bien ?

J'essaie de prendre un air détaché. Montrer mon affolement serait une mauvaise idée.

— Cette conne par en couille depuis sa rupture, grimace Louis en attrapant les cheveux de Rachel.

Il attire son visage entre ses cuisses et lâche un soupir.

Je serre la mâchoire sous l'insulte. Il n'a pas plus de respect pour sa sœur que pour les autres femmes, à ce que je constate !

— Ah bon ?

— Ouais... Elle a demandé ce que ça ferait si elle sortait avec l'un d'entre vous.

Merde. Putain de bordel de merde. Fais chier.

Je suis à la fois énervé par sa question et désireux de connaître la réponse. Bien qu'au fond, je la connais déjà.

Michael glousse en augmentant la cadence. Il pose alors la question qui brûle mes lèvres.

— Et il se passerait quoi ?

Louis fait courir son regard sur Michael avant de le replonger sur moi. Je déglutis sous la sombre puissance qui émane de lui.

— Je les truciderai, tous les deux.

Ma gorge brûle. La réponse est douloureuse, mais ouvre mes yeux. Il vaut mieux que je reste loin de cette attrayante femme.

— Merde, moi qui voulais me la faire..., râle Michael.

Louis reste muet. Il profite de la masturbation.

— Je dois partir. On se revoit plus tard.

Je n'ai pas le temps de me lever que Michael lance une connerie monumentale. Je manque même de m'étouffer.

— Ah ! J'ai compris, Léxandre, t'as une nana, hein ? On l'a déjà vu ?

S'il continue il va me foutre dans la merde. Bien que je ne sors pas avec Jules, ce qu'il s'est passé peut avoir de lourdes conséquences. Que ce soit sur elle ou sur moi.

— Non. Je suis célibataire. Je me sens juste pas bien. J'ai le droit d'avoir des coups de mous, non ?

Michael m'adresse un large sourire explicite. Je sais déjà à quoi il pense.

— Pour le coup de mou, Rachel peut t'aider, hein.

Louis est plongé dans son monde. Sa tête est renversée en arrière, sur le dossier du canapé. Il geint sous les coups de langue de Rachel.

— Tu mens, balance Louis en grognant. Il y a une nana. Ton comportement est identique à celui du lycée, quand t'avais soi-disant... une gamine dans la tête. C'est qui ?

Je vais crever. Mon corps sera retrouvé découpé en morceau et brûlé.

— Je suis célibataire, affirmé-je. Et je n'ai de vue sur aucune femme.

Mes joues sont écarlates. Je bouillonne, comme si la honte me montait. Comme si je mentais.

— Sur un homme, alors, suppose Louis.

— Non plus. Sur personne.

Ils ne me croient pas. Et ce, malgré mon ton strict.

— Je comprends, tu veux la garder pour toi seul, cette petite. Fais-toi plaisir, mec. Mais ne mens pas, j'aime pas ça. Y a pas de mal à vouloir qu'une seule fille.

Je serre les dents. Une réplique traverse mon esprit. Je me fais violence pour ne pas la sortir. Je tiens à la vie ! Lui balancer que la seule qui m'intéresse est Jules serait le pire à faire. À moins d'être suicidaire.

Rachel lâche le membre de Louis. Elle gémit sous les coups de bassin de Michael. Sa poitrine se balance d'avant en arrière. La taille fermement saisit par Michael, son corps est aussi projeté vers Louis et ramené vers son pénétrateur. Ses halètements sont sexy.

Il est temps de partir. Non seulement parce que la conversation est dangereuse, mais que ma queue s'éveille. La vision de cette baise et entendre gémir la femme ont raisons de moi.

Je reprends ma veste et ma sacoche posées au pied du canapé et entreprends de sortir. Enfoncer ma queue dans la gorge de Rachel serait une erreur.

— Bon bah, bonne soirée.

Suis-je en train de fuir ? Oui. Et plus vite que l'éclair. Les gars rigolent entre deux gémissements sans répondre. Je file à vive allure et gagne ma voiture garée dans l'allée de Louis. Mon regard se perd sur la rue. Et comme les autres fois. Mon sang se glace. La voiture grise est là, à plusieurs mètres. Elle est arrêtée en contre-bas sur le trottoir d'en face. Les vitres teintées ne m'aident pas à découvrir l'identité de mon poursuiveur.

La voiture démarre. Je fonce dans la mienne et quitte l'allée. Je ne me souci pas du portail ouvert et tente une filature. Il faut à tout prix que je découvre qui me suis sans arrêt !

La bagnole tourne à droite, puis à gauche. Elle accélère. Je suis repéré, mais n'abandonne pas. Nous arrivons au beau milieu de la ville. Ma conduite est nerveuse et ma respiration saccadée.

J'ai peur.

Ma mère ne m'a pas appelé et je poursuis un connard. J'ai soudainement peur qu'il m'ait suivi quand je me rendais chez ma mère. Serait-ce pour cette raison qu'elle ne répond pas ? Que peut bien me vouloir cet inconnu ?

Je frappe sur le volant comme un fou quand je suis bloqué par un feu rouge. Le type s'enfuit. Je tente de le retrouver, une fois le feu vert. Mais les minutes passent et j'ai bel et bien perdu sa trace.

J'envoie un message pour prévenir Louis de la voiture qui me suit. Il ne me répond pas, sûrement occupé par Rachel.

Sur le bord de la route, je me détends. J'aurais d'autres occasions de retrouver cette voiture ! Le plus important est ma mère.

Je l'appelle et tombe sur le répondeur. Je tente encore en évaluant les voitures défilées sur la route. Toujours garés en contrebas de la route, mes doigts se crispent sur le volant.

— Lex ? Qu'est-ce qu'il y a mon chéri ?

— Ah bah enfin ! m'exclamé-je soudainement détendu. C'est que maintenant que tu réponds ?

Le rire cristallin de ma mère résonne dans mon oreille. Pourquoi rigole-t-elle ? Je me suis inquiété comme un malade, imaginant les pires scénarios.

— Je bossais, mon cœur. Je n'ai pas mon téléphone avec moi. Qu'est-ce qu'il y a ?

Son ton est plus

— Je voulais juste entendre ta voix.

Me rassurer et taire les scénarios improbables.

— Dis-moi tout. C'est à propos d'une femme ?

Je grimace et tire la langue de dégoût. Ils ont toutes les mêmes idées, ou comment ça se passe ?

— À part toi, non. Je m'inquiétais juste. Mais t'as l'air bien. On se voit samedi ?

Un blanc coupe la conversation. Ma mère doit réfléchir. Quand sa voix stoppe mes pensées, je fixe un point invisible devant moi.

— Je vais bien, Léxandre. Ne te fais pas de mouron pour moi. Mais toi, tu es sûr que ça va ? Tu me sembles plus distant ces dernières semaines. Je serais rassurée si tu me disais la vérité. Je suis ta mère, je sens que tu me mens.

Super. Je lui crée de l'angoisse. C'est exactement ce que je ne désirais pas. Je voulais la tenir loin de tout ça, comme dans une bulle où elle se sentirait constamment bien.

— Je ne veux pas que tu te stresses pour moi, maman. Tout roule.

— Mais ? Qu'est-ce qui te tracasse ?

Je n'aime pas du tout parler. Je n'y parviens pas. Soit je vais en dire trop, soit je vais tout couper et la foutre en rogne.

Et c'est ce qui arrive.

— Ok, ok. Tu vois Louis ?

— Heu... Ton ami pour qui j'ai très peu d'estime ? Dois-je m'inquiéter ?

Au son de sa voix, je constate que c'est trop tard. Elle n'aime pas Louis. Elle sait qu'il m'a entraîné dans la merde. Quand sans lui, la case prison n'aurait pas existé. Je ne mets pas tout sur le dos de Louis. J'ai accepté de le suivre. Mais si au lycée il ne trempait pas là-dedans, bien sûr que rien de tout ça ne serait arrivé.

J'aurais sûrement un travail. Un employeur m'aurait accepté, sans craindre de mon passé. J'aurais une femme. Peut-être même un premier enfant. J'aurais une maison, un monospace. Ma vie serait bien banale. Idyllique, peut-être.

Mais serais-je heureux ? Ma mère n'aurait pas la main bionique qu'elle désire. Et aurais-je Jules à mes côtés ? Louis aurait-il béni notre relation ?

Des doutes s'insinuent au plus profond de moi. Ma vie serait-elle différente ? Aurais-je toujours la sœur de Jules dans l'esprit ? Lui aurais-je parlé au lycée ? Brisé nos barrières et créé une relation stable ? Je n'en suis pas certain.

— Non, maman. Enfin... Tu te souviens de sa sœur, Jules ?

Elle ne l'a jamais vu. Mais je sais qu'elle la connaît.

— Oui ! Celle pour qui tu me prenais la tête h24. Oh !

Elle marque une pause en criant comme une timbrée. Sa voix guillerette explose mon tympan.

— Tu te moques de moi ? hurle-t-elle à travers le téléphone. Des mois à te pousser, à te réconforter pour lui parler. Et ça n'arrive que maintenant ? Oh mon garçon, samedi, tu ne seras pas déçu du voyage ! T'aurais intérêt à tout me dire !

Je retiens un rire nerveux. Je me souviens vaguement de mes années lycée. Jusqu'à présent, je pensais même que mes conneries avec Louis préoccupaient tout. J'avais donc tort.

— Maman... Il n'y a rien avec Jules. Elle ne sort pas avec moi. Louis ne l'accepterait pas.

Le bruit blanc me retourne le ventre. J'attends durant de longues secondes la réponse de ma mère. Cette dernière est muette.

— Louis ? Mais qu'a-t-il avoir avec sa sœur ? Contrôle-t-il sa vie ? Jules... est majeure, non ?

Je vois où elle veut en venir. Que Jules est libre de sortir avec qui elle veut, le temps qu'elle est heureuse. Sauf que ça ne marche pas ainsi. Pas dans notre monde.

— Oui... Mais Louis est mon ami. On avait dit pas les sœurs. Et... c'est sa sœur.

Un temps d'arrêt ressert mon cœur. Mes mots me blessent.

— Alors, pourquoi me parler d'elle ? Si cette règle idiote est entre vous depuis longtemps, tu devrais passer à autre chose. Ne te rends pas malheureux pour ça. Je sais que ça doit être dur, mais tu trouveras une femme pour toi...

Passer à autre chose ? Oui, c'est ce que j'ai fait. Vu le résultat merdique, je devrais mettre les bouchés doubles. Ou même m'enfermer dans une cave, à l'autre bout du monde.

— Jules m'a embrassé, avoué-je d'un coup. Il y a deux semaines à peu près. Suite à ça, son mec l'a largué. Et... merde, putain ! J'arrive pas à l'oublier. Louis ne le sait pas. S'il l'apprend, il me bousillera.

La seule à qui je me livre est ma mère. Elle me connaît. Elle m'a fait. Je sais que je peux lui parler à cœur ouvert.

— Léxandre, gros mot ! me réprime ma mère sèchement. Parle-lui. Qu'as-tu à perdre ? Lance-toi, mon cœur, si elle te plaît.

Qu'ai-je à perdre ? L'esprit ? La vie ? Tellement de possibilités qui font froid dans le dos.

Ma mère vient de m'encourager. Me pousser à faire le contraire que j'avais prévu.

— Ok. Je le ferais. Merci.

D'ailleurs, après l'appel, j'ouvre la conversation avec Jules. Je me répète mentalement que Louis n'en saura rien. Qu'au pire, Jules mettra un stop si elle ne désire rien.

Léxandre : Bonsoir, Jules. Comment vas-tu ?

Bon. Il y a plus original. Et sûrement plus explicite. Mais je veux y aller en douceur.

La réponse de la sœur de Louis me parvient tard dans la nuit. Je suis couché, douché et en caleçon, quand mon téléphone vibre. Mes paupières ont dû mal à se décoller. Le sommeil, après une petite masturbation, m'emportait.

Jules : Bonsoir ! Je vais plutôt bien et toi ?

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